Prédication du dim 16 avril 2017 Luc 20.27-38 - Controverse avec les Saducéens (F. Sépari)



Eglise de Lyon            (Diapo Noire)                                                             le 16 Avril 2017

C’est aujourd’hui le dimanche de Pâques, le jour où nous fêtons la victoire de Jésus-Christ sur la mort, la victoire de l’amour de Dieu sur notre fragilité d’êtres mortels, et aussi la victoire de la grâce sur le péché. C’est en Christ et par Christ que toutes ces bénédictions et toutes ses promesses nous ont été accordées. Mais plutôt que de relire avec vous un texte racontant la résurrection de Jésus, je vous propose de lire ensemble un passage où Jésus donne lui-même un enseignement sur ce sujet lors d’une controverse avec les saducéens.

Lecture de Luc 20.27-38 (Seg 21) et Mat 22.29 (Diapo texte) (Diapo texte) (Diapo Noire)
Les saducéens étaient un clan juif bien connu en Israël, probablement les descendants du prêtre Zadoc. Et, plus encore que les scribes et les pharisiens, ces hommes faisaient partie de l’élite de la société de cette époque, et rassemblant beaucoup de grands prêtres du temple. On peut les décrire comme des aristocrates de la religion, impliqué dans la direction du pays, et souvent prêts à coopérer avec les Romains. Mais en dépit de leur foi en Dieu et de leur grandes responsabilités sur le plan spirituel, ils avaient une vision très matérialiste du monde et ne croyaient absolument pas à la résurrection des morts. Et du coup, les saducéens tentent de piéger Jésus sur cette fameuse question de la résurrection à laquelle ils ont bien réfléchi, en lui posant une question qui était pour eux un casse-tête insoluble, et une preuve que la résurrection n’existe pas ! (Diapo Saducéens)

Du temps de Moïse, il existait une loi qui obligeait le frère d’un homme décédé, à épouser sa belle-sœur devenues veuve pour lui donner des enfants qui ne serait pas officiellement les siens, mais qui porteraient plus tard le nom de son frère décédé, afin que sa lignée ne s’efface pas ! C’était une loi de Moïse destinée à consolider les familles et les héritages en dépit des aléas de la vie. Et les Saducéens qui sont de bons raisonneurs, s’appuient sur cette loi pour faire une sorte de démonstration par l’absurde, c’est-à-dire une démonstration qui arrive à un résultat tellement fou que cela montre que résurrection des morts est un non-sens, une simple absurdité !

Ils imaginent sept frères qui épousent les uns après les autres la même femme parce qu’ils meurent les uns après les autres sans qu’aucun n’ait jamais d’enfants (si j’avais été à la place du 6ème ou du 7ème frère, je me serais inquiété d’épouser cette fameuse femme, mais c’est une histoire fictive bien sûr !). A cette époque, on pouvait accepter qu’un homme ait plusieurs femmes, mais qu’une femme ait plusieurs hommes c’était juste impensable ! Imaginer que dans le royaume de Dieu, là où la volonté divine doit pleinement s’accomplir, puisse y avoir une femme mariée avec sept hommes en même temps, était pure folie, et les saducéens en déduisait que la résurrection ne pouvait pas exister et satisfaire les commandements de Dieu. Et je suppose qu’ils étaient très fiers de leur logique implacable, et de leur supériorité intellectuelle. (Diapo Noire)  

Mais Jésus leur explique en quelques mots que leur démonstration n’a pas de valeur car ils présupposent à tort que le monde à venir sera une copie parfaite du monde présent, et que justement que ce ne sera pas le cas, car il n’y aura plus ni mari, ni épouse dans la vie à venir, et leur raisonnement s’effondre de lui-même. (Diapo Luc 20.34-36)

Luc 20 34 Jésus leur répondit: «Les hommes et les femmes de ce monde se marient, 35 mais celles et ceux qui seront jugés dignes de prendre part au monde à venir et à la résurrection ne se marieront pas. 36 Ils ne pourront pas non plus mourir, car ils seront semblables aux anges, et ils seront enfants de Dieu en tant qu’enfants de la résurrection.

Tout leur raisonnement s’effondre, parce qu’ils avaient des présupposés sur le monde à venir dont ils n’avaient même pas conscience ! Et vous voyez que Jésus règle au passage un problème théologique d’une extrême importance qui a tourmenté des hommes pendant des générations entières et qui est la question du sexe des anges. (Je plaisante bien sûr !) S’il n’y a plus de mariage, plus d’enfants, plus de sexualité telle que nous la connaissons, et si nous devenons comme les anges, il faut en déduire que les anges n’ont pas ni sexe ni de sexualité. En tout cas, la réponse de Jésus met en évidence des différences significatives entre ce que nous connaissons maintenant et ce que nous vivrons plus tard dans le royaume du Père.

Même chose pour ceux qui se demandent avec quelle apparence d’âge ils reviendront à la vie (avec  le corps d’une personne de 80 ans ou bien avec leur corps de leurs 20 ans).      (Diapo vieillard-jeune) La question n’a pas plus de sens que celle du mariage, les anges n’ont pas d’âge non plus. Ce monde sera bien entendu dans le prolongement de celui que nous connaissons aujourd’hui, les relations personnelles de valeur que nous aurons tissées ne seront pas perdues, mais cette vie sera néanmoins différente de manière significative, ne serait-ce qu’en raison de sa perfection, et son caractère incorruptible et éternel. 

Et c’est à ce moment-là que Jésus va leur dire probablement avec une certaine tristesse (cela n’est pas rapporté dans l’Evangile de Luc, mais dans celui de Matthieu et de Marc) (Diapo Matt 20.29) « Vous êtes dans l’erreur parce que vous ne connaissez ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu. » Ils ne connaissent pas les Ecritures, parce que beaucoup de Psaumes, de Prophètes parlent déjà de la résurrection. Et surtout ils ne connaissent pas la puissance de Dieu, car leur vision très matérialiste et même quelque peu fataliste du monde les aveuglent totalement !

Jésus dit à des chefs religieux parmi les plus instruits de son époque : Vous ne connaissez pas la puissance de Dieu ! C’est quand même fort ! Et je crois que malheureusement cette parole s’adresse aussi à nous aujourd’hui, même si nous ne sommes pas saducéens ! Le matérialisme, le scientisme de notre société, l’habitude répétée et tout à fait normale de nous soumettre aux lois de ce monde, finissent par nous égarer, et nous fait perdre de vue, la réalité de la puissance de Dieu. Nous affirmons assez facilement que Dieu à créer le monde et les hommes qui l’habitent, mais comme les Saducéens, nous avons quelques fois du mal à imaginer qu’il va un jour renouveler toutes choses, et nous ressusciter avec elles. Et pourtant, il est plus simple de relever une maison abimée que d’en construire une nouvelle, plus facile de raviver un feu qui s’affaiblit que d’en générer un nouveau. Et Jésus nous dit ici avec l’autorité de celui qui connait Dieu et qui a lui-même accomplit beaucoup de miracles : Vous ne connaissez pas la puissance de Dieu !  Elle est beaucoup plus grande que ce que vous pensez.

C’est la première grande leçon de ce texte ! Dieu laisse se monde suivre sa voie rebelle, mais il est plus grand que les lois qu’il a lui-même instituée. Ne confondons pas, comme les saducéens, le temps de la patience de Dieu et le temps de sa grâce avec une quelconque forme d’impuissance ! 

(Diapo Luc 20.34-36) Luc20 34 Jésus leur répondit: «Les hommes et les femmes de ce monde se marient, 35 mais celles et ceux qui seront jugés dignes de prendre part au monde à venir et à la résurrection ne se marieront pas. 36 Ils ne pourront pas non plus mourir, car ils seront semblables aux anges, et ils seront enfants de Dieu en tant qu’enfants de la résurrection.

Je vais revenir dans quelques instants sur cette absence de mariage et de sexualité qui peut-être en déçoit quelques-uns, mais ce que je voudrais souligner tout d’abord c’est la façon avec laquelle Jésus parle du monde à venir. Jésus, qui est l’homme le plus grand que cette terre n’ait jamais porté, nous affirme qu’il y aura bel et bien un monde à venir, qu’il est d’ores et déjà prévu dans le cœur de Dieu. Les plans sont faits, et la réalisation ne manquera pas de se produire ! C’est un monde que nous ne connaissons pas encore, mais où la mort n’existera plus, où la souffrance aura elle aussi disparu, où la vie ne sera plus freinée par toute sorte de contingences futiles, mais où elle sera abondante, et où notre joie sera infinie.

Il est de la plus haute importance de ce saisir de ce royaume pour nous-mêmes et d’en offrir la possibilité à nos proches à nos amis : v36 … ils seront semblables aux anges, ils seront enfants de Dieu, et Fils de la résurrection. Il faut laisser cette parole de Jésus affecté profondément la manière dont nous vivons notre vie présente. Non pas pour fuir le présent, mais pour laisser la joie de cette promesse colorer notre vie de chaque jour, et remobiliser notre énergie au service de Dieu et de son amour.

L’expression « ils seront semblables aux anges » pourrait être trompeuse, car elles pourraient laisser croire que nous allons devenir de purs esprits « décorporés ». Beaucoup d’autres passages de la Bible nous rappelle pourtant que la particularité de l’être humain est d’avoir un corps, et grâce à lui, de pouvoir agir sur ce monde et même interagir avec ses semblables. Ce corps ne nous sera pas ôté, mais il sera lui aussi racheté, purifié, transformé avec le reste de notre âme.

La comparaison avec les anges est plutôt là pour souligner que les contingences matérielles auront disparues, que notre vie ne sera plus animés par une quelconque chimie biologique ou moléculaires, mais par l’Esprit même de Dieu, que nos corps ne seront plus vieillissants, mais incorruptibles et éternels, et de ce fait la succession des générations ne sera plus indispensable… et le mariage non plus !

Mais justement, qu’en est-il du mariage, de la sexualité, pourquoi Dieu voudrait-il supprimé plus tard (pas maintenant !), ce qui semble avoir un si beau potentiel, et qui par moment a pu nous offrir des instants de bonheur, d’intimité, de complicité ? (Diapo mariage) Quand Dieu supprime quelque chose de ce monde, c’est à chaque fois pour l’élever à un niveau supérieur, à chaque fois pour le transfigurer en quelque chose de plus beau encore. Laisser-moi tenter de vous expliquer cela en quelques mots.

La Bible nous dit qu’il n’y aura plus de temple au ciel, (Diapo temple-soleil) mais que Dieu et l’Agneau seront eux-mêmes le temple du monde à venir. Les temples de ce monde qui ne sont qu’une évocation imparfaite de la présence de Dieu seront remplacés par Dieu en personne, la réalité remplacera l’ombre. La Bible nous dit aussi qu’il n’y aura plus de soleil ni de lune, car la gloire de Dieu nous tiendra lieu de lumière pour nous éclairer. Et là encore le soleil, qui n’est qu’une image de l’énergie et de la vie que Dieu déverse à chaque instant sur terre, sera remplacé par la gloire de Dieu elle-même, encore une fois la réalité remplacera l’ombre. 

(Diapo Noire) De la même manière la Bible, nous dit qu’il n’y aura plus de mariage, mais qu’un bonheur semblable à celui qui jaillit de l’union de deux êtres qui s’aiment, remplira le ciel tout entier, qu’une joie semblable à un festin de noces perpétuel remplira le royaume de Dieu à cause de l’union entre Dieu et son peuple. Là encore, l’image de l’homme et la femme qui s’unissent et qui se font confiance, sera élevée à une réalité plus élevée encore, celle d’une réconciliation du monde avec son Créateur. Et, ce que certains craignent de perdre selon la chair, ils le recevront au centuple selon l’Esprit. La disparition du mariage dans le monde à venir, ne sera pas un abaissement de la qualité des relations entre les êtres humains sauvés, mais une élévation à un niveau que nous ne pouvons pas imaginer encore !

Nous ne devons pas penser comme les saducéens qui avaient une si faible compréhension de la puissance de Dieu, et des pensées si étriquées qu’ils ne pouvaient pas concevoir un monde différent de celui qu’ils connaissaient déjà. C’est de l’aveuglement, et c’est aussi un manque de confiance en Dieu !  Si je peux me permettre une image : il y a le même prolongement entre ce monde–ci et le monde à venir que celui que l’on peut observer entre notre vie utérine et celle qui suit après la naissance. Entre ces deux vies, il y a à la fois des similitudes et aussi des différences. Avant de naître, nous entendons la voix de notre père et de notre mère de façon sourde, lointaine et indistincte, mais après notre naissance, nous pouvons plus facilement les entendre, les comprendre, et même nous les voir face à face.

Et au v37, Jésus tente encore une fois de convaincre les Saducéens à partir des Ecritures en ajoutant cette parole tirée du récit de l’Exode. (Diapo Luc 20.37-38)       
Luc 20 37 Que les morts ressuscitent, c'est ce que Moïse a indiqué, dans l'épisode du buisson, quand il appelle le Seigneur le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. 38 Or Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants, car tous sont vivants pour lui.»
Lorsque Dieu s’est révélé à Moïse et lui a dit : Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Il n’a pas dit : « j’étais le Dieu de ton père », non « je le suis » encore maintenant. Car même si pour Moïse, (et à plus forte raison pour nous) Abraham, Isaac et Jacob sont déjà morts, et que leur corps sont retournés à la poussière, pour Dieu ils sont toujours vivants. 

Il y a encore en ce moment, un monde où ces trois hommes vivent, parlent, se réjouissent ! Et pas eux seulement mais beaucoup d’autres encore. Tous ceux qui ont espéré en Dieu et qui ont tissés une relation personnelle avec Lui comme ce fut le cas d’Abraham, Isaac, et Jacob, ne mourront jamais, mais demeureront vivants pour Dieu, et grâce à Dieu… 

Dieu n’est pas le dieu des morts mais des vivants !

Calvin a commenté cette parole de Jésus de la manière suivante : « De même qu’il n’y a pas de parents sans enfants, ni de roi sans peuple, le Seigneur ne peut être véritablement le Dieu de quelqu’un si celui-ci n’est pas vivant.»

(Diapo cimetière) Dieu n’est pas le dieu des morts mais des vivants !

Ceux qui ont commencé à tisser une relation avec le Seigneur ne mourront jamais. C’est là une fantastique espérance qui doit nous émerveiller, nous renouveler et nous aider à vivre les épreuves de la vie, et même le deuil avec un regard complétement différent. 

Il reste une ombre dans ce texte, celle qui provient du début du v35. 

(Diapo v35) v35 Celles et ceux qui seront jugés dignes de prendre part au monde à venir et à la résurrection … seront semblables aux anges, enfants de Dieu …
Cela suggère malheureusement que tout le monde ne sera pas jugé digne ! Certains passeront à côte de la vie nouvelle en passant à coté de Dieu. Et pour être toute à fait juste, nous passons tous à coté de Dieu, nous le méprisons tous plus ou moins, soit par notre indifférence, soit par notre égoïsme.

Le seul qui a été véritablement digne de franchir la porte du royaume et de vivre cette résurrection et de prendre part au monde à venir, c’est Jésus-Christ ! (Diapo tombeau vide) A cause de nos fautes qui brisent notre relation avec Dieu, nous ne pouvons pas prétendre faire partie du royaume du Père et bénéficier de la vie du monde à venir. Une seule personne pour constituer tout un royaume, c’est quand même très peu !

Sauf que Jésus a été à ce point exceptionnel, à ce point plein d’amour que non seulement il a obtenu cette dignité pour lui-même, et mais il l’a aussi obtenue pour tous ceux qui l’aiment et qui croient en Lui. Par nous-mêmes, nous n’avons aucune dignité, mais en nous unissant à Jésus par la foi, sa dignité ruissèle sur nous, nous recouvre, nous change, nous imprègne intérieurement et nous transforme…

C’est Lui, et seulement Lui qui nous a ouvert la porte qui mène au monde à venir. Par sa mort sur la croix et par sa résurrection, il nous fait entrer dans le royaume, dans la nouvelle Jérusalem, il distribue une robe blanche à chacun, et une partie de son Esprit pour changer notre cœur … Ni vous ni moi ne méritons rien, mais lui mérite tout … !

Nous sommes des passagers clandestins du mérite, qui sont devenus des passagers de 1ere classe par la grâce offerte en Jésus-Christ ! C’est juste extraordinaire d’amour ! Nous lui devions tout, déjà dans la vie présente, mais lui devrons encore davantage dans la vie à venir. Par lui, et au temps marqué, nous serons semblables aux anges, nous serons enfants de Dieu, en tant que  fils de la résurrection, et nous ne pourrons plus mourir !

J’ai envie de terminer en lisant ce verset qui apparait dans la décoration de Pâques 2 Tim 1.10 : (Diapo 2 Tim 1.10)  C’est lui, Jésus-Christ, qui a réduit la mort à l'impuissance et a mis en lumière la vie et l'immortalité par l'Evangile !

Que le nom de Jésus soit béni, glorifié, ainsi que celui de notre Père qui l’a envoyé vers nous pour nous sauver ! Amen !



Questions pour les petits groupes de partage

  1. En quoi cet aperçu de Jésus sur le monde à venir en Luc 20.34-38 vous aide-t-il, vous encourage-t-il, ou au contraire vous trouble-t-il dans votre foi ? Quelles convergences ou différences percevez-vous entre ce passage de l’évangile de Luc et celui de 1 Cor 15.35-50 ?
  2. Quelle idée principale ressort de ces quelques versets : Luc 20.26, 1 Cor 15.49, 1 Jean 3.2, Rom 8.29, Phil 3.21 ?
  3. Si vous en sentez la liberté, partagez vos joies ou vos doutes sur la promesse de la résurrection renouvelée ici par Jésus ! Que chacun puisse exprimer à sa manière les pensées, les observations de la vie qui ont pu l’aider à accepter ou pas cette affirmation chrétienne si souvent méprisée et contestée dans notre monde. (« Résurrection » traduit le mot grec « anastasis », qui a donné le prénom Anastasie, et qui signifie étymologiquement se relever, se redresser, se mettre debout… avec l’idée d’un retour à une vie corporelle sans préciser la nature exacte de ce nouveau corps)


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