Prédication du 9 avril 2017 : Jean 12.16-33 - Entrée triomphale, gloire de Jésus (F.Sépari)



Eglise de Lyon             (Diapo 1 : noire)                                                       le 9 avril 2017

Dimanche prochain nous fêterons Pâques, et donc aujourd’hui c’est déjà le dimanche des Rameaux, qu’on pourrait aussi appelé le dimanche des manteaux, car il n’y a pas que des rameaux qui ont été jetés au sol ce jour-là pour accueillir Jésus et lui faire un triomphe lors de son entrée à Jérusalem.
Pour revivre avec vous cet événement de la vie de Jésus avec vous, je vous propose de lire cette année l’Evangile de Jean qui présente les événements de manière un peu différente des autres évangélistes. Et ce sera aussi l’occasion pour nous de méditer sur ce qu’est la véritable gloire, celle qui satisfait les critères de Dieu et non ceux des hommes. Je vous invite à lire le chap. 12 de l’évangile de Jean des versets 12 à 16, puis des versets 23 à 33.

 (Diapo 2 : texte) (Diapo 3 : texte) (Diapo 4 : texte) (Diapo 5 : texte)  (Diapo 6 : noire)
Lecture Jean 12.12-16 ; 20-33

Peut-être connaissez-vous déjà le contexte qui entoure ce récit, mais il est malgré tout utile de le rappeler brièvement. Jésus est à une semaine à peine de sa mort sur la croix, mais en cet instant, personne à part Jésus, n’imagine qu’un tel événement va se produire, même pas ces ennemis. Une foule impressionnante l’acclame et le considère comme le Messie annoncé par les prophètes, celui qui va enfin les délivrer de l’envahisseur romain. Jésus accepte ces acclamations, il vient effectivement comme un roi, comme le Messie envoyé par Dieu pour récolter les fruits spirituels qu’Israël est supposé apporter à son Maître et Créateur. Sauf qu’il y a une énorme méprise, Jésus ne vient pas comme un héros de guerre destiné à libérer le peuple de la puissance romaine, mais comme un roi de paix appelé à détruire la guerre elle-même par l’amour. Il ne vient comme un homme à succès auquel rien ne résiste, mais comme un homme empli d’humilité apportant le pardon et la réconciliation. En entrant sur un ânon sous les acclamations du peuple, il accomplit effectivement l’ancienne prophétie de Zacharie : (Dia 7 : Zac 9.9-10)  Zac 9.9 Sois transportée d’allégresse, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton roi vient à toi ; Il est juste et victorieux, Il est humble et monté sur un âne, Sur un âne, le petit d’une ânesse. 

Et en lisant la suite de la prophétie de Zacharie, on découvre la nature exacte de la mission de ce roi humble monté sur un âne, et on comprend mieux la terrible méprise du peuple.
Zac 9. 10  Je détruirai les chars d’Ephraïm, Et les chevaux de Jérusalem ; Et les arcs de guerre seront anéantis. Il annoncera la paix aux nations, Et il dominera d’une mer à l’autre, Depuis le fleuve jusqu’aux extrémités de la terre. 11  Et pour toi, à cause de ton alliance scellée par le sang, Je retirerai tes captifs de la fosse où il n’y a pas d’eau. 

Jésus n’est pas venu faire la guerre aux Romains, mais il est venu détruire la guerre elle-même, et annoncer la paix au monde entier. Il est venu sceller une nouvelle Alliance avec les hommes pour les délivrer de la fosse de la perdition (Diapo 8 : noire)

Et au v24, Jésus explique de manière symbolique avec l’image de la graine qui meurt afin que beaucoup d’autres naissent et vivent, ce qu’il a prévu de faire. Non ! Il ne va pas tuer un seul homme pour obtenir une victoire militaire, mais il va donner sa vie pour que de nombreux êtres humains soient sauvés…  Le sang de l’Alliance, de la nouvelle Alliance c’est le sien !

Il va volontairement donner sa vie dans ce monde, afin que plusieurs puissent la conserver dans l’éternité !

2) On pourrait se dire : Certes il y a une grande méprise ! Certes, le peuple d’Israël se trompe sur la mission de Jésus, mais il y a malgré tout un progrès dans l’esprit des juifs ! Pour la première fois, le peuple d’Israël reconnait publiquement Jésus comme l’envoyé de Dieu, comme le Messie, c’est beaucoup mieux que tout ce qui a précédé.  Et cela se produit dans la capitale de Jérusalem, dans la ville sainte, en période de forte affluence à un moment où des dizaines de milliers de pèlerins venant de toutes les régions avoisinantes se pressent à Jérusalem.

On pourrait se dire : Enfin Jésus est glorifié par son peuple … et pourtant le récit de Jean ne nous conduit pas dans cette direction ! Jésus ne parle pas de sa gloire comme d’un événement présent, mais comme d’un événement futur : (Diapo 9 : v23, 32) v23 L’heure est venue où le fils de l’homme va être glorifié ! Certes les prémices apparaissent maintenant, mais c’est encore du futur. Et tout au long du texte la gloire de Jésus et celle de Dieu est conjuguée au futur : Et moi quand j’aurai été élevé de terre, (dit Jésus au v32) j’attirerai les hommes à moi.

Les acclamations présentes des pèlerins qui crient : «v13. Hosanna, béni soit celui qui vient au nom du seigneur » Ce n’est pas encore la gloire que Jésus espère avec ferveur, ce n’est qu’une célébrité passagère fondé sur une mauvaise compréhension de sa mission, ce n’est pas ce que Jésus attend !

On pourrait alors se demander : Mais alors quelle est donc cette gloire future ? A quoi Jésus fait-il allusion ? Jésus parle-t-il ici de son ascension au ciel, de son retour auprès du Père ? Jésus parle-t-il de sa résurrection ?

Si on lit attentivement le texte de Jean … On se rend compte que Jésus associe étroitement sa gloire à sa prochaine mort sur la croix : (Diapo 10 : v23-24 et v32-33)
V23 et 24 : 23  Jésus leur répondit: L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. 24  En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. La gloire est associée à la mort d’un grain de blé, très bizarre !

V32 et 33 : 32  Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi. 33  En parlant ainsi, il indiquait de quelle mort il devait mourir. – La capacité de Christ à attirer les hommes est encore associée à sa mort physique, c’est étonnant ! L’élévation de Jésus de la terre, faisant allusion à sa mort suspension en hauteur sur la croix du supplice. 

Le moment glorieux que Jésus attend à la fois avec appréhension, mais aussi avec hâte semble être sa propre mort.  Jésus serait-il quelque peu masochiste ? (Diapo 11 : noire)

En tout cas ce qui est sûr c’est que l’acclamation qui lui est apporté lors de son entrée à Jérusalem et qu’il accepte avec joie n’est pas encore la gloire qu’il doit recevoir. Ce n’est rien d’autre qu’une célébrité passagère provenant d’hommes et de femmes qui n’ont pas encore compris le sens de sa mission. C’est une célébrité sans réelle consistance accordée par des personnes inconstantes qui y trouvent momentanément un intérêt personnel. La vraie gloire pour Jésus ne vient pas des hommes mais de Dieu. Elle vient de l’approbation de Dieu sur une vie, elle vient de ce que l’on est tout au fond de son cœur, et certainement pas d’une renommée venant de gens qui se laissent facilement abusés.

Mais ce récit des événements raconté par Jean, ajoute une précision qui ne se trouve pas dans les autres récits de Matthieu, Marc ou Luc. Jean nous parle d’une voix venu du ciel !

En cet instant précis, explique-t-il une voix venue du ciel se fit entendre en réponse à une prière de Jésus. On peut lire cela dans les v27 à 30. (Diapo 12 : v28-31) Elle est suffisamment forte pour que la foule l’interprète comme un coup de tonnerre, mais suffisamment audible pour que son sens soit compris de quelques-uns. En réponse à la prière de Jésus : Père glorifie ton nom… Dieu répond par une voix : je l’ai glorifié et je le glorifierai encore

Or, cette voix venant du ciel ne s’est fait entendre qu’à trois reprises durant le ministère de jésus :

  1. La première fois lors de son baptême dans le Jourdain, au tout début de son ministère, lorsque Jésus s‘est identifié au genre humain pour pouvoir le représenter devant Dieu.
  2.  La seconde fois, c’est au moment de sa transfiguration quand  Dieu révèle aux disciples présents que Jésus est bien plus grand que tous les prophètes et tous hommes saints des temps passés, y compris Moïse et Elie.
  3. Et puis la troisième fois, c’est ici !

Pourquoi la voix de Dieu se fait-elle entendre maintenant ? Que se passe-t-il donc ici de si extraordinaire pour que Dieu accorde ce signe de manière publique ? 

Et Jésus en donne l’explication au v31 (Diapo 13 : v28-31) : Maintenant a lieu le jugement de ce monde, maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors.  Un combat spirituel débute, un combat invisible va se déchainer sous les yeux du peuple, et cela durant une semaine entière ! Jésus vient comme juge. Il vient comme représentant de Dieu, du créateur du monde. Il vient juger son peuple, mais par-dessus tout il vient pour renverser les principes qui gouvernent notre monde, principes qui ont été inspirés par Satan qui sera jeté dehors au bout du combat. Quels sont ces principes ?

-        La loi du plus fort va être dépassée par la loi de l’amour
-        La justice légaliste va être dépassée par la grâce et la foi
-        La destruction des ennemis va être remplacée par leur transformation en amis
-        La haine des autres va être vaincue par l’amour

(Diapo 14 : v23-24)  Jésus leur répondit: L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. 

Et si je comprends bien ce texte. La gloire véritable de Jésus consiste à détruire l’œuvre du diable. Et il va le faire en aimant les hommes au point de donner sa propre vie.  Dieu est amour, et du coup la vraie gloire vient de l’amour que nous donnons, et non pas de celui que nous recevons. La vraie gloire est faite de bonté pure, de bienveillance, de sainteté. Elle est une beauté d’âme, un rayonnement indépendant des personnes qui l’observent. 

On se serait attendu à ce que la mort de Jésus soit décrite comme une tragédie, certes inévitable à cause du péché des hommes, mais comme une tragédie malgré tout ! Mais Jésus la décrit comme un moment de gloire parce qu’elle est manifeste l’amour de Dieu pour l’humanité. 

C’est difficile à comprendre et à accepter, avec nos schémas habituels de pensée. (Dia 15 : noire)

Pour bien saisir cette pensée du Seigneur, il faut comprendre que Jésus raisonne avec les valeurs et la logique du royaume, et non pas avec les valeurs et la logique de notre monde. C’est pour cela que sa conception de la gloire peut nous sembler paradoxale.

-        Dans notre monde, la gloire consiste à s’affirmer, à réussir ce qu’on entreprend. C’est le règne du moi, de l’Ego qui a des droits toujours plus nombreux et des devoirs toujours plus réduits.
-        Dans le royaume, la gloire consiste à donner, à faire du bien, à accorder du bonheur et de la joie à ceux qui nous entourent à l’image du Créateur. C’est le règne de l’amour pur.
Jésus est venu juger le vieux monde avec ses vieux principes, et nous invite à un renversement des valeurs. Il est venu se choisir un peuple qui va suivre son exemple et vivre d’une autre manière que celle qui est répandue dans ce monde. Il va encore parler d’un renversement le soir de Pâques au moment où il lavera les pieds de ses disciples, et leur demandera de servir pour être grand au lieu de dominer pour être grand. Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir, dit-il aussi en Ac 20.35 !

C’est à la lumière de ce contexte qu’il faut comprendre ce verset 25 qui nous chiffonne, et nous semble si difficile à vivre : (Diapo 16 : v25)  Celui qui aime sa vie la perdra et celui qui déteste sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle.

Il ne s’agit pas bien sûr de rejeter en bloc tout ce qui nous a été accordé dans cette vie. Ce serait rejeter à la fois le bien et mal ensemble. Ce serait rejeter la création de Dieu en même temps que le péché. Il faut comprendre cette phrase à la lumière du renversement complet de valeurs que Jésus proclame.

Celui qui aime cette vie dominée par l’égocentrisme, où le moi affirme la suprématie de ses propres désirs et recherche son épanouissement personnel, celui-là perdra sa vie.
En revanche, nous dit Jésus, celui qui déteste cette vie dénuée d’amour véritable et qui est pourtant plébiscitée par ce monde, et qui aspire à une vie nouvelle où chacun sait donner et se donner aux autres, alors celui-là conservera sa vie pour l’éternité.

Jésus ne nous invite pas à fuir le monde, mais à continuer à y vivre selon les principes du royaume. Ce qui n’est vraiment pas une mince affaire !!!

En disant cela, Jésus est parfaitement conscient des conséquences que vont impliquer le choix de l’amour dans un monde déchu. Il y aura bien sûr de la frustration, de la déception et des souffrances imméritées. Jésus sait même que dans son cas précis, il va subir l’une des plus horribles morts qui soit. Il le laisse entendre au v27 : (Diapo 17 : v27-28)

27 Maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je ? …  Père, délivre-moi de cette heure ? …  Mais c’est pour cela que je suis venu jusqu’à cette heure. 28  Père, glorifie ton nom !

Jésus est lucide, mais voilà, il a une totale et même une absolue confiance dans la souveraineté de Dieu. Et il remet son sort entre les mains du juste juge, et nous invite à faire de même. Au v26 on peut lire cette promesse : (Diapo 18 : v26)  … Si quelqu’un me sert, le Père l‘honorera…

Pour être tout à fait complet, il faudrait écrire : Si quelqu’un me sert, il sera déshonoré et méprisé dans ce monde et sur cette terre, mais le Père lui-même l’honorera… le moment venu.

Il y a une sorte d’abandon entre les mains de Dieu, en son amour et sa justice. Il faut non seulement lâcher prise pour accepter que Christ paye pour nos fautes; mais il faut aussi lâcher prise pour vivre l’amour véritable,  « Agapé », qui est un don de soi dans un monde qui ne sait pas aimer ! (Diapo 19 : noire)

La véritable gloire, c’est être capable d’aimer comme Dieu nous aime ! C’est un texte difficile à mettre en pratique. Ce n’est pas du lait, mais de la nourriture solide sur un plan spirituel mais ce texte nous pose quelques questions essentielles :

-        Suis prêt à perdre ma vie (selon les critères de ce monde) pour la gloire de Dieu ?
-        Suis-je prêt à vivre selon les valeurs du royaume, en en acceptant de manière lucide les conséquences immédiates que cela va avoir sur mon existence ?

Jésus ne nous invite pas seulement à souffrir tels des agneaux au milieu de loups, mais il nous fait comprendre par la même occasion à quoi va ressembler le royaume de Dieu, à quoi va ressembler un monde dirigé par les attributs qui jaillissent du cœur même de Dieu.

Autant la pensée de d’aimer dans ce monde ingrat peut sembler pénible, autant cette pensée devient une source de réconfort inouï quand qu’on comprend qu’elle sera la règle de vie dans le royaume du Père. Nous respirerons à chaque instant un air vibrant d’amour, une atmosphère saturée de paix, de joie, de bonheur où Dieu veillera sur chacun de nous comme un trésor, un enfant chéri… Et nous serons d’autant plus capables de recevoir la plénitude de l’amour divin que nous aurons été nous-mêmes capables d’offrir notre amour ici-bas…

Voilà, Que Dieu nous aide dans sa grâce à aimer véritablement, sans calcul de manière désintéressée ! Que Dieu dans sa grâce, nous donne la conviction qu’il est le juste Juge et qu’aucun de nos dons, par même le plus petit verre d’eau ne restera sans un effet retour lié à sa souveraine justice. Que Dieu nous fasse saisir par son Esprit l’héritage qu’il nous prépare ! C’est ma prière, Amen !         Prière


Questions pour les petits groupes :

  1. Jésus ne nous invite pas à fuir le monde, mais à continuer à y vivre selon les principes du Royaume.  Quels peuvent être les effets positifs et négatifs d’une telle attitude  dans nos relations avec les non-chrétiens ? Détaillez ce qui peut se produire dans le cœur d’un observateur, les effets possibles sur son écoute de la Parole ou son rejet, sur sa sympathie ou sa haine envers nous.
  2. Jésus nous dit : Jean12.25  Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. Jusqu’où suis-je prêt à « perdre » ma vie selon les critères du monde pour la gloire de Dieu ? Quelles sont mes limites actuelles (ma zone de confort, le bonheur de ma famille et de mes proches, mes forces personnelles, ma foi …etc) ? Comment puis-je les repousser progressivement ?
  3. Quelle est, dans ce passage, la seule promesse faite par Jésus en faveur de ceux qui vivent dans ce monde déchu selon les principes du royaume ? (Délivrance physique, victoire spirituelle, honneur plus tard accordé par Dieu lui-même …)

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