Série Actes des Apôtres - Actes 12.1-17 - Pourquoi la mort de Jacques et la délivrance de Pierre ? (F. Sépari)
Eglise de Lyon (Diapo noire) le 26 avril 2020
Nous voilà de nouveau ensemble pour poursuivre notre lecture
du livre des Actes des apôtres. Dimanche
dernier, Sylvain nous a conduits dans le récit de la conversion de Saul avec la
lecture du chapitre 9, puis l’étude biblique qui a suivi s’est concentrée sur
la conversion de Corneille au chap. 10, et je vous propose donc ce matin de
méditer ensemble le chapitre 12.
Avec la lecture du livre des Actes,
nous avons découvert les débuts extraordinaires de l’Eglise, des débuts
accompagnés de prodiges, de miracles, et aussi avec des conversions en grand
nombre. Trois milles personnes se convertissent le jour même de la Pentecôte,
5000 peu de temps après, auquel s’ajoute une grande foule de sacrificateurs qui
se mettent progressivement à croire en Jésus. Rien ne semble arrêter l’œuvre de
l’Esprit qui travaille les cœurs. Il y a aussi des conversions spectaculaires
comme celle de Saul, le pire ennemi de l’Eglise de cette époque, et puis celle
de Corneille, un centenier, un chef soldat romain, participant pourtant à
l’occupation du pays. Fort de ses succès, (Diapo Eglise) on pourrait avoir l’impression
que les débuts de l’Eglise ont été faciles, et que les dangers glissaient
sur les chrétiens comme les gouttes de pluie sur un imperméable, Dieu envoyant à
chaque foi sa délivrance pile au bon moment.
Mais, le mal n’est malheureusement pas une réalité lointaine
et théorique (Diapo
mal) ! Etienne a bel et bien été lapidé, et les apôtres n’ont
pas vécu leur mission comme s’ils étaient des spectateurs situés en dehors du
monde réel. Au contraire, ils étaient au beau milieu d’un combat rude qui
touchait leur âme et aussi leur corps, même s’ils l’ont mené avec l’aide de
Dieu. Je vous invite à lire donc ce chap. 12, où l’Eglise de Jérusalem va être
ébranlée comme jamais elle ne l’a encore jamais été !
Lecture Actes
12.1-17 (Diapo texte) (Diapo
texte) (Diapo noire)
Le roi dont parle ce passage est Hérode Agrippa, petit-fils
d’Hérode le Grand (Diapo Hérode). Il était juif d’origine, mais comme
il avait été élevé à la cour impériale de Rome, et ne respectait pas vraiment la
loi de Moïse, il n’était guère apprécié des juifs pieux de son époque. Quand en
39 de notre ère, il obtient la royauté sur la toute la Palestine, il va essayer
de gagner la sympathie des autorités religieuses locales afin d’asseoir son
pouvoir. Et ce que le sanhédrin n’avait pas osé faire, du temps de Gamaliel,
lui va l’accomplir sans le moindre scrupule, en faisant arrêté, puis exécuté,
Jacques (Diapo
Jacques), fils de Zébédée, l’un des douze apôtres choisis par Jésus.
Le texte parle très sobrement de ce triste événement au v2,
mais cela a dû ébranler toute l’Eglise. Jacques faisait partie des trois disciples
les plus proches de Jésus. Non seulement, il avait été témoin de la
résurrection du Christ, mais aussi de sa transfiguration glorieuse. Il était un
de ceux qui étaient resté auprès de Jésus pour prier avec Lui dans le jardin de
Gethsémané face à l’imminence de sa mort. Il honorait Jésus tout au fond de son
cœur, au point d’avoir demandé que le feu du ciel tombe sur les villageois qui
ne le recevaient pas avec honneur (ce que
Jésus a bien sûr refusé de faire !) Il aimait son Seigneur, et il avait
une grande foi en ses paroles au point de vouloir être à ses côtés quand il reviendra
dans sa gloire ! (Diapo noire) Jacques était un proche de Jésus,
un ami, pourquoi le Seigneur ne l’a-t-il pas protégé ? La vie de ses
bien-aimés n’est-elle pas précieuse aux yeux de Dieu ?
Dans un certain sens, on peut penser que la prophétie, faite
par Jésus au moment où Jacques et Jean lui avaient demandé d’être l’un à sa
droite et l’autre à sa gauche, s’est finalement s’accomplie. Jésus leur avait dit
à ce moment : (Diapo Marc 10.38)
Marc 10. 38 … «Vous ne savez pas ce que
vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ou être baptisés du
baptême dont je vais être baptisé?» «Nous le pouvons», dirent-ils.
39 Jésus leur répondit: «Vous boirez en effet la coupe que je vais boire et
vous serez baptisés du baptême dont je vais être baptisé…
Oui, Jacques a bu la coupe amère de la souffrance, (Diapo noire)
il est passé par le baptême de feu … d’une exécution décidé par un tyran, mais voilà
on ne s’attendait pas à ce que cela soit si rapide et si tôt !
Cette mise à mort a dû être un grand traumatisme pour
l’Eglise de Jérusalem, peut-être plus grand encore que celui d’Etienne. Et
quand Pierre est à son tour arrêté, tous les chrétiens vont se mobilier et se mettre
à supplier Dieu pour lui, et pour l’Eglise de manière générale. Des nuits de
prières sont organisées dans les maisons ; plusieurs milliers d’hommes et
de femmes vont intercéder en divers lieux de façon discrète, dans le cadre de
petits groupes qui se réunissaient porte close.
Le chapitre 12 du livre des Actes est d’autant plus troublant
qu’il juxtapose la mort de Jacques avec une délivrance miraculeuse,
celle de l’apôtre Pierre (Diapo Pierre). Pierre a lui aussi été arrêté
par Hérode, mais la fête des pains sans levain a empêché le roi de l’exécuter
rapidement.
Il a alors été emprisonné de la manière la plus rigoureuse.
Pierre a été attaché par des chaînes à deux soldats, enfermé dans une cellule
nécessitant le franchissement de trois portes successives. Et au total, 16
soldats vont être mobilisés jour et nuit pour garder ce seul homme, comme s’il
était l’un des plus dangereux criminels de la région. Probablement les soldats romains
se relayaient jour et nuit par groupe de quatre pour des périodes de 6 heures
chacune, et leur motivation était immense, car ils savaient que la moindre fugue
du prisonnier pouvait être payée de leur vie. ( Ce qui va d’ailleurs va malheureusement se produire !). (Diapo noire) Il
est difficile de bien comprendre ce qui s’est passé au juste pour que les gardes
ne s’aperçoivent de rien jusqu’au matin. Les quatre soldats de garde se
sont-ils tous endormis ? Pierre et l’ange sont-ils devenus
invisibles ? Ou bien le temps a-t-il été comme suspendu ? On ne sait pas ! La seule chose vraiment
certaine est que rien, absolument rien, ne peut s’opposer à la volonté du Dieu quand
celui-ci décrète une chose ! Et Pierre se retrouve libre alors même qu’il ne
s’y attendait pas. (Diapo noire)
Sachez-le, si un jour jamais vous vivez une difficulté qui
vous parait insurmontable… L’essentiel se joue dans notre relation avec Dieu,
et dans la décision que le Seigneur va prendre à l’issue de votre rencontre avec
lui dans le secret de la prière … Le reste ne relève que des moyens, de la mise
en œuvre pratique, … c’est presque secondaire ! Souvent nous nous
concentrons trop sur le moyens, et pas assez sur notre dialogue avec Dieu.
Mais ce qui rend cette délivrance pourtant
merveilleuse, assez difficile à accepter est qu’elle se produit juste après l’exécution
de Jacques. Y-a-t-il deux poids, deux mesures ? Y a-t-il des serviteurs
plus importants que d’autres ? Pierre avait-il un mérite que
Jacques ne possédait pas ? Ou bien les chrétiens de Jérusalem ont-ils eu un
comportement différent dans un cas et dans l’autre ?
(Diapo
question 1) On peut
éliminer d’emblée l’idée de mérite. Quand on raconta au Seigneur la mise
à mort particulièrement cruelle de quelques galiléens par le gouverneur Pilate,
Jésus avait répondu ainsi : (Diapo Luc 13)
Luc 13. 2 Jésus leur répondit: «Pensez-vous que ces
Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, parce
qu’ils ont subi un tel sort? 3 Non, je vous le dis. Mais si
vous ne changez pas d’attitude, vous périrez tous de même.
La mort ou la souffrance d’une personne n’est pas forcément
le signe d’une culpabilité particulière. Elle fait partie du plan mystérieux de
Dieu, et parfois du mauvais usage de notre liberté humain. Mais Jésus nous mets
en garde une mauvaise interprétation. La seule bonne lecture des faits est que
nous sommes fragiles, et que nous sommes redevables et dépendants de notre
Créateur. Un malheur est d’abord un avertissement qui doit nous pousser à
chercher Dieu et à lui demander pardon pour notre indifférence, notre ingratitude.
A titre personnel, je considère que la pandémie actuelle que
notre monde subit est un avertissement de cette nature, un rappel de
notre fragilité, de notre redevabilité et à ce titre, elle ne soit être ni
amplifiée, ni minimisée ! Espérons
que plusieurs parmi nous, et aussi parmi ceux qui ne connaissant pas encore
Dieu, entendront tout au fond de leur cœur cet appel, cet avertissement !
(Diapo
question 2) Pour
expliquer la différence de traitement entre Pierre et Jacques, certains commentateurs
ont fait remarqué que l’Eglise entière s’était mobilisée dans la prière à la
seconde arrestation celle de Pierre, mais par pour Jacques, sans doute parce
qu’ils avaient manqué de temps pour le faire. Est-ce une bonne explication ?
(Diapo
priants) Il est vrai que Dieu écoutent nos prières, il les chérit, s’en
réjouit. Il exauce celles qui sont faites avec foi et qui contribuent à notre
propre bien. Il le fait parce qu’il a choisi et promis de le faire. Il le fait de
sorte à développer une relation avec ses enfants, afin qu’ils le connaissent et
lui fassent de plus en plus confiance. Mais peut-on en déduire que Dieu a
laissé Jacques se faire exécuter parce que les chrétiens n’ont pas prié pour
lui ? Certainement pas ! C’est avoir une piètre idée de Sa
bonté et de Son amour que de formuler les choses de cette manière. C’est même
indécent de le faire ! Notre vision est limitée à la vie présente, nous ne
voyons pas au-delà du voile qu’est la mort. Que savons-nous de ce que Dieu a
réservé à Jacques dans l’éternité ? Rien du tout, et sans doute a-t-il
une existence bien meilleure que celle qu’il avait jusqu’alors ! Certes, à
cause de la méchanceté d’Hérode, son départ s’est fait dans des circonstances terribles,
mais il ne nous appartient pas de juger ce que Dieu aurait dû faire. Nous n’avons
pas une vision suffisante de la réalité, il nous faut donc être prudent dans
nos interprétations.
Il semble que la prière du petit groupe de que Pierre va
visiter au cours de la nuit, peu après sa libération, n’est pas forcément un
modèle de foi. Puisque les trois réactions des chrétiens quand on leur annonce
que Pierre est à la porte sont dans l’ordre : (Diapo texte) 1) tu es folle, 2) c’est son ange,
et pour finir 3) une profonde stupéfaction. Apparemment ils ne s’attendaient
pas ce que leurs prières soient
exaucées. Est-ce ces prières-là qui ont rendu Pierre et pas Jacques ? Ce
n’est pas certain !
Attention, nous interprétons les faits, en fonction de
l’image que nous faisons de celui qui agit, et ici en fonction de l’image que
nous faisons de Dieu. Si nous imaginons Dieu comme un juge, nous allons scruter
nos actes pour interpréter l’action divine. Si nous doutons de l’existence de
Dieu, nous allons affirmer que l’exécution de Jacques prouve ce que nous
pensions depuis le début. Si au contraire, nous estimons qu’un chrétien ne peut
pas connaitre la défaite, nous allons prendre la délivrance de Pierre comme une
règle immuable, et allons chercher l’erreur pour expliquer l’exécution de Jacques.
Chacun relit les événements à la lumière de ses propres préjugés, soyons
conscients des nôtres, et soyons prudents dans nos interprétations, car elles
disent quelque chose de l’image que nous nous faisons de Dieu !
(Diapo
Dieu souverain, tout puissant) Peut-être que le seul message que nous devons recevoir dans
ce texte est que Dieu est souverain et tout puissant, et qu’il n’y a
aucun événement qui soit hors de sa portée, que cela soit la délivrance d’un
juste, ou que cela soit la mort d’un tyran comme Hérode (Je n’ai pas lu la fin du chap 12, mais la mort soudaine d’Hérode est
mentionnée quelques versets plus loin, et d’ailleurs elle est rapportée dans
des termes presque similaire par Flavius Joseph). Dieu est souverain !
Et ce n’est pas parce qu’il a permis le départ prématuré de Jacques, qu’il ne
dirige pas le monde. Il l’a montré justement avec Pierre, … et aussi avec
Hérode !
Le préjugé de base que Dieu veut que nous ayons de Lui, parce
qu’il réaffirme souvent dans les Ecritures est qu’Il est bon, profondément
aimant, qu’il veut notre bien, même si parfois il nous fait passer par des
chemins difficiles. CS lewis écrit dans l’un de ses ouvrages : (Diapo texte CS
lewis)
Quand on délivre un
chien pris dans les mâchoires d’un piège, quand on enlève une écharde du pouce
d’un enfant, quand on en sauve un autre de la noyade, quand on aide quelqu’un a
passé une corniche escarpée au cours d’une escalade... Dans toutes ces circonstances,
l’obstacle le plus difficile à franchir est peut-être bien le manque de
confiance ! Nous leur demandons de nous faire confiance en dépit des
indications contradictoires de leurs émotions, de leur imagination, et leur
intelligence. Nous leur demandons de croire que ce qui va leur faire mal, en
réalité va être leur bien, et ce qui va être dangereux représente leur seule
sécurité. Nous sommes pour Dieu, ce que ce chien, cet enfant, ce baigneur ou ce
randonneur sont pour nous !
Nous ne comprenons pas tout, mais nous devons faire confiance
à celui qui sait ! Il y a des personnes qui ne sont pas dignes de
confiance, mais ne pas faire confiance à celui qui nous a créé, qui nous
a donné la vie et tout ce qu’il faut pour l’entretenir, est une faute. C’est refuser
de donner sa confiance à celui qui en est le plus digne de tous !
Job ose dire en parlant de Dieu (Diapo Job), Job 13 15 Même s’il
me tuait, je continuerais à espérer en lui.
Nous ne pouvons pas expliquer (Diapo noire) pourquoi Dieu a permis que Jacques
quitte si tôt ce monde, mais nous devons lui faire confiance. Il sait ce qu’il
fait, il est souverain, même si bien sûr il n’approuve pas tous les actes …
dont il permet le déroulement !
En voyant, Pierre dormir tranquillement la veille même de son
procès et peut-être même de son exécution, je me suis dit que Pierre avait justement
ce genre de confiance en Dieu. Que Dieu envoie son ange ou pas, que demain il
soit sur terre ou au ciel … peu importe ! Il avait confiance que Dieu
l’aimait et ferait ce qui est bien. Il nous faut apprendre cette confiance en
Dieu, en sa souveraineté, qui n’est pas un fatalisme, parce qu’elle ne nous
empêche pas d’agir !
Que, par son Esprit, Dieu nous donne la conviction qu’il nous
aime et nous veut du bien … même quand le chemin nous semble difficile à suivre
! Amen !
Prière
Question pour les
petits groupes de partage :
Questions d’observation
Actes 12.1-5
Quand ces événements ont-ils lieu ? Voyez 11.25-30. Quel
effet la mort de Jacques et l’emprisonnement de Pierre peuvent-ils avoir sur la
jeune Eglise ? Qu’escomptent les ennemis de l’Eglise (v2-4, 11) ? Quel
semble être le mobile des actions d’Hérode ? Que fait l’Eglise dans cette
situation ?
Les actes d’Hérode
ajoutent une dimension nouvelle à la persécution de l’Eglise. Jusqu’à
maintenant l’opposition ne venait que des chefs religieux et n’avait pas encore
touché les apôtres !
Actes 12.6-19
Quand Pierre est-il libéré ? Décrivez les étapes de sa
libération (v6-11) Pourquoi Pierre croyait-il tout d’abord avoir une vision ?
Que se passe-t-il chez Marie au moment où Pierre y arrive ? Comment
expliquez-vous la réaction aux paroles de Rhode ? Pourquoi ces intercesseurs sont-ils tellement
stupéfaits ? Que fait Pierre pendant cette visite ? Quelle découverte
font-ils sur la puissance d’Hérode et sur celle du Saint-Esprit ?
Questions de réflexion et de partage : Avez-vous fait l’expérience d’un
exaucement évident à une prière précise adressée à Dieu par un groupe réuni
dans ce but ? Croyez-vous que Dieu
puisse faire de même aujourd’hui ?
Questions plus « introspectives » :
Qu’est-ce qui vous interpelle le plus dans ce récit qui
rapporte la mort de Jacques et la délivrance de Pierre ? Pourquoi ? Ces éléments qui ont retenus plus
particulièrement votre attention révèlent-ils des craintes, des peurs, des
espoirs, des convictions sur la relation que l’homme peut avoir avec Dieu ?
Quelle image vous faites-vous de Dieu ? Que pensez-vous de la validité de
cette affirmation qui revient souvent dans les Psaumes : « Louez
l’Eternel, car il est bon, Car sa miséricorde dure à toujours ! » Voyez-vous
des limites à cette affirmation ?
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