Prédication du 20 décembre 2020 - Luc 1.26-36 - Noël, accueillir Jésus, vrai homme, vrai Dieu, seul sauveur
Avez-vous mis une crèche chez vous ?
Dans la tradition de Noël, on ne met pas tout de suite le
« petit Jésus » ; pendant l’Avent son absence dans la crèche matérialise
l’attente de sa venue… parce que même absent, c’est bien lui qui est au
centre, et pas Joseph et Marie.
C’est la même chose dans les Evangiles. Jean-François
vient de nous lire le récit de l’Annonciation, ce moment où un ange révèle à
Marie le plan mystérieux de Dieu pour elle.
La tradition, l’histoire de l’Art, ont beaucoup mis le focus ici sur Marie – et c’est vrai que sa foi est un beau modèle pour tous.
Cependant, ce n’est pas elle le personnage principal. C’est
Jésus, même s’il n’est pas encore là !
En effet, le but de Luc, dans ce passage, est d’éclairer
l’identité de cet enfant qui va naître, en la reliant aux promesses de
l’Ancien Testament.
Luc reprend les codes des récits de
« visitation » de l’AT, ces moments où le ciel rejoint la terre, par
un ange ou une vision, pour révéler le véritable sens d’une situation à
des destinataires qui vont devoir l’accepter par la foi.
Ici, Marie se voit révéler le sens de cette grossesse
inattendue qu’elle va vivre bientôt...
En ce temps de Noël, nous sommes invités comme Marie à recevoir cette révélation donnée sur l’identité du Messie qui va naître, et à accueillir Jésus dans nos vies tel qu’il est vraiment – Fils de David, Fils de Dieu, Sauveur et Seigneur,
Accueillir Jésus, c’est-à-dire l’accepter dans nos vies,
lui faire une place – la première place, le laisser entrer, joyeusement…
Afin d’être sauvés,
et comme Marie, de mettre nos vies à son service.
Relisons la révélation donnée à partir du v.30.
30 L'ange lui dit :
N'aie pas peur, Marie ;
car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
31 Tu vas être enceinte ;
tu mettras au monde un fils
et tu l'appelleras du nom de
Jésus.
32 Il sera grand et sera appelé
Fils du Très-Haut,
et le Seigneur Dieu lui donnera
le trône de David, son père.
33 Il régnera pour toujours sur
la maison de Jacob ;
son règne n'aura pas de fin.
34 Marie dit à l'ange :
Comment cela se produira-t-il, puisque je n'ai pas de relations avec un
homme ?
35 L'ange lui
répondit :
L'Esprit saint viendra sur toi,
et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi l'enfant
qui naîtra sera saint ; il sera appelé Fils de Dieu.
(…)
38 Marie dit : Je suis la
servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. Et
l'ange s'éloigna d'elle.
A. Noël : accueillir Jésus, vrai homme, vrai Dieu, seul Sauveur
En quelques versets, Luc rapporte plusieurs titres qui lèvent
un peu le voile sur le mystère de l’identité de l’enfant qui va naître :
Fils de David, il sera un homme véritable, et en même temps, Fils de Dieu. Deux
natures pour un seul sauveur, Jésus.
a. Accueillir Jésus,
fils de David
« 31 Tu vas être enceinte ; tu mettras au monde un fils
et tu l'appelleras du nom de
Jésus.
32 Il sera grand et sera appelé
Fils du Très-Haut,
et le Seigneur Dieu lui donnera
le trône de David, son père.
33 Il régnera pour toujours sur
la maison de Jacob ;
son règne n'aura pas de
fin ».
Ce n’est peut-être pas la première fois que Marie entend certaines de ces choses, en réalité : l’ange fait ici de multiples références aux prophéties de l’AT, qui nourrissaient l’attente du peuple Juif, focalisée sur la venue d’un Messie libérateur. Les « manuscrits de la mer Morte » trouvés à Qûmran montrent que le titre « Fils du Très-Haut » notamment était utilisé avant la naissance de Jésus pour évoquer la grande dignité du Messie attendu. On s’attendait cependant à ce que ce soit un humain, un descendant du roi David, en vertu de la promesse de 2 Sam 7.12-14 :
« je t'annonce que moi, le Seigneur, je t'accorderai des descendants…
je désignerai l'un de tes propres enfants pour te succéder comme roi, et
j'établirai fermement son autorité.
13
C'est lui qui me construira un temple, et moi je l'installerai sur un trône inébranlable.
14
Je serai un père pour lui et il sera un fils pour moi ».
L’ange confirme ici que la prophétie est en train de
s’accomplir : Jésus héritera du « trône de David, son père »-
ce que Luc souligne au chapitre 3 en donnant la généalogie de Jésus :
celui-ci est bien descendant de David par Joseph, son père
« adoptif » - l’adoption primant sur le biologique dans la culture de
l’époque.
L’enfant Jésus sera donc pleinement humain.
D’ailleurs, le v.14 de Samuel montre que dans la
révélation biblique, l’expression « Fils du Très-Haut », « Fils
de Dieu » ne renvoie pas forcément à une nature divine : elle
est aussi utilisée comme une métaphore pour dire la proximité avec Dieu.
Parfois, l’expression « fils de Dieu » renvoie aussi à la fraternité
universelle des hommes, tous fils d’un même Dieu dont ils portent l’image.
Mais ici, l’expression prend son sens le plus plein, car
qui peut régner « sans fin » sinon Dieu lui-même ?
b. Accueillir Jésus, Fils
de Dieu
Notamment lorsqu’à la question pleine de bon sens d’une
Marie stupéfaite – « Comment cela se produira-t-il, puisque je n'ai
pas de relations avec un homme ? » - l’ange répond par un autre mystère :
« L'Esprit saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi l'enfant qui naîtra sera saint ; il sera appelé Fils de Dieu ».
Jésus est fils de Dieu car il tient son existence d’en
haut, parce que celle-ci résulte d’un acte créateur direct de Dieu :
l’« ombre » qui va descendre sur Marie évoque en effet la
nuée de l’AT, signe de la présence divine ; c’est donc Dieu lui-même qui
va intervenir, pour créer Jésus dans le ventre de Marie, par le Saint-Esprit.
C’est une nouvelle création qui va commencer :
l’Esprit qui « planait sur les eaux » lors de la création du monde va
maintenant descendre sur Marie. Quelque chose de radicalement nouveau se
prépare… et c’est Jésus.
Jésus qui est donc à la fois de nature humaine, par sa mère, et de
nature divine. La naissance virginale exprime cela avec force : ce n’est pas
parce qu’il y aurait une forme de pureté associée au fait d’être vierge que
Dieu choisit ce moyen ; Marie était marquée par le péché comme nous tous
et avait besoin elle aussi du Sauveur. Mais parce que cette conception
virginale, par son originalité, est un signe de la filiation divine de
Jésus, une façon unique d’entrer dans la vie humaine.
Elle est aussi le signe d’un rupture dans la chaîne des hommes,
par laquelle se transmet le péché de génération en génération : il
faut que l’enfant naisse de Dieu pour être « saint ».
Il n’est pas non plus né humain pour devenir Dieu plus tard,
en recevant le St Esprit ; on a appelé ça « l’adoptianisme ».
Cette compréhension est tentante parce qu’elle paraît plus
« raisonnable » et surtout qu’elle donne un rôle très positif à la nature
humaine – mais elle ne rend pas justice au témoignage biblique, qui révèle que Jésus
est bien Fils de Dieu comme 2e personne de la Trinité, et en
cela il existait avant même sa naissance à Bethléem. Le début de la
lettre aux Hébreux lève brièvement le voile sur ce glorieux mystère :
1 Autrefois,
Dieu a parlé à nos ancêtres, à bien des reprises et de bien des manières, par
les prophètes ;
2 mais
maintenant, en ces temps qui sont les derniers, il nous a parlé par son Fils.
C'est par lui que Dieu a créé l'univers, et c'est lui qu'il a établi héritier
de toutes choses.
3 Le
Fils reflète la splendeur de la gloire divine, il est l'expression même de ce
que Dieu est, il soutient toutes choses par sa parole puissante.
15
Le Christ est l'image visible du Dieu invisible. Il est le Fils premier-né,
supérieur à tout ce qui a été créé.
16
Car c'est par lui que Dieu a tout créé, dans les cieux et sur la terre : ce qui
est visible et ce qui est invisible, les puissances spirituelles, les
dominations, les autorités et les pouvoirs. Dieu a tout créé par lui et pour
lui !
17
Il existait avant toutes choses, et c'est par lui qu'elles sont toutes
maintenues à leur place.
c. Accueillir Jésus,
seul Sauveur et Seigneur
Tout en étant vraiment humain, Jésus appartient donc à
Dieu tout autrement que nous. Il est le seul Sauveur et Seigneur.
Après l’humiliation de la croix, il a été élevé dans les
lieux spirituels, à la plus haute place – au-dessus de toute la création.
Il est notre Dieu, puissant pour délivrer, relever… et il
va revenir juger les vivants et les morts, et établir son règne d’amour et de
paix « qui n’aura pas de fin »…
« Le salut ne se trouve en aucun autre, car il n'y a sous le ciel aucun
autre nom donné parmi les humains par lequel nous devions être
sauvés » (Actes 4.12).
B. Comme Marie, accueillir
Jésus
Marie, ici, nous donne l’exemple :
elle accueille Jésus – elle accepte de le recevoir, en elle, se
prépare à faire sa connaissance, dans une rencontre qui ne sera pas celle d’une
doctrine, mais d’une personne vivante – Jésus, son enfant… et son
sauveur !
Comme Marie, Dieu nous
invite à accueillir son fils dans nos vies – à désirer le rencontrer, à travers
son message, dans la Bible, à travers la Bible, Sa Parole vivante, à travers
la prière, à travers les autres chrétiens, son corps physique dans ce monde…
Comme Marie, accueillir
Jésus avec humilité
Et par là même, c’est le rappel que nous avons tous
besoin du secours de Dieu pour passer des ténèbres à la lumière. Tous
besoin de cette grâce qui s’est manifestée dans l’humiliation de ce Dieu, qui
s’est fait nourrisson fragile, par amour pour nous.
Plus tard, on a voulu la diviniser,
affirmer qu’elle-même était née sans péché, qu’elle partageait avec le
Christ la gloire de la rédemption… une manière sans doute de nous faire
participer, nous les humains, au plan de
salut de façon glorieuse…
Mais rien de tout cela n’est dans la Bible. Au contraire,
c’est en offrant son impuissance à Dieu que Marie est entrée
dans son plan. Son humilité, sa confiance.
Sa foi.
Comme Marie, dire oui à Dieu
Finalement, tout l’honneur de Marie est d’avoir dit oui à Dieu sans comprendre, mais avec confiance. Elle a accueilli la volonté de Dieu pour elle – cet enfant qui venait bousculer ses plans, compromettre sa réputation, peut-être même menacer ses relations avec ses proches… dans l’humilité et la confiance.
« Je suis la servante du
Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole ».
Oui à son amour, oui à son sacrifice pour nous, oui à Sa parole
- dire oui, aujourd’hui, là où nous en sommes, tel que nous sommes, avec notre
foi d’aujourd’hui, simplement.
(« Que tout se
passe pour moi selon ta parole. »)
Quel oui vais-je dire à Dieu
aujourd’hui ?
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