Dimanche de l'Eglise Persécutée - Aimer ses ennemis - Refuser la vengeance - Matthieu 5.44 - Romain 12.16-21 (F.Sépari)


Eglise de Lyon (Diapo Noire) (Inspiré du Dossier DEP de « Portes Ouvertes ») 11 nov. 2018

Le second dimanche de novembre est traditionnellement le dimanche de l’Eglise persécutée. Cette année, la date coïncide avec le 11 novembre, et même avec le centenaire de l’armistice au cours duquel nous prenons le temps de nous souvenir de ceux qui sont morts pour la patrie. Toutefois ce matin, nous voulons tout particulièrement penser à ceux qui meurent, encore aujourd’hui, à cause de leur foi en Christ dans des pays qui refusent toute la liberté religieuse. Près de 800 Eglises en France se souviennent aujourd’hui des chrétiens persécutés sous l’impulsion de l’association « Portes Ouvertes ». Cette ONG, cette association chrétienne au service de ceux qui souffrent pour leur foi, a pris une dimension un peu plus grande cette année, puisqu’elle a été reçue dans les bureaux de l’assemblée nationale française par un petit nombre de députés qui ont souhaité se tenir au courant du travail qu’elle accomplit, et prendre connaissance de l’index de persécution des chrétiens qu’elle tient à jour pays par pays ! Et nous nous réjouissons de cette prise de conscience de nos autorités civiles.

En effet, chaque jour, des chrétiens persécutés sont mis au défi de vivre cette parole de Jésus tiré de l’évangile de Matthieu 5.44 : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous détestent et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, 45 afin d'être les fils de votre Père céleste.

Chaque jour des chrétiens persécutés se posent ces questions : Comment puis-je vivre cette parole de Jésus, et vraiment aimer mes persécuteurs ? Comment puis-je, comme le Seigneur nous le demande, faire du bien à ceux qui les ont peut-être violés, emprisonnés, séparés de leur famille, ou qui ont parfois brulé leur maison ou leur village … Comment vivre cette parole radicale de Jésus ? Est-ce vraiment possible de le faire ?

Nous allons ouvrir la Bible ensemble pour méditer cet enseignement difficile du Seigneur, mais avant cela, j’aimerais visionner avec vous une courte vidéo de 10 mn qui raconte ce qu’a vécu une jeune femme du nom de Gladys habitant au Kenya. Aucune image choquante dans cette vidéo, mais malgré tout un témoignage assez bouleversant, qui touche sur un plan émotionnel, je vous préviens à l’avance !

Projection de la Vidéo : Témoignage de Gladys   

« Aimez vos ennemis » : (Diapo aimez)

C’est peut-être l’enseignement le plus radical que Jésus n’a jamais prononcé ! L’amour dont Jésus nous parle ici n’est pas un sentiment, ni une émotion, mais c’est la volonté profonde de faire du bien à son ennemi … La volonté de voir en celui qui nous outragé ou blessé, autre chose qu’un simple bourreau méprisable, mais un homme qui s’est fait entraîner dans l’engrenage du mal, qui s’est laissé emporter par une colère injustifiée, qui s’est fait manipuler par Satan. C’est un amour qui voit en celui qui nous persécute à la fois un coupable et une victime. Il est coupable, car responsable de ses actes, mais victime aussi car manipulé par des forces qui le dépassent. En fait, c’est un amour qui veut donner une chance au persécuteur de changer.

 « Aimez vos ennemis », c’est un enseignement vraiment difficile qui se heurte à de nombreuses résistances qui surgissent spontanément du fond de notre cœur. J’en ai relevé deux à titre personnel. La première est plutôt d’ordre intellectuel et concerne la justice, la seconde relève davantage de la force ou de la faiblesse de notre foi et de nos convictions. 

A) Je commence avec la première touchant aux notions d’éthique et de justice. Est-ce juste d’aimer celui qui fait volontairement le mal ? N’est pas une façon de cautionner, d’approuver le mal qui a été commis ? N’est pas une forme de démission, de lâcheté ? Pour répondre à cette questions, je vous invite à lire une parole de l’apôtre Paul qui se trouve au chapitre 12 de l’épître aux Romains, à partir du verset 16, jusqu’au verset 21. (Diapo Romains 12.16-21)

Rom 12. 16... Ne vous prenez pas pour des sages. 17 Ne rendez à personne le mal pour le mal. Recherchez ce qui est bien devant tous les hommes. 18 Si cela est possible, dans la mesure où cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes. 19 Ne vous vengez pas vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère de Dieu, car il est écrit : C’est à moi qu’appartient la vengeance, c’est moi qui donnerai à chacun ce qu’il mérite, dit le Seigneur. 20 Mais si ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s'il a soif, donne-lui à boire, car en agissant ainsi, tu amasseras des charbons ardents sur sa tête. 21 Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien.

Nous ne savons pas avec certitude ce que signifient ces fameux charbons ardents. Il serait étonnant toutefois que Paul nous enseigne d’augmenter la culpabilité du persécuteur pour que sa punition soit encore plus sévère à la fin des temps, et que notre vengeance soit ainsi plus terrible encore ! Si tel était le cas, ce serait une drôle de façon d’aimer, une façon terriblement machiavélique !

Certains pensent (et j’en fais partie) que ce verset cité par Paul, et tiré des Proverbes de Salomon, fait plutôt allusion à un rituel d’expiation égyptien où un homme repentant devait poser des charbons ardents sur sa propre tête en signe de la sincérité de sa repentance. Si tel est bien l’origine de cette expression, alors l’idée de Paul est plutôt d’offrir à notre offenseur l’occasion d’une repentance, en lui montrant notre amour, notre bonne volonté, en ôtant si possible toute justification à sa colère, toute excuse au mal qu’il commet ! (Diapo charbons ardents)

En ce cas, les fameux charbons ardents symbolisent plutôt les souffrances d'une conscience troublée qui lutte avec elle-même. Ils sont l’image d’une brûlure intérieure, d’une tension qu’un homme violent peut ressentir face à l'évidence de sa propre méchanceté.

Mais ce texte de la Bible ne nous encourage nullement à nier le mal commis, à nier l’horreur ce qui a été perpétré. (Diapo noire)  Le mal reste le mal inacceptable, intolérable ! Il nous est simplement demandé de suspendre notre désir de nous faire justice pour le remettre à Dieu, qui s’en occupera à la fin des temps. Cela nous évite tout d’abord d’amplifier le mal (car notre jugement n’est pas toujours aussi clairvoyant qu’on le croit !) et surtout cela donne une chance à notre offenseur de se repentir de ses actes. Mais remarquez bien, le jugement parfait de Dieu n’est que suspendu ! (Diapo v19) Il surviendra néanmoins si aucun changement de cœur ne se produit. C’est à moi qu’appartient la vengeance, dit Dieu, c’est moi qui donnerai à chacun ce qu’il mérite, dit le Seigneur. Toutefois, la victoire sur la mal est bien plus grande quand, au lieu de détruire le coupable, celui-ci revient vers le bien ! 

L’apôtre Paul qui a écrit ce texte de Rom 12 sait fort bien de quoi il parle ! Car il a été lui-même l’un des premiers persécuteurs de l’Eglise, (Diapo Actes 8.3) le livre des Actes nous dit qu’il 8.3 … ravageait l’Eglise ; pénétrant dans les maisons, il en arrachait hommes et femmes, et les faisait jeter en prison. Mais voilà, il a été brutalement arrêté par Jésus dans sa folie persécutrice, il s’est repenti, il s’est converti, et il est passé du statut de premier des destructeurs de l’Eglise, à celui de premier des bâtisseurs. Et finalement Dieu a été bien davantage glorifié par cette vie transformée que la par la mort de Paul ! (Diapo noire)
 
Non Dieu ne justifie pas le mal, il ne méprise pas la souffrance ceux qui ont été persécutés, mais il veut offrir la possibilité d’un changement avant que son jugement juste et parfait ne s’abatte sur le pécheur, et avec le but encore plus élevé de transformer le méchant en juste !
Nous aussi, de manière différente, nous étions les ennemis de Dieu avant notre conversion. Et en Jésus-Christ, Dieu a fait pour nous exactement ce que l’apôtre Paul nous demande de faire dans ce texte de l’épître aux Romains.
(Diapo Romain 12. 16-21)
 
-        Il ne nous a pas rendu le mal que méritait notre ingratitude, notre égoïsme. (comme au v17)
-        Il ne s’est pas immédiatement vengé de notre indifférence coupable, bien qu’il nous ait pourtant tout donné. (comme au v19)
-        Il a suspendu temporairement son jugement sur l’humanité et sur nous-même dans l’espoir que nous puissions changer, être réconcilié avec Lui par Jésus-Christ. (comme au v19)
-        Bien au contraire, en Christ, Dieu s’est approché de nous pour nous faire du bien, il a lui-même le prix des fautes (du moins de ceux qui croient en Lui) (comme au v20),
-        Jésus-Christ ne s’est effectivement pas laissé vaincre par le mal, ou par le désir d’une juste revanche, mais au contraire il a été vainqueur du mal par le bien. (comme le dit le v21) Car Sa condamnation injuste au supplice de la croix s’est transformée pour ceux qui se repentent et qui croient en Lui en une œuvre de pardon et de réconciliation éternels.
C’est là, notre première difficulté, accepter cette suspension du jugement, accepter de laisser un mal temporairement impuni pour qu’un bien meilleur puisse survenir. Mais ce n’est pas la seule difficulté, ni même la principale. 

B) Il me semble que notre principale difficulté pour vivre ce verset est notre manque de foi de conviction que cette parole de Jésus, comme toutes les autres, soit une véritable source de vie ! Un manque de conviction que l’addition de Gladys est juste (Diapo add. Gladys) : Amour + pardon = vie ! (voir la vidéo)

Et c’est là où il est important que l’Eglise d’Occident, l’Eglise libre des pays démocratiques demeurent en étroite relation avec l’Eglise persécutée, et que nous nous tenions au courant de ce que vivent nos frères et sœurs dans des pays hostiles à la foi. (Diapo noire) Parce que ces chrétiens ont reçu de Dieu quelque chose que nous n’avons pas, et qui ne s’acquiert ni par les connaissances, ni par l’étude de la Bible (même si c’est indispensable !), mais par la soumission à la volonté de Dieu au milieu de l’épreuve. Ce qu’ils ont vécu au milieu de la fournaise a fait naître en eux une foi et des convictions fortes sur Dieu et sur Jésus ! Or les convictions se propagent au travers des relations. Elles « s’attrapent » autant qu’elles s’enseignent. L’exemple, le témoignage des chrétiens persécutés peut donc nous aider à grandir nous-mêmes dans la foi. 

Là où bon nombre d’Eglises en occidents ont des croyances, eux ont des convictions ! Et c’est très différent ! (Diapo Croy-Conv) Une croyance est quelque chose à propos de laquelle vous êtes prêts à discuter. Une conviction est quelque chose pour laquelle vous êtes prêts à mourir. La conviction est bien plus qu’une croyance, elle est regroupe tout à la fois nos valeurs, nos engagements, nos motivations, et c’est cela qui lui donne une dimension plus grande plus forte, plus solide aussi. Bien entendu, pour qu’un conviction ne devienne pas folle, elle doit être solidement fondée : fondée sur des faits quand il s’agit de science par exemple, ou fondée sur la vérité et la Parole de Dieu, quand il s’agit de vérités morales et éternelles.

(Diapo noire)  Les chrétiens d’Occident ont souvent plus de connaissances bibliques, plus d’instructions (ce qui est très bien !) plus de liberté et de moyens financiers. Mais les chrétiens qui vivent en pays hostiles ont souvent plus de foi et de convictions que nous. Certes, ils ont besoin de notre aide pratique et de nos prières, mais en revanche, nous avons besoin qu’ils nous transmettent un peu de leur foi et leurs convictions par leur exemple ! Il faut rester en contact avec eux, car les convictions se propagent au moyen des relations. 

Les personnes qui ont eu le plus d’impact dans ce monde en bien ou en mal, ne sont pas nécessairement les personnes les plus aisées ou les plus instruites. Ce sont souvent des personnes qui étaient dotées de fortes et profondes convictions. Prenez l’exemple de Christophe Colomb qui était convaincu que terre était ronde, et qui tout fait pour affréter des navires et entreprendre la traversée de l’océan ! Prenez l’exemple de Luther qui était convaincu que l’enseignement de la Bible était plus juste et vrai que celui des autorités religieuse de son époque affirmaient, et qui voulait pour cela réformer l’Eglise quitte à risquer sa vie ! Prenez l’exemple du député Wilberforce qui a bataillé pendant 26 longues années au parlement britannique pour abolir l’esclavage ! Prenez l’exemple de Gandhi qui persévéré des années pour libérer son peuple en refusant la violence ! Prenez l’exemple de Martin Luther King qui voulait l’égalité de traitement des noirs et des blancs, et qui a finalement payé de sa vie ce combat difficile. Ce sont les hommes et les femmes de convictions qui changent véritablement le monde. Et nous avons besoin de l’Eglise persécutée, car eux mettent en pratique les paroles de Jésus sur l’amour de nos ennemis. Ils mettent en pratique le chapitre 12 de l’épître aux Romains. Ces chrétiens ont acquis les convictions fortes que nous n’avons pas forcément nous-mêmes !

(Diapo Eglise persécutée)  Par son exemple, l‘Eglise persécutée, nous enseigne à refuser la vengeance (clic) comme ce fut le cas de Gladys du Kenia dans la vidéo que nous venons de voir ensemble. Elle nous enseigne à annoncer l’Evangile à nos ennemis (clic) comme ce fut le cas d’Ibrahim du Nigéria, qui retourne voir celui qui l’a agressé et lui annonce l’Evangile (je fais allusion aux quelques témoignages très courts de fin de vidéo). L’Eglise persécutée nous enseigne à pardonner (clic) comme l’égyptienne Samiha victime d’un attentat à la bombe. Elle nous enseigne à avoir de l’audace (clic) comme Pierre et Jean de République Centrafricaine qui sont allés manifester leur amour à des extrémistes musulmans. Elle nous enseigne à prier pour nos persécuteurs (clic) comme Thomas en Inde qui continue à prier pour les extrémistes hindous qui l’ont blessé.
Sommes-nous convaincus que l’enseignement de Jésus sur l’amour des ennemis est réaliste et porteur de vie ? Avons-nous vraiment cette conviction ? Ou bien est-ce un enseignement que nous repoussons comme un idéal lointain, et inatteignable. (Pause) (Diapo noire)

En tout cas, Jésus n’a pas estimé qu’il s’agissait là d’un idéal lointain et inatteignable.

-        C’est justement parce qu’il a eu l’audace de devenir un homme fragile et sans force, un simple enfant dans une crèche, qu’il a pu nous sauver !
-        C’est justement parce qu’il a fait du bien aux hommes et femmes de toutes conditions, par toutes sortes de guérisons et d’actes de compassion qu’il a pu éveiller le cœur à la présence de Dieu.
-        C’est justement parce qu’il a pris sur lui nos fautes sur lui-même avec un amour qui dépasse l’imaginable que nous sommes aujourd’hui pardonnés, sauvés de la perdition et présents dans cette Eglise ce matin.
-        C’est justement parce qu’il a prié pour nous, et prie encore, que nous tenons toujours debout en dépit de notre faible foi.
Christ nous a donné un exemple à suivre ! Et c’est Lui notre modèle suprême ! Mais il est bon aussi d’observer les autres chrétiens, avec qui nous pouvons plus facilement nous identifier, pour nous aider à grandir dans la foi, et recevoir la conviction intérieure que Christ est vraiment la Vie.

« Aimer ses ennemis » est l’un des enseignements les plus profonds et les plus difficiles, qui ait été donné par Jésus. Ce n’est possible que parce que nous sommes sauvés par grâce, et parce que Dieu nous donne de son Esprit pour aimer ceux qui ne sont pas aimables. Il nous a aimé le premier, et avec sa force, nous sommes aussi capables à notre tour d’aimer les autres en premier, parce que nous nous savons aimés de Lui !

En aimant nos ennemis, nous imitons Dieu !
Certes, nous ne vivons pas le même type d’opposition en France, mais au moins laissons-nous inspirer parce que vivent nos frères et sœurs dans les pays difficiles, laissons-nous inspirer par l’exemple de l’Eglise persécutée et par celui de notre Seigneur Jésus-Christ ! Amen !

Prière

Questions pour les petits groupes :


  1. Relisez ensemble Rom 12. 16-21. Vous êtes-vous déjà trouvé dans la situation d’avoir refusé de commettre un acte de vengeance, alors que vous étiez vraiment tenté de le faire ? Pouvez-vous raconter votre expérience et la partager à votre petit groupe ?
  2. Quelle est la principale résistance que vous découvrez en vous-même pour vivre la parole de Jésus en Matthieu 5.44 : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous détestent et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, 45 afin d'être les fils de votre Père céleste ?  (Tout type de résistance est possible et envisageable : morale, intellectuelle, émotionnelle, ou même relevant d’un manque de volonté … etc.). Passer en revue celles qui ressortent le plus au sein de votre petit groupe de partage. Comment pourriez-vous pratiquement les surmonter ? 
  3. Connaissez-vous des personnes dont l’exemple vous encourage à aimer des personnes qui ne sont pas forcément très « aimables » ! Pourquoi cet exemple vous aide-t-il ? Quel premier pas pratique (ni trop ambitieux, car il faut être réaliste, ni trop facile, car il faut progresser), pourriez-vous faire pour aimer au quotidien ceux que vous considérez comme des personnes difficiles, voire même des personnes que vous qualifieriez « ennemis » ? Partagez vos idées pratiques que ce soit des choses qui concernent les pensées, les paroles, les actes, ou les habitudes … !

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