Prédication du dimanche 17 juin 2018 - Marc 1.14-39 - Devenir témoins : l’exemple de Jésus (S. Guiton)

Cette semaine, nous avons à coeur de méditer autour du thème « devenir témoins ». Témoins de Jésus-Christ. Témoigner. On dit aussi : partager l’Evangile. On parle également « d’évangélisation », ou de « mission ».
« Venez à ma suite, et je vous ferai devenir pêcheurs d’humains ».
Tel est le défi que Jésus lance à son Eglise.
Témoigner,  afin que d’autres personnes découvrent l’amour de Dieu pour elles. 
Témoigner ? Nous sommes d’accord sur le principe mais comment faire ? 
Ce sujet soulève de nombreuses questions et éveille des craintes souvent inavouées. C’est pourquoi nous voulons avancer ensemble, et c’est le but des méditations quotidiennes proposées par Frédéric pour cette semaine. 
Pour aujourd’hui, comme les disciples que Jésus a appelés pour les former, laissons nous simplement inspirer par la façon dont le Seigneur abordait la mission. 

Nous lirons dans l’Evangile de Marc 1.14-39. 


Lecture du texte

14 Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée ; il proclamait la bonne nouvelle de Dieu 15 et disait : Le temps est accompli et le règne de Dieu s'est approché. Changez radicalement et croyez à la bonne nouvelle.

16 En passant au bord de la mer de Galilée, il vit Simon et André, frère de Simon, qui jetaient leurs filets dans la mer — car ils étaient pêcheurs. 17 Jésus leur dit : Venez à ma suite, et je vous ferai devenir pêcheurs d'humains. 18 Aussitôt ils laissèrent leurs filets et le suivirent. 19 En allant un peu plus loin, il vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, qui étaient aussi dans leur bateau, à réparer les filets. 20 Aussitôt il les appela ; ils laissèrent leur père Zébédée dans le bateau avec les employés, et ils s'en allèrent à sa suite.

21 Ils entrent dans Capharnaüm. S'étant rendu à la synagogue le jour du sabbat, il se mit à enseigner. 22 Ils étaient ébahis de son enseignement ; car il enseignait comme quelqu'un qui a de l'autorité, et non pas comme les scribes.

23 Il se trouvait justement dans leur synagogue un homme possédé d'un esprit impur, qui s'écria : 24 Pourquoi te mêles-tu de nos affaires, Jésus le Nazaréen ? Es-tu venu pour notre perte ? Je sais bien qui tu es : le Saint de Dieu ! 25 Jésus le rabroua, en disant : Tais-toi et sors de cet homme. 26 L'esprit impur sortit de lui en le secouant violemment et en poussant un grand cri. 27 Tous furent effrayés ; ils débattaient entre eux : Qu'est-ce donc ? Un enseignement nouveau, et quelle autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent ! 28 Et sa renommée se répandit aussitôt dans toute la Galilée.

29 En sortant de la synagogue, ils se rendirent, avec Jacques et Jean, chez Simon et André. 30 La belle-mère de Simon était alitée, elle avait de la fièvre ; aussitôt on lui parle d'elle. 31 Il s'approcha et la fit lever en lui saisissant la main ; la fièvre la quitta, et elle se mit à les servir.

32 Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous les malades et les démoniaques. 33 Toute la ville était rassemblée devant la porte. 34 Il guérit beaucoup de malades qui souffraient de divers maux et chassa beaucoup de démons ; il ne laissait pas les démons parler, parce qu'ils le connaissaient.
(…)
39 Et il se rendit dans toute la Galilée, proclamant le message dans leurs synagogues et chassant les démons.




Il m’est arrivé de temps à autre - mais très rarement - d’inviter des amis à la fête de Noël ou au vide grenier de l’Eglise, et même au culte, en espérant que ça leur donne envie de revenir. La culture française m’a fait intégrer l’idée que la foi, c’est privé et que présenter ses convictions spirituelles aux autres peut les agresser ou casser la relation. J’avais peur du rejet, et comme beaucoup de chrétiens, je n’étais pas forcément à l'aise pour parler explicitement de ma foi à leurs relations... Comment trouver le bon moment ? Comment faire cela de façon claire et naturelle, sans utiliser de « techniques » articifielles ? 

Nous nous sentons généralement plus à l’aise dans une approche relationnelle de l’évangélisation. « L’évangélisation, proclame-t’on, c’est d’abord aimer les gens ». Et c’est vrai. 
Alors nous parlons peu de notre foi et nous essayons d’aimer, en espérant que ceux qui nous côtoient soient interpellés simplement par le témoignage de notre vie. Interrogeons-nous cependant : cette stratégie a-t’elle porté des fruits ? Combien de nos connaissances sont venues à Jésus juste en nous voyant vivre ? Parfois ça peut créer une discussion intéressante, et ensuite ? 

Dès le début de son ministère, Jésus, envoyé par le Père pour sauver les hommes, adopte une approche différente, dans laquelle proclamation et action sont indissociablement liées. Une approche centrée sur des relations, sur des rencontres en vérité avec les gens, dans lesquelles Dieu se révèle par la puissance de son Esprit agissant quand Jésus parle et agissant quant il fait du bien aux autres.

Voyons cela ensemble. 


1. Jésus vient établir des relations. Dès le début, son ministère de Jésus est fait de rencontres : les pécheurs, l’homme possédé, la belle-mère de Pierre… 
Dans chaque rencontre, Jésus est pleinement investi, pleinement attentif, disponible. Il ne fait pas que donner : il se donne. Ses actes et ses paroles révèlent l’amour qui l’anime. Il est attentif à chacun, sans chercher son propre intérêt : au verset 32, après une longue journée, il continue à guérir les gens qui viennent à lui, jusque tard dans la nuit, se passant même de manger. Il prend du temps avec Jacques et Jean, Simon et André, après la synagogue, au calme.

On dit qu’une véritable rencontre nous transforme. C’est le cas avec Jésus. L’homme possédé d’un esprit impur retrouve la liberté. La belle-mère de Simon se relève et, reconnaissante, reprend ses activités. Les gens affluent de toute part pour être guéris. Ils retrouvent l’espérance ! 

Autour de nous, beaucoup de gens ne manifestent aucun besoin de Dieu. Ils semblent très bien comme ils sont, sans aucune soif spirituelle particulière. Pourtant, une simple rencontre avec Jésus peut éveiller quelque chose de profond en eux dont ils n’avaient pas conscience.

Voilà pourquoi il nous faut prendre le temps de les rencontrer vraiment. Sans chercher à tout dire en une seule fois, sans instrumentaliser la relation, mais en faisant confiance à Dieu. C’est lui qui appelle, qui convainc, qui dirige. 
Alors ne cherchons pas à entrer dans un rôle mais écoutons les autres, et partageons simplement ce qui nous agite nous aussi. Le Seigneur saura travailler dans nos relations. 
Chrétien ou non, nous partageons les mêmes besoins, les mêmes aspirations profondes : nous avons besoin de reconnaissance, besoin de sens et de buts, besoin de pardon et de paix, besoin d’amour. 
Chrétien ou non, nous voulons savoir comment prendre de bonnes décisions, comment prendre soin de nos familles, comment vivre la souffrance.

2. Jésus vient rencontrer les gens, mais ce n’est pas seulement pour les écouter. « Jésus vint en Galilée ; il proclamait la bonne nouvelle de Dieu et disait : Le temps est accompli et le règne de Dieu s'est approché. Changez radicalement et croyez à la bonne nouvelle ».

Jésus vient annoncer une bonne nouvelle, un message qu’il faut comprendre et croire pour être sauvé. « Prêche toujours l'Évangile, et si c'est nécessaire, utilise des paroles », aime-t’on dire. Ce n’est pas tout à fait juste. Car comme l’écrit Paul en Romains 10, « on devient croyant quand on écoute le message, et ce message, c'est la parole du Christ ».
L’exemple de vie de quelqu’un peut nous interpeller, mais à un moment, l’Evangile doit être entendu, cru et confessé. 
« Est-ce que ta bouche affirme devant tous que Jésus est le Seigneur ? dit encore Paul en Romains 10. Est-ce que tu crois dans ton cœur que Dieu l'a réveillé de la mort ? Dans ce cas, tu seras sauvé ». Encore faut-il que quelqu’un, à un moment, nous expose ce message. Car, « 14...comment s'adresser au Seigneur si on ne croit pas en lui ? Et comment croire au Seigneur si on n'a pas entendu parler de lui ? Et comment entendre parler de lui si personne ne l'annonce ? ».
Les auditeurs de Jésus connaissaient la parole de Dieu, dont ils attendaient l’accomplissement. Dans le monde déchristianisé où nous vivons, il est encore plus nécessaire que cette Parole soit explicitée, expliquée à un moment ou l’autre, dans un langage compréhensible et adapté. 

La question bien sûr est : comment ? 
Une enquête du CNEF révèle que la majorité des français refuse catégoriquement d’aller dans une Eglise ou d’écouter un témoignage de rue mais est tout à fait prête à ce qu’un ami lui présente sa foi autour d’un café. D’où la pertinence des parcours Alpha, dont nous reparlerons tout à l’heure. 
Cela signifie que plus que jamais, notre investissement personnel dans un cheminement avec nos amis est nécessaire. On constate qu’aujourd’hui, distribuer des tracts ou amener un ami à une réunion ne suffit plus. L’essentiel se passe dans le chemin que l’on fera personnellement avec cet ami, à coeur ouvert pour vivre notre vie chrétienne au grand jour devant lui, à coeur ouvert pour partager les joies et les soucis de la vie, à coeur ouvert pour partager notre foi…
Prions que Dieu bénisse ce type d’échanges et nous donne les bons mots, et il saura faire de nous des témoins pertinents. Notre rôle est surtout d’être pleinement présents et disponibles à la fois à l’autre et au Saint Esprit qui cherche à le toucher. 
Il suffit parfois d’une parole inspirée. Malika raconte ainsi que son parcours de foi a commencé avec cette question que son moniteur d’auto-école chrétien lui a posée : « es-tu en paix ? ». Ces mots, inspirés et portés par le Saint Esprit, ont trouvé le chemin de son coeur, et Dieu a pu lui murmurer son amour. 

Car le plus important n’est pas que les gens adhérent à nos idées mais qu’ils rencontrent Jésus à travers nous, ou dans une lecture personnelle des Evangiles. Car comme le dit une spécialiste de l’évangélisation, « Jésus est irrésistible ». 

3. Et s’il est irrésistible pour les gens qui l’entendent, à Capharnaüm et alentours, au point que « toute la ville » vient le voir, jusqu’à tard dans la nuit… c’est aussi parce qu’il fait du bien. C’est le troisième et dernier point que je voudrais souligner. 

« On lui amenait tous les malades et les démoniaques. Toute la ville était rassemblée devant la porte ». Les gens, déjà « ébahis » quand il parle, sont d’autant plus touchés par ses miracles. Car ses paroles et ses actes sont revêtus de la même autorité du Saint Esprit : « qu’est-ce donc ? disent les gens. Un enseignement nouveau, et quelle autorité ! Il commande même aux esprits impurs ». 
Jésus proclame et manifeste ainsi qu’il est bien le Messie attendu, celui qui accomplit la prophétie d’Esaïe : guérir les coeurs brisés, libérer les captifs…
Le bien que nous pouvons faire ne sera jamais aussi spectaculaire... mais son impact peut être très fort car nous sommes très sensibles à la cohérence des paroles et des actes. Ainsi, quand mes amis non chrétiens me demandent des nouvelles de mon Eglise, ils sont surtout intéressés par la Causerie et par notre accueil de réfugiés. Parce que c’est lisible pour eux. Ils comprennent cela et y voient des lieux où nous mettons en oeuvre ce que nous confessons. Et ça les interpelle.

Nos contemporains ne croient plus que la foi chrétienne soit une option valable pour leur vie. Mais la façon dont nous incarnerons et vivrons nous-mêmes le message chrétien peut les faire changer d’avis. Si toute l’Eglise - en commençant par ses responsables ! - s’attache à faire le bien autour d’elle et partager la joie de l’Evangile - car c’est une bonne nouvelle ! - Jésus-Christ sera glorifié, manifesté, révélé.
Avez vous visité l'Hotel Dieu tout rénové ? C'est un témoignage bien visible de l'engagement de l'Eglise, pendant des siècles, dans le « prendre soin » du monde, au nom du Christ. Ces motivations sont clairement expliquées dans les panneaux descriptifs... beau témoignage. L’hôtel Dieu… un lieu où Dieu accueille ! Quel est l’Hôtel Dieu que nous allons édifier pour  les années qui viennent ? Plus modestement, nous avons commencé la Causerie… continuons la construction ! 

Quel bien puis-je faire autour de moi - par réel amour pour les autres ? 

Pour conclure, soulignons la place que Marc donne au combat spirituel. Comment ne pas être frappé par la place importante que prennent les esprits mauvais dans son récit ? 
« il se rendit dans toute la Galilée, proclamant le message (…) et chassant les démons ».
Comme Jésus, nous arrivons souvent sur un territoire occupé par l’ennemi. « Pourquoi te mêles-tu de nos affaires ? » peut être le message qui nous envoyé, comme à Jésus. Ne nous laissons pas intimider et partageons joyeusement la bonne nouvelle de l’amour de Dieu. L’adversaire divise et asservit, mais la Parole de Dieu unifie et libère. Et elle est plus tranchante qu’une épée. 
Alors restons en paix, demandons au Seigneur de nous donner ses paroles, son autorité et sa sagesse par le Saint-Esprit, avançons avec douceur et détermination, et il agira.

Ensuite, soyons convaincus qu’aujourd’hui encore, le Christ vivant vient nous rencontrer, comme il l’a fait avec ces gens. Il nous invite avant tout à recevoir son amour, son pardon, et à le laisser nous faire du bien, par son Esprit. S’il nous lance cet appel : « Venez à ma suite, et je vous ferai devenir pêcheurs d’humains », c’est qu’il a confiance en nous, et que lui-même nous précède : en ce moment même, il accompagne par son Esprit Saint le témoignage de son Eglise, l’annonce de l’Evangile, pour ramener des hommes à lui.  
« C’est sa priorité, le projet sur lequel il porte toute son attention ».
Si c’est ce que Dieu est vraiment en train de faire, il est donc temps que nous nous engagions résolument nous aussi dans cette oeuvre missionnaire, si nous voulons faire la volonté de notre Dieu.


Allons-nous descendre de notre barque - et le suivre ? 

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