Prédication du dimanche 12 janvier 2020 - Deutéronome 18.9-19 -Les dangers de l’occultisme : repères pour un discernement (S. Guiton)

Prédication du dimanche 12 janvier 2020
Deutéronome 18.9-19
Chercheurs de Dieu ou chercheurs de présages ? 
Les dangers de l’occultisme : repères pour un discernement


Le professeur Sediki m’a écrit. Un petit mot photocopié, dans ma boite aux lettres. Il a l’air tout à fait sympathique, ce professeur. Il me propose son aide ! 
M. Sediki affirme que « grâce à ses dons », il peut m’assurer « la réussite, résoudre tous mes problèmes et me protéger contre les dangers ». « Travail, chance aux jeux, sport, situation, affaires, argent, force en amour, retour d’affection, fidélité entre époux, mariage, santé, attraction de clientèle pour vendeurs, problèmes familiaux… ». Tout ça avec résultats rapides sous 5 jours et 100% de réussite. 

Comme il le dit, « il y a toujours une bonne et heureuse solution à tous les problèmes qui existent dans la vie des humains ». Et en ce début d’année plein d’incertitudes, ça fait du bien de l’entendre. 

Pourtant… même si on peut trouver plutôt amusants ces tracts photocopiés, avec leur formulation maladroite, leurs promesses mirobolantes… la Parole de Dieu pourtant nous met en garde contre les Pr Sediki, leurs pratiques et ce qui se cache derrière…

Écoutons ce que nous dit en particulier le Deutéronome

Contexte : après 40 ans dans le désert, le peuple d’Israël s’apprête à prendre possession de la terre promise. Dieu redonne alors sa loi à Israël, par Moïse, lui indiquant comment vivre et se comporter dans ce pays où il va s’installer bientôt, afin de « devenir saint comme Dieu est saint » - car telle est sa vocation

Le Seigneur commande alors ceci, par la bouche de Moïse (Dt 18.9-19) : 
9 Lorsque tu entreras dans le pays que le SEIGNEUR, ton Dieu, te donne, tu n'apprendras pas à imiter les abominations de ces nations-là. 10 Qu'on ne trouve chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui se livre à la magie, qui cherche des présages, qui pratique la divination ou la sorcellerie, 11 qui jette des sorts, qui interroge les spirites ou les médiums, qui consulte les morts. 12 En effet, quiconque se livre à ces pratiques est une abomination pour le SEIGNEUR ; c'est à cause de ces abominations que le SEIGNEUR, ton Dieu, dépossède ces nations devant toi. 13 Tu seras parfait à l'égard du SEIGNEUR, ton Dieu.

14 Car ces nations que tu dépossèdes écoutent les chercheurs de présages et les devins ; mais à toi, le SEIGNEUR, ton Dieu, ne t'a rien donné de semblable. 15 Le SEIGNEUR, ton Dieu, suscitera pour toi, de ton propre sein, d'entre tes frères, un prophète comme moi : vous l'écouterez ! (…) 18 Je susciterai pour eux, parmi leurs frères, un prophète comme toi ; je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai.

« Faire passer son fils ou sa fille par le feu » : pratique divinatoire dont on sait peu de choses, mais souvent évoquée dans la Bible comme étant une horreur. 

Certains diront peut-être que tout cela renvoie à une époque lointaine où régnait la superstition, et que ces recommandations sont désormais dépassées, grâce aux lumières de la science. 
Pourquoi alors M. Sediki m’a t’il écrit ? Parce qu’en France, le pays de Descartes, les gens sont de plus en plus nombreux à s’intéresser aux expériences paranormales et surnaturelles. 

Quelques chiffres :
·       Dix à douze millions de personnes consultent chaque année un voyant, un médium, un guérisseur ou un professionnel du paranormal ;
·       Un jeune sur deux (18-24 ans) croit à l’astrologie ;
·       Plus de la moitié des Français lisent ponctuellement leur horoscope ;
·       Chaque année 3,2 milliards d’euros – dont un pourcentage élevé non déclaré au fisc! – sont dépensés chez les astrologues et autres extralucides, selon un article paru dans Le Monde.

A Lyon, on a même l’horoscope dans tous les trams !
Un test : qui parmi nous connaît son signe astrologique ? 

Toutes ces choses appartiennent pourtant au domaine de l’occultisme, que Moïse évoque ici, et qu’il connaît bien, en tant qu’ancien prince Egyptien :
La divination, donc, qui est la recherche de ce qui est caché – pas forcément l’avenir. La magie, la sorcellerie. 
Et aussi cet occultisme plus courant, voire banalisé, qui se propose d’aider, de secourir, de guérir, d’apaiser, et qui renferme des centaines de pratiques, dont les guérisseurs, et certaines formes de spiritualités, certaines formes de yoga, certaines médecines parallèles qui ne sont pas toujours neutres spirituellement.  

Dans l’esprit du grand public, ces pratiques n’ont rien à voir avec l’occultisme et ne sont pas dangereuses puisqu’il s’agit de « faire du bien. On peut alors s’étonner : pourquoi la Bible ici est-elle si radicale ? Est-ce mal de faire du bien aux gens ?

Et puis, certains feront remarquer que Moïse interdit la consultation des voyants mais recommande l’écoute des prophètes comme lui : est-ce que ce n’est pas un peu la même chose ? Le prophète n’est-il pas juste une autre sorte de « voyant » ? 

En réalité, cela n’a rien à voir, et la radicalité du passage doit nous alerter

« Quiconque se livre à ces pratiques est une abomination pour le SEIGNEUR… 
ces nations que tu dépossèdes écoutent les chercheurs de présages et les devins ; mais à toi, le SEIGNEUR, ton Dieu, ne t'a rien donné de semblable. Le SEIGNEUR, ton Dieu, suscitera pour toi, de ton propre sein, d'entre tes frères, un prophète comme moi : vous l'écouterez ! » 

Nous reviendrons sur le terme « abomination ». 
Sont opposés, de façon radicale, l’écoute des devins, etc. et celle de Dieu. 
Face aux faux prophètes des nations autour d’Israël, qui prétendent donner des révélations divines, le Dieu vivant va venir parler, lui-même, par un mystérieux « prophète ».
Qui est-il ? Le mot, collectif en hébreu, désigne la lignée de prophètes que Dieu va envoyer vers Israël après Moïse. Et au final, il annonce la venue du Christ, le prophète suprême, la Parole vivante de Dieu. 

Par ces paroles, Dieu nous met en garde contre les fausses pistes qui peuvent s’ouvrir devant nous et nous appelle à choisir de l’écouter, lui, avant tout. A être des chercheurs de Dieu, et non des « chercheurs de présages ». 

L’interdit biblique devrait suffire à nous détourner de toutes les pratiques dénoncées. 
Cependant, il n’est pas toujours simple de discerner les frontières dans la complexité du monde. 
Alors,  essayons de dégager quelques critères partir de l’opposition devins/ prophètes posée ici, pour mieux discerner ce qui vient du Seigneur et les « contrefaçons ». 
Des critères applicables en général dans le domaine spirituel, et en particulier dans le champ des médecines parallèles où il est plus difficile de s’y retrouver. 

1. Quel statut pour le « médiateur » ?

Prophète et devin sont des « médiateurs ». Dans toutes les formes d’occultisme, il y a ainsi des « personnages clé » avec des « dons », des capacités paranormales, qui servent de passerelle entre le monde visible et l’invisible. Spirites, devins, médiums, guérisseurs… marabouts, aussi. 

Ces gens-là ne sont pas des « frères », contrairement au prophète que Dieu va susciter. Même s’ils peuvent avoir l’air gentils et désintéressés, bon nombre d’entre eux sont plutôt des charlatans sans pouvoirs réels – ils mentent et embobinent, ce n’est pas rien. D’autres ont de vrais pouvoirs… mais si le prophète « suscité parmi les frères » est dans une relation honnête avec ses auditeurs, et cherche à attirer le regard vers le Dieu de grâce, il y a souvent de la manipulation chez les spirites divers. Volontaire ou non. Eux-mêmes peuvent être manipulés par la puissance à l’origine de leur don. 
De fait on constate souvent des phénomènes de dépendance chez leurs clients/patients. 

Cf « Marie-Christine » et ma collègue prof. Agissait à distance par téléphone. 

Voilà un premier critère important : tout ce qui entraîne une dépendance envers une personne qui semble avoir, elle seule, un pouvoir particulier, est suspect. Pour éviter cette dérive dans l’Église, le discernement doit être collectif car tous les chrétiens ayant le Saint Esprit, peuvent se réguler les uns les autres. Sachant que personne n’a jamais raison tout seul et que le St Esprit est source de liberté et non de dépendance.

2. Avec qui est-on en relation ?

Dans l’AT, Dieu ne cache pas sa colère contre les pratiques occultes. « Si quelqu'un s'adresse aux morts et aux esprits, dit Dieu, ... je tournerai ma face contre cet homme... » (Lv 20.6). Ce sont des  « abominations » car elles amènent les hommes vers des idoles, et même vers des forces obscures. 
Dans le Lévitique, le spiritisme est même passible de la peine capitale (Lv 20.27). 
C’est à cause de ces pratiques que Dieu a jugé les peuples qui vivent en Canaan et qu’il va donner leur terre à Israël, montrant ainsi qu’il est le vrai Dieu « C'est moi qui suis le Seigneur votre Dieu ». Sous-entendu : méfiez-vous des contrefaçons ! Ne vous laissez pas abuser. 

C’est parce que ce Dieu saint et plein d’amour veut ramener les hommes vers lui, qu’ilpose des interdits, comme le fait un père, et envoie des prophètes – non pour annoncer l’avenir, 
comme on le croit souvent, mais pour rappeler les promesses de l’alliance qu’il a établie avec son peuple (« prophètes de l’alliance »), et ramener les hommes vers Dieu. 

Ainsi, on peut affirmer que ce que Dieu inspire renforce notre relation avec lui, nous rapproche de lui. 
Voilà un autre critère de discernement. 

On peut trouver des guérisseurs ou magnétiseurs qui évoquent Dieu et ont même une Bible avec eux. Mais avec qui sont-ils en relation ? Le plus souvent, ils évoquent Dieu comme une force abstraite, impersonnelle. Pas de relation de foi avec le Dieu de Jésus-Christ. 
Beaucoup disent : « ces gens là font du bien, donc leur pouvoir vient de Dieu » : méfiance ! Satan sait se déguiser en « ange de lumière » pour nous tromper. 

Pour mieux discerner, demandons nous si ce que nous faisons, ce qu’on nous fait, ce qu’on nous propose renforce notre relation d’amour et de confiance avec Jésus – ou pas ?

Attention aussi à tout ce qui est « êtres spirituels » même d’apparence biblique – qui sont les « anges » à qui certains parlent ? 
Et quand on dit d’une personne décédée : « elle est encore là, je peux lui parler »… vigilance aussi. Il faut bien être conscient que quand on invoque un mort, c’est un démon qui répond. 

Cf Nîmes, ex-guérisseur. Bien intentionné mais a découvert à sa conversion qu’il était en relation avec force hostile !


3. Mystère ou lumière ? 

Le Deutéronome oppose la recherche de « présages » mystérieux, à l’écoute de la parole de Dieu. 
Si le praticien ne peut pas révéler d’où il tient son pouvoir, si la personne ne sait pas d’où viennent ses révélations et que tout baigne dans le mystère … méfiance. 

Les prophètes ne cachent pas de qui viennent leurs paroles. Et Jésus était transparent sur l’origine de son pouvoir et de son enseignement. Il n’avait rien à cacher. 

Cela montre l’importance, dans le domaine des médecines parallèles, de se renseigner, d’oser poser des questions : d’où vient la thérapie proposée ? Dérive-t-elle d’une croyance, d’une religion ? Le médecin ou thérapeute a-t-il été formé et où ? Que croit-il ? A-t-il des dons surnaturels ? 
Prenons le temps de discuter avec les praticiens, de leur parler même de notre foi en Jésus. Il y a d’excellentes médecines alternatives… et d’autres donc qui peuvent être dangereuses spirituellement – je vais y revenir. 

En cas de doute, mieux vaut s’abstenir, même si la personne a l’air sympathique, comme M.Sediki.

4. Dernier critère : quels sont les fruits ? 

Jésus a dit : « on reconnaît l’arbre à ses fruits. Dans le pays de Canaan, les spirites étaient attachés à des idoles comme Baal ou Moloch, dont le culte était très attractif, très festif, mais souvent violent, sans joie, sans amour, sans liberté. 
Ainsi on constate que derrière le « bien » provoqué par certains praticiens, peuvent apparaître des mauvais « fruits » : d’autres maladies, des troubles, le plus souvent d’ordre psychiques  - cauchemars, crises d’angoisses, dépressions, sentiment d’oppression.. 

Des contraintes irrésistibles, des idées de mort ou des pensées sexuelles malsaines… 

Ainsi des contacts, même occasionnels, avec les guérisseurs, voyants et autres médiums peuvent avoir des répercussions négatives parfois sérieuses – et durables, parfois des années après.

Notamment sur le plan spirituelcar en ayant recours à eux, on ouvre une porte aux esprits mauvais, qui peuvent prendre de l’influence sur une partie de notre vie, et nous tourmenter, même si nous sommes chrétiens
Cela peut entrainer par ex. une difficulté à prier, à lire la Bible. Jusqu’à une répulsion, un endurcissement à l’égard de Dieu ou de la Bible et en particulier vis-à-vis du Nom de Jésus-Christ. 

Ces symptômes vous interpellent ? Parlez-en à votre pasteur ! 

Au contraire, tous les dons qui viennent de Dieu amènent à un plus grand amour pour lui et produisent les fruits de l’Esprit décrits en Galates 5.22 : « l'amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi... ». 
Et aussi une plus grande soumission à sa Parole à laquelle toutes les révélations et pratiques sont soumises.

Avant de finir, difficile de ne pas aborder la question suivante : existe-t’il encore des prophéties aujourd’hui, ou bien faut-il se méfier de tous les types de « révélations », même dans l’Eglise ? 

Le NT est clair là-dessus : l’Esprit de Christ peut encore nous accorder des révélations. 

« Ne méprisez pas les prophéties, écrit Paul en 1 Thessaloniciens 5.20-22, mais examinez toutes choses, retenez ce qui est bon, abstenez-vous de toute espèce de mal ».

Ainsi le Seigneur peut nous accorder une intuition, une compréhension renouvelée, une parole biblique en lien avec la situation que nous vivons. Ces « prophéties » ne sont pas à prendre comme des paroles directes de Dieu, car seule la Bible est Parole infaillible de Dieu. Elles ne doivent pas être « méprisées », mais contrairement aux pseudos révélations des voyants, elles sont à accueillir et présenter avec humilité et les critères de discernement que nous venons d’évoquer – « examinez toutes choses » ; 
Ces prophéties ne doivent jamais être présentées comme certaines, mais toujours avec précaution et humilité : « il me semble que … ». Nous soumettons au discernement des autres chrétiens quelque chose que, nous semble-t'il, le St Esprit nous a soufflé, mais sans que l'on puisse être catégorique. 
On ne sait jamais vraiment si ça sort de nous ou du St Esprit ! 

Tant d’Eglises sont encore troublées, divisées par de soi-disant prophéties, paroles de connaissance qui ne produisent pourtant que jugement mutuel, amertume, jalousies… 

Là encore, attention à la « recherche de présages » malsaine : la prophétie la plus commune, c’est le rappel de paroles bibliques. Celles-ci sont la voix de Christ, notre prophète : écoutons-les, pour y obéir !

Soyons des chercheurs de Dieu, pas des chercheurs de présages. 


Ainsi, encore aujourd’huinous devons prendre vraiment au sérieux les interdictions du Deutéronome.

D’abord, tout contact avec l’occultisme, quel qu’il soit, est dangereux et doit être évité. C’est une abomination aux yeux de Dieu. 

Il ne s’agit pas de vivre dans la peur ni de voir des démons partout. En même temps, nous sommes avertis : « le diable rôde comme un lion rugissant ». Il a de l’influence sur nous tant que ses mensonges ne sont pas démasqués.  
Alors prenons le temps de discerner, dans la paix, la prière, Bible en main. 
En Jésus, nous sommes en sécurité, et dans tous les cas, il peut nous délivrer de toutes les séquelles liées à une implication active ou passive dans l’occultisme. Il suffit pour cela de nous repentir de ces pratiques, de prier le Seigneur - avec l’aide de frères et sœurs c’est mieux. 

Encore une fois, si la question vous interpelle, venez en parler simplement avec votre pasteur, sans crainte. 

Plus généralement, ce commandement du Deutéronome nous invite à faire le choix de la foi en toutes circonstances. C’est notre besoin de paix, de sécurité, de guérison… qui nous rend vulnérables aux faux prophètes et aux charlatans. 

Là où M. Sediki a raison, c’est que oui, « il y a toujours une bonne et heureuse solution à tous les problèmes qui existent dans la vie des humains ».

Mais cette solution est en Jésus-Christ, en Jésus-Christ seul.

Alors, quand nous avons besoin d’être rassurés, sécurisés… réfugions nous en lui, comme un enfant court dans les bras de ses parents. 
« Déchargeons-nous sur lui de tous nos soucis », 
Demandons-lui de nous conduire vers ce qui est bon pour nous, 
Et surtout, mettons-nous à l’écoute sa Parole, vivante et libératrice

Qu’aucune autre voix ne vienne prendre sa place dans nos vies. 
Soyons des chercheurs de Dieu, pas des « chercheurs de présages ». 

A Jésus seul soit la gloire, aux siècles des siècles ! 

Amen

Temps de silence : Dieu veut-il me dire quelque chose de particulier ce matin ?

Sylvain Guiton

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