Prédication du dimanche 29 décembre 2019 - Psaume 34 – « Louer, c’est croire activement » (S. Guiton)

Ce matin, je vous propose de clore l’année 2019 et d’ouvrir 2020… en nous tournant vers Dieu, par la méditation du psaume 34, dans lequel David affirme avec ses propres mots, comme Siméon : « Mes yeux ont vu ton salut »…

Psaume 34

1De David. Quand il fit semblant d'être fou devant Abimélek, celui-ci le mit à la porte et il s'en alla.
2Je veux bénir le Seigneur en tout temps.
Que ma bouche ne cesse de le louer !
3Le Seigneur est ma fierté.
Vous, les malheureux, réjouissez-vous de m'entendre le louer.
4Proclamez avec moi la grandeur du Seigneur.
Ensemble, célébrons son nom !
5J'ai cherché le Seigneur et il m'a répondu,
il m'a délivré de toutes mes terreurs.
6Ceux qui regardent vers lui deviennent radieux,
leur visage n'a plus à rougir.
7Un malheureux a crié au secours ; le Seigneur l'a entendu,
il l'a sauvé de toutes ses détresses.
8 L'ange du Seigneur monte la garde autour de ceux qui le craignent,
il les met hors de danger.
9Goûtez et voyez combien le Seigneur est bon.
Heureux celui qui trouve refuge en lui !
10Vous qui appartenez au Seigneur, reconnaissez son autorité ;
rien ne manque à ceux qui reconnaissent son autorité.
11Les riches peuvent éprouver la misère et la faim,
mais ceux qui recherchent le Seigneur ne manquent d'aucun bien.

12Venez, mes enfants, écoutez-moi ;
je vous apprendrai à reconnaître l'autorité du Seigneur :
13Si quelqu'un aime la vie et désire vivre heureux,
14il se garde de médire, il se garde de mentir,
15il s'écarte du mal, il pratique le bien,
il recherche la paix avec persévérance.
16Le Seigneur garde les yeux sur les personnes qui sont justes,
il est prêt à entendre leur appel.
17Le Seigneur s'oppose à ceux qui font le mal,
afin d'éliminer leur nom de la terre.
18Dès que les justes appellent au secours, le Seigneur entend,
il les délivre de toutes leurs détresses.
19Le Seigneur est proche de ceux qui ont le cœur brisé,
il sauve ceux qui ont l'esprit abattu.
20Le juste endure de nombreux malheurs,
mais le Seigneur le délivre de tous,
21il veille sur tous les membres de son corps,
pour qu'on ne lui brise aucun os.
22Le méchant mourra de sa méchanceté,
et ceux qui haïssent le juste seront punis.
23Le Seigneur sauve la vie de ceux qui le servent ;
il n'y a pas de condamnation pour ceux qui trouvent refuge en lui.


« Je veux bénir le Seigneur en tout temps. Que ma bouche ne cesse de le louer ! ».
Voilà un beau programme pour l’année qui s’ouvre, qui relève le défi ? 

David le fait ici. En tout cas c’est le cri de son cœur : « je veuxbénir le Seigneur en tout temps ». 

Son chant comporte deux temps : jusqu’au verset 11, David exprime sa joie d’avoir été délivré par Dieu, d’avoir vu son salut. Il dit la fidélité du Seigneur pour ceux qui lui font confiance. Son message ici est : « vous aussi, vous pouvez être délivrés ! ». 
Puis à partir du verset 12, sa louange l’amène à tirer des leçons de son expérience, des enseignements de sagesse qu’il partage
Mais c’est un seul mouvement, comme le montre la forme acrostiche : chaque verset (sauf le dernier) commence par une lettre de l’alphabet hébreu, dans l’ordre. 

Comme souvent dans les psaumes, David exprime ici un cheminement intérieur ; d’abord les sentiments qui naissent d’une circonstance de vie (ici, la joie d’avoir été délivré de la mort) puis une prise de recul progressive. 

Tout cela dans un seul chant de louange. 

Quelqu’un a dit : « louer, c’est croire activement ».

Ce psaume le montre. La louange de David est bien un acte de foi, et une attitude qui nourrit la foi en retour, et ouvre le cœur à la sagesse.

A.  La louange est un acte de foi

C’est bien par la foi que Siméon a pu dire : « mes yeux ont vu ta salut ». De la même façon, louer Dieu ici est un acte de foi pour David. 
Que lui est-il arrivé ? Les circonstances évoquées en sous-titre renvoie à un épisode raconté en 1 Samuel 21. Fuyant le roi Saül qui en voulait à sa vie, David se réfugie… près du roi Akich, chez les Philistins, ses vieux ennemis,– Cf le fameux Goliath. Alors qu’il va être reconnu et sans doute mis à mort, David fait semblant d’être fou pour s’échapper. « David (…) eut très peur du roi Akich. Il fit semblant de perdre la raison devant les Philistins : il se mit à divaguer parmi eux, à tracer des signes sur les battants des portes et à baver dans sa barbe » (1 Sm 21.13-14). Alors tout le monde le laisse tranquille. 

David a failli laisser sa vie cette fois-là. Dieu l’a délivré d’une vraie « terreur », dit l’hébreu (v.5). 
Il aurait pu attribuer sa survie à la chance, à sa propre ingéniosité… pas du tout : son cœur se tourne alors vers Dieu et il compose ce psaume, avec l’aide du Saint-Esprit. Son regard de foi lui permet de deviner, dans ce qu’il vient de vivre, l’action du Seigneur. L’œuvre de « l’ange du Seigneur » qui « campe », qui « monte la garde autour de ceux qui le craignent » (v.8). David lui, ne se voit pas comme le héros de l’histoire mais comme le « malheureux » qui « a crié au secours », que le Seigneur « a entendu » et qu’il « a sauvé de toutes ses détresses ».

Ainsi, dans sa joie, David proclame la bonté de Dieu et sa protection sur « ceux qui le craignent », c’est-à-dire ceux qui lui sont fidèles, qui obéissent à sa Parole. 

Sa louange personnelle se change alors en invitation : « Goûtez et voyez combien le Seigneur est bon.Heureux celui qui trouve refuge en lui ! ». Vous aussi, vous pouvez vivre cela, affirme David. 

On trouve un écho à cela dans le NT : « Rendez grâce en toutes circonstances », écrit Paul aux Thessaloniciens (1 Th 5.18). 

Pour David, son expérience est une preuve que « ses temps », aussi désespérés soient-ils, sont dans la main de Dieu (31.16). Seule la foi lui permet d’affirmer cela, et d’en remercier le Seigneur. 

Dans cette année écoulée, avons-nous su voir, comme David, l’action de Dieu derrière nos circonstances, derrière les dangers évités, les « coups de chance » et même – mystérieusement – Dieu nous soufflant nos meilleurs idées ? 
Et avons-nous pris le temps de nous arrêter, comme David, pour le remercier, lui dire notre reconnaissance ? 


B.  La louange nourrit la foi, car elle nous centre sur Dieu.

Devant le roi philistin, David a bien mesuré combien il était fragile, et combien il avait besoin de Dieu et de son secours. Cela le pousse à l’humilité : v.3 « Le Seigneur est ma fierté.
Vous, les malheureux, réjouissez-vous de m'entendre le louer ».
Les malheureux » : d’autres traductions disent : « les pauvres », les « humbles ». 

C’est bien cette humilité devant Dieuqui fait la grande différence entre le « juste » et le « méchant », ces deux figures évoquées dans le psaume. Le méchant est l’orgueilleux, celui qui croit pouvoir se passer de Dieu et méprise sa loi. 
Le juste, lui, est celui qui reconnaît l’autorité du Seigneur, qui met sa confiance en lui et l’écoute pour faire sa volonté. Celui qui « tourne ses regards vers Dieu » car il se sait en position de demande, de dépendance envers lui. Alors il lui dit sa reconnaissance, il le loue, et cela le fait « rayonner de joie ». 

Ainsi, la louange de David nait de sa foi et la nourrit en retour, en le remettant dans l’humilité d’une position de dépendance envers Dieu, plutôt qu’envers ce qui lui arrive. 
Le plus souvent nous subissons ce qui nous arrive. 

La louange nous permet de mettre notre centre de gravité sur Dieu et non sur nous-mêmes, comme le fait David ici. Ainsi, elle nous aide à accueillir notre aujourd’hui tel qu’il est comme venant du Seigneur dans les petites et les grandes choses, de voir notre aujourd’hui comme un lieu où Dieu agit, veille, avec amour. « 16Le Seigneur garde les yeux sur les personnes qui sont justes ».
Attention donc à certains cantiques sentimentaux centrés sur notre personne qui peuvent faire obstacle à l’adoration parce qu’ils détournent l’attention de Dieu pour la fixer sur nos sentiments. Soyons vigilants à cela. Rick Warren affirme que « ce qui nous éloigne le plus de la louange, c’est nous-mêmes, nos intérêts, nos préoccupations par rapport à ce que les autres pensent de nous »[1].

« Grandir en humilité »… quelle étrange formule ! Pourtant, c’est ce que nous avons toujours besoin de faire. Dans quel domaine ai-je besoin d’apprendre l’humilité – une humilité joyeuse, car centrée sur le Dieu qui me donne toute ma valeur ? 

En disant notre confiance au Dieu souverain alors qu’on ne comprend pas forcément ce qui nous arrive, nous nous centrons sur lui, nous faisons un pas de foi qui nous rend plus humbles, et en retour nourrit notre confiance dans l’amour fidèle du Dieu proche :
18Dès que les justes appellent au secours, le Seigneur entend,il les délivre de toutes leurs détresses.
19Le Seigneur est proche de ceux qui ont le cœur brisé,il sauve ceux qui ont l'esprit abattu.


C.   La louange nous ouvre à la sagesse de Dieu et à son Esprit. 

Il y a là un cercle vertueuxqui nous ouvre à la sagesse divine. Parce que celle -ci commence par l’humilité : 

« Reconnaître l’autorité du Seigneur est le commencement de la sagesse », dit le livre des Proverbes (1.7).

Reconnaître l’autorité de Dieu, comme le dit le v.12, pour entrer dans la « reconnaissance » : je reconnais, j’admets que les bonnes choses qui m’arrivent viennent de Dieu, que «tout don excellent et tout cadeau parfait descendent des cieux ; ils viennent de Dieu »(Jc 1.17)

Les livres de développement personnel parlent beaucoup des bienfaits de la reconnaissance, de la « gratitude », version laïque de la louange. La gratitude, le fait d’apprécier ce qu’on a, de regarder le positif, à dire « merci à la vie » pour tous les « petits cadeaux » qu’elle nous offre.

Il semble que pratiquer la gratitude, même sans Dieu, allonge l’espérance de vie ! (Nous produisons des endorphines). 
Alors que devrait-être une reconnaissance portée par l’Esprit même du Dieu créateur de la vie ! 

Cf encore une fois le beau travail d’Ann Woskamp (1000 cadeaux) > redécouverte de Dieu à travers l’éducation d’un regard de reconnaissance. 

Une telle disposition de cœur et d’esprit ouvre à la sagesse inspirée par Dieu: c’est ainsi que David, après avoir loué le Seigneur, change de ton et se met à donner des conseils, à partir du verset 12. 
Parce qu’il s’est placé dans une attitude de dépendance et d’humilité, David a pris du recul sur les choses et formule ce constat qu’on retrouve dans toute la Bible : rien n’est meilleur qu’une vie en harmonie avec Dieu. 

C’est ce qu’il affirme dans les versets 12 et suivants. 

La louange humble nous rend aussi plus disponibles au Saint Esprit. Celui-ci inspire David et lui donne aussi une inspiration prophétique, qui ouvre au mystère du Christ. 

Ainsi le verset 21 sera cité par l’Evangile de Jean comme une annonce de la crucifixion : « Car tout cela est arrivé pour que s'accomplisse l'Écriture : « On ne lui brisera aucun os. » (Jean 19.36) 

Quant au verset 23, on y entend déjà les paroles de l’apôtre Paul en Romains 8.1: « 1il n'y a maintenant plus aucune condamnation pour ceux qui sont unis à Jésus Christ ». 


Conclusion : louer Dieu en tout temps cette année ? 

Pour nous à qui Jésus-Christ a été pleinement révélé, par sa vie, sa mort et sa résurrection, c’est un appel, encore une fois, à le placer au centre de notre vie. 
Développer une attitude profonde de louange nous aidera à garder les yeux fixés sur Jésus, « en tout temps ». 

Pour cela, nous pouvons prendre deux engagements (vs résolutions) devant le Seigneur, en lui demandant son aide : 

1.     Parce que louer, c’est croire activement… cette année, je veux le louer, être reconnaissant chaque jour et en tout temps.

Ne pas laisser passer une journée sans prendre le temps avec lui, dans la prière, de relire ce que j’ai vécu, pour apprendre à y voir son action, ses cadeaux, ses réponses. 

Me rappeler chaque matin avant de me lancer dans l’activité que Christ a autorité sur toutes choses, et que sa grâce va agir dans ma journée.Il est proche, il va prendre soin de moi d’une manière ou l’autre. 
Alors chaque jour se demander : où était le Seigneur, dans ce que j’ai vécu ces dernières heures ? Quelles délivrances, quels encouragements, quelles promesses ? Quels avertissements ? 
Dire merci, merci, merci… 

Conseil : Tenir un journal, y noter les versets qui nous touchent, les réponses aux prières, les pensées glanées au fil de nos lectures, les événements importants de notre vie...
Et relire cela régulièrement, pour y voir comment Dieu a été présent et nous a conduits. 

2.     Parce que louer, c’est croire activement… cette année, je veux louer Jésus avec une foi active

C’est-à-dire que je veux tout faire pour vivre en harmonie avec Dieu, mettre en pratique ce que je crois, dans tous les domaines de ma vie. Non pour mériter quoi que ce soit (sans lui nous ne pouvons rien faire) mais pour que mes paroles, mes pensées, mes actes lui plaisent et l’honorentqu’ils soient une louange en actes. Je sais que ce ne sera jamais parfait, mais je crois que c’est d’abord l’intention du cœur et les efforts sincères qui font le « juste ». C’est la foi, car « le juste vivra par la foi », dit Paul. 

Louer Dieu avec une foi active… qu’est-ce que ça signifie pour moi ? Quels engagements vais-je prendre devant Dieu ? 

Sylvain Guiton



[1]Une vie centrée sur l’Evangile, p. 118

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