Prédication du dimanche 15 septembre - Luc 7.36-50 – foi contre religion (culte de baptême/présentation d'enfant) - (S. Guiton)

Prédication du dimanche 15 septembre
Luc 7.36-50 – foi contre religion



La scène se déroule chez un Pharisien ; à l’époque de Jésus, c’était une classe de juifs très religieux, très stricts. 

Lecture : 
36Un pharisien invita Jésus à prendre un repas avec lui. Jésus se rendit chez le pharisien et se mit à table. 
37Il y avait dans cette ville une femme qui se prostituait. Lorsqu'elle apprit que Jésus était à table chez le pharisien, elle apporta un flacon d'albâtre plein de parfum 38 et se tint derrière Jésus, à ses pieds. Elle pleurait et se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus; puis elle les essuya avec ses cheveux, les embrassa et répandit le parfum sur eux. 
39Quand le pharisien qui avait invité Jésus vit cela, il se dit en lui-même: « Si cet homme était vraiment un prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche et ce qu'elle est : une femme qui a péché.» 
40Jésus prit alors la parole et dit au pharisien: « Simon, j'ai quelque chose à te dire.» Simon répondit : « Parle, maître.» 
41Et Jésus dit : « Deux hommes devaient de l'argent à un prêteur. L'un lui devait cinq cents pièces d'argent et l'autre cinquante. 
42Comme ni l'un ni l'autre ne pouvaient le rembourser, il fit grâce de leur dette à tous deux. Lequel des deux l'aimera le plus ?» 
43Simon lui répondit : «Je pense que c'est celui auquel il a fait grâce de la plus grosse somme.» Jésus lui dit : «Tu as raison.»
44Puis il se tourna vers la femme et dit à Simon: «Tu vois cette femme ? Je suis entré chez toi et tu ne m'as pas donné d'eau pour mes pieds; mais elle m'a lavé les pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. 
45Tu ne m'as pas reçu en m'embrassant; mais elle n'a pas cessé de m'embrasser les pieds depuis que je suis entré. 
46Tu n'as pas répandu d'huile sur ma tête; mais elle a répandu du parfum sur mes pieds. 
47C'est pourquoi, je te le déclare : ses nombreux péchés ont été pardonnés parce qu'elle a manifesté beaucoup d'amour. Mais celui à qui l'on a peu pardonné ne manifeste que peu d'amour.» 
48Jésus dit alors à la femme : « Tes péchés sont pardonnés ». 
49Ceux qui étaient à table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes: « Qui est cet homme qui ose même pardonner les péchés ? » 
50Mais Jésus dit à la femme : «Ta foi t'a sauvée : va en paix.»

Voilà un épisode étonnant, où Jésus pratique l’art du contrepied qui lui est si familier. 
On assiste ici au choc de deux mondes – une prostituée méprisée de tous au milieu de la bonne société juive. Et contre toutes attentes, Jésus qui non seulement accorde sa bénédiction à cette femme, (« va en paix, tes péchés sont pardonnés ») mais en plus la donne en exemple à Simon, l’homme riche qui l’accueille (et ne doit pas être déçu de l’expérience) !
Nous pouvons aisément partager la surprise de Simon : en quoi cette femme peut-elle être une source d’inspiration ?!

Pour le comprendre, suivons le parcours que Jésus fait faire à Simon.  

A.    La religion, tombeau de la foi

Quelqu’un a dit : « la religion est le tombeau de la foi ». J’ai pensé à cela à propos de Simon le pharisien. 
En effet, Simon est un homme religieux qui semble convaincu d’être dans le camp des gens « bien », mais cela fait obstacle à sa recherche de Dieu. 
Car il est en « position haute, etjuge à la fois la femme – « c’est une femme pleine de péchés » - et Jésus – « ce n’est pas un vrai prophète ». Jésus qu’il a d’ailleurs invité, mais sans juger utile de lui offrir les honneurs pourtant obligatoires au Moyen-Orient – donner de l’eau pour les pieds, parfumer la tête et faire la bise - peut-être pour faire sentir sa supériorité à ce modeste prédicateur itinérant qu’il daigne recevoir chez lui pour l’évaluer.
Je trouve que cet homme incarne ce qu’hélas, beaucoup associent à la « foi » : une attitude morale fermée, des exigences et des certitudes arrêtées. « La religion, tombeau de la foi ». La religion légaliste des Pharisiens qui n’excluait pas une recherche spirituelle sincère… mais dont Jésus dénonce souvent les impasses, les hypocrisies. Car devant Dieu, c’est le cœur qui compte,. 
Qu’y a t’il dans celui de Simon, quand il regarde la femme ? Du mépris, certainement. Une convoitise malsaine aussi ? Après tout, elle se défait les cheveux en public, ce qui est un geste hautement érotique dans la culture de l’époque…  
On ne le sait pas, mais Jésus, lui, voit que cet homme a besoin d’ouvrir son cœur, s’il veut entendre Dieu. 
« La religion, tombeau de la foi ». La foi de Simon est comme enterrée sous la lourde pierre d’une religion légaliste. 

Comment ne pas sentir proche de lui ? On devient vite un Simon ! Quand du haut de sa foi ou de son rationalisme, on juge les autres. 
Le jugement fait tellement partie de nos vies que nous avons aussi tendance à imaginer un Dieu qui comme nous le faisons souvent attend que nous soyons à la hauteur de ses exigences pour s’intéresser à nous, un Dieu qui, comme Simon le fait avec Jésus ici, nous évaluerait constamment du haut du ciel… 


B.   La foi,  une réponse à l’amour de Dieu

Mais Dieu qui se révèle en Jésus n’est pas comme cela, comme le montre l’attitude du Christ avec Simon. Avec bienveillance, Jésus va entrer en relation avec Simon et par une parabole l’aider à avancer, en le faisant réfléchir : « Deux hommes devaient de l'argent à un prêteur, l’un 150 et l’autre 50… ». Deux ans de salaire pour l’un, deux mois pour l’autre ! 
Classer les péchés selon leur gravité était important pour les Pharisiens, cela alimentait leur sentiment de pureté. Cette parabole dit au contraire que devant la perfection de Dieu, tout le monde est débiteur, d’une manière ou d’une autre. Peu importe le montant de la dette, la gravité de ce qu’on a pu faire… pas de situation privilégiée. 
Dur à entendre pour Simon ! 
Mais il y a aussi une bonne nouvelle: la dette peut être enlevée. Cependant, c’est un libre choix du prêteur, hors de tout mérite
 « Comme ni l'un ni l'autre ne pouvaient le rembourser, il fit grâce de leur dette à tous deux ». Ici Jésus parle de Dieu, son Père, dont il est venu pour révéler l’amour. Voilà la bonne nouvelle qu’il annonce, par les mots et les actes :  « Le moment décidé par Dieu est arrivé, et le Royaume de Dieu est tout près de vous. Changez votre vie et croyez à la Bonne Nouvelle ! » (Marc 1.15). La bonne nouvelle de l’amour de Dieu.
Une bonne nouvelle qui n’est pas juste à écouter, mais qui invite à une réponse. « Changez votre vie et croyez ! ». 

Jésus révèle cela à Simon : avec Dieu, l’amour est la première loi. 
« Lequel des deux l'aimerale plus ? ». 
Et pour cela, il donne la femme en exemple : c’est vrai, elle n’a rien pour mériter l’approbation de Dieu. Mais elle a compris l’essentiel : elle est pauvre, elle a besoin de Dieu, et celui-ci est prêt à lui ouvrir les bras. 

De cette femme anonyme, on sait seulement que ses relations avec les hommes sont toxiques, blessées, et source de souffrances.
Mise au ban de la société, elle connaît trop bien ses échecs et ses fautes, elle voit bien sa misère. Certainement ses pleurs disent son profond regretd’en être arrivée là. 

C.    La foi, une démarche d’humilité

Et c’est vraiment dans la repentancequ’elle vient vers Jésus , en position basse. Sans doute a t-elle entendu parler de l’amour et des miracles de Jésus , de son message de grâce. 
Alors oui, elle vient vers lui d’une façon pas forcément « conforme » aux usages, mais c’est peut-être la seule qu’elle connaisse avec les hommes– une approche sensuelle, un contact physique, sans mots. Jésus choisit d’accepter cet hommage un peu déplacé parce qu’il voit la sincérité de cette femme pleine d’attentes envers lui, qui a accouru quand elle a appris qu’il était là. 
Elle est celle à qui il a été beaucoup pardonné. Elle revient de loin, elle le sait, et veut juste dire son attente, sa joie et sa confiance à Jésus. 
En répandant un parfum très cher, c’est toute sa vie qu’elle répand devant Jésus, comme une offrande. 

En cela aussi, elle donne un exemple: alors que Simon n’a pas respecté avec Jésus les usages de base, elle lui a « lavé les pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux » ; elle lui a « embrassé les pieds » et répandu du parfum sur eux, ce qui était un signe d’honneur réservé aux rois. 
Bien sûr, comme Simon, Jésus n’approuve pas non plus les errances de cette femme - ses « nombreux péchés »... dit-il. Mais c’est le pardon qu’il offre, la paix, un nouveau départ. 
« Qui est cet homme qui ose même pardonner les péchés ? », disent les convives. Jésus le peut, car il est Dieu lui-même. 
Seul Dieu peut payer notre dette, l’effacer. Lorsque Jésus parle d’enlever la dette, il sait que c’est au prix de sa propre vie qu’elle le sera. Il va aller jusqu’à la mort sur la croix pour que nous puissions être pardonnés. 

 « 16« Oui, Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, dit la Bible. Ainsi, tous ceux qui croient en lui ne se perdront pas loin de Dieu, mais ils vivront avec lui pour toujours. 
17En effet, Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais il l'a envoyé pour qu'il sauve le monde. 
18Celui qui croit au Fils n'est pas condamné » (Jean 3.16). 

Je crois qu’on n’a jamais fini de méditer ces quelques mots. 
Le pardon de Dieu n’est pas une grâce à bon marché. C’est la démarche d’un Dieu qui s’engage, et qui est prêt à payer le prix nécessaire pour nous retrouver, nous sauver. 

Certainement, sans avoir tous les détails théologiques que la Bible nous révèle, la femme a compris qu’un tel accueil était possible auprès de Jésus. 
Alors sur la base de sa foi, Jésus pardonne ses fautes et la relève : « ta foi t’a sauvée, va en paix ». 

Questions :

De quel personnage vous sentez-vous le plus proche, ce matin, et pourquoi ? 

Est-ce que nous avons du mal à aimer et à croire, nous aussi ? Dieu nous invite à le lui dire, en toute simplicité, lui qui sait nous rejoindre là où nous sommes et nous aider à avancer. 
Demandons-lui de nous révéler ce qui nous bloque. 

Est-ce qu’aujourd’hui nous avons besoin de son pardon et de son amour, nous aussi, pour aller en paix ? Il nous invite à lui demander, en toute simplicité. A lui dire ce qui pèse, pour qu’il le prenne et nous remplisse de son Esprit. 

Est-ce que nous sommes remplis de reconnaissance, nous aussi ? Il nous invite à l’exprimer ! Que pouvons-nous offrir à Dieu pour cela – des prières de louange ? Du temps ? Demander le baptême ?! 


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