Transformé dans ma vie spirituelle - Luc 7.36-50 - Amour pour Dieu, signe de vitalité spirituelle - Désillusions et grace (F. Sépari)


Eglise de Lyon (Diapo noire)                                                            le 22 sept 2019

Il y a quelques années, j’ai entendu parler d’un pasteur américain qui était tellement déçu que son Eglise donne si peu d’argent aux œuvres missionnaires, qu’il s’est mis à prêcher sur le thème de la mission à tous les cultes, et cela pendant 6 ou 7 dimanches de suite, et parfois sur le même texte ! Je ne sais pas comment les membres ont vécu cette prise en otage par leur pasteur, mais au bout du compte, l’Eglise a été l’une de celles qui a envoyé le plus de missionnaires dans le monde. Alors, ce matin je vais un peu imiter ce pasteur, parce que je vais prêcher très exactement sur le même texte que celui qui a été médité dimanche dernier par mon collègue Sylvain Guiton. La raison n’est pas que Sylvain et moi estimons que les membres et sympathisants de cette Eglise sont particulièrement obtus, mais en préparant le livret longtemps à l’avance, on a un peu oublié les textes qui avaient été retenus pour la campagne des petits groupes. Maintenant que le canevas de questions a été diffusés dans l’Eglise, il est difficile de tout changer ! Heureusement la Parole de Dieu Jésus est riche, et il est possible de méditer un même passage biblique en adoptant une autre approche. Puisque Sylvain a parlé de l’importance de la foi dans le cadre particulier du baptême de Louane Audéoud, je vais ce matin mettre plutôt l’accent sur l’amour, l’amour que Dieu espère chaque jour trouver dans notre cœur. 

Je vous invite à relire le texte dans la version Segond 21 : Lecture Luc 7.36-50
(Diapo texte) (Diapo texte) (Diapo noire)

Pour changer un peu, au lieu d’expliquer ce passage de façon méthodique, je vous propose de nous le réapproprier au travers d’une narration, certes un peu personnelle, mais j’espère fidèle à la pensée du texte !

A cette époque donc, Jésus allait de lieu en lieu annonçant l’Evangile. Parfois, il rencontrait des gens qui  d’emblée étaient hostiles à son message, et puis d’autres étaient au contraire très ouverts. Et bien sûr, entre ces deux extrêmes, se trouvaient tous ceux qui cherchaient simplement à comprendre le message de Jésus, et à savoir qui Il était vraiment ! Le pharisien Simon faisait partie de ces hommes animés par un questionnement sincère. Ce jour-là, il refusa de juger Jésus de manière trop rapide. Quel dommage de rater une occasion de rencontrer un authentique prophète, n’est-ce pas ? Et, il décida de l’inviter pour mieux le connaitre. Pour un juif de cette époque, inviter quelqu’un à sa table était un signe d’accueil fort, et même de communion avec lui. En l’invitant, il pouvait donner l’impression d’approuver Jésus, s’exposant ainsi à la critique de ses collègues pharisiens. Alors Simon décide de faire un compromis, il invite Jésus, mais se garde bien de lui offrir l’accueil réservé aux invités de marque : pas de pieds lavés, pas de baiser d’accueil, pas d’onction d’huile comme cela se faisait en ce temps-là ! Il décide de faire au plus simple. En Palestine, les repas se déroulaient en extérieur parfois dans une cour, parfois dans un patio lumineux, car le climat s’y prêtait bien. Et bien sûr, la présence de Jésus à ce repas ce jour-là attire la curiosité des voisins qui s’approche du festin sans trop de gêne puisqu’il s’agit d’un lieu ouvert. Jésus est comme les autres convives, couché sur le côté, avec un plat posé à portée de main. (Diapo repas)

C’est alors qu’une femme s’approche, une femme de mauvaise vie, très probablement une prostituée, ou au minimum une femme connue pour ses nombreuses relations extraconjugales. Comment connaissait-elle Jésus ? Nul ne le sait ! Beaucoup de choses ont été imaginées sur elle. Jésus l’a-t-il défendue lors d’un procès public ? Possible, mais peu probable ? A-t-il fait un miracle pour elle ou l’un de ses proches ? Peut-être ! A-t-elle écouté un de ses enseignements sur l’amour du Père, sur le royaume de Dieu, sur les béatitudes ? C’est parfaitement imaginable ! L’a-t-elle entendu parler de la miséricorde de Dieu, du danger du jugement, de l’impasse du légalisme ? C’est plausible ! Peut-être même, a-t-elle entendu Jésus dire aux anciens que « les publicains et les prostituées les devanceront dans le royaume de Dieu » (Mt 21:31) ? (Diapo noire) Ce ne sont bien sûr que des hypothèses. Tout le monde avait déjà entendu parler de Jésus en Galilée, mais forcément, pour elle, il avait dû se passer quelque chose de plus !

Toujours est-il qu’en apprenant que Jésus est tout près de là, chez Simon, elle s’y précipite. Elle désire exprimer sa reconnaissance à cet homme plein de grâce qui aime les gens en dépit leurs fautes. Il y a du monde, et il est assez facile pour elle de se glisser discrètement derrière la couchette sur laquelle repose Jésus alors qu’il discute tranquillement avec Simon. L’huile parfumée se verse habituellement sur la tête, mais elle n’ose pas le faire, elle n’en est pas digne, c’est donc vers les pieds qu’elle se dirige. (Diapo femme) Mais au moment de verser le parfum, la femme semble simplement submergée par l’émotion. Peut-être que la honte de ses propres fautes lui revient à l’esprit ? Peut-être que les paroles de grâce de Jésus lui reviennent à la mémoire ? Et soudainement elle se met à pleurer, là juste au-dessus des pieds de Jésus. Insouciante du regard des autres, et inconsciente de la gêne qu’elle produit, elle défait ses cheveux et vite essuie les pieds mouillés du Seigneur, qu’elle embrasse par la même occasion, et puis se reprenant, elle verse sur ses pieds l’huile parfumée comme prévu.
(Diapo noire) Ce qui est amusant dans ce récit, c’est que, sans même le savoir, sans même le vouloir, cette femme va refaire les gestes que l’on accorde habituellement aux invités de marque. Il y a là très certainement un petit clin d’œil du Père qui accorde à Son Fils bien-aimé l’honneur que le pharisien lui a refusé.

Que penser de l’attitude étonnante de cette femme ? Visiblement, son offrande était bien plus qu’un geste de reconnaissance poli et calculé. C’était un don à la fois couteux et un don où elle mettait tout son cœur, et peut-être aussi un don auquel elle avait réfléchi depuis quelque temps, attendant le moment favorable. Ce geste, les circonstances qui l’ont entouré, et les paroles même de Jésus démontrent que cette femme était remplie d’un amour débordant, l’amour d’une personne qui savait avoir reçue une immense grâce, et qui ne se préoccupait même plus de ce que les autres pouvaient penser d’elle. D’ailleurs dans son cas… reconnaissons-le, elle n’avait plus grand-chose à perdre ! Et Jésus va tenter d’expliquer cette réalité au pharisien qui interprète mal la relative passivité de Jésus face à l’attitude de cette femme de mauvaise vie. Il lui explique v44 à 47 (Diapo verset) : 44 Tu vois cette femme ? 47 dit-il … je te le dis, ses nombreux péchés ont été pardonnés, puisqu'elle a beaucoup aimé.

Ce verset 47 est ambigu. Le petit mot « puisque » ou « parce que » pourrait donner l’impression que l’amour offert par cette femme lui a valu le droit d’être pardonné, un peu comme on accorde une récompense à celui qui accomplit un acte méritoire. En ce cas, ce serait un peu un salut par les œuvres, des œuvres d’amour certes, mais des œuvres quand même ! Mais ce n’est pas le seul sens possible de ce verset. L’amour ne doit pas être compris ici comme la cause du pardon, mais plutôt comme la preuve, la manifestation visible d’un pardon qui s’est déjà produit.  On pourrait relire ce verset de cette manière : « Je le te dis, Simon, les nombreux péchés de cette femme ont forcément déjà été pardonnés, parce qu’elle exprime une reconnaissance et un amour surnaturel que seul l’Esprit Saint peut donner. » Ce n’est pas forcer le texte que de l’interpréter ainsi, puisque la fin du v47 va justement dans ce sens. (Diapo verset suite) v47b Celui à qui l’on pardonne peu aime peu ! Dans cette portion de phrase, le pardon précède bien l’amour, et l’amour est bien la conséquence du pardon.  Et au cas, où l’on en douterait encore, il suffit de lire le v50 qui conclut l’histoire. Jésus ne va pas dire à la femme (Diapo v50) : Pars dans la paix Ton amour ta sauvée », mais plutôt « Pars dans la paix Ta foi t’a sauvée ». En résumé, seule la foi sauve, mais l’amour en est l’une des principales manifestations visibles, il est le fruit visible qu’une transformation s’est vraiment produite dans notre âme. 

Si comme dans l’Evangile de Jean, on s’amuse à comparer Jésus au cep d’une vigne, (Dia vigne) et les chrétiens à des sarments, alors, la foi correspond à notre attachement solide au cep, et l’amour en est le fruit, le raisin, qui pousse sur le sarment et qui est recherché par Dieu. 

(Diapo noire) En fait, cette femme pécheresse avait déjà été touchée par la grâce quand elle s’est approchée de Jésus, elle était déjà pardonnée avant même de rencontrer le Seigneur au cours de ce repas. Mais la manifestation de son amour, de sa reconnaissance, et donc de sa foi a été rendue visible par cette belle offrande. Il y a déjà quelque temps qu’elle n’était déjà plus tout à fait la femme pécheresse que le pharisien pensait voir à coté de Jésus.

Et bien sûr, il est intéressant de méditer ce verset v47 pour nous-mêmes (Diapo v47 ab) : je te le dis, ses nombreux péchés ont été pardonnés, puisqu'elle a beaucoup aimé. 

L’amour que nous avons pour Christ, pour Dieu (et dans un second temps pour les autres) est un indice fiable de ce qui se passe dans notre cœur sur un plan spirituel. Non seulement cela démontre la réalité de notre conversion, de notre rencontre personnelle avec Dieu, mais c’est, me semble-t-il un indicateur l’amplitude de la transformation spirituelle qui s’est produite en nous. Evidemment le signal très subjectif de notre amour pour Dieu doit être corrigé des « variations saisonnières » (comme en économie !). Si vous venez de vivre une épreuve vous aurez tendance vous sentir plus loin de Dieu que vous ne l’êtes vraiment. Si au contraire, vous venez de vivre un exaucement, vous aurez tendance  vous percevoir plus aimant et reconnaissant que vous ne l’êtes habituellement ! Mais quand même, la qualité de notre amour pour Dieu est un indice fort de notre vitalité spirituelle

Il est précieux de se poser de temps en temps cette question (Diapo question) : Quelle est la réalité, l’intensité de mon amour pour le Seigneur ? Est-ce que je l’aime vraiment, ou bien est-ce je tiens un discours convenu, marqué par l’habitude ? Est-ce que je l’aime au point de m’abandonner à lui sans réserve, au point de me moquer du regard que les autres posent sur mon adoration et sur ma gratitude!
Je ne dis pas cela pour que nous nous recroquevillions dans une culpabilité stérile, mais pour que cela nous pousse à changer, à continuer à grandir et à rechercher le cœur de Dieu. Cela peut-être utile de se dire parfois : « Oui c’est vrai, je n’aime pas Dieu comme je devrais l’aimer ». « Oui, c’est vrai, je ne suis pas reconnaissant pour ses dons, car j’ai tendance à prendre pour un dû ce qui est en réalité une grâce ! »

(Diapo conversion) Les ingrédients qui nous conduisent à la conversion et que sont la repentance sincère et la foi dans un Dieu d’amour sont aussi ceux qui nous permettent de poursuivre notre croissance spirituelle. La connaissance de l’amour de Dieu pour nous-mêmes est une des clés de cette croissance. Et bien souvent, notre perception de l’amour de Dieu grandit lorsque nous comprenons que beaucoup de ce que nous croyons être un dû, est en fait un don, une grâce de la part de Dieu ! Connaître sa propre indignité est un facteur qui augmente considérablement notre connaissance de l’amour de Dieu pour nous, et développe par la même occasion notre esprit de gratitude ! Mesurer les bontés et les grâces, sans cesse renouvelées de Dieu, est également un facteur qui augmente notre connaissance de l’amour de Dieu et par la même occasion notre reconnaissance.

La mauvaise image que cette femme avait d’elle-même, (Diapo femme) et peut-être même la désillusion générale qui reposait sur toute sa vie, lui ont permis de percevoir bien avant les autres son propre besoin de grâce, et d’entendre bien avant les autres l’amour et le pardon qui se trouvaient dans les paroles de Jésus, que les pharisiens ne les percevaient pas !

(Diapo noire) La désillusion que l’on peut avoir sur soi-même, sur ses propres capacités à faire le bien, et même sur ses capacités à plaire à Dieu est une opportunité pour briser l’idole de l’autosatisfaction. Cette femme de mauvaise vie l’avait fait, mais apparemment pas Simon, qui était toujours dans l’illusion d’être juste, et de se sentir capable de plaire à Dieu par ses propres forces. Il n’avait brisé aucune de ses idoles profondes ! 

Nous devons apprendre à faire de nos désillusions sur nous-mêmes, un moyen précieux de revenir à la grâce, et de mesurer l’amour inconditionnel de Christ pour nous. 

Lorsque notre cœur est froid, (cela peut arriver !) il peut même être très utile d’énumérer méthodiquement, de « conscientiser » les multiples grâces (petites ou grandes) que Dieu nous accorde chaque jour, et d’y ajouter les multiples promesses (petites ou grandes) que nous offre Sa Parole.

Les mêmes ingrédients qui président à la conversion de tout être humain sont aussi ceux qui gouvernent notre croissance spirituelle. Souvenons-nous de comment nous étions le jour (ou au cours de la période) de notre conversion, et des bouleversements que cela a induit ! Un retour à cette dépendance oubliée, à cet émerveillement perdu, produira les mêmes bouleversements, la même croissance qu’au premier jour !

Prions pour que Dieu nous révèle son amour. Et s’il le faut, notre misère intérieure, non pas pour faire de nous des rabat-joie permanents, mais pour que nous puissions mesurer la grâce de Dieu à notre égard et que cela puisse nous remplir d’une reconnaissance et d’un amour comparable à ceux qui habitaient le cœur de cette femme de mauvaise vie. 

« Quel est aujourd’hui mon amour pour Dieu ? » 

Amen ! 

Question pour petit groupe : Voir livret « Soyez Transformés » attaché à ce Blog !

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