Prédication du 31 mars 2019 - Série « nous croyons » (5/5) Apocalypse 11 et 18 - Sortir de Babylone (S.Guiton)

Prédication du 31 mars 2019
Série « nous croyons » (5/5)
Apocalypse 11 et 18 - Sortir de Babylone 

Nous finissons aujourd’hui notre série « nous croyons » consacrée à la méditation de quelques points clé de la foi chrétienne, sur la base de la confession de foi des EEL. 
Et voici le dernier article : 

5. « L'amour de Dieu étant la source et le fondement de notre salut, nous voulons aimer nos frères et soeurs en Christ et proclamer l'Evangile sans lequel il n'y a pas de salut. 

Nous voulons aussi aimer notre prochain en travaillant pour la paix et la justice, jusqu'à la venue de notre Seigneur Jésus-Christ, car il reviendra pour juger toute créature et établir son règne. Nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera. 
Telle est notre espérance ». 


Je voudrais aborder aujourd’hui avec vous une question en lien à la fois avec deux choses évoquées ici : l’impératif d’oeuvrer par amour à la paix et la justice d’une part, et l’attente d’une nouvelle terre, lors du retour de Christ : c’est la question de notre engagement de chrétiens dans le domaine écologique. 

On entend parfois parmi les chrétiens, dire : « pourquoi travailler à préserver cette Terre si elle est destinée à disparaitre et à être remplacée par une nouvelle ? ». L’engagement écologique n’est-il pas seulement devenu un nouveau marché, un domaine dont nous devrions rester à l’écart pour nous concentrer sur le salut des personnes, seul vraiment important ? 

Quel appel pour nous, chrétiens, dans ce domaine ?
La question, plus que jamais, se pose à nous. Nos enfants nous la posent, en manifestant dans les rues : qu’allons-nous faire ?

Pour répondre à cela, laissons nous inspirer par les visions du livre de l’Apocalypse. Ce livre, intitulé « révélation » est la retranscription de visions que Jean a reçues de Dieu. Il est essentiellement un livre d’encouragement pour les croyants, la révélation de Jésus-Christ glorifié. Il lève aussi le voile sur ce qui se passera, à la fin des temps, lorsque Jésus viendra établir son Royaume, vaincre définitivement le mal et rétablir le jardin que nous avons détruit. Les chapitres et 18 notamment évoquent le jugement qui attend de Babylone, symbole de tous ceux qui auront « ruiné la terre », et entraîné le monde dans une folie destructrice. 

A l’époque de Jean, Babylone, c’est surtout Rome, perçue comme « la grande prostituée». Son chef, César se faisait adorer comme Dieu. Jean écrit à une époque où César-Néron massacre les chrétiens de Rome. 

Plongeons ensemble dans ces visions très sombre au premier abord, dignes des grands films catastrophes d’aujourd’hui. Prenons au sérieux l’avertissement qu’elles représentent pour nous, et écoutons aussi les paroles d’espérance et l’appel que Dieu nous adresse à travers elle. 

Lecture : Apocalypse 11.

15 Alors le septième ange sonna de la trompette. De grandes voix retentirent dans le ciel, qui disaient : Le royaume du monde est passé à notre Seigneur et à son Christ ; il régnera à tout jamais !

16 Les vingt-quatre anciens qui étaient assis devant Dieu sur leurs trônes tombèrent face contre terre, prosternés devant Dieu, 17en disant : Nous te rendons grâce, Seigneur Dieu, Tout-Puissant, toi qui es et qui étais, d'avoir saisi ta grande puissance et d'avoir instauré ton règne.

18 Les nations se sont mises en colère, mais ta colère est venue, ainsi que le temps de juger les morts, de récompenser tes esclaves, les prophètes, les saints et ceux qui craignent ton nom, les petits et les grands, et de ruiner ceux qui ruinent la terre !

« Ruiner ceux qui ruinent la terre ! ». Voilà déjà une parole forte sur le plan de l’écologie. 

La vision continue, jusqu’au chapitre 18 où le jugement divin se focalise sur « Babylone la grande ».

Apocalypse 18

1 Après cela, je vis descendre du ciel un autre ange qui avait un grand pouvoir ; la terre fut illuminée de sa gloire. 2 Il cria : Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la Grande ! Elle est devenue une habitation de démons, un repaire de tout esprit impur et un repaire de tout oiseau impur, un repaire de tout animal impur et détesté, 3 parce que toutes les nations ont bu du vin de la fureur de sa prostitution ; parce que les rois de la terre se sont prostitués avec elle, et que les marchands de la terre se sont enrichis par la puissance de son luxe.

4 J'entendis du ciel une autre voix qui disait : Sortez du milieu d'elle, mon peuple, afin que vous ne soyez pas associés à ses péchés et que vous ne receviez pas une part de ses fléaux. 5Car ses péchés se sont accumulés jusqu'au ciel, et Dieu s'est souvenu de ses forfaits. 6 Payez-la comme elle a payé, et rendez-lui au double de ses œuvres ! Dans la coupe où elle a versé, versez-lui au double. 7 Autant elle s'est complu dans la gloire et le luxe, autant donnez-lui de tourment et de deuil ! Parce qu'elle se dit : Je suis assise en reine, je ne suis pas veuve, jamais je ne verrai le deuil, 8 à cause de cela, en un seul jour ses fléaux viendront, mort, deuil et famine, et elle sera jetée au feu. Car il est fort, le Seigneur Dieu qui l'a jugée.

11De même, les marchands de la terre pleurent et mènent deuil sur elle, parce que personne n'achète plus leur cargaison, 12cargaison d'or, d'argent, de pierres précieuses, de perles, de fin lin, de pourpre, de soie, d'écarlate, de tout bois de senteur, de tout objet d'ivoire, de tout objet de bois précieux, de bronze, de fer et de marbre ; 13cannelle, aromates, parfums, myrrhe, encens, vin, huile, fleur de farine, blé, bœufs, moutons, chevaux, chars, corps et âmes d'humains.

20 Sois en fête sur elle, ciel ! Vous aussi, saints, apôtres et prophètes ! Car Dieu vous a fait justice en la jugeant.

[Pause] 

Ces visions puissantes donnent une image frappante de ce qui se joue dans le coeur des hommes, derrière les grands mouvements du monde. Babylone, c’est Rome certes, mais c’est aussi tout système dominé par des « rois » et des « marchands » que leur péché, notamment la recherche de gloire et de richesse amène à « ruiner la terre ». 
Au milieu de tels systèmes destructeurs, un appel est lancé au peuple de Dieu : « « Sortez du milieu de Babylone (…) afin que vous ne soyez pas associés à ses péchés et que vous ne receviez pas une part de ses fléaux ».
Sortir de Babylone… c
omment comprendre cela, pour nous chrétiens, aujourd’hui ? Quel lien avec les questions d’écologie ? 

Pour répondre à cela, penchons nous sur trois aspects de la Babylone décrite ici, pour voir sur quelles dérives ils nous mettent en garde et comment ils peuvent inspirer notre réflexion écologique. 

A. Babylone, c’est d’abord un écosystème malsain

Cette notion d’écosystème est au coeur de l’écologie, qui traite de la relation entre l’homme et son environnement. Il est notable que la mission de l’homme soit définie dans la Genèse en lien direct avec un écosystème - la création - que l’homme est chargé de « cultiver et garder ». L’écosystème que Dieu lui confie est parfait. Tout y est à sa juste place, grâce à l’amour et la sagesse de Dieu. L’harmonie est parfaite entre l’homme, les animaux que Dieu le charge de nommer - relation forte -, et la nature qui, travaillée dans des conditions adéquates, devait fournir la nourriture pour le bonheur de tous. 

On connait la triste suite. En voulant devenir roi à la place de Dieu, l’homme a fait entrer la violence et l’excès dans le monde. Il s’est mis à abuser de la nature et des autres créatures, dominées pour son seul profit. Jean voit ici le jugement que Dieu exercera sur « ceux qui ont ruiné cette terre » pour la changer en Babylone, un écosystème malsain où le péché des hommes impacte de façon globale toute la création. 
De fait, si les habitants de Babylone sont d’abord condamnés pour leurs péchés « qui se sont accumulés jusqu’au ciel » - notamment l’idolâtrie nommée « prostitution » dans le langage de la Bible- on voit aussi que ses péchés ont fait de la ville « une habitation de démons, un repaire de tout esprit impur et un repaire de tout oiseau impur, un repaire de tout animal impur et détesté ». Hommes, oiseaux, animaux… tout est souillé à cause de la folie de quelques uns. « Toutes les nations ont bu du vin de la fureur de (la) prostitution » de Babylone, de sa folie », dit le v.3.  

Symboliquement, avec la ville qui brûle c’est toute une vision du monde qui s’éffondre…
« Sortir de Babylone », cela signifie pour nous nous démarquer des visions du monde contraires à la Parole de Dieu dans lesquelles nous baignons, et garder un recul critique, éclairé par les valeurs de l’Evangile. Pas facile car nos Babylones sont en général des endroits charmants où l’air est climatisé, les hôtesses d’accueil souriantes et où, comme dans certains pays du Golfe, la violence et l’oppression sont cachées derrière le luxe des belles vitrines. 
Mais il nous faut garder ce regard critique sur les systèmes auxquels nous participons - nos sociétés, nos entreprises… pour discerner si elles ne sont pas dans une dérive « babylonienne », et le cas échéant, interpeller, faire entendre notre voix, poser des actes. C’est par exemple le rôle des comités d’éthiques protestants, des instances de représentations comme la FPF et le CNEF, qui font entendre un PDV chrétien dans les débats de société. Sur le plan personnel, « examiner toutes choses et retenir ce qui est bon », comme Paul nous y invite. 

B. Ce qui est malsain à Babylone, c’est surtout le rapport au pouvoir et à l’argent - rois et marchands, qui évoque fortement le système actuel de consommation et de commerce international.  
Ainsi, le verset 12 montre comment à Babylone, tout est transformé en biens de consommation : plantes, minerais, animaux… et même humains ! « corps et âmes d’humains » ! Tout cela pour satisfaire l’avidité des puissants. Que c’est actuel ! Comment ne pas penser au trafic d’êtres humains, que combattent des associations comme Alliance d’Espérance ici même à Lyon (Cf expo Causerie) ? 
Plus largement, en tant que consommateurs nous participons tous à un système qui ferme les yeux sur l’origine des produits et la qualité de vie de ceux qui les produisent, qui est indifférent à la maltraitance de l’écosystème et de la terre (pollution, mise en péril de la bio- diversité, déforestation, etc.) ? - Combien d’arbres abattus juste pour produire de la pâte à tartiner ? 
Un système qui transforme tout en marchandise, y compris « les corps et les âmes d’humains » : notre santé, notre apparence physique, nos rêves… sont au coeur d’un marché florissant (vêtements, cosmétique, chirurgie esthétique…) qui repousse toujours plus loin les limites puisqu’il rêve même de faire de changer l’homme par la technologie pour le rendre immortel - c’est le projet du transhumanisme - Cf Column Mc kellar ? 
On retrouve ici la folie de Babylone qui dit (v. 7) « jamais je ne verrai le deuil » !

Notre monde ressemble donc fort à cet écosystème dégradé qu’est Babylone. Or nous y vivons. Nous en faisons partie. Pensons nous alors que la mauvaise qualité de l’air que nous respirons, mais aussi de l’air spirituel, social dans notre société sera sans impact sur notre santé, notre équilibre et celui de nos enfants ? 
« Sortez du milieu d'elle, mon peuple, afin que vous ne soyez pas associés à ses péchés et que vous ne receviez pas une part de ses fléaux » ! 

L’enseignement de Jésus nous indiques que si nous devons sortir de Babylone, ce n’est pas en nous isolant du reste du monde, mais en y étant sel et lumière - en nous engageant dans tout ce qui peut améliorer cet écosystème. L’amour nous y pousse.  Notre mission de gardiens de la création divine aussi. 

Concrètement, que faire ? 

Bien sûr, commençons par adopter ces bonnes habitudes que nous connaissons tous : tri des déchets, consommer local, moins de plastique, énergie verte, etc. Ne méprisons pas tout cela sous prétexte qu’une nouvelle terre nous attend ! Montrons l’exemple en étant, les premiers, de bons intendants de ce que Dieu nous a donné. 

En tant qu’Eglise, nous avons aussi des responsabilités. Ainsi, nous avons décidé dimanche en AG de rénover nos bâtiments. Il serait cohérent de le faire selon le cahier des charges du label Eglise verte qui existe depuis quelques temps. C’est une autre façon d’être sel et lumière dans le quartier. 

Sortir de Babylone, c’est aussi nous engager dans notre ville, pour essayer d’améliorer l’écosystème relationnel où nous vivons. Développer des relations constructives avec notre voisinage, ça y contribue. Prenons aussi des engagements associatifs, comme beaucoup le font dans notre assemblée : dans des MJC, des associations de parents d’élèves, au Sel, à J’ai faim…
Beaucoup d’organisations luttent pour empêcher les marchands et les rois d’aujourd’hui de s’enrichir sur le dos des plus faibles : l’armée du Salut, Emmaüs... Soutenons-les ! 

Pour améliorer l’écosystème, il nous faut aussi commencer par nous-mêmes. 
Comme le disait Gandhi, « sois le changement que tu veux dans le monde ». 

Car l’esprit de Babylone est aussi en nous. Mais l’amour de Christ nous permet de faire face à nos propres égoïsmes, notre propre avidité… Et si nous avons appris à rechercher une vie toujours plus confortable, à chercher le bonheur dans la consommation, le Seigneur nous invite au contraire une vie de générosité, de partage, de don.
Puisque l’idolâtrie du pouvoir et de l’argent conduit à une surexploitation destructrice, commençons par y résister nous-mêmes, comme Jésus nous l’a demandé : « vous ne pouvez servir à la fois Dieu et l’argent ». 
Là comme ailleurs, le Christ nous montre l’exemple, lui n’a rien gardé pour lui mais s’est fait serviteur de tous. Il a renoncé à tout par amour pour nous. Il a vécu de peu. Son royaume, il l’offre à tous.  

Joie, simplicité, amour. Gratuité. Comme l’écrit le pape François, passer « de la consommation au sacrifice, de l’avidité à la générosité, du gaspillage au partage ». Apprendre à vivre avec moins, à donner plus, pour être plus libres envers l’argent ; développer cette « sobriété heureuse » chère à Pierre Rabhi, qui « nous aide à avoir un rythme de vie plus posé, une alimentation plus saine, à fuir la frénésie qui touche même nos temps de loisirs ! … pour ralentir, faire de l’exercice, être en contact avec la nature, prendre du temps en vrai avec nos amis plutôt que de les croiser par sms… 

C’est toute une hygiène de vie ! 
Jésus nous invite à repenser notre façon de vivre à sa suite, sous la conduite de son Esprit. > Au coeur de notre semaine de jeune et de prière. 

Autres pistes : 

La commission Ecologie de la Fédération Protestante (www.protestants.org > société)

Le réseau Bible et création  : http://blog.bibleetcreation.com

Arocha : https://france.arocha.org


Au final, les systèmes comme Babylone produisent surtout du désespoir et du cynisme. Du repli et de la violence. Des sentiments très présents dans l’air en ce moment. 

Quitter Babylone, ce sera aussi appeler les autres à faire de même, pour entrer dans le Royaume du Christ ! 
En tant que peuple de Dieu, nous sommes appelés à vivre des vies prophétiques - des vies qui manifestent au milieu du monde le royaume qui vient, qui célèbrent la beauté de la création et la sainteté de son Créateur.
Alors soyons porteurs de l’espérance du Royaume au quotidien, dans notre façon de vivre et d’aimer toutes les créatures de Dieu - en commençant par les plus proches de nous. 
Osons faire des choix de vie militants ! 
Et travaillons au bien commun avec joie et confiance, parce que Jésus revient et que ce monde n’est pas la fin ! 

Amen

Prière pour notre terre 

Dieu tout puissant, 
Qui es présent dans tout l’univers et dans la plus petite de tes créatures, 
Toi qui entoures de ta tendresse tout ce qui existe, 
Répands sur nous la force de ton amour
Pour que nous protégions la vie et la beauté. 
Inonde-nous de paix, pour que nous vivions comme frères et soeurs, sans causer de dommage à personne. 

O Dieu des pauvres, aide-nous à secourir les abandonnés et les oubliés de cette terre, qui valent tant à tes yeux. 
Guéris nos vies, pour que nous soyons des protecteurs du monde et non des prédateurs, pour que nous semions la beauté et non la pollution ou la destruction. 
Touche les coeurs de ceux qui cherchent seulement des profits aux dépends de la terre et des pauvres. 

Apprends-nous à découvrir la valeur de chaque chose, à contempler, émerveillés, à reconnaître que nous sommes profondément unis à toutes les créatures sur notre chemin vers ta lumière infinie. 
Merci parce que tu es avec nous tous les jours. 
Amen. 






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