Prédication du dimanche 23 septembre 2018 Série « vie disciplinée, vie équilibrée » - 1 Thessaloniciens 5.1-11 : Vivre dans l’attente du retour de Jésus

Permettez moi de poursuivre notre série de prédication sur le thème « vie disciplinée, vie équilibrée », par une question : si vous connaissiez la date de votre mort, qu’est-ce que ça changerait dans votre façon de vivre ? 
Qu’est-ce que vous feriez du temps qui vous reste ? 

Il est possible que votre conception des priorités, de ce qu’est une vie « équilibrée », changerait radicalement.
Bien sûr, sauf cas particuliers, nous ne savons pas quand nous quitterons ce monde, et nous vivons souvent comme si ça n’allait jamais arriver. 
La Parole de Dieu au contraire nous encourage à rester vigilants et lucides, sur le fait que notre vie ici bas n’est pas éternelle, d’une part, et d’autre part que ce monde même ne durera pas toujours : car Jésus-Christ va revenir.
Y pensons-nous ? Il semblerait que notre génération ait un peu tendance à reléguer ce point clé de la foi chrétienne au fond de ses tiroirs, voire aux oubliettes. 

Pourtant, si nous voulons vivre « une vie équilibrée », il nous faut réapprendre à vivre, et discipliner nos vies, dans la perspective du retour de Jésus et de l’établissement de son royaume.

Tout le NT affirme cela, sans nier que cela pose de vraies questions. 

A cause des persécutions qu’ils subissaient, notamment, les premiers chrétiens étaient plus travaillés par les questions sur la mort, la résurrection et le retour de Jésus. Particulièrement à Thessalonique où ils étaient inquiets, se posaient beaucoup de questions sur l’après-mort et le retour de Jésus, au point que leur vie quotidienne en était perturbée.

Paul écrit alors à ces nouveaux chrétiens pour les rassurer et les ramener à la raison. Il aborde alors avec eux la question qui nous intéresse : comment vivre en attendant le retour de Jésus ? 

Lisons le chapitre 5 de la lettre de Paul aux Thessaloniciens, versets 1 à 11. 

1 Pour ce qui concerne les temps et les moments, vous n'avez pas besoin, frères, qu'on vous écrive. 2 En effet, vous savez vous-mêmes parfaitement que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. 3 Quand ils diront : « Paix et sécurité ! », alors la destruction arrivera sur eux à l'improviste, comme les douleurs de l'accouchement sur la femme enceinte, et ils n'échapperont en aucun cas. 4 Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour, tel un voleur, vous surprenne ; 5 car vous êtes tous fils de la lumière et fils du jour. Nous n'appartenons pas à la nuit ni aux ténèbres. 6 Ainsi donc, ne dormons pas comme les autres, mais veillons et soyons sobres.

7 Car ceux qui dorment dorment la nuit, et ceux qui s'enivrent sont ivres la nuit. 8 Mais nous qui sommes du jour, soyons sobres : revêtons pour cuirasse la foi et l'amour, et pour casque l'espérance du salut. 9 Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l'acquisition du salut — par notre Seigneur Jésus-Christ, 10 qui est mort pour nous, afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui. 11 Ainsi donc, encouragez-vous mutuellement et contribuez à la construction de l'autre, comme vous le faites déjà.


Connaissez-vous cette berceuse pour enfants : « le soleil descend sur un ciel de sang »… ? Elle commence paisiblement - « les montagnes sont bleues, les nuages blancs » - mais la fin qui parle de Jésus a de quoi susciter des cauchemars : « peut-être il viendra cette nuit, qui sait ? Il viendra nous chercher »… ! Menace ou joyeuse perspective ?
On retrouve ces deux aspects ici : sur cette question du retour de Jésus, désigné ici par les expressions de l’Ancien Testament « le jour du Seigneur »,  « les temps et les moments », Paul cherche à rassurer et encourager, mais il redit aussi avec force la puissance de ce retour et de ses conséquences : vie et paix pour ceux qui auront mis leur foi en Jésus-Christ - « les fils de la  lumière et fils du jour » - mort et jugement pour les autres, qui « appartiennent aux ténèbres ». 
C’est dur ! Et pourtant, ce message et cette distinction radicale entre ceux qui sont sauvés et ceux qui sont perdus sont répétés souvent dans la Bible comme un appel que Dieu nous adresse à « choisir la vie » et non la mort. « Celui qui met sa foi dans le Fils a la vie éternelle, écrit Jean (3.35) ; celui qui refuse d'obéir au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui ».

Paul rassure d’abord les Thessaloniciens : « Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l'acquisition du salut — par notre Seigneur Jésus-Christ, qui est mort pour nous ». 
Mais devant la perspective du retour du Seigneur, il ne s’agit seulement d’être rassuré : en attendant le Seigneur, dit Paul, veillons et soyons sobres
Cela nous concerne directement, nous chrétiens du XXIe siècle. 

Il nous faut veiller, dit d’abord Paul. Qu’est-ce que cela signifie ? 
Cette exhortation est fréquente dans l’enseignement de Jésus : « Veillez donc, puisque vous ne savez pas quel jour votre Seigneur viendra » (Mt.24.43). « Veillez et priez ». Chez les apôtres aussi : Pierre - « La fin de toutes choses est proche. Soyez donc sages et sobres, pour vaquer à la prière » (1 Pierre 4:7) ;  « Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera. » (1 Pierre 5:8). Et Paul bien sûr : « Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez des hommes, fortifiez-vous » (1 Corinthiens 16:13).

Veiller, c’est bien sûr le contraire de dormir : Paul oppose ces deux attitudes ici, qui représentent deux positions de coeur devant Dieu. Dans le langage biblique, dormir signifie souvent « être mort » - physiquement ou spirituellement. Sont morts ceux qui vivent sans Dieu. Ceux qui mènent leur vie en cherchant ailleurs qu’en lui la « paix et la sécurité », et sans avoir conscience que Jésus reviendra et que leur destin éternel sera alors scellé.
Dormir, c’est donc vivre dans l’ignorance, ou le refus de Dieu, mais aussi peut-être dans le déni de ce retour prochain, comme cela peut nous arriver, nous chrétiens d’aujourd’hui. L’image traditionnelle de la femme enceinte, que Paul utilise, comme l’a fait, est pourtant éloquente : une femme enceinte sait qu’elle devra accoucher, tôt ou tard, mais sans trop savoir quand ! De même Jésus reviendra, il n’y a pas à en douter, sans que l’on puisse savoir à quel moment. Jésus lui-même disait ne pas le savoir ! Veiller, ce n’est donc pas se lancer dans des spéculations fumeuses sur le moment du retour, comme le faisaient les Thessaloniciens, ni analyser les infos Bible en main pour y trouver des indices…
C’est veiller sur nous-mêmes, d’abord. Sur notre attitude : pour qu’elle plaise à Dieu. Sur notre amour : pour qu’il soit sincère, vivant, concret et toujours en train de grandir et de s’approfondir. 
Veiller, c’est aussi rester mobilisé. La perspective du retour de Jésus doit nous rendre actifs, prêts à saisir les occasions que Dieu nous donne. Occasions de faire le bien - ne pas remettre à plus tard le bien qu’on peut faire aujourd’hui. Occasions de témoigner : si vous êtes éveillé, que vous voyez un danger quelconque arriver, et que quelqu’un dort à côté de vous… est-ce que vous n’allez pas le réveiller et l’avertir ? 
Que faisons-nous alors de tous les gens qui, autour de nous, vivent sans se douter qu’il y a un Dieu, sans avoir pu choisir d’accueillir Jésus, au risque d’être définitivement perdus quand la mort ou le retour du Seigneur surviendront ?
Je sais que le sujet est difficile pour nous. On a envie de dire : oui mais… quand même… est-ce que ce n’est pas un peu simpliste… quand même il y a des gens bien qui ne croient pas en Jésus… Ou qui n’ont jamais entendu parler de lui… 
C’est vrai, et je suis heureux que le Seigneur nous ait interdit de juger les autres, et que ce soit lui, qui est parfait amour, parfaite justice et parfaite connaissance, qui se charge de juger le monde ! Il nous a laissé le plus facile finalement : aimer les autres et leur partager la bonne nouvelle du salut. 
Ce commandement, veillez, nous place en tout cas devant notre responsabilité de témoins, et devant l’urgence de partager l’amour de Christ, sans toujours attendre demain ou nous cacher derrière nos limites. 
J’avais un ami proche à qui je me disais souvent qu’il fallait que je parle de Jésus. Sans jamais passer à l’acte. Puis il est mort d’un cancer. La dernière fois que je l’ai vu, en soins palliatifs, cette prière tournait en moi : « je savais, et je n’ai rien dit. Est-il trop tard, Seigneur ?».
Il ne s’agit pas de culpabiliser - c’est stérile - mais de rester éveillé pour Dieu. 
Il ne s’agit pas de vivre dans l’anxiété : nous n’avons pas à nous inquiéter du retour du Seigneur, au contraire. Mais il nous faut l’avoir en tête, pour prendre nos responsabilités - dans le témoignage, le soutien des autres, le don, le pardon… l’amour sous toutes ses formes. 

Veiller enfin, c’est vivre dans la prière. La majorité des appels à la veille dans le NT portent sur la prière : « veillez et priez ». Finalement c’est la prière qui nous maintient en éveil, car nous y apprenons la dépendance à Dieu, nous nous rendons disponibles au Saint Esprit qui nous dynamise. Prier pour les autres fait grandir notre amour pour eux. Et puis dans la prière, nourrie de la Bible, nous approfondissons notre relation avec celui qui va revenir, Jésus. En somme, nous vivons avec lui dans ce monde à chaque instant, mais cela fait grandir notre désir de le voir enfin face à face - et nous prépare à l’accueillir. Non comme un voleur inconnu ou un étranger, mais comme un ami avec qui on communique à distance depuis longtemps, et qu’on va enfin rencontrer. 

« Veillons et soyons sobres », dit Paul. 
Etre « sobres », qu’est-ce que ça signifie ? 
C’est rester calme, garder son sang froid. L’idée d’un retour imminent de Jésus mettait les chrétiens de Thessalonique dans un état d’excitation, d’exaltation, qui leur faisait perdre le contact avec le réel. Certains se « laissaient ébranler dans leur bon sens », écrit Paul (2 Th. 2.2) et refusaient de travailler sous prétexte que la fin du monde était là. 
On a vu cela plus récemment dans certaines sectes «apocalyptiques », avec parfois des conséquences dramatiques pour leurs membres. 
Sans aller aussi loin, j’ai connu un prédicateur qui se vantait de ne pas cotiser à la retraite, car « le Seigneur allait revenir avant ». C’était il y a plus de vingt ans… Le temps de la retraite est venu pour lui entre temps, je ne sais pas comment il a fait… 
Il y a donc un équilibre à trouver entre le temps de l’attente du Seigneur et celui de la vie quotidienne. Cette tension est normale, nous devons même la cultiver ! C’est la fameuse tension entre ce qui est déjà-là - Jésus est présent avec nous - et ce qui n’est pas encore là - son Royaume n’a pas encore été établi pleinement. 
Attendre Jésus, rester en éveil, conscient qu’il peut revenir d’un moment à l’autre… et en même temps ( Paul était un précurseur !) rester paisibles et continuer à vivre, en mettant à profit le temps dont nous disposons pour aimer les autres. Pas simple ! 

Ce n’est qu’en restant attachés à Dieu dans la prière, instant après instant, que nous pourrons vivre sainement dans cet équilibre-là.  
En vivant chaque instant avec Jésus qui est déjà là, pour revêtir par lui la « cuirasse » de « la foi et l’amour", et le « casque » de « l'espérance du salut » comme le dit Paul au v. 7. 
Parce que seuls la foi, l’espérance et l’amour nous permettront d’être des « veilleurs paisibles », des « guetteurs sereins » dans ce monde, pour faire les bons choix, bien définir nos priorités de vie, nos priorités de chrétiens, nos priorités d’Eglise. Sans nous endormir ni nous emballer à l’excès. 

Espérance : parce que notre espérance est l’avénement d’une « nouvelle terre où la justice habitera », où Jésus « essuiera toutes larmes de nos yeux », nous pouvons être encouragés et tenir bon face aux difficultés. Supporter les injustices et les frustrations - on aimerait tant répondre à tous les besoins !
La puissance du mal et de ses conséquences dans ce monde, la pauvreté de notre action face à lui, les imperfections de nos Eglises et notre propre péché… tout cela ne doit pas nous décourager mais au contraire nous faire « soupirer » après le retour de Christ, faire grandir en nous le désir qu’il revienne, enfin ! 
« Viens, Seigneur Jésus ! ». La Bible se termine sur ces mots (Ap. 23.20). 

Foi : parce que notre foi est placée en Dieu et non en nous-mêmes, nous pouvons agir avec audace dans ce monde qui se perd, sans peur de l’échec. Ce monde passera, nous n’avons donc pas le devoir de réussir à le changer, mais nous sommes libérés pour essayer de le faire, en utilisant les armes de Dieu : l’amour, la prière, l’annonce de la Parole. 
Nous pouvons nous lancer ! Entreprendre des démarches de pardon, essayer des choses pour partager l’amour de Dieu… même si nos efforts sont maladroits, nous les remettons à Dieu pour qu’il nous guide.  

Enfin, il y a l’amour : Jésus nous libère du souci de réussir notre vie, de nous sauver nous-mêmes. Alors nous pouvons nous concentrer sur notre appel qui est d’aimer les autres en vérité et de toutes nos forces. De « contribuer à la construction de l’autre », comme le dit joliment Paul. 

Voilà un beau programme ! 
Que nous puissions nous y consacrer au quotidien, en Eglise… dans la joie ! Ce sera la meilleure façon pour nous d’être éveillés. Lors de son retour, le Seigneur ne nous demandera pas de lui présenter le bilan comptable de l’Eglise, des bâtiments bien agencés ou un projet d’Eglise avec des objectifs clairs… en revanche, nul doute qu’il sera heureux de nous trouver en train d’aider, d’encourager, d’écouter, de nous aimer les uns les autres, et de partager ce que nous avons reçu, le coeur et l’esprit bien réveillés… 

Amen

Je vous laisse deux questions à emporter avec vous :

La première est devenue un cliché pour les gens de ma génération, mais n’a pas perdu de sa pertinence : si Jésus revient aujourd’hui, est-ce que je suis prêt ?

La deuxième : comment est-ce que je contribue à la construction des autres, aujourd’hui ? 


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