Prédication du 16 septembre 2018 - Exode 3.2-10. Comment Dieu appelle : l'exemple de Moïse. (S. Guiton)

Culte d'envoi  

Aujourd’hui, nous voulons prendre le temps d’accueillir Annabelle Devaux et Benoit Audeoud, que Dieu a appelés l’un et l’autre à son service, dans notre Eglise. 

Dans quelques minutes, nous allons prendre le temps de prier pour eux ainsi que pour les autres personnes engagées au service de Dieu dans notre communauté, avant de partager la Sainte Cène.

Chacun à leur manière, Annabelle et Benoit ont répondu à un appel de Dieu. 

Ce sujet de l’appel est au centre de la Bible, parce qu’il est au centre de nos vies. 
Il n’est pas sans lien avec la question au coeur de notre série prédications « vie équilibrée, vie disciplinée » : comment vivre une vie bonne, une vie équilibrée avec Dieu ?
Nous ne pouvons trouver notre équilibre qu’en allant de l’avant. Et pas seulement à la poursuite de nos propres projets, mais aussi en répondant aux appels, petits ou grands, que Dieu nous adresse. 
Car Dieu nous appelle, tous. Et comment ? 
Tout appel est la rencontre de la volonté de Dieu et de la nôtre. La rencontre d’appels extérieurs et d’un élan intérieur. 
C’est particulièrement clair dans l’exemple de Moïse, que je vous invite à méditer dans le livre de l’Exode (3.1-18).

Au moment où Dieu vient à sa rencontre, Moïse est dans le désert, au propre comme au figuré. « Moïse faisait paître le petit bétail de Jéthro, son beau-père » (3.1), quelque part dans le désert, non loin du mont Horeb, ou Sinaï, sur lequel il recevra plus tard la révélation de l’Eternel et les dix commandements. 
Mais au moment où l’histoire se passe, Moïse n’a pas encore rencontré Dieu. 
Quelles pensées agitent son esprit, alors qu’il se tient là, près des bêtes ? Peut-être une question : qu’est-ce que je fais là ? Car il n’a pas toujours été berger, Moïse, nous connaissons son histoire : ses parents forcés de l’abandonner sur le Nil, l’adoption par la fille de Pharaon. Elevé comme un prince égyptien, Moïse cependant a peu à peu pris conscience de la souffrance de ce peuple hébreu dont il est issu ; un peuple esclave, maltraité. Peu à peu est monté en lui le désir de leur venir en aide. Sûr de lui, il est passé à l’action et il a tué un Egyptien. Il pensait alors mériter la reconnaissance des siens… et à sa grande surprise il s’est vu rejeté par les hébreux, obligé de s’enfuir. 
Des années après, le voilà seul dans le désert. Il a tout perdu, sa vie royale, le lien avec son peuple, et il garde des moutons qui ne sont pas à lui. Où tout cela va-t’il le mener ?
Que faire de sa vie, de tout ce tout ce qu’il a appris à la cour du pharaon, de tout ce qu’il est ? 
Que faire de ce désir de justice, de changer les choses, qui l’habite ? 
« J’ai vu la misère de mon peuple », pense-t’il certainement, qui pourra le délivrer ?
Impuissant, échoué dans ce désert, Moïse tourne tout cela dans son coeur. 

Mais dans le désert, quelqu’un d’autre tourne également : le Dieu fidèle, le Dieu qui a fait alliance avec Abraham, Isaac, Jacob, et qui, nous dit le texte, , qui a entendu les cris de ses fils en Egypte, sous les fouets des oppresseurs. Il connait leurs angoisses et il est résolu à les délivrer pour les conduire vers la terre qu’il a promise à leurs ancêtres. « J’ai vu la misère de mon peuple », dit-il aussi. 

Alors il vient à la rencontre de Moïse, pour que la volonté de celui-ci rencontre la sienne, et s’embrase au feu de cette rencontre. C’est comme cela que Dieu nous appelle à travers des événements, des paroles, des rencontres, qui vont faire écho à quelque chose de profond en nous. Sa volonté va à la rencontre de la nôtre

Ainsi Dieu interpelle Moïse à travers un événement étonnant : le buisson ardent. 

2 L'ange de l'Eternel lui apparut dans une flamme de feu, au milieu d'un buisson. Moïse regarda et vit que le buisson était tout en feu sans être consumé.
3 Moïse dit : «Je veux faire un détour pour voir quelle est cette grande vision et pourquoi le buisson ne brûle pas.» 4 L'Eternel vit qu'il faisait un détour pour regarder. Dieu l'appela du milieu du buisson en disant : «Moïse! Moïse !» Il répondit: «Me voici !» 5 Dieu dit: «Ne t'approche pas d'ici, *retire tes sandales, car l'endroit où tu te tiens est une terre sainte.» 6 Il ajouta: *«Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob.» Moïse se cacha le visage, car il avait peur de regarder Dieu.
7 L'Eternel dit: *«J'ai vu la souffrance de mon peuple qui est en Egypte et j'ai entendu les cris qu'il pousse devant ses oppresseurs. Oui, je connais ses douleurs. 8 Je suis descendu pour le délivrer de la domination des Egyptiens et pour le faire monter de ce pays jusque dans un bon et vaste pays, un pays où coulent le lait et le miel; (…) 
9 Maintenant, les cris des Israélites sont venus jusqu'à moi, j'ai aussi vu l'oppression que leur font subir les Egyptiens. 10 Maintenant, vas-y, je t'enverrai vers le pharaon et tu feras sortir d'Egypte mon peuple, les Israélites.»

Comment Dieu appelle-t’il Moïse ? 

Dieu vient à la rencontre de Moïse à travers un événement sur sa route, ce fameux « buisson ardent », mais sans s’imposer : Moïse doit décider de faire un détour pour venir voir. 
De la même façon, Dieu ne nous impose pas sa volonté : il place sur notre route des personnes, ou des événements, qui vont nous interpeller. A nous cependant d’aller voir, de chercher à comprendre, de nous approcher. 

Puis Dieu adresse ensuite à Moïse qui s’est approché des paroles de révélation. Il s’adresse à lui directement, et lui fait connaître clairement qui il est - le Dieu de ses ancêtres, le Dieu fidèle à son alliance - et ce à quoi il l’appelle : « vas-y, je t'enverrai vers le pharaon et tu feras sortir d'Egypte mon peuple, les Israélites ». 

Pour nous, c’est à travers la Bible, sa Parole, que Dieu s’adresse principalement à nous. La Bible n’est pas seulement un livre. Comme Dieu habite ce jour-là le buisson ardent, il habite les mots de la Bible, qu’il a inspirés et qu’il rend vivants pour nous, par son Esprit. 
La Bible est donc pour nous le buisson ardent du milieu duquel Dieu nous parle et nous appelle. Un livre d’apparence banale, comme ce buisson du désert, mais que l’Esprit transforme en lieu de révélation. 

Parlant dans la Bible, Dieu nous révèle qui il est, et quel est sa volonté pour l’humanité. Mais c’est aussi d’elle que, sous l’action de son Esprit, viendront les paroles qui préciseront quel appel particulier Dieu nous adresse, à nous, aujourd’hui : appel à pardonner à quelqu’un, appel à aimer, à se repentir. Appel à espérer au milieu d’une épreuve, ou à entreprendre quelque chose. Appel plus engageant encore pour un service, un ministère, comme c’est le cas pour Benoît et Annabelle aujourd’hui… Aucun appel venant de Dieu ne peut être en contradiction, sur un point même mineur, avec la Parole révélée de Dieu dans la Bible. 

Lisons nous la Bible en demandant à Dieu de nous parler et de nous appeler ? Quelqu’un a dit : « l’écoute de la Parole (de Dieu), l’écho qu’elle éveille en notre coeur, la réponse de la prière qui en jaillit, permettent que se créent entre Dieu et chacun des croyants un véritable espace d’intimité ». Alors pensons qu’en approchant le texte biblique, nous sommes comme Moïse devant le buisson ardent : indignes d’entrer dans la présence du Dieu trois fois saint, et pourtant invités à le faire par sa grâce, pour y entendre des paroles d’amour et recevoir une direction nouvelle. 
Voilà une autre dimension de l’appel divin : il transforme et met en route. 
Il donne une nouvelle identité et invite à réorienter sa vie. 
C’est ce qui se passe pour Moïse. Au moment où Dieu se révèle à lui, Moïse est surtout conscient de ses faiblesses : 

11 « Qui suis-je, moi, dit-il au verset 11, pour aller trouver le pharaon et pour faire sortir les Israélites d’Egypte ? »

Nous nous posons peut-être cette question. « Qui suis-je, moi ? ». L’objection de Moïse est fondée. Qui Dieu vient-il appeler dans ce désert ? Un meurtrier en fuite. Quelqu’un qui est gêné dans ses rapports aux autres par un fort bégaiement. Quelqu’un qui ne sait qui il est - égyptien ? hébreu ? prince ? berger ? - ni où il va. 

Qu’il doute, c’est plutôt bon signe. Le Moïse d’avant, celui qui était prince et sûr de lui n’aurait peut-être pas hésité ici, mais il serait parti plein d’orgueil, en comptant sur lui-même. Or pour que nous puissions répondre à l’appel de Dieu il faut que nous soyons prêts : suffisamment humbles et lucides sur nous-mêmes, devenus assez petits pour dépendre de Dieu en toutes choses. Alors nous pouvons servir par la force de son Esprit, et nous laisser conduire. Ce n’est donc pas pour rien que Dieu attend ce moment-là pour venir le chercher. Je pense que c’est pour la même raison qu’il m’a appelé autour de la quarantaine.

L’appel de Dieu donne aussi à Moïse une nouvelle identité : il n’est plus un fugitif mais un envoyé. Il n’est plus quelqu’un qui fuit mais quelqu’un qui va à la rencontre. Il n’est plus en train d’essayer de se sauver lui-même mais va sauver les autres. Par la force de l’Eternel qui lui dit : « je serai avec toi ». « C’est moi le SEIGNEUR. Je vous ferai sortir des corvées d’Egypte, je vous délivrerai de leur servitude, je vous revendiquerai avec puissance et autorité, je vous prendrai comme mon peuple à moi, et pour vous, je serai Dieu » (Exode 6.6).

Appel extérieur, appel intérieur, l’un en accord avec l’autre. 
Le côté surnaturel de la révélation - le buisson ardent - ne doit pas masquer le fait que l’appel de Moïse ne vient pas seulement du ciel : il sort aussi de son coeur, d’un élan très profond qui vient de lui-même. L’appel de Dieu touche précisément le désir profond de son coeur : libérer son peuple ! Depuis toujours Moïse est habité par ce désir profond de justice, il est aussi d’une grande force : c’est comme ça qu’il a tué l’Egyptien, et pris la défense de femmes contre un groupe de bergers (rencontrant ainsi celle qui est maintenant son épouse). 
La suite va confirmer que depuis toujours, Moïse était préparé par Dieu pour cette mission : il a reçu la meilleure éducation de l’époque à la cour du pharaon, il est cultivé, il a appris le leadership, sait voir loin et diriger les hommes.
Moïse avait en lui tout l’équipement d’un leader libérateur mais ne le savait pas encore. Il ne savait pas vers où diriger son énergie et c’est en essayant d’y arriver tout seul qu’il est devenu un meurtrier. C’est qu’il lui manquait le but, l’appel, la direction donnée par Dieu. 
Depuis sa naissance, Dieu le conduisait vers ce moment de la rencontre, patiemment, avec amour. 

Ainsi, la volonté de Dieu pour nous n’est pas étrange, étrangère à notre vie, elle n’est pas forcément à chercher loin de nous. Souvent on imagine soit que Dieu ne va pas nous appeler soit qu’il le fera à travers quelque chose qui sort « de nulle part » - on attend l’illumination, l’événement exceptionnel hors de nous. Mais en réalité, si Dieu nous interpelle à travers des événements, des rencontres, des paroles… ces appels doivent entrer en résonance avec un appel plus profond, en nous, nourri de ce que nous sommes déjà, de notre histoire et de nos dons…
Appel extérieur, appel intérieur, l’un en accord avec l’autre. 

Si nous répondons à un appel intérieur, il nous faudra comme Moïse le soumettre à l’Eglise, pour qu’elle confirme ou non son origine divine, en considérant les fruits de notre service notamment. Comme les miracles que Dieu fait accomplir à Moïse confirment son appel aux yeux des hébreux. 


Peut-être aujourd’hui sommes-nous comme Moïse dans son désert ? Il n’y a pas d’âge pour ressentir cela, de l’adolescence à la crise de la quarantaine, de la cinquantaine, de la soixantaine… que faire de notre vie ? De nos dons, de notre temps… ? 
Dieu nous dit alors : confie-moi tout cela - tes capacités, tes envies, ta personnalité, ta volonté - et mets-toi à l’écoute de ma Parole. Approche-toi du buisson ardent, lis la Bible dans la prière. Je te montrerai vers où te diriger pour accomplir à la fois ma volonté et la tienne. Et tu pourras entrer dans la vie nouvelle que j’ai préparée d’avance pour toi, mon enfant.

Avons-nous envie de connaître l’appel de Dieu pour nous ? Sommes-nous prêts à l’entendre ? 

Si ces question vous travaillent, ne restez pas seuls. Parlez-en à vos pasteurs, vos amis… Le discernement d’un appel n’est jamais un chemin solitaire mais une histoire d’échanges, il faut partager nos envies et nos questions avec d’autres chrétiens, et être entouré de la prière de l’Eglise. 
Une certitude doit nous donner du courage et nous apaiser : Dieu est aux commandes et quand il nous appelle à quelque chose, il sait se faire entendre et n’hésite pas à répéter ! 

Alors avançons dans la paix, car comme l’écrit Paul en 1 Thessaloniciens 5.14, « celui qui nous a appelés est fidèle » ! 

Amen 


Questions pour les groupes de partage

Note sur le texte : qui est « l’ange de l’Eternel » ? 
Il s’agit de Jésus, le Fils, avant son incarnation. De fait, Dieu apparaît à Moïse dans sa personne toute entière - Père, Fils et Saint-Esprit. Ainsi Christ n’est pas une créature de Dieu mais Dieu lui-même, actif dans la Création elle-même, et présent tout au long de l’histoire, engagé auprès de son peuple.


1. Quels sont les noms que Dieu se donne dans ce chapitre ? Que peut-on apprendre de ces différents noms ? 

2. Quelles sont les qualités, les caractéristiques de Dieu qui apparaissent dans ce passage ? 

3. La promesse de Dieu à Abraham en Genèse 12.2-3 était : « 2Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom. Sois en bénédiction. 3Je bénirai ceux qui te béniront, qui te bafouera je le maudirai ; en toi seront bénies toutes les familles de la terre. »
De quelle manière Dieu répond-il à cette promesse dans le passage d’Exode 3.2-10 ? 
Est-ce que cette promesse nous concerne ? 
4. Dieu se révèle ici comme celui qui entend nos prières, voit nos souffrances, est touché par elles. En quoi cela peut-il nous aider en période de difficulté  ? 

Questions personnelles : 

5. Vous êtes-vous déjà senti appelé à quelque chose ? Comment cela s’est-il passé ? 

6. Y a t’il en vous un appel, un désir, dont vous vous demandez s’il vient de Dieu ? Avec qui pourriez vous en parler ? 

7. Si vous étiez à la place de Moïse, quelles seraient vos objections à Dieu ? Qu’est-ce qui en vous a encore besoin d’être purifié par Dieu? 


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