Prédication du 4 décembre 2016 - Les 5 missions de l’Eglise : l’enseignement Ephésiens 4.1-6 ; 11-16 (S.Guiton)

Depuis quelques semaines, avec Frederic Separi, nous parcourons les 5 missions essentielles de l’Eglise chrétienne. 

Nous avons évoqué l’adoration, le service, la communion fraternelle. Et aujourd’hui, l’enseignement portera… sur l’enseignement dans l’Eglise !

Comme on le dit souvent dans ces cas-là, « le sujet est vaste… ».

Pour l’aborder, permettez moi de commencer par une question : diriez-vous que vous venez-vous à l’Eglise pour être « enseignés » ? Et si oui, qu’attendez-vous de cet enseignement ? 


Si l’on faisait un tour de l’Eglise, il y aurait certainement une grande diversité de réponses. 

Ecoutons ce que l’apôtre Paul en dit dans sa lettre aux Ephésiens, 4.1-6 ; 11-16. 
1 Je vous encourage donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à vous comporter d'une manière digne de l'appel que vous avez reçu, 2 en toute humilité et douceur, avec patience. Supportez-vous les uns les autres, dans l'amour, 3 en vous efforçant de conserver l'unité de l'Esprit par le lien de la paix.
4 Il y a un seul corps et un seul Esprit, tout comme vous avez aussi été appelés dans une seule espérance, celle de votre appel ;
5 il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême,
6 un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous. (…)
11 C'est lui qui a donné les uns comme apôtres, d'autres comme prophètes, d'autres comme annonciateurs de la bonne nouvelle, d'autres comme bergers et maîtres, 12 afin de former les saints pour l'œuvre du ministère, pour la construction du corps du Christ, 13 jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'état de l'homme adulte, à la mesure de la stature parfaite du Christ. 14 Ainsi nous ne serons plus des tout-petits ballottés par les flots et entraînés à tout vent d'enseignement, joués et égarés par la ruse et les manœuvres des gens ; 15 en disant la vérité, dans l'amour, nous croîtrons à tous égards en celui qui est la tête, le Christ. 16 C'est par lui que le corps tout entier, bien coordonné et uni grâce à toutes les jointures qui le desservent, met en œuvre sa croissance dans la mesure qui convient à chaque partie, pour se construire lui-même dans l'amour.
 

Dans ce passage très dense, Paul indique à la fois le but de l’enseignement, et la façon dont nous avons à le recevoir. 
Son but : aider les les chrétiens à grandir. 
Grandir en quoi ? En ressemblance avec Jésus. « à la mesure de la stature parfaite du Christ ».

Et dans le but aussi que l’Eglise soit « apte à accomplir son service » (v.12).
Premièrement donc, Paul indique à ses destinataires le but à atteindre : que chaque membre du « corps » de l’Eglise grandisse, mûrisse - jusqu’à atteindre « la stature parfaite de Christ » (v.13). Autrement dit, qu’il devienne comme Jésus - et ce dans tous les aspects de sa vie : l’humilité, la douceur, l’amour sont évoqués dans ce passage. Autant de traits de caractère présents dans leur état de perfection en Jésus.

La barre est placée haut ! 

Paul compare cette croissance spirituelle que l’Eglise doit permettre à celle de l’enfant à l’adulte. 
Jésus de Nazareth incarne l’état adulte.
Le « tout petit » dans la foi lui, est comme un enfant fragile et influençable ; comme un bateau sans ancre solide, « ballotté par les flots et entraînés à tout vent d'enseignement, joués et égarés par la ruse et les manœuvres des gens » (v.14), il est en danger de se perdre.
Il lui faut donc grandir pour être capable de tenir bon. 
Ceux qui enseignent sont « donnés » par Dieu pour lui permettre cela - à la lumière de la Parole de Dieu, nommer le mensonge et proclamer la vérité. Annoncer l’Evangile. 
Et surtout transmettre l’enseignement de Jésus, « la connaissance du Fils de Dieu ».

Jésus avait d’abord confié cette mission aux apôtres, avant son départ, en Mathieu 28.19-20 : « Allez donc auprès des gens de toutes les nations et faites d'eux mes disciples ; baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à pratiquer tout ce que je vous ai commandé ».
A l’écoute du Saint-Esprit, les enseignants appelés par Dieu continuent cela dans l’Eglise. 
A travers nos prédications, c’est toujours la voix de Jésus qu’il nous faut ensemble essayer d’entendre. Lui seul est le véritable enseignant. 

Notons qu’il y a bien des façons d’enseigner dans l’Eglise. Dans notre culture, on pense spontanément au pasteur en costume derrière son pupitre. Mais Paul évoque plusieurs catégories de personnes : les apôtres, les évangélistes…  aujourd’hui encore, outre les pasteurs, il y a aussi les prédicateurs laïques, les enseignants, les moniteurs jeunesse…
Mais l’enseignement seul ne peut suffire à former des disciples de la stature de Christ.
Vous connaissez peut-être le proverbe : « il faut tout un village pour éduquer un enfant» ? 
De même, il faut les dons de toute l’Eglise pour que nous grandissions à l’image de Jésus.
C’est pourquoi, avec les enseignants de la Parole de Dieu, Paul cite aussi d’autres ministères, dont les « bergers », qui ont à coeur d’accompagner les autres. Et chacun est appelé à contribuer à la croissance de ses frères et soeurs en mettant en oeuvre ses propres dons : musique, hospitalité, écoute, encouragement, organisation…


De plus, dit Paul ici, le but de l’enseignement dans l’Eglise est de « former les saints pour l'œuvre du ministère, pour la construction du corps du Christ » (v.12).  
Qu’est-ce que cela veut dire ? 
La BFC parle de « rendre le peuple de Dieu apte à accomplir son service » (BFC) ; ; la TOB de « mettre les saints en état d’accomplir le ministère ». 

L’idée est la même : le but, ce n’est pas l’enseignement en lui-même : c’est le changement de vie que la Parole de Dieu enseignée inspire, et le « service actif » qu’elle commande. La mise en oeuvre de l’amour. Le passage à l’action. 

La mise en pratique est le but de l’enseignement : c’est une logique qui ne surprendra pas les les moniteurs d’auto-école… . Que diriez-vous d’un apprenti conducteur qui, assis au volant, écouterait vos explications sans songer un seul instant à tourner la clé pour les mettre en application ? 
La Bible répète cela à l’envi : l’écoute de la Parole sans la mise en pratique qui suit… ne sert pas à grand chose.

Dans les Evangiles, la pédagogie que Jésus met en oeuvre avec ses disciples est même fondée sur cette mise en pratique : Jésus enseigne, puis il met au défi, il pousse à l’action. 
Ainsi Jésus laisse Pierre découvrir lui-même, au moment où il renie son maître, que sa foi n’était pas si forte, et que sans une totale dépendance à Dieu, il ne pouvait tenir face aux oppositions. Alors Jésus a pu revenir vers lui, et lui confier son Eglise - et continuer à l’enseigner, car il était davantage prêt à écouter, après ça. 
Les « disciples », ou les apprentis, apprennent comme cela : je regarde comment fait le maître, et je l’imite le mieux possible. Il me corrige, parfois il me laisse faire tout seul - et me tromper ! Mais jamais le maître Jésus ne m’abandonne ou ne me déclare inapte. Et toujours il est là, pour me relever et compléter mon instruction. 

Il faut bien le dire, Jésus est un maître exigeant, qui nous demande des choses folles comme : aimer nos ennemis, ne pas juger, faire du bien à ceux qui nous haïssent, donner à celui qui demande sans attendre de retour… 
Une exigence à la hauteur de la sainteté de Dieu. 
Sainteté qui est hors de notre portée - sans Jésus. Allez faire cela, demain, au travail !!
Pas simple.  
Mais avec l’aide du Saint-Esprit, ces paroles deviennent un programme d’apprentissage accessible pour notre vie de disciples appelés « aux tâches du service » (v.12).
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Et tacher de les mettre ne pratique est le seul moyen de grandir spirituellement. 
C’est vrai, en faisant tous mes efforts pour aimer les autres comme Dieu me le demande, je vais vite toucher mes limites, mais une telle confrontation à la réalité me rendra davantage « enseignable », en m’apprenant l’humilité et en m’obligeant à revenir au Maître pour lui dire : je n’y arrive pas sans toi, Seigneur. Pardon, aide-moi. 
Mais tant que nous n’avons pas essayé, comment pouvons nous savoir où nous en sommes ? Nous sommes des élèves sans évaluation. 

Tant que nous pensons, comme c’est trop souvent le cas, que la croissance attendue est celle de nos connaissances bibliques, comment pouvons nous grandir à la ressemblance de Jésus ? 
A titre d’exemple, permettez-moi de vous parler ici de Françoise. 
Françoise, vous ne la connaissez pas. Je l’ai connue dans une autre Eglise, et je change ici son nom, par égard pour elle. Je ne veux pas l’évoquer pour la juger mais parce que son cas m’a fait réfléchir. 
Françoise est une retraitée fort sympathique, qui a grandi dans l’Eglise en question et qui est fidèle au culte. Elle participe à la vie de l’Eglise depuis des années, avec sérieux. 

Un jour, à la fin d’une prédication, elle me dit : « La Bible, elle ne m’apporte plus rien. Je la connais par coeur. Je ne vois pas ce que je peux apprendre de plus ». 
Aucune souffrance dans ces paroles, plutôt l’air un peu désabusé de celle qui a suivi le cours pendant 40 ans et qui connaît les réponses par coeur. Et qui se demande ce qu’elle peut bien apprendre de plus. 
Cette discussion m’a fait réfléchir : qu’attendait Françoise de l’enseignement à l’Eglise? 
Elle connaissait bien des versets par coeur, tous les enseignements de Jésus… Elle savait qu’il lui fallait aimer les autres comme elle-même, aimer Dieu. 
Que lui manquait-il pour aller plus loin ?

Au risque d’être un peu direct… peut-être aurait-il fallu poser la question… à ses enfants. A son mari. A ses voisins. 
Quelle note lui auraient-ils mis dans les matières suivantes : « amour », « écoute », « disponibilité », « service » ? 
Cela peut paraître dur, mais c’est pourtant ainsi que Jésus nous appelle à nous évaluer nous-mêmes : « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous sauront que vous êtes mes disciples ». 
Laissons Françoise tranquille, et posons-nous la question à nous-mêmes : 
Que disent mes actes, mes paroles, mon caractère ? Quel écart avec les actes, les paroles, le caractère de Jésus révèlent-ils ? 
La réponse nous indiquera dans quel domaine nous avons besoin de grandir encore, d’être enseignés et mis au défi de la pratique.  

Que ce diagnostic ne nous décourage pas. Tenons ferme. Il est clair que cette croissance en maturité qui n’est pas automatique, ni magique, demande de notre part à tous un effort. Ce programme de disciple, nous sommes appelés à le suivre par petits pas modestes, mais décidés
Jésus notre maitre est doux et plein de grâce : il attend simplement de nous que nous reconnaissions devant lui ce qui pèche, pour recevoir son pardon - et ses encouragements.
Patiemment, son Esprit de vérité, qui éclaire pour nous la Bible, nous rappelle la loi, la juste façon de vivre - tout en nous redisant aussi l’accueil que Dieu nous offre : même tout-petit, mauvais élève, vieux cancre lent à comprendre, nous sommes acceptés et aimés grâce à Jésus-Christ. 
Notre diplôme de salut, Jésus l’a déjà obtenu pour nous - alors nous pouvons apprendre sereinement, et joyeusement, écouter et agir - en comptant  sur celui qui nous rend aptes à le faire. 

Comme Paul le dit encore au v.1, nous avons besoin dans cet apprentissage d’humilité, de patience et de douceur.
Patience envers les autres, et envers nous-mêmes, pour continuer à essayer malgré nos échecs. 
Douceur, envers les autres, et envers nous-mêmes : pour nous faire grâce de notre immaturité. Seul Jésus est parfaitement « adulte » spirituellement.  

Pour finir,  Dieu ne nous laisse pas seuls à l’école des disciples. Dieu nous donne les uns aux autres, pour que nous nous aidions mutuellement à grandir. 
Peut-être que cela, Françoise l’a découvert, elle qui ne savait plus quoi attendre de sa vie avec Dieu. 
Elle a peut-être rejoint un groupe de partage, avec quelques autres chrétiens.
Ils se voient de temps en temps, pour explorer les enseignements de la Bible et voir comment les vivre dans leurs vies compliquées.
Dans ce cadre, elle s’est engagée à prier pour un autre chrétien, qu’elle« enseigne » aussi en partageant ce qu’elle a reçu au cours de sa vie de foi. 
Et ils se lancent de petits défis de « mise en pratique de la Parole », pour en reparler ensuite, et prier les uns pour les autres…

De cette manière, ensemble, Françoise et son groupe travaillent modestement à « construire le corps du Christ », par petites briques d’obéissance posées dans leur vie quotidienne. 
Ainsi, Françoise continue à grandir, et la Bible a retrouvé pour elle son sel, sa saveur, sa richesse, parce qu’elle éclaire son quotidien
Que nous puissions ainsi, les uns par les autres, « croître à tous égards en celui qui est la tête » de notre Eglise, et qui nous enseigne : le Christ.

Amen

Je vous invite à conclure par un temps de prière : 

Demander à Dieu trois choses : 
Seigneur, 
Cette semaine, je veux méditer ta Parole. 
Montre-moi dans quel domaine j’ai besoin de t’obéir, mettre en pratique ce que tu me demandes. 
Montre-moi quel petit défi je dois relever, quel pas d’obéissance je peux faire, aujourd’hui même.


Montre-moi qui, autour de moi, je peux aider à grandir. 

Sylvain Guiton 


Questions de discussion pour les petits groupes : 

Questions pour commencer : allez-vous à l'Eglise pour être "enseigné" ? Et si oui, qu'attendez-vous de l'enseignement  ? 

Pour aller plus loin : 
1. Pourquoi est-il important de chercher à grandir en maturité dans la foi ? Que se passe-t’il si nous ne le faisons pas ? 

2. Que conseilleriez-vous à Françoise (voir prédication) pour l’aider à grandir encore dans la foi ?

3. Dans ce passage, Paul explique que les pasteurs, évangélistes etc. sont donnés pour « former », « rendre apte » les autres chrétiens « pour accomplir l’oeuvre du ministère ».
Est-ce cela change quelque chose dans votre compréhension de ce qu’est l’Eglise, et de comment elle fonctionne ? 
Quel peut être ce « ministère » auquel Paul fait allusion ? 

4. Comment pouvez-vous contribuer à la « croissance » spirituelle de vos frères et soeurs en Christ ? Qu’est-ce qui vous empêche ou pourrait vous empêcher de mettre vos dons en oeuvre pour cela ? 

Temps de prière : 
5. Comment ce passage oriente-t’il votre prière : 
pour vous-même ? 
pour votre Eglise ? 

6. Vous pouvez finir par un temps de prière en silence à partir des questions posées en fin de prédication : 
Seigneur, 
Cette semaine, je veux méditer ta Parole. 
Montre-moi dans quel domaine j’ai besoin de t’obéir, mettre en pratique ce que tu me demandes. 
Montre-moi quel petit défi je dois relever, quel pas d’obéissance je peux faire, aujourd’hui même.
Montre-moi qui, autour de moi, je peux aider à grandir. 






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