Prédication du dimanche 11 juin 2017 - Psaume 16 : le chemin de la joie (S.Guiton)

[Je voudrais remercier E. et M. pour la simplicité et l’authenticité avec laquelle ils ont partagé leur parcours de foi, sans cacher non plus leurs difficultés et leurs doutes. Je les remercie car il leur a fallu du courage pour faire cette démarche. Se livrer en public, c’est un exercice risqué. Et puis, ils ont relevé le défi de mettre des mots sur ce qui les a conduits, aujourd’hui, à demander le baptême. Ce qui les a menés à choisir de vivre leur vie avec Dieu].

Pas évident de parler de ces choses. Qu’est-ce qui nous amène à la foi ? Qu’est-ce qui nous attire vers Dieu ? Certains diront : culture familiale. Les choses ne sont pas si simples.

Quelque chose de plus profond est à l’oeuvre, et pour tenter de l’exprimer, j’ai pensé à une image. 

Parfois, dans un coin de rue, on voit une de ces fleurs sauvages pourtant toutes fragiles en apparence qui perce une épaisse couche de goudron. 

Et si c’était comme ça avec Dieu ? Dieu qui doucement fait pousser sa vie - d’une façon inattendue - sous le bitume de nos coeurs. De nos coeurs bétonnés à cause de blessures, de trahisons, d’abus. Couverts sous une couche d’inquiétude ou de souffrance. 

Mais sous l’action douce et patiente de Dieu, quelque chose en nous pousse, qui veut sortir. Quelque chose de lumineux, qui a le parfum du printemps, de la vie… le goût sans arômes artificiels d’un bonheur simple et profond ! 

C’est un peu comme cela que notre 3e témoin du jour, David, parle de sa foi. 

Ecoutons maintenant son témoignage, qu’on trouve dans la Bible. C’est une prière écrite il y a 3000 ans par cet homme qui était le plus grand des rois d’Israël. 

Psaume 16. 

1 Poème de David. Ô Dieu, tu es mon abri, protège-moi !

2 Je dis au SEIGNEUR : « Tu es mon plus grand bonheur. »

3 Dans ce pays, ceux qui appartiennent à Dieu sont des gens de valeur. C'est eux qui ont la vraie grandeur que j'apprécie.

4 Mais ceux qui s’affairent à cherchent les faveurs des autres dieux ne font qu'augmenter leurs tourments. Je n'offrirai pas leurs offrandes de sang. Je n'aurai pas même leur nom sur mes lèvres.

5 L’Eternel est ma part et la coupe où je bois. Tu garantis la part que j’ai reçue. 

6. Tu en as fixé les limites, c’est un jardin plein de délices ; mon héritage est merveilleux. 

7 Oui, je remercie le SEIGNEUR qui me conseille. Même la nuit, les profondeurs de mon être m’instruisent.

8 Sans cesse, je me souviens du SEIGNEUR. Puisqu'il est près de moi, je ne tombe pas.

9 Alors mon cœur est dans la joie, je danse de joie, mon corps repose dans la paix.

10 Non, tu ne m'abandonnes pas dans le monde des morts, tu ne laisseras pas ton serviteur fidèle se décomposer dans la tombe.

11 Tu me fais connaître le chemin qui conduit à la vie. Il y a d’abondantes joies dans ta présence, un bonheur éternel près de toi.

Pour une fois, voilà quelqu’un d’heureux, et une prière enthousiaste ! C’est comme si David essayait de dire à quel point Dieu le rend heureux, mais que les mots lui manquaient pour le faire. Alors il multiplie les images, il enchaîne les expressions fortes : « mon plus grand bonheur », « un cadeau magnifique », « mon cœur se réjouit, je danse de joie »…

Quelle est la dernière fois que vous avez dansé de joie ?!  J’imagine que vous avez bien vérifié avant si personne ne vous regardait ? 

Est-ce que c’était parce que Dieu vous remplissait de bonheur ?! 

David, lui, n’a pas honte de le dire : Dieu lui procure tellement de bonheur que ça le fait danser ! 

D’un côté, on n’est pas surpris que la foi en Dieu procure des sentiments positifs : sinon, pourquoi Eva et Mark demanderaient-ils le baptême ? Personne ne les oblige !

En même temps, une telle expression de bonheur, ça intrigue. C’est tellement décalé, dans notre monde. Est-ce que cet homme prie Dieu pour éviter d’affronter courageusement ses problèmes ? 

Ou bien, est-ce que c’est un bonheur de privilégié ? Si David est roi, ça doit être plus facile  pour lui de se sentir heureux, parce qu’il est puissant et riche. 

Etonnement, ni l’un, ni l’autre.David a écrit cette prière à un moment où il était dans la plus grande difficulté, justement à cause de sa royauté. A ce moment-là, il se cache dans le désert, pourchassé comme un criminel, trahi par ses plus proches amis, et il vient de frôler la mort. 

Et sa prière montre que justement, il regarde tout cela bien en face, devant Dieu. Et c’est précisément ce qui lui permet de déclarer : « Il y a d’abondantes joies devant ta face » : parce que, dans la prière, il fait un chemin intérieur qui modifie son regard sur ce qu’il vit, et sur lui-même.

Un chemin intérieur pour passer de l’angoisse - « ô Dieu, protège-moi ! » - à l’affirmation de la foi : « il y a d’abondantes joies devant ta face » ! 

Ce chemin est tout sauf balisé. David y avance dans un dialogue très libre avec Dieu, et il y met tout son coeur ! La Bible appelle ça « chercher la face » de Dieu. On prie à tâtons, mais bien décidé à rencontrer Dieu. 

C’est en s’approchant ainsi de Dieu que David va trouver la joie, dans sa présence.

Parcourons après lui ce chemin en trois étapes, car il peut nous aider à trouver notre propre voie vers Dieu. 

Dans sa prière, tout commence par ce cri : « protège-moi ». Crier à Dieu, c’est un premier pas de foi, une première fissure dans le bitume. Découvrir qu’on ne maitrise pas notre propre vie - alors qu’on croyait le contraire - et croire qu’il y a un Dieu qui la tient dans sa main, et veut nous aider. 

D’abord, donc, déposer devant Dieu ce qui nous occupe le coeur et l’esprit. Y a-t’il une chape de béton qui pèse sur nous, et que nous cherchons à percer ? 

Ensuite, sous le regard bienveillant de ce Dieu d’amour, examiner notre vie. La regarder en vérité, sans nous mentir. Et examiner ce qui se passe autour de nous et en nous. 

David fait cela à partir du verset 3 : d’abord, les autres options qu’il pourrait suivre, en dehors du Dieu d’Israël : adorer un autre dieu ? 

Conclusion : non. « Ceux qui s’affairent à cherchent les faveurs des autres dieux ne font qu'augmenter leurs tourments ». 

Chez les concurrents du Dieu d’Israël, on promettait le bonheur avec les mêmes recettes qu’aujourd’hui : argent, sexe, pouvoir, réussite sociale… Des choses bonnes en elles-mêmes, certes, mais il est difficile de ne pas en faire des dieux, c’est-à-dire d’attendre d’elles qu’elles comblent notre faim intérieure. Notre désir de percer le bitume. 

David qui a goûté à tout ça, comme nous tous, a eu dans la bouche le goût amer de la désillusion, car les dieux de l’argent, de la réussite ne sont jamais satisfaits, ils nous poussent à nous « affairer » sans répit, se nourrissent de nous et nous dessèchent. De ce côté-là, on n’a rien à gagner sinon davantage de soucis, dit David. 

De l’autre côté, remarque-t’il, « ceux qui appartiennent à Dieu sont des gens de valeur. C'est eux qui ont la vraie grandeur que j’apprécie ».

Ces personnes-là dégagent au contraire un parfum de vie. [Mark et Eva ont eux aussi évoqué de tels chrétiens qui leur ont donné envie de connaître Dieu]. 

La responsabilité est réelle pour nous, chrétiens : nous pouvons donner envie à d’autres de chercher Dieu - ou les en dissuader, par notre manque de joie et d’amour, notre manque de cette « vraie grandeur » qui vient d’une foi sincère et humble,  qui laisse Dieu rayonner par nous ! 

Mais un tel rayonnement ne se produira que si nous cherchons, comme David, une rencontre intime et régulière avec le Dieu vivant, dans la prière. 

Dans la suite du psaume, David en quelque sorte décrit les « fleurs » que Dieu fait pousser en lui, dans ces moments où il se tient dans sa présence. Après l’observation du monde autour, c’est l’examen intérieur, cette fois. David l’expérimente dans tous les aspects de sa vie que l’Eternel est bien celui qui fait « connaître le chemin qui conduit à la vie » (v.11) : « mon coeur se réjouit, mon corps est en sécurité », dit-il.

Dieu le « conseille », le guide dans une relation très intime - « dans mes reins », dit le texte hébreu. Dieu est tout ce dont David a besoin pour satisfaire sa faim et sa soif. Son « héritage » et son plus grand bien. Celui qui prend parfaitement soin de lui : « tu garantis la part que j’ai reçue, tu en as fixé les limites, c’est un jardin plein de délices ». 

Ainsi, progressivement, en relisant sa vie, David y voit de nombreux signes de la présence et de l’action de Dieu. 

Et cela le fait passer de l’angoisse à la paix, de l’inquiétude à la joie. 

Est-ce que nous ne pouvons pas, nous aussi, prier Dieu dans cette attitude là, qui est celle de la reconnaissance : « Seigneur, aide-moi à voir les fleurs discrètes que tu fais pousser au lieu de me lamenter sur la présence de tout ce béton partout ».

« Aide-moi à te découvrir ainsi, présent avec moi, au coeur de ce que je vis, comme un Père proche, plein d’amour, qui prend soin de moi ».

« Ouvre mes yeux ! » prie David dans un autre psaume (119) 

Si nous prenons le temps de faire ce chemin, dans la prière, de l’appel au secours à la relecture de notre vie, pour y voir la présence de Dieu, nous expérimenterons alors nous aussi cette joie profonde, qui fait danser David !

D’autant plus que Dieu nous promet sa présence non seulement maintenant, mais aussi pour un bonheur au delà de la tombe. 

« Sans cesse, je me souviens du SEIGNEUR. Puisqu'il est près de moi, je ne tombe pas… Tu ne m'abandonnes pas dans le monde des morts, tu ne laisseras pas ton serviteur fidèle se décomposer dans la tombe. Tu me fais connaître le chemin qui conduit à la vie. Il y a d’abondantes joies dans ta présence, un bonheur éternel près de toi ».

L’affirmation est puissante. Sans le savoir, David prophétise ce qu’à vécu Jésus mille ans plus tard (Actes 2.22) : Jésus, Dieu fait homme s’est laissé exécuter sur une croix, par amour pour nous tous, confiant que Dieu le Père ne « l’abandonnerait pas dans le monde des morts ».

Et effectivement, Dieu l’a ressuscité, le matin de Pâques, ouvrant ainsi le chemin pour nous.  

Ces paroles de David sont vraiment un encouragement pour chacun d’entre nous [notamment pour vous, Eva et Mark] : oui, vivant et présent, Jésus ne déçoit jamais celui qui se donne à lui. 

Lui qui marche avec nous sur le sentier, il saura nous combler de cette joie paisible, profonde, tranquille, forte. 

Joie forte que Dieu fait pousser chaque jour à travers le bitume de ce monde blessé. 

Joie réaliste qui n’interdit pas la révolte face au terrorisme ou aux injustices, au contraire. 

Mais qui rejaillit toujours, provocante et résistante, face au mal et au désespoir qui cherchent à emporter le monde. 

Joie profonde parce que le fils de Dieu ressuscité nous ouvre l’espérance que même lorsque le béton de la mort sera tombé sur nous, la vie de Dieu viendra le percer, et que nous entrerons pleinement dans un bonheur éternel avec lui. 

Joie surnaturelle qui est un avant goût du monde à venir, ancré en nous, fruit mystérieux de la présence du Saint Esprit - comme l’amour, la paix, la patience, la bonté, la confiance dans les autres, la douceur… » (Galates 5.22).

C’est bien de cette joie dont Jésus parle, lorsqu’il nous dit ceci  :

« Vous aussi, maintenant, vous êtes tristes, mais je vous reverrai. Alors votre cœur sera dans la joie, et cette joie, personne ne pourra vous l’enlever ».

Jean 16.22

Et il ajoute cette promesse : « Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de lui ». 

Comment vivre cela ? Je vous propose quelque chose pour avancer :  cette semaine, prendre chaque jour 10 mn, le soir, pour vous placer devant Dieu et relire votre journée avec lui. 

Méthode :

2 mn de silence. Prendre conscience que je suis devant le Dieu éternel, qui se réjouit que je m’approche de lui. 

Qu’est-ce que je ressens ? Y a t’il des choses qui me posent ? Je les dis à Dieu, je les dépose entre ses mains. 

Merci

Pardon

S’il te plaît 

Partage d'un beau livre pour nourrir son temps de méditation biblique et de prière : 

https://www.xl6.com/articles/9782755002898-rendez-vous-quotidiens-etre-present-a-dieu-au-fil-des-jours