Prédication : Les Missions de l'Eglise : l'adoration (F. Separi)
Première mission de l’Eglise : L’adoration (Diapo noire) le 6 nov 2016
Nous
aimerions, le pasteur Sylvain Guiton et moi-même, passer en revue les 5 grandes
missions de l’Eglise, les 5 grands buts confiés par Dieu à l’Eglise de
Jésus-Christ au cours des dimanches qui viennent.
Les plus anciens parmi nous s’en souviennent peut-être encore, car elles
avaient fait l’objet d’un document de référence voté en AG générale il y a de
cela quelques années. (Diapo 5 missions) Il s’agit de 1) l’adoration, 2) de la communion fraternelle,
3) de l’enseignement de Parole, 4) de l’évangélisation et 5) du service. Ce
ne sont pas des missions que nous nous sommes choisies de manière spécifique. Pas
du tout, il s’agit là de missions universelles qui concernent les Eglises de
tous les temps, et je pourrais même ajouter de toute sensibilité. Ces 5 grands
axes sont le résultat d’une compilation et synthèse des commandements de Jésus
et paroles des apôtres dans le Nouveau Testament.
Et je vous
propose donc de commencer cette série ce matin en méditant le premier sujet
: l’adoration. Qu’est que l’adoration ? Pourquoi adorer Dieu ?
(et j’ajoute une question qui peut paraitre égoïste) En quoi cela peut-il nous
être utile d’adorer Dieu ? Et pour introduire ce thème, j’aimerais tout
simplement relire une parole lue dimanche dernier par Sylvain, et qui a été
prononcée par Jésus face à la dernière tentation du diable : (Diapo Matt
4.10)
Matt 4. 10 : il est écrit :
Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul.
Jésus cite
ici le Deutéronome et résume par la même occasion les premiers commandements du
décalogue : « tu n’auras pas d’autre dieux que moi ; tu ne te
feras pas une représentation quelconque des choses de ce monde pour les
adorer. »
Dans
l’étymologie grecque du mot « adorer », il y a l’idée d’un mouvement de
prosternation, l’image d’une personne qui s’abaisse à terre, et cette attitude
du corps suggère que celui que nous adorons est plus grand que nous-mêmes, et
qu’il mérite que nous lui donnions tout sans réserve. La Bible précise qu’il n’y
a que Dieu seul, l’Eternel Créateur qui peut légitimement recevoir une telle
adoration. On retrouve un abandon semblable dans le premier commandement
d’amour (Diapo
Deut 6.7) qui s’énonce ainsi : Tu aimeras, l’Eternel, ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de
toute force … Il n’y a ni réserve, ni limites, ni ombre d’une négociation
dans l’amour qui est offert ici … C’est un abandon de nous-même. Dans la même
idée, l’apôtre Paul écrit à trois reprises dans l’épître aux Ephésiens que « nous avons été créés pour célébrer la
gloire de Dieu » C’est très fort !
(Diapo noire) Peut-être certains se diront que
cette exigence de Dieu est excessive et choquante, et qu’elle ressemble étrangement
à celle demandée par les tyrans d’autrefois à la fois mégalomanes et égotiques
… Mais il ne faut pas projeter sur le Dieu d’amour qui nous a tout donné, ce
qui habite le cœur des hommes égoïstes, et parfois nos propres pensées. Il y a
deux raisons principales pour lesquelles cette adoration est bonne et légitime.
La première
raison, c’est la grandeur même de Dieu, sa dignité, son mérite, sa gloire
légitime. Nous sommes objectivement tout petits devant lui et nous lui devons
tout. Et si nous avons néanmoins de la valeur, c’est à cause de son amour envers
nous !
La seconde
raison, et c’est celle-ci que je souhaite développer ce matin, est que
l’acte d’adorer est tout simplement vital pour nous. Vous ne le savez peut-être pas, mais nous
sommes tous des adorateurs-nés ! Consciemment ou pas, nous sommes sans
cesse en recherche d’un ou plusieurs absolus qui nous dépassent pour en faire
l’objet de notre adoration ! Les poètes qui nous parlent de la grandeur de
l’amour, de la beauté de la nature, de la valeur infinie de la vie font que
cela … ou presque !
La question
n’est pas de savoir si nous allons être adorateurs ou pas, mais elle est plutôt
de savoir vers qui ou vers quoi va se porter notre adoration, notre
idéalisation, notre recherche d’absolu.
J’aimerais
vous donner quelques exemples d’adoration qui s’ignorent …
Le premier
exemple est une citation tirée d’une pièce de théâtre d’Alfred de Musset qui
s’intitule « On ne badine pas avec l’amour », et voici ce qu’il fait
dire à l’un de ses personnages (le
langage est un peu cru): (Diapo Alfred de Musset)
« Le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les
plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fanges ; mais il
y a en ce monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres
si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé, et
souvent malheureux, mais on aime ! Et quand sur le bord de sa tombe, on se
retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent,
je me suis trompé quelques fois, mais j’ai aimé … »C’est beau, c’est très bien dit, mais nous avons là un bel exemple d’absolutisation de l’amour humain. Bien sûr, l’union entre un homme et une femme est quelque chose de sublime, un véritable cadeau de Dieu. Mais en faire son idéal, sa raison de vivre, c’est se tromper dans son adoration, la réduire excessivement. Ce cadeau de Dieu doit plutôt nous conduire vers la bonté du Créateur, et pas seulement vers la créature, ou nos émotions amoureuses.
Une autre citation sans rapport avec la première tiré d’un ouvrage écrit par Liu Shaoqi qui fut président du la république populaire de Chine en 1939 : (Diapo Liu Shaoqi)
« A tout moment et en toute chose, un communiste doit considérer d’abord l’intérêt général du Parti et le placer au premier plan, au-dessus des problèmes et de son intérêt personnels. (…) Selon ce principe, chaque communiste doit s’assurer que, dans ses pensées comme dans ses actes, son intérêt personnel s’identifie complètement avec l’intérêt du Parti. Il doit être capable, s’il y a conflit entre eux, de soumettre le premier au second, de le sacrifier sans la moindre hésitation ni la moindre répugnance. Etre prêt à sacrifier sans aucune hésitation son intérêt personnel, et même sa vie, pour le Parti et le prolétariat, pour la libération nationale et l’affranchissement de toute l’humanité … »
Cette fois l’objet d’adoration est tout autre, il s’agit de l’idéal humain proposé par le communisme chinois du début du XXème siècle. Un idéal devant lequel tout désir humain, tout intérêt personnel doit venir s’incliner, voire même s’effacer, devant lequel tout individus doit venir se prosterner. C’est là encore une forme d’adoration devant une cause plus élevé que l’homme lui-même.
Un dernier exemple plus récent et moins solennel que j’ai pioché
dans les « tweets » des fans de Michaël Jackson au moment où les
medias nous ont appris sa mort en 2009 : (Diapo M. Jackson)
Voici ce qu’une jeune
fille a écrit avec 34 points d’exclamation dans le texte (le point ordinaire n’existe pas chez elle) : "Je suis abasourdie par cette annonce.
Un grand artiste, un géant ! Personne ne le remplacera, il est unique ! Je
l'aime beaucoup et le regarder danser était un régal pour moi. Quant aux
accusations dont il a fait l'objet, je n'y ai jamais cru et n'y croirais
jamais !
Un jeune homme ajoute de
son côté : Un nouvel immortel est né
à côté de Lenon, Elvis, Piaf.... Un véritable magicien qui a inspiré et
inspirera à nouveau toutes les nouvelles générations artistiques par son
adéquation parfaite avec notre civilisation moderne. Michaël Jackson mort, mais
il n’a pas disparu".
Certains vénèrent la nature, d’autres adulent la science, d’autres
se confie dans le dieu argent , d’autres ne vivent que pour le plaisir,
d’autres ont des discours vibrants pour la grandeur de homme (avec un grand H),
d’autres en revanche adore une idole plus petite mais très importante à leurs
yeux qui est leur propre « moi » (Le narcissisme est la religion
en vogue en ce moment).
Aucune de ses
choses n’est vraiment mauvaise en elle-même, elles peuvent même devenir autant
de tremplins pour nous conduire vers Dieu, mais aucune ne mérite d’être
idéalisée, absolutisée, adorée comme elles le sont si souvent.Cette dérive se produit parce que nos contemporains sentent au fond d’eux-mêmes une aspiration confuse à suivre un idéal, à contempler un absolu, à vivre pour quelque chose de plus grand que leur propre personne, quelque chose qui les élève !
L’Ecclésiaste écrit (Diapo Ecc 3.11) : 3.11 Dieu a placé dans le cœur de l’homme la pensée de l’éternité … et c’est une pensée qui se renouvelle chaque jour, et qui ne nous lâche pas, qui est un besoin profond de son âme, comparable à la faim et à la soif du corps. Et quand par malheur, il arrive que cette faim ou cette soif disparaissent, à force d’être contenues, ou refoulées alors l’homme tombe en dépression. (Diapo noire)
Nous sommes tous des adorateurs-nés, nous sommes tous tendus vers
quelque chose de plus grand que nous, la bonne question n’est pas de savoir si
nous sommes, oui ou non, des adorateurs, mais elle est plutôt de savoir vers
qui ou vers quoi notre adoration se porte-t-elle ?
A ce jour, il n’a jamais été trouvé de peuple, ni même de tribus (Diapo pygmées), y compris
parmi les plus isolées au cœur de la forêt amazonienne qui ne se soit pas
révélée religieuse ? Comme si le phénomène était universel, comme si le propre
de l’homme était d’avoir soif d’un idéal, d’avoir faim d’une réalité plus
grande que lui-même. On peut même se demander si la meilleure définition de
l’être humain n’est pas tout simplement qu’il est un être religieux.
Le philosophe, physicien mathématicien Blaise pascal, un génie de
son temps a bien résumé cette pensée (Diapo Pascal) quand il a
écrit : Il y a dans le cœur de l’homme un vide en forme de Dieu.
Dans le Psaume 63, le roi David nous montre un bel exemple de cette soif qui habite le cœur de l’homme et qui trouve son plaisir en Dieu.
(Diapo Ps 63) Ps 63. 1 O
Dieu ! tu es mon Dieu, je te cherche ; Mon âme a soif de toi, mon
corps soupire après toi, comme dans une terre aride, desséchée, sans eau.
2 C’est
pourquoi Je te contemple dans le sanctuaire, Pour voir ta puissance et ta
gloire.
3 Car ta bonté vaut mieux que la vie: Mes lèvres
célèbrent tes louanges.
4 Je te bénirai
donc toute ma vie, J’élèverai mes mains en ton nom.
5 Mon âme sera
rassasiée comme de mets gras et succulents, Et, avec des cris de joie sur les
lèvres, ma bouche te célébrera.
Le sabbat divin, le jour de repos, qui était aussi un jour d’adoration était justement fait pour cela… Il était destiné à nous libérer de l’esclavage induit par la chute. Car, seul Dieu par sa présence est capable de nous hisser à notre juste place et de nous rendre ainsi le bonheur.
(Diapo
Matt et Deut.) Matt 4.10 : Tu adoreras le
Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul !
Deut 6.8 Tu ne te
feras point d’image taillée, de représentation quelconque des choses qui sont
en haut dans le ciel, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux
plus bas que terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne serviras
point …
Aucune
portion de la création aussi belle soit-elle ne peut faire l’objet de notre
adoration. (Diapo
noire) Même les attributs de Dieu pris séparément ne doivent pas
être adorés, car c’est de leur interaction et de leur équilibre parfait que
jaillit la paix, l’émerveillement et la satisfaction de notre cœur. La sainteté
de Dieu est belle parce qu’elle est imprégnée d’amour. L’amour de Dieu est parfait
parce qu’il demeure toujours juste dénué de favoritisme. La justice de Dieu est
admirable car elle laisse la place à la compassion. C’est bien la personne
de Dieu que nous sommes appelés à adorer et non pas l’un ou l’autre des
attributs divins. Christ est venu nous révéler la personne de Dieu le Père,
l’Esprit Saint est venu nous y faire gouter ! Ce ne sont pourtant là que
les prémices du monde à venir !
L’adoration
dans le royaume du Père, ne sera en aucune manière un fardeau à accomplir contre
sa volonté, mais ce sera un élan joyeux spontanée comparable à l’admiration
émue des fiancées l’un pour l’autre, comparable à l’amour décrit dans le Cantique
des cantiques.
Nous ne
sommes jamais autant humains que lorsque nous contemplons et adorons celui qui
nous a créés. Savoir que nous sommes des adorateurs, c’est comprendre une
vérité essentielle sur notre nature humaine. Et bien sûr, il ne faut pas la comprendre
seulement, mais il convient aussi de la sentir, de la gouter avec l’aide de
l’Esprit Saint.
---------------------
Il me faut maintenant conclure mon message avec quelques éléments pratiques et
j’aimerais terminer avec cette question (Diapo quest) : Comment grandir dans notre adoration ?
Dans le
domaine spirituel, notre action est toujours indirecte. On ne peut pas
décider d’adorer comme on décide de planter un clou dans un mur, toutefois on
peut se donner les moyens de favoriser notre adoration.
Le premier
des moyens est simplement d’ouvrir les yeux sur ce que Dieu nous donne chaque
jour. Comme je l’ai dit au début du message la beauté de la nature, l’affection
d’un enfant, l’amitié d’un collègue, l’amour d’un conjoint peuvent nous servir
de tremplin pour nous approcher de Dieu. Pas une fin en soi, mais un chemin
vers le Père, surtout si vous apprenez à rendre grâce pour chaque belle chose
de la vie, à dire merci pour ces petits étincelles de bonheur qui sont comme
autant de cadeaux (Je vous encourage à ce
sujet à lire le livre Mille cadeaux d’Ann Voskamp … !) Dieu
s’approche de nous quand nous Lui offrons nos actions de grâces.
Le second
moyen (Diapo
noire) consiste à libérer un peu de temps dans notre
tourbillon incessant d’activités afin de nous de nous poser et de nous mettre à
son écoute, par sa Parole, et par l’écho que l’Esprit donne à cette Parole dans
notre propre cœur. Libérer ce temps nécessitera peut-être de faire des choix,
de poser des priorités.
Troisièmement,
puisque l’adoration est avant tout une rencontre, il nous faut bien entendu tenir
compte de la volonté de celui que nous souhaitons rencontrer qui est Dieu ici,
et qui de plus est de plus bien plus grand que nous. Quand nous approchons de
Dieu le Père dans la prière, il faut commencer par ôter ce qui lui déplait,
éventuellement lui demander pardon pour nos fautes, avant de le supplier de se révéler
à nous par son Esprit et par sa Parole.
Quand
est-il du culte du dimanche matin ? (Diapo culte) Que pensez de l’adoration que
nous lui offrons collectivement le dimanche matin? Les plus honnêtes parmi nous, dirons peut-être
que leur attention est souvent fluctuante, que leurs pensées vagabondent un peu
trop, et que leur cœur n’est pas
toujours aussi entier qu’il le faudrait. Une bonne disposition du coeur se
prépare avant même de venir au culte et de franchir la porte d’entrée.
Mais je souhaite malgré tout être encourageant et dire que votre
présence physique est déjà en elle-même une adoration, si tu moins elle est volontaire.
Elle envoie un message à vos frères et sœurs en Christ, à ceux qui nous
visitent, et à Dieu notre Père bien sûr; et ce message est que Dieu est
digne qu’on lui consacre une heure (ou même deux) de notre temps chaque semaine.
Par votre
présence, vous proclamez que l’honneur
et la gloire de Dieu comptent pour vous, suffisamment pour faire le voyage de
chez vous jusqu’en ce lieu, suffisamment pour que vous vous associez aux chants
et aux prières en son honneur, et suffisamment pour canaliser vos pensées sur
l’écoute de sa Parole … C’est déjà de l’adoration ! Les cultes et les
célébrations que les chrétiens offrent par leur corps, glorifient Dieu sur
cette terre.
L’idéal évidemment est qu’il y ait une harmonie entre l’attitude
de notre corps et celle notre esprit, plus difficile à maitriser. N’oublions pas ce que Jésus a dit à la
samaritaine : (Dia jean 4) Jean 4.23 … l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais
adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les
adorateurs que le Père demande.
Mon désir
est que nous aspirions à être de vrais adorateurs, (Diapo noire) d’abord pour la
gloire de Dieu, et ensuite parce que c’est par l’adoration du seule vrai Dieu
et Seigneur que nous nous éloignerons des idéaux mensongers et deviendrons les
hommes libres et pleinement humains.
Que Dieu
nous vienne en aide ! Amen !
Silence
Prière
Questions pour les
petits groupes de partage :
1) Comment
vous évaluez-vous votre disposition à adorer Dieu (sur une échelle de 1 à 10) ?
Pour vous aider dans cette évaluation (qui
n’a pas d’autre ambition que d’être une amorce à la discussion), prenez un
petit temps de silence, et pensez à une chose positive que vous faites comme
adorateur, et aussi une difficulté pratique à laquelle vous vous heurtez de
manière régulière. Si vous le souhaitez partagez vos réflexions avec vos
partenaires de petit groupe.
2) Avez-vous
une image de Dieu qui vous bloque dans votre adoration ? Si oui laquelle ?
3) Avez-vous
dans votre vie une passion, un idéal qui pourrait venir prendre la place de
Dieu dans votre cœur et dans votre vie (le
temps passé est un bon marqueur). Comment pourriez-vous réorienter ce
mouvement de votre cœur pour en faire un tremplin pour votre vie d’adorateur du
Dieu Créateur ?
4) Y aurait-il
une bonne habitude que vous pourriez prendre pour vous aider à grandir dans
votre adoration du Dieu vivant ?
Commentaires
Enregistrer un commentaire