Prédication du 11 octobre 2020 - Chemin de rentrée « Sois enraciné… » - Ephésiens 4.25-32 : Parler pour la vie

 Prédication du 11 octobre 2020

Ephésiens 4.25-32 : Parler pour la vie

 

Pour finir notre Chemin de rentrée, je voudrais aborder ce matin un dernier aspect de « l’enracinement dans l’amour », qui concerne… la façon dont nous parlons. Parler avec amour. 

 



 

Ce que la science et la Bible révèlent toutes deux, de façons différentes, c’est que depuis que nous, les Homo Sapiens, nous avons pris la parole, nous l’utilisons aussi bien pour détruire que pour construire : outil de construction sociale, permettant aux hommes de transmettre leurs découvertes et de constituer des tribus, le langage parlé est aussi, depuis les origines, une arme élaborée pour faire face à la violence du monde et des hommes.

Cette ambivalence de la parole apparaît clairement aujourd’hui, dans ce moment de l’histoire humaine où l’on parle plus qu’on a jamais parlé avant : téléphone, internet, réseaux sociaux… un flot interrompu de paroles véhiculant le pire et le meilleur. 

 

Dans ces circonstances, notre parole de chrétiens est sommée de choisir son camp. Le Dieu qui par sa Parole crée, donne la vie, chasse les ténèbres et amène la résurrection, nous appelle à être comme lui porteurs de « paroles de vie » au milieu de tout ça. Le chanteur chrétien Tobymac utilise une belle expression pour le dire : « speak life », « parler la vie ». 

Écoutons un extrait de ce morceau pour poser le sujet. 

 

 

Parler la vie… ou la mort. « L’espoir peut vivre ou mourir »  par nos paroles, dit Tobymac. « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue », dit le livre des Proverbes (18.21).

 

Parler pour la vie, pour l’amour. Cet appel est aussi exprimé, fermement, par l’apôtre Paul en Ephésiens 4. Ce texte a été médité dans le Chemin de rentrée, je voudrais revenir dessus avec vous aujourd’hui. 

Aux versets 22-24, Paul vient d’affirmer ceci : si nous avons mis notre foi dans le Christ, nous sommes des êtres nouveaux. Il nous faut donc enlever notre vie d’avant, comme on enlève des habits, et notre parole aussi doit se dépouiller de ses vieux vêtements de péchés, pour devenir, résolument, une parole de vie à la gloire de Dieu. 

 

A homme ou femme nouveau, parole nouvelle.

 

25 …ne mentez plus. Chacun doit dire la vérité à son prochain, parce que tous ensemble, nous faisons partie d'un même corps. 

26 Quand vous vous mettez en colère, ne commettez pas de péché. Votre colère doit cesser avant le coucher du soleil. 

27 Ne laissez aucune place en vous à l'esprit du mal. 

28 Le voleur ne doit plus voler, il doit plutôt faire tous ses efforts pour travailler de ses mains honnêtement. Ainsi, il pourra donner quelque chose à celui qui a besoin d'une aide. 

29 Qu'il ne sorte de votre bouche aucune parole malsaine mais, s'il en est besoin, une bonne parole qui soit constructive et communique une grâce à ceux qui l'entendent. 

30 Dieu vous a marqués de son Esprit Saint, alors ne faites pas de peine à cet Esprit. En effet, c'est lui qui vous assure qu'un jour, Dieu vous libérera complètement de vos péchés. 

31 Ne gardez pas dans votre cœur le mal qu'on vous a fait. Ne vous énervez pas, ne vous mettez pas en colère, faites disparaître de chez vous les cris, les insultes, le mal sous toutes ses formes. 

32 Soyez bons les uns pour les autres, ayez un cœur plein de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. 

  

Paul évoque ici plusieurs aspects de la parole qui doivent changer : bannir le mensonge ; la colère est une émotion naturelle et nécessaire parfois, mais si on se laisse emporter, elle peut nous pousser à pécher en paroles donc : « faites disparaître de chez vous les cris, les insultes, le mal sous toutes ses formes». 

Enfin, ne pas laisser la médisance et l’amertume se répandre… 

En somme Paul pointe toutes les formes de méchanceté verbales qui rendraient la vie ensemble impossible (notamment dans l’Église, ici) si les chrétiens n’en triomphaient par l’amour, en échangeant toutes ces formes de paroles mauvaises par des paroles de vie. En « parlant la vie». 

Ce message central est résumé au v.29 : 

 

29 Qu'il ne sorte de votre bouche aucune parole malsaine mais, s'il en est besoin, une bonne parole qui soit constructive et communique une grâce à ceux qui l'entendent. 

 

Arrêtons-nous sur ce verset. 

 

Une question simple d’abord : Qu’est-ce qu’une « bonne parole » ? 

Remarquez que Paul ne le dit pas vraiment : on sait juste qu’elle doit être « constructive et communique une grâce à ceux qui l'entendent ». C’est-à-dire ? 

En fait la « bonne parole » ici est d’abord définie par opposition à la « malsaine». Le terme grec traduit par « malsain » évoque un fruit qui commence à pourrir… Littéralement, « qu’il ne sorte de votre bouche aucune parole pourrie ». 

 

On sait qu’un fruit pourri contamine vite les autres fruits dans la cagette. De même on reconnaît une parole pourrie à ce qu’elle abîme, détruit nos relations, et entraîne toujours plus d’autres paroles pourries. Le mensonge détruit la confiance, et pour ne pas être pris on risque de mentir encore plus… 

Pris par la colère, on peut faire mal à ceux qu’on aime. Enfin, la médisance est comme un poison qui se répand d’un cœur à l’autre, et qui peut détruire en profondeur une personne. Le harcèlement, notamment sur les réseaux sociaux, tous les haters qui se déchaînent impunément font des dégâts durables dans les vies

« Des montagnes tremblent à chacune de nos syllabes », dit Tobymac. 

 

Face aux paroles qui détruisent nos relations, Paul commande des paroles qui construisent, qui « édifient ». Sa morale est positive : faisons des choses qui réparent le mal commis

 

Ainsi le voleur ne doit pas juste arrêter de voler, mais aussi travailler pour donner à ceux qui sont en difficulté. « Soyez vainqueurs du mal par le bien », dit Paul en Romains 12. C’est ce qu’il nous demande ici, dans le domaine de la parole : vaincre les paroles pourries en répandant plus de paroles bonnes.

Des paroles « constructives » et qui « communiquent » une grâce à ceux qui les entendent », c’est-à-dire qui soient utilisées pour faire du bien aux autres, idéalement sous l’inspiration du St Esprit. 

 

Regardons encore un extrait du clip de Tobymac qui illustre bien cela.

 

Ce clip représente bien cette dure réalité : par nos paroles, nous pouvons "tuer" l'autre, comme le symbolisent les personnes à terre entourées de bandes blanches, comme sur une scène de crime. 

Mais comme a petite fille qui vient souffler des paroles de vie - symbole su St Esprit ? - , nous devons demander à Dieu de nous inspirer, dans les différentes situations de nos vies, des paroles sincères qui fassent du bien aux autres et les aident à se relever. 

 

Chaque fois que j’encourage, que je valorise l’autre sincèrement… je « parle la vie ». Quand je console, et même quand je mets en garde pour le bien, comme avec un enfant, pour prévenir du danger au lieu de dire « c’est pas mon problème »… quand je dénonce le mal qui est fait, quand j’ose prendre position au risque d’être moi-même rejeté… je « parle la vie », je peux vaincre du mal par des paroles d’amour. 

 

Quelles paroles d’amour puis-je dire, aujourd’hui, à ceux qui m’entourent, pour leur faire du bien ? Interrogeons-nous.

 

Instant de silence. 

 

Tout cela est beau et bon. Qui n’est pas convaincu ? 

 

Alors… pourquoi est-ce si dur ? 

Pourquoi est-ce si tentant de dire du mal ? 

 

Proverbes 18.8 dit que « les calomnies sont comme des friandises, elles descendent jusqu'au fond de soi-même ».

 

Pourquoi ?

Revenons sur l’image du fruit : Paul renvoie ici à l’image biblique du bon et du mauvais arbre. Le bon arbre, il fait des fruits… ce sont de bons fruits…

 

« On reconnaît l’arbre à ses fruits », dit Jésus. « Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits ni un arbre malade porter de bons fruits ». 

 

Ca veut dire que si nos paroles sont mauvaises, malades, c’est parce que nos cœurs sont malades. Si on aime dire du mal, c’est qu’au fond de nous, quelque chose ne va pas. 

 

Jésus dit aussi en Luc 6.45 : « La personne qui est bonne tire le bien de son cœur qui est plein de bonnes choses. La personne qui est mauvaise tire le mal de son cœur qui est plein de mauvaises choses. Oui, ce qui remplit le cœur de quelqu'un, voilà ce qui sort de sa bouche. »

 

Comme Jésus, Paul cible ici l’origine des paroles, le cœur : « Ne gardez pas dans votre cœur le mal qu'on vous a fait » ; « ayez un cœur plein de tendresse ». 

 

Dans notre cœur réside le Saint-Esprit. Or quand nous parlons mal, nous l’attristons, dit Paul. 

Cela nous indique comment progresser dans l’usage de nos paroles, afin « qu'il ne sorte de notre bouche aucune parole malsaine » : il nous faut examiner notre cœur devant Dieu pour en retirer les mauvaises racines. Sans cela, il nous sera difficile de « parler la vie », de produire des paroles saines, de parler avec amour

 

Comment progresser ?

 

Prendre position

Nous avons donc une décision à prendre : comment voulons-nous nous parler ? Décidons-nous de nous enraciner dans l’amour en nous parlant les uns aux autres comme des enfants de Dieu, dans la vérité, la franchise, pour dissiper les flous au lieu de les alimenter ? Pour faire du bien aux autres, au lieu de parler pour faire les trébucher, souligner toujours ce qui ne va pas, pour affirmer notre place ou notre pouvoir, pour nous élever en rabaissant les autres ? 

Si nous sommes des disciples de Christ, nous ne pouvons tolérer que nos paroles soient malades et mal inspirées.

 

Nous devons faire tous nos efforts pour assainir notre dialogue afin d’assainir nos relations. 

 

Sur le moment, il peut sembler plus facile de se taire ; on nous a parfois appris qu’il était plus « chrétien » de ne rien dire pour ne pas faire d’histoires… mais où cela est-il écrit dans la Bible ? En « gardant dans notre cœur le mal qu’on nous a fait », nos désaccords, nos incompréhensions… il y a de fortes chances au contraire que l’amertume s’installe, prenne racine,  et produise de la médisance.. qu’elle pourrisse toute la cagette

 

Au contraire, prenons la parole pour construire, en notre propre nom et sans invoquer l’armée invisible des « y en a qui », des « certains disent que… ». Osons porter honnêtement des paroles paisibles et constructives. 

 

Un test ici : est-ce que je parle en vérité aux frères et aux sœurs avec qui je suis en désaccord, ou est-ce que je parle d’eux à d’autres ? 

 

« Quand on ne parle pas aux gens, on parle des gens »… ce n’est pas très sain. 

 

Comment espérer que le Saint-Esprit bénisse et inspire notre vie d’Église si nous l’attristons par nos paroles les uns sur les autres ? 

Alors, est-ce que décidons-nous de nous parler sainement les uns aux autres comme Paul nous le demande ? 

 

Pour cela, il nous faudra aussi arracher les mauvaises racines dans nos cœurs, sonder nos cœurs.

 

J’ouvre juste quelques pistes, à chacun d’approfondir s’il le veut : 

 

1.    Parlons moins ! 

Proverbes 10.19 : « À trop parler on cause forcément du tort. Il est plus prudent de savoir tenir sa langue ». Tout aujourd’hui encourage le bavardage. Regardez autour de vous dans la rue ! Parlons moins pour écouter davantage, et faire plus de place aux autres. 

 

2.    Apprenons à faire silence 

 

Dans la tradition chrétienne, le silence est une voie pour se découvrir soi-même. C’est même un moyen privilégié pour lutter contre la tentation : s’arrêter de parler, se mettre à l’écart, interrompre le flot de nos pensées et prier. 

Faire silence comme ça, c’est faire face à nous-mêmes … ce n’est pas forcément agréable au départ ! 

Mais dans ce silence, Dieu peut nous parler et nous montrer des choses sur nous-mêmes, si nous l’écoutons attentivement.

Faites ce test : 3 mn de silence. Ecoutez : que se passe-t’il en vous ?  

 

3.    Enfin, écoutons-nous parler.

 

Qu’est-ce que nos paroles révèlent sur notre cœur ? 

Est-ce que je parle beaucoup ? De moi ? Des autres ? Qu’est-ce que je cherche à compenser ? A régler ? 

Y a t’il en moi une amertume, une colère, que je n’ose pas dire et qui est comme une racine malade, à l’origine de paroles néfastes dans ma bouche ? 

 

La CNV est un outil précieux pour nous aider à faire ce chemin intérieur, à prendre conscience de ce qui se joue dans nos prises de parole. (voir formations proposées en janvier à la Causerie)

 

Alors, que chacun de nous « s’examine lui-même », dans la prière, sous le regard d’amour du Seigneur. 

Sa grâce est notre salut, comme le dernier verset du passage le rappelle : 

 

« 32 Soyez bons les uns pour les autres, ayez un cœur plein de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ ». 

 

Quand nous aurons pris conscience de telles ou telles chose mauvaise en nous, repentons-nous devant Dieu, demandons lui pardon, demandons pardon à ceux que nous avons pu offenser, et au nom de Jésus, renonçons à nos mauvaises pensées et nos mauvaises paroles, sans culpabiliser inutilement. 

 

Parce que Jésus, sur la croix, a pris sur lui toutes nos maladies intérieures, nous pouvons en être libérés. Il nous donnera la force de « revêtir », dans tous les domaines de notre vie, cette personne nouvelle créée par son Esprit, et portant des paroles nouvelles, 

des paroles de vie. 

 

Amen

 

 

Qu’est-ce que mes paroles révèlent sur mon cœur ? Est-ce que je parle beaucoup ? De quoi ?

 

Y a t’il quelque chose que je n’ose pas dire et qui est comme une racine malade, à l’origine de paroles néfastes dans ma bouche ? 

 

Quelles paroles d’amour puis-je dire, aujourd’hui, à ceux qui m’entourent, pour leur faire du bien ? 

 

Commentaires