Prédication du dimanche 17 novembre 2019 - 1 Pierre 1.1-16 ; 2. 11-12 - Immigrés, dispersés, appelés à briller.




Aujourd’hui, je voudrais méditer avec vous quelques versets qui ouvrent la première lettre de Pierre, pour essayer de voir comment ces mots inspirés adressés à d’autre, il y a plusieurs millénaires, peuvent nous rejoindre aujourd’hui, nous chrétiens de France. 

1 De la part de Pierre, apôtre de Jésus Christ.
À ceux que Dieu a choisis et qui vivent en immigrés, dispersés dans les provinces du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l'Asie et de la Bithynie. 
2 Dieu, le Père, vous a choisis d'avance selon un projet qui est le sien ; il vous fait vivre pour Dieu, grâce à l'Esprit saint, pour que vous obéissiez à Jésus Christ et que vous soyez purifiés par le sang qu'il a versé.
Que la grâce et la paix vous soient données en abondance !

3 Bénissons Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Dans sa grande bonté, il nous a fait naître à une vie nouvelle, en ressuscitant Jésus Christ d'entre les morts. C'est pour que nous ayons une espérance vivante, 4 en attendant l'héritage que Dieu réserve aux siens. Cet héritage ne peut être ni détruit ni sali et il ne peut pas perdre son éclat. Dieu vous le réserve dans les cieux, 
5 à vous que sa puissance garde par la foi, en vue du salut prêt à être révélé au moment de la fin.
6 Débordez de joie, même s'il faut que, maintenant, vous soyez attristés pour un peu de temps par des épreuves de toute sorte. 
7 L'or lui-même, qui pourrait être détruit, est pourtant éprouvé par le feu ; de même votre foi, beaucoup plus précieuse que l'or, est mise à l'épreuve afin de prouver sa valeur. C'est ainsi que vous recevrez louange, gloire et honneur quand Jésus Christ se révèlera. 

Chapitre 2. 11 Je vous y encourage, très chers amis, vous qui êtes des immigrés, des gens de passage sur cette terre : tenez-vous à l'écart des penchants mauvais qui font la guerre à votre être. 12 Ayez une bonne conduite parmi les païens ; ainsi, même s'ils vous calomnient en vous traitant de malfaiteurs, ils seront obligés de reconnaître le bien que vous faites et de remercier Dieu le jour où il viendra.


Que sont le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l'Asie, la Bithynie ? Des régions qui correspondent à la Turquie moderne. Pierre écrit à des chrétiens dispersés un peu partout dans ces régions païennes, sous domination romaine. 
Leur situation n’est pas simple : ces chrétiens sont en porte à faux avec la société où ils vivent, notamment par leur refus de se soumettre au culte de l’Empereur. Ils ne participent pas aux même fêtes que les autres… Cela leur attire des problèmes, on se méfie d’eux, on leur met la pression…
Pour les encourager, Pierre commence par leur rappeler qui ils sont devant Dieu, et quelle est leur vocation. 

  1. Immigrés

a. Pierre commence par reconnaître leur situation de minorité. « Vous êtes  immigrés, dispersés ». « Des gens de passage sur cette terre ». 

Nous sommes « immigrés », « étrangers et voyageurs » sur cette terre, dit Pierre – par la brièveté de nos vies, et parce que ce monde n’est pas le royaume de Dieu, dont nous sommes les citoyens, et dont nous attendons l’établissement. 

Nous sommes « dispersés » parce que nous ne passons pas nos journées entre chrétiens ! Peut-être sommes-nous les seuls disciples de Jésus là où nous travaillons, dans notre classe, dans notre famille… 
Nous sommes dispersés, de fait, dans la semaine. 



De fait, notre vie de foi est rythmée entre des temps où nous nous rassemblons à l’église (principalement le dimanche) et le reste du temps où nous vivons ici et là – dispersés dans les arrondissements de Lyon, les villes de l’Est, de l’Ouest, du Sud, L’Ain, Villefranche, Vienne, Tarare, Brignais… 

S’il fallait représenter les proportions exactes, il faudrait bien plus de points gris encore. Les estimations du nombre de chrétiens en France ne sont pas facile à trouver. Voici quelques chiffres ; 

3% de protestants parmi les français
65% des français se déclarent Catholiques mais seulement 4,5% vont à la messe au moins une fois par mois.
650000 protestants évangéliques

Oui, notre situation n’est pas si éloignée de celle des chrétiens auxquels Pierre écrit. 

b. S’il insiste sur leur situation d’immigrés, c’est aussi par référence à l’histoire d’Israël. 

Ce mot rappelle l’un des événements les plus graves de l’histoire d’Israël, lorsque que Jérusalem a été détruite par les Babyloniens, que le peuple juif a été exilé et a perdu sa terre – celle que Dieu lui avait « promise ». Au début ils espéraient être vite revenus, mais les prophètes leur ont dit que la plupart ne rentreraient pas, mais au contraire qu’ils devaient rester différents, fidèles à Dieu et être une bénédiction là où ils étaient (Jérémie 29).

Car le danger principal qui menaçait le peuple d’Israël, partout où il a été, était l’assimilation. Que les cultes païens peu à peu l’influencent et l’éloignent de Dieu. 
Les juifs ont survécu dans le monde entier en préservant leur héritage, ce qui a attiré sur eux comme sur les chrétiens de Turquie la méfiance, le rejet, la violence…
C’est le dilemme de toutes les cultures en situation « d’exil », je crois, tiraillées entre le désir d’intégration et la nécessité de rester fidèle à leur identité, leurs valeurs, leur foi. 
Il suffit de voir les débats qui agitent notre société  autour de l’Islam – intégration, adaptation, intégrisme…

Comme les juifs exilés, notre foi est mise à l’épreuve dans cette dispersion. Pierre le dit aux versets 6 et 7. 

Nous devons relever ce même défi de la fidélité à Dieu au quotidien. Avec la même tentation de devenir comme tout le monde, de devenir gris nous aussi, peu à peu. Pour reprendre le schéma, le défi pour nous est de rester des « points rouges », spirituellement vivants, dans la culture post-chrétienne où nous vivons. 

En fait la tentation est grande de jouer sur deux registres : profiter à la fois du monde (quand nous sommes dispersés) et de Dieu (dans le rassemblement de l’Église). 
Or, là où les chrétiens de Turquie ont résisté, refusant de se plier au culte de l’empereur, est-ce que nous ne cédons pas un peu facilement, en sacrifiant au culte de l’argent, de la réussite, du matérialisme ? 
On se retrouve très vite à vivre une vie coupée en deux – entre des « moments sacrés » et des moments « profanes ». Notre culture pousse dans ce sens, où la foi n’est tolérée que comme une affaire privée. 

Or si nous détachons notre foi des autres aspects de la vie, comme le travail, l’argent, la sexualité, les amitiés, les responsabilités parentales ou conjugales…  comment pourrons-nous « obéir à Jésus-Christ » comme Dieu nous a appelés à le faire ? 

Séparer le spirituel (le rassemblement à l’Eglise) et le séculier (la vie dispersée) aboutit à des incohérences entre la foi et les actes, la foi et les paroles. Force est de constater hélas ! que beaucoup de chrétiens vivent cela très bien ! 
Ainsi des études sociologiques aux US ont montré que les chrétiens ne différaient pas statistiquement de tout un chacun en matière de conduite immorale, de problèmes familiaux, détournement de fonds, addictions, problèmes psychologiques…

Saint Ambroise de Milan disait : « vous êtes un imposteur lorsque votre profession de foi est en désaccord avec votre conduite pratique ». 
Si nous assistons au culte sans faire le lien avec notre vie « réelle », notre vie quotidienne…
Si notre foi ne change pas nos choix éthiques… ne sommes-nous pas des « imposteurs » ? 
A quel point sommes-nous différents le dimanche matin et le lundi matin à la même heure ? 

De fait, le dimanche n’est pas le jour le plus important de la semaine pour Dieu. Mettre tout notre engagement pour Dieu dans la vie de l’Eglise n’est pas équilibré. 
Que dirait-on de quelqu’un qui donnerait tout son temps à une association ? 
Il ne s’agit pas de devenir une Eglise secte qui « sépare » les chrétiens du monde. 

Au contraire, Dieu  nous appelle à un relation vivante avec lui tous les jours, et l’Eglise doit nous aider à vivre cela. 

Notre premier appel est de vivre cette vie différente avec lui, au milieu du monde, une vie de fidélité et d’obéissance à Jésus-Christ et à sa parole. 
Une vie d’immigrés, de citoyens des cieux, de disciples de Jésus, d’enfants de Dieu. 

Si nous sommes des « immigrés », on peut se demander pourquoi le Seigneur ne nous ramène pas tout de suite « au pays », dans son Royaume ? Cela va arriver, il l’a promis. 
En attendant, dit Pierre, notre foi est « mise à l'épreuve afin de prouver sa valeur ». Peut-être parce que les plantes qui poussent sur des sols peu fertiles sont plus fortes. Peut-être est-ce pour apprendre à obéir à Dieu et à l’aimer même si c’est dur. Le reste de la lettre de Pierre laisse entendre cela. 

Mais il y a aussi une question d’appel, de vocation pour nous. 

B. Appelés

Voilà le 2e terme sur lequel Pierre insiste ici.
Appelés : « Dieu, le Père, vous a choisis d'avance selon un projet qui est le sien ».  
Le projet auquel Pierre fait allusion, c’est le projet de salut, réalisé dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus. 
Dieu a commencé à réaliser ce projet il y a longtemps, en appelant Abraham pour se constituer par lui un peuple, pour que ce peuple devienne une bénédiction pour le monde non croyant autour de lui (les « nations »), qu’il révèle Dieu au monde. 
Quelle que soit notre histoire personnelle, à partir du moment où nous acceptons la seigneurie de Jésus-Christ sur notre vie, nous devons nous aussi membres de son peuple, avec la même vocation. 
« Vous serez mes témoins, a dit Jésus aux apôtres, à Jérusalem, dans toute la Judée et en Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre ». 
Certains encore aujourd’hui sont appelés à aller jusqu’aux extrémités de la terre. Mais pour la plupart d’entre nous, comme nous le rappelons régulièrement, nous sommes appelés à être témoins là où nous sommes. « Dans toute la région lyonnaise, l’Ain, Vienne, Villefranche… ».

cf schéma

Afin que le monde découvre l’amour de Dieu.

Rassemblés, c’est vrai, nous chrétiens semblons peu nombreux pour impacter la société et faire briller la lumière de Christ. Mais c’est justement parce que nous sommes le plus souvent dispersés que nous pouvons avoir un impact, un témoignage. 

Rassemblés, nous pouvons briller un peu - par de beaux événements comme le café Noël, la Causerie, Alpha…
Mais dispersés, nous pouvons briller beaucoup, car chacun touche plus de gens. Un réseau énorme ! 

Je ne sais pas comment vous ressentez ce discours, mais pour moi cela a été longtemps une source de stress et de culpabilité. Rassemblé le dimanche au culte, j’étais bien motivé pour être témoin… mais j’avais tendance à garder mon drapeau dans ma poche le reste du temps, et je me retrouvais assis sur le même banc quelques dimanches plus tard, à entendre le même envoi et à culpabiliser…

Parce que je voulais le faire par devoir. Or bénir ceux qui nous entourent n’est pas un devoir chrétien mais un appel. Ça change tout : car comme le dit Paul ailleurs, « celui qui vous a appelés est fidèle, et c’est lui qui le fera ». 

Nous ne pouvons pas, nous n’avons pas à relever le défi de la fidélité et du témoignage au quotidien par nos propres forces. 

Voilà la clé pour ne pas devenir gris : « (Le Père) vous fait vivre pour Dieu, grâce à l'Esprit saint, pour que vous obéissiez à Jésus Christ et que vous soyez purifiés par le sang qu'il a versé ».

Il y a dans ces quelques mots trois points d’appuis importants pour nous permettre de vivre notre vocation, et je voudrais finir avec cela. Trois points, trois « p ». 

P comme …. promesses


Oui nous pouvons relever ce défi malgré notre faiblesse, parce que Dieu lui-même s’engage avec nous. Jésus est notre « espérance vivante », notre guide, notre libérateur, notre ami. Il nous réserve un « héritage » qui ne peut être ni détruit ni sali », qui « ne peut pas perdre son éclat ». 
Il nous promet son amour. Il nous promet sa joie ! « Déborder de joie ». Une joie venue du coeur même de Dieu. 
Par son Esprit, nous pouvons être changés, et apprendre à aimer vraiment. 


P comme… purifié. 

Toute la lettre de Pierre le rappelle : en tant que chrétien, nous devons tout faire pour être saints, pour vivre une vie pure devant Dieu, car Jésus nous a « purifiés ». 
Soyons bien convaincus que nos incohérences, nos compromis même minimes avec le péché impactent notre relation avec Dieu, et nuisent à notre témoignage. 
Et si, bien sûr, rien ne nous séparera de l’amour de Dieu, car « nous sommes purifiés par le sang que Jésus a versé », il nous faut nous « tenir à l'écart des penchants mauvais qui font la guerre à (notre) être » (v.11)
Ne nous satisfaisons pas de faire bonne figure le dimanche ! 
Le Père veut nous faire « vivre pour Dieu » pleinement, pour notre plus grand bonheur et celui de nos proches. Nous faire vivre pour lui dans tous nos actes, nos pensées, nos paroles - pas juste en surface. 
Avec lui, il n’y pas de fatalité, une résurrection est toujours possible. 
Alors comme le dit Pierre plus loin, (v.13 ss), « mobilisons toutes nos capacités mentales… », pour devenir saints comme Dieu est saint.


Enfin P comme… prière 

Pour cela, il nous faut  rester en connexion vivante avec le Père par la prière. 
Alors amenons-là dans notre quotidien.

C’est ce que nous avons voulu faire avec les petits groupes, avec la Causerie : aménager des espaces de prière, des lieux de prière au coeur de la semaine, au coeur de nos vies. 

Mais c’est à chacun de s’engager à prier ainsi, parce que la prière c’est aussi notre appel, c’est notre respiration d’enfants de Dieu. 
Commençons par cultiver l’habitude de prier le Seigneur dans chaque situation que nous rencontrons, et nous constaterons que la prière « spiritualise » tous les aspects de notre vie
Demandons au Seigneur de nous aider pour nos dossiers compliqués, nos problèmes éducatifs, notre vie de couple. 
Louons-le pour nos réussites en maths, les bons résultats de notre entreprise, la guérison du petit, le jour qui se lève, les bonheurs de la journée.
Offrons-lui nos heures de travail, de loisir, nos revenus, notre temps.
Crions-lui « à l’aide » quand ça fait mal. 
Prions avec persévérance pour ceux qui nous entourent. (cf tableau d’Hélène)

Je finis par les paroles de bénédiction de Pierre :  « Que la grâce et la paix vous soient données en abondance ! »
« Bénissons Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! ».

Amen

Questions :

Où serai-je demain, à la même heure ? Qu’est-ce que je veux demander au Seigneur pour demain ? 

Y a-t’il un domaine de ma vie où j’ai du mal à rester fidèle à Dieu ? Je confie cela au Seigneur et je demande son aide. Il m’aime et veut me purifier, me bénir pour que je bénisse les autres.


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