Prédication du dimanche 1er juillet 2018 - Jean 14.1-11 - Jésus, seul chemin vers la maison du Père (S. Guiton)

(Suite à une présentation d'enfants)

Nous venons de prier pour que Dieu accompagne le « chemin de foi » de ...
Je vous invite à méditer un texte où Jésus parle de ce Dieu à qui nous venons de remettre Joséphine/Neïda. 
Cela se passe juste avant sa crucifixion, Jésus dit à ses disciples qu’il va partir mais eux ne comprennent pas. 
Voici ce qu’il leur dit alors. 
Nous lisons dans l’Evangile de Jean (14.1-11) : 


1 Jésus dit à ses disciples : « Ne soyez pas inquiets, croyez en Dieu et croyez aussi en moi. 2 Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup d'endroits pour habiter. C'est pourquoi je vous ai dit : “Je vais vous préparer une place.” 3 Et, quand je serai allé vous préparer une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi. De cette façon, vous serez vous aussi là où je suis. 4 Et le chemin qui conduit là où je vais, vous le connaissez. » 
5 Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment est-ce que nous pourrions connaître le chemin ? » 
6 Jésus lui répond : « Le chemin, la vérité, la vie, c'est moi. Personne ne va au Père sans passer par moi. 7 Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. À partir de maintenant, vous le connaissez et vous l'avez vu. » 8 Philippe dit à Jésus : « Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. » 9 Jésus lui répond : « Philippe, je suis avec vous depuis si longtemps, et tu ne me connais pas ? Celui qui m'a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? 10 Je vis dans le Père et le Père vit en moi. Tu ne crois pas cela ? Les paroles que je vous dis ne viennent pas de moi, mais le Père habite en moi, et c'est lui qui agit. 11 Croyez-moi quand je vous dis : “Je vis dans le Père, et le Père vit en moi.” Sinon, croyez au moins à cause de mes actions.


On constate un certain flottement ici dans la communication entre Jésus et ses disciples, … il faut dire que les paroles de Jésus ont de quoi troubler : l’évocation de cette mystérieuse « maison » de son Père dans laquelle Jésus dit qu’il va leur préparer des places avant de revenir… Il y a de quoi être confus. Et même ces hommes qui en ont vu de toutes les couleurs depuis trois ans à suivre Jésus semblent ici totalement perdus : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment est-ce que nous pourrions connaître le chemin ? ».
Si tu pouvais être un peu plus explicite ? 
On dirait même qu’un des disciples craque : « montre-nous Dieu, ça nous suffit ! ».
Va droit au but, Seigneur ! 

Les disciples sont troublés ; mais comment peuvent-ils  « croire en Dieu et croire en Jésus » alors qu’ils n’ont pas encore bien compris qui est vraiment Dieu, qui est vraiment Jésus,…et où celui-ci les emmène. (cf v.1) ?
C’est pourquoi Jésus va tenter ici de les éclairer.


 1. Un Dieu Père

Et il commence par préciser de quel Dieu il parle : « Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup d'endroits pour habiter ». ; Celui qui m'a vu a vu le Père. .. Je vis dans le Père et le Père vit en moi ».

Dieu est un Père, dit Jésus. Pas seulement son Père, mais le Père. 

Pour les juifs à qui il s’adresse, cette notion est familière : Dieu est  Père en ce qu’il est le créateur de toutes choses ». La Bible utilise aussi cette image pour symboliser l’alliance de Dieu avec le peuple d’Israël : «  Ainsi parle le Seigneur : Mon fils premier-né, c’est Israël. » (Ex 4,22-23a). Un père qui nomme, qui pose les règles et les limites… un « grand législateur » qui punit quand il le faut. Ces images sont présentes dans l’Ancien Testament. 

Pour nous, l’idée d’un Dieu Père est chargée de représentations très diverses, qui parfois peuvent faire obstacle à notre compréhension de Dieu. Ainsi, Freud estimait que Dieu n’était qu’une projection imaginaire de notre désir d’un père protecteur tout puissant.
Et c’est vrai que souvent, l’image que nous avons de Dieu comme Père est influencée par notre expérience personnelle avec notre père biologique. Quand notre vision de Dieu est polluée par des idées fausses (par exemple : il est en colère, il me juge, il ne me trouve pas à la hauteur, il est effrayant, légaliste, il cherche à me punir…) les pensées que nous aurons tendance à croire sur nous-mêmes sont : « Je ne suis pas assez bien », « je suis coupable/je devrais avoir honte », « je dois travailler plus dur pour être accepté »… Il est fréquent cependant que ce type de croyances trouve plutôt sa source dans notre relation à notre père humain. 
Tant que nous acceptons de telles pensées comme vraies, elles nous mettent en insécurité permanente sur qui nous sommes, sur notre capacité à être aimés comme nous sommes… 
J’en parlerai plus en détails dimanche prochain où j’’aborderai le sujet « être enfant de Dieu ». 
Il faut garder du recul avec cette image car ce n’est qu’une image. Dieu qui est au dessus de tout ne peut être résumé par aucune comparaison. D’ailleurs, Les auteurs bibliques utilisent aussi des images maternelles pour parler de Dieu.
Cependant, le sujet est important, car en parlant de Dieu comme d’un Père, Jésus vient révéler quelque chose de vrai et de nouveau sur qui est Dieu : un Dieu de relation, un Dieu d’amour et de grâce. 

 2. La maison du Père

On le devine en filigrane dans l’évocation que fait Jésus de « la maison du Père » dans les premiers versets du texte.
Le Dieu qui apparaît ici n’est pas un tyran domestique, mais un père bienveillant qui attend le retour de ses enfants à la maison. Celle-ci est la destination de noter chemin de foi : une vaste maison où l’on peut « habiter ». On devine que ce Père désire accueillir tous ses enfants près de lui, et c’est pourquoi une « place » va être préparée pour chacun, près de lui. Et c’est Jésus qui est chargé de nous y conduire, pour y habiter avec nous, lui aussi. Toute la famille, au grand complet, réunie dans l’amour. 
Ce n’est pas pour rien que Jésus emploie de telles images : la grande maison accueillante… le Père… le retour au foyer… la place…. cela touche en chacun d’entre nous quelque chose de très profond. 
Jésus veut guérir en nous ces blessures liées aux carences que notre affection de pères humains présentent toujours, à un niveau ou l’autre. Et pour cela, il nous aide ici à comprendre quel est le vrai coeur de Dieu. 
Celui-ci apparaît avec force dans la fameuse histoire du fils prodigue que Jésus raconte ailleurs, et qui résonne avec les premiers versets de Jean 14. L’histoire de ce fils qui claque la porte de la maison de son père après lui avoir réclamé sa part d’héritage - autrement dit, en le tuant symboliquement, car on ne perçoit un héritage qu’à la mort de la personne. 
Ce fils part au loin vivre la grande vie, et il dépense tout en fêtes et en filles. 
Ce n’est qu’arrivé au fond du trou qu’il se souvient de la maison familiale, de la belle vie qu’il y menait, de l’amour même de son père. Alors il reprend le chemin du retour, penaud, prêt à supplier son père de l’accepter comme esclave, au moins. Mais le père, qui n’avait jamais cessé de guetter son retour, court vers lui, le prend dans ses bras, le recouvre d’un manteau magnifique, et ordonne une fête pour le retour de son enfant. « Car mon fils était mort et et il a repris vie ; il était perdu et il est retrouvé ». 
Rembrandt a magnifiquement représenté cette scène :


Je vous conseille aussi le superbe documentaire de Mireille Dallancé sur ce tableau. 


C’est cette image d’un Dieu aux bras ouverts, attendant le retour de ses enfants à la maison, qui a inspiré la vision qui porte la Causerie ; offrir un lieu d’accueil inconditionnel, en priant - rêvons un peu ! - qu’il soit un avant goût de la maison du Père - pour tous ceux qui cherchent le chemin vers lui. 

Le Dieu que Jésus nous révèle est donc un père qui, tout en respectant notre liberté, attend patiemment que nous revenions à lui, et qui, quand nous revenons, nous accepte sans condition. Il court vers nous pour nous recevoir et nous embrasser. Il nous considère comme précieux. Il nous aime le premier. Nous sommes ses créatures bien-aimées.
Il nous offre le pardon de nos péchés. Il veut avoir une relation avec nous.

La maison symbolise ce lieu d’intimité loin du mal et de la mort où il désire plus que tout nous accueillir, pour l’éternité. 

 3. Le chemin : Jésus 

Jésus vient révéler ce Dieu-là. 
Cela dit, la question reste posée : où est le chemin qui conduit vers lui ? 
« Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment est-ce que nous pourrions connaître le chemin ? ».

Si nous avons tant de mal à le savoir, c’est que notre relation avec Dieu est profondément abîmée, distendue. Nous sommes les enfants du fils prodigue. Nos ancêtres sont partis de la maison et on a perdu le fil avec la famille. Pas étonnant que nous ayons tant de mal souvent à savoir qui nous sommes, pourquoi nous sommes là, d’où nous venons.
Nos ancêtres sont partis de la maison et nous avons oublié le visage de Dieu. Alors nous avons du mal à le reconnaitre quand il se manifeste dans nos vies.

Où est le chemin du retour vers lui ? 

La réponse de Jésus est très directe : « Le chemin, la vérité, la vie, c'est moi. Personne ne va au Père sans passer par moi. Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père ». Et quand Philippe qui n’en peut plus demande : « montre-nous le Père », il répond : « Philippe, je suis avec vous depuis si longtemps, et tu ne me connais pas ? Celui qui m'a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? 10 Je vis dans le Père et le Père vit en moi (…) Les paroles que je vous dis ne viennent pas de moi, mais le Père habite en moi, et c'est lui qui agit ».

Est-ce que nous réalisons ce que Jésus est en train de dire ? Dans l’histoire humaine, beaucoup d’hommes ont affirmé connaître le chemin vers Dieu. Toutes les religions proposent leur voie d’accès vers le divin, par des pratiques, des rites, des croyances diverses. Et voilà que Jésus, lui, affirme tranquillement : «  Dieu, c’est moi ». « Celui qui m'a vu a vu le Père ».
A la question : comment aller vers Dieu ? Jésus répond : Dieu est déjà là, par moi. Et je vous conduis plus près de lui encore. 

Ainsi Jésus ne se contente pas d’indiquer un chemin : il est ce chemin. 
Il l’est par sa personne même : en vivant avec Jésus, en apprenant à le connaître et à l’aimer, c’est le Père qu’ils ont découvert et en aimant Jésus c’est le Père qu’ils aiment. Dieu était là, devant leurs yeux… Et ils ne s’en rendaient même pas compte ! Combien de fois demandons-nous : « où est Dieu ? » alors qu’il est là, tout près de nous. Et il se rend visible, dans la personne de Jésus, telle que nous la découvrons dans les Evangiles. 

Jésus donne à voir le Père car le Père demeure en lui et lui dans le Père. C’est le grand mystère de la Trinité qui est au coeur de la foi chrétienne : un Dieu un, mais un en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Cette manière de voir dérangeante, pas naturelle « est pourtant juste. Comment parler de Jésus-Christ comme Fils sans immédiatement se tourner vers le Père ? et vers l’Esprit qui les unit ? ». 

Jésus ne nous demande pas de comprendre la Trinité, mais de la rencontrer, en vrai, par la foi. De rencontrer le Dieu vivant présent en lui. « Jésus n’est venu que pour cela : nous faire entrer dans l’intimité de cette relation saisie par la foi, nous faire partager ce face à face avec Dieu, passer du croire à voir ». 
Où sont donc les rites, les règles à suivre, les efforts à faire pour espérer atteindre Dieu ? Il n’y en a pas : c’est Dieu qui est descendu. Et tout ce qu’il demande, c’est la foi en son Fils Jésus : « croyez en Dieu et croyez aussi en moi ». 

« Le chemin, la vérité, la vie, c'est moi. Personne ne va au Père sans passer par moi ».


Le témoignage de Saman.
Avant de finir, laissez moi vous raconter brièvement l’histoire de Saman (j’ai changé son nom). C’est un jeune iranien qui fréquente la Causerie où il prend des cours de français avec une soeur de notre Eglise. 

Saman a grandi en Iran, où face aux dérives de la religion et du pouvoir il était devenu athée. Pourtant il continuait à avoir soif. A être insatisfait. Il cherchait autre chose. 
Une nuit, il a vu en rêve un homme qui lui disait ces paroles : « je suis la vérité, le chemin et la vie ». 
Il n’avait jamais entendu ces mots, et au réveil il est donc allé voir sur Google. Il est tombé sur le verset de la Bible… et a compris que c’était Jésus. 
Ce jour-là, il s’est fait tatouer ce verset sur l’avant bras gauche. 
Sa foi l’a contraint à fuir son pays. Mais il est radieux. « Jésus, il est magnifique », m’a t’il dit avec un grand sourire. 
Aujourd’hui Saman est joyeusement en route vers la maison du Père lui aussi, vers les grands ouverts du Père, et que sur cette route le Jésus dont il a tatoué les paroles sur son bras l’accompagne au quotidien, . 
C’est le même Jésus qui veut nous accompagner nous aussi, qui que nous soyons. 
Avec lui, le chemin est ouvert vers le Dieu Père, si nous le souhaitons.
Qui que nous soyons, nous pouvons nous adresser à ce Dieu auquel nous avons remis .... 
Le premier pas vers lui peut être une simple prière. 
Je vous invite à prendre un temps de silence pour cela. 


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