Prédication du 30 juillet 2017 - 1 Rois 3.4-15 : Oser demander la sagesse (S. Guiton)

   Une question pour commencer : Si Dieu vous apparaissait, et vous demandait : « Demande ce que tu veux, je te le donnerai »…. que répondriez-vous ? 

Qui n’a pas rêvé que cela arrive, un jour ?! Rêve d’enfant. Et quand l’avenir est comme un mur devant nous, rêve d’adulte aussi. Obtenir ce que l’on veut !  
Bien sûr, Dieu n’est pas le génie d’Aladin, à notre service pour exaucer nos désirs. 
Pourtant, une fois au moins, il a posé cette question à un homme : Salomon. 

Dans le texte proposé pour le culte d’aujourd’hui, Dieu dit cela au roi Salomon : « Demande ce que tu veux, je te le donnerai ». 

Neuf siècles avant JC, Salomon est un tout jeune roi. Il vient de succéder à son père, David, qui avait porté le royaume d’Israël au plus haut point de grandeur, de rayonnement religieux, culturel et politique. 
Pas facile de succéder à un tel père ! 
Le règne de Salomon commence bien cependant. Il se retrouve à la tête d’un pays prospère, il est allié par mariage avec le pharaon d’Égypte. Surtout, il aime Dieu, et comme aucun temple n’a encore été construit, Salomon adore l’Eternel sur des « hauts lieux », des endroits consacrés au culte. A l’époque, les rois dormaient sur de tels sites sacrés dans l’espoir d’avoir un songe accompagné d’une révélation divine. 
C’est ce que fait Salomon, et c’est là que Dieu va lui poser la fameuse question… 

Lecture. 

4 Le roi se rendit à Gabaon pour y sacrifier, car c'était le principal des hauts lieux. Salomon offrit mille holocaustes sur cet autel. 5 A Gabaon, pendant la nuit, le SEIGNEUR apparut en rêve à Salomon. Dieu lui dit : Demande ce que tu veux, je te le donnerai. 6 Salomon répondit : Tu as agi avec une grande fidélité envers ton serviteur David, mon père, parce qu'il marchait devant toi en suivant la voie de la loyauté, de la justice et de la droiture de cœur envers toi ; tu as gardé envers lui cette grande fidélité et tu lui as donné un fils qui est assis sur son trône — voilà pourquoi il en est ainsi en ce jour. 7 Maintenant, SEIGNEUR, mon Dieu, c'est toi qui m'as fait roi, moi, ton serviteur, à la place de David, mon père ; je ne suis qu'un petit garçon, je ne sais rien faire. 8 Je suis au milieu de ton peuple, celui que tu as choisi, peuple nombreux, qui ne peut être ni évalué ni compté, à cause de son grand nombre. 9 Donne-moi un cœur attentif pour gouverner ton peuple, pour discerner le bon du mauvais ! Qui donc pourrait gouverner ton peuple, ce peuple si important ?

10 Cette demande de Salomon plut au Seigneur. 11 Alors Dieu lui dit : Puisque c'est là ce que tu demandes, puisque tu ne demandes pas pour toi une longue vie, que tu ne demandes pas pour toi la richesse, que tu ne demandes pas la mort de tes ennemis, puisque tu demandes pour toi de l'intelligence afin d'être attentif à l'équité, 12 j'agirai selon ta parole. Je te donnerai un cœur sage et intelligent, de telle sorte qu'il n'y aura jamais eu avant toi et qu'il ne se lèvera jamais plus après toi personne de semblable à toi. 13 Je te donnerai, en outre, ce que tu n'as pas demandé, aussi bien la richesse que la gloire, de telle sorte qu'il n'y aura pendant tous tes jours aucun homme parmi les rois qui soit semblable à toi. 14 Et si tu suis mes voies, en observant mes prescriptions et mes commandements, comme l'a fait David, ton père, je prolongerai tes jours.

15 Salomon s'éveilla : c'était un rêve. Il revint à Jérusalem et se tint devant le coffre de l'alliance du Seigneur. Il offrit des holocaustes et des sacrifices de paix et donna un banquet pour tous les gens de sa cour.

Voilà un récit assez curieux, un événement à part dans la Bible. Pourquoi Dieu accorde-t’il une telle faveur à Salomon ? On sait juste que Salomon a un statut particulier : Dieu avait promis à David qu’un de ses fils lui succéderaient, Salomon est l’accomplissement de cette promesse. 
Et comme tous les rois de l’AT, il devait être « un représentant de la souveraineté de Dieu par la façon dont il allait régner sur le peuple et servir l’Eternel ». En somme, il doit être un modèle, un exemple et un témoignage. Encore une lourde responsabilité ! Voilà pourquoi Dieu vient le soutenir. 
« Dieu lui dit : Demande ce que tu veux, je te le donnerai ». Et Salomon demande la sagesse. 
Plus précisément, il répond : « Donne-moi un cœur attentif pour gouverner ton peuple, pour discerner le bon du mauvais ! ». 

J’ai toujours pensé que pour demander une telle chose à Dieu, il fallait déjà être sage ! On voit aussi l’humilité de Salomon, liée elle aussi à la sagesse ; il est conscient de son manque d’expérience, et de son besoin de l’aide de Dieu («  je ne suis qu'un petit garçon, je ne sais rien faire »). Cette lucidité est déjà une marque de sagesse, mise en opposition avec l’orgueil de l’insensé dans tous les livres de sagesse biblique (les Proverbes, l’Ecclesiaste, les Psaumes…). 
Le fou, l’insensé, c’est celui qui croit savoir, qui croit être capable et n’avoir besoin de personne.
Les plus âgés accusent facilement les jeunes de penser comme ça. Mais je crois que l’humilité est une qualité qui n’a aucun lien avec l’âge. D’ailleurs Salomon perdra ces bonnes dispositions en vieillissant, jusqu’à s’éloigner de Dieu.

Mais ce jour-là, il demande la sagesse. C’est-à-dire donc, dans la pensée biblique, l’intelligence pour faire les bons choix. « Donne-moi un cœur attentif pour gouverner ton peuple, pour discerner le bon du mauvais ! ». 
Les rois devaient en effet rendre la justice dans des affaires très diverses, en plus des choix politiques, économiques… 
La sagesse sera donc ce discernement, dans des situations précises complexes, de ce qui plaît à Dieu, qui est « juste, agréable et parfait », comme dit Romains 12. Pour prendre des décisions à la fois justes et adaptées, qui produisent du bien.  

Voilà ce que demande le jeune roi. Et cela plait à Dieu, car cette demande est conforme à sa volonté. Salomon ne demande pas « pour lui », mais pour obéir à Dieu et remplir fidèlement sa mission. 
Alors Dieu l’exauce, et lui accorde non seulement la sagesse, mais aussi la richesse et la gloire - à condition que Salomon reste fidèle à Dieu. 

Si grande soit-elle, cette sagesse aura quand même des limites : c’est un don accordé pour gouverner, que Salomon n’exercera pas d’ailleurs dans sa propre vie privée, au point de se mettre à adorer des idoles étrangères. Dieu lui apparaîtra une 2e fois, plus tard, pour le rappeler à l’ordre et le corriger dans ce domaine. 

Mais avant cela, les faits confirmeront très vite, le don reçu par Salomon ; les versets suivants racontent le fameux jugement qu’il rend entre deux femmes qui se disputent un bébé. 
Plus loin, au chapitre 5, l’auteur du livre des Rois écrit : « Dieu donna à Salomon de la sagesse, une très grande intelligence, un esprit aussi vaste que le sable qui est au bord de la mer. 10 La sagesse de Salomon surpassait la sagesse de tous les fils de l'Orient et toute la sagesse de l'Egypte. … son nom était connu dans toutes les nations environnantes. 12 Il a prononcé trois mille maximes, et ses chants sont au nombre de mille cinq….  14 Des gens de tous les peuples, envoyés par tous les rois de la terre, qui avaient entendu parler de la sagesse de Salomon, venaient écouter cette sagesse ».

Quel homme ! Qui de nous est à la hauteur ? Personne, et d’ailleurs, nous n’avons pas ses responsabilités.
Cependant, ce récit m’interroge : je suis sûr qu’à la place de Salomon, je n’aurais pas pensé à demander la sagesse… Pourquoi ? Bien sûr, je n’aurais pas demandé non plus la célébrité, des femmes et de l’argent à volonté, : c’est trop gros, j’ai appris à jouer plus finement pour obtenir ce que je voudrais ! Mais cela ne change pas la question : pourquoi n’aurais-je pas pensé à demander la sagesse, alors que cela parait tellement… sage !? 

Peut-être parce que je n’ai pas encore pleinement compris la grâce de Dieu. Compris que sans Dieu, je ne peux rien faire, et que tout ce qui est bien en moi et dans ma vie est un don qu’il me fait. 
Est-ce que nous ne vivons pas, la plupart du temps, comme si nous pouvions y arriver seuls, réservant le recours à Dieu pour les cas extrêmes, les urgences ? Comme un enfant qui veut se débrouiller tout seul et appelle son père seulement quand le placard est trop haut ? Comme si Dieu ne s’intéressait pas aux petites choses qui font nos activités quotidiennes, et qu’il ne valait la peine de le déranger que pour les choses « spirituelles ». 
Mais qu’est-ce qui est purement « spirituel » dans le travail de roi que le jeune Salomon doit accomplir ? Et qu’est-ce qui ne concernerait pas Dieu ?

Je me dis que si Dieu est apparu à Salomon, c’est pour lui montrer sa grâce, son amour immérité, sa présence fidèle. Et surtout lui dire : tu as besoin de moi, et tu peux compter sur moi en toutes circonstances.  Sa question à Salomon vise peut être à lui faire prendre conscience de cela : tout ce que tu vis me concerne, et je veux t’aider à le vivre, en te donnant ce dont tu as besoin. Je veux t’armer pour cela. Ne cherche pas à relever le défi de ton existence tout seul. Pourquoi marcher à tâtons dans l’ombre, quand le Dieu de lumière n’attend qu’une chose : t’éclairer ? 

De la même façon, ce passage nous encourage à oser demander l’aide de Dieu dans tout ce que nous vivons.

Il faut comprendre que la sagesse divine, comme capacité à comprendre les enjeux d’une situation, à bien réfléchir, est pratique, pas théorique, et se manifeste sur le terrain. Elle s’apprend par l’expérience, demande de la persévérance - mais si nous consultons les livres de sagesse de la Bible, nous éviterons bien des erreurs ! Leurs auteurs ont testé la vie avant nous, ils ont appris à connaitre la vie, les hommes et Dieu, écoutons leur expérience ! 
Ensuite, la sagesse donnée par Dieu concerne autant l’action que la parole. Le Saint Esprit peut donc nous inspirer des paroles de sagesse, des paroles justes et à propos dans une situation donnée, pour encourager les autres, pour dénouer une situation ou aider à la comprendre à l’aide de la Parole de Dieu. 

Quels que soient nos engagements de chrétiens, nous avons besoin d’une telle sagesse.
Or Jacques écrit, dans le premier chapitre de sa lettre : « Si l'un d'entre vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu qui donne à tous généreusement et sans faire de reproche, et elle lui sera donnée ». (Jc 1.5). 
C’est d’autant plus important que « par nos paroles et nos actes, nous pouvons permettre à nos proches de voir Dieu », comme Salomon l’a fait. A travers lui, c’est Dieu que l’on venait écouter, que l’on cherchait. De même, nous pouvons manifester Jésus-Christ dans notre façon d’agir et de parler. Contre la sagesse « selon le monde », c’est-à-dire pas forcément en accord avec les règles en vigueur. La loi du plus fort, la dissimulation, le compromis ou l’opportunisme…

La sagesse inspirée par Dieu est source de bonheur et de salut pour qui la recherche et la reçoit. Elle se manifeste pleinement dans la vie et les paroles de Jésus, lui qui nous révèle la pensée de Dieu, cette pensée inspirée par l’amour qui peut véritablement transformer notre vie

Alors au nom de Jésus, osons demander à Dieu de nous remplir du Saint Esprit et de nous équiper, de nous rendre capables de relever nos défis quotidiens. Comment être de bons parents ? Comment affronter le monde du travail, faire du business sans se corrompre et se salir les mains ? Comment avoir le courage de suivre fidèlement le Christ à la maison, au lycée, à la fac, au travail ? 
Ces défis sont aussi ceux de Dieu, qui nous offre de nous équiper pour les affronter ; qui nous offre d’éclairer notre intelligence pour que nous puissions discerner nous aussi, au quotidien, ce qui est « bon, agréable et parfait », conforme à la volonté de Dieu - et prendre des décisions sages.  

Dieu prend plaisir à donner une telle sagesse, nous dit le texte des Rois ! Et Jacques ajoute qu’il donne « généreusement et sans faire de reproche ». Pourquoi ne pas oser, alors, lui demander ? 
Prions :  (Prière inspirée par le cantique de Salomon)
Dieu de nos pères et Seigneur de tendresse,
Par ta parole tu as fait l’univers,
tu nous as formés par ta Sagesse
Pour dominer sur les créatures,
pour gouverner ce monde avec justice et sainteté,
Pour rendre, avec droiture, des jugements.

Donne-nous la Sagesse, par ton Esprit Saint. 

Pardon de mener notre vie sans toi, si souvent. 
Sans croire que tu veux porter les fardeaux avec nous, nous conduire et nous fortifier dans tout ce que nous vivons.  

Nous sommes tes serviteurs, 
Trop limités pour bien comprendre tout ce qui nous arrive. 
Mais nous voulons entrer dans les projets de vie, de paix, de bonheur que tu as prévus pour nous, et consacrer nos vies entières à te rendre gloire. 

Tu nous as accordés à chacun de belles capacités, de nombreux dons : que ton Esprit travaille nos coeurs et nos intelligences pour mettre tout ce que nous sommes à ton service, et nous apprenne à vivre selon ta volonté. 
Dans le nom de Jésus,

Amen 

S. Guiton

Commentaires