Prédication 29 jan 2017 -1 Tim 5.1-12 - Prendre soin de sa famille ! (F. Sépari)



Eglise de Lyon            (Diapo noire)                                                le 29 janvier 2017

Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, j’aimerais ce matin vous parler de la famille et de son importance au regard de Dieu. Très peu de textes du Nouveau Testament en parlent, tout comme le mariage d’ailleurs. La raison tout simple est que cette question ne faisait pas débat à cette époque, et paraissait être une évidence ! Un passage biblique parle quand même du soutien que les membres d’une même famille se doivent les uns aux autres. J’ai eu beau chercher dans ma mémoire, je ne me souviens pas d’avoir entendu une seule prédication sur ce passage en trente ans de vie chrétienne. C’est dommage car cela aurait sans doute pu m’aider pour préparer mon message.  Je vous invite donc à ouvrir votre Bible au chap. 5 de la 1ère à Timothée et à le lire ce passage du v1 au 12.

Lecture  1 Tim 5. 1-12, j’ajoute aussi le v16 (Diapo texte) (Diapo texte)  (Diapo noire)
A l’époque de Paul et de l’Eglise ancienne, les chrétiens avaient mis en place un système  de solidarité original pour venir en aide aux veuves qui étaient souvent les personnes les plus démunies de la société. La lettre de Paul nous parle d’une liste sur laquelle elles étaient inscrites, et aussi d’un engagement initial qu’elles devaient prendre ! Cela laisse entendre que le soutien financier des veuves n’était probablement pas sans une contrepartie. L’Eglise leur donnait de quoi vivre chaque jour, en échange de quoi les veuves s’engageaient à servir l’Eglise par toutes sortes de bonnes œuvres, et de services en faveur des personnes souffrantes ou des personnes en difficultés. C’était finalement un peu comme une alliance, un contrat moral ! C’est la raison probable pour laquelle Paul fixe un âge minimal pour leur inscription et refuse les jeunes veuves, qui pouvaient encore espérer se remarier. C’est aussi la raison pour laquelle Paul demande à Timothée de vérifier que ces veuves possèdent de belles qualités humaines, notamment dans le service, pour voir bénéficier de ce lien avec l’Eglise qui n’est pas une assistance gratuite. Certains commentateurs supposent qu’il s’agissait d’une sorte d’embauche, mais sans obligation de résultat ou de compétence, avec juste une obligation d’amour, de bonne volonté et un esprit de service. Il est intéressant d’observer comment l’Eglise de cette époque conduite par les apôtres, eux-mêmes inspirés par l’Esprit, trouvaient des solutions pratiques aux problèmes de leur époque, des solutions qui évitaient les deux écueils aussi désastreux de l’assistanat, et de l’indifférence !

Mais Paul place une autre limite à l’inscription d’une veuve sur cette liste, une limite encore plus importante, sur laquelle il revient à plusieurs reprises. Ce système de solidarité mis en place par l’Eglise ne devait en aucun cas venir se substituer au système de solidarité naturelle mis en place par Dieu lui-même avec la création de la famille. Il pouvait certes venir en corriger les faiblesses qui l’avaient atteint à cause du péché, de la maladie, et de la mort, mais il n’était pas là pour remplacer la solidarité familiale naturelle, mais plutôt pour la compléter quand elle était en défaut, la restaurer quand elle était endommagée.

Paul est très clair au v16 : (Diapo v16)       
16 Si un croyant, homme ou femme, a des veuves dans sa famille, qu'il les assiste et que l'Eglise n'en ait pas la charge, afin qu’elle puisse aider celles qui sont vraiment veuves.
Et sa pensée apparait est encore plus précise au v4 : (Diapo v16 et 4)  
Si une veuve a des enfants ou des petits-enfants, qu'ils apprennent à exercer la piété d’abord envers leur propre famille et à rendre à leurs parents ce qu'ils ont reçu d'eux, car cela est agréable à Dieu.

Paul insiste ici sur le rôle de la famille comme premier lieu de solidarité, d’entraide, et on sait aussi par d’autres passages que c’est aussi un lieu d’amour et d’affection mutuel. Le mot utilisé ici est vraiment complètement inattendu : qu'ils apprennent à exercer la piété  envers leur famille ! « Piété » !

La piété est un mot utilisé pour l’idée de crainte, de respect, d’honneur dû à Dieu, et pour toutes les attitudes du cœur et les comportements que nous devons offrir au Seigneur en tant que croyant … Utiliser ce mot pour la famille, c’est vraiment très étonnant !  Mais en le faisant délibérément, l’apôtre suggère qu’offrir un soutien concret, un amour pratique, à un membre de sa famille proche est une façon de servir Dieu et d’accomplir un devoir religieux de grand prix aux yeux du Seigneur. Et il précise à la fin du verset  pour que cela soit encore plus limpide : exercer la piété envers sa famille … cela est agréable à Dieu ! Je remarque au passage que cette solidarité va dans les deux sens, à la fois des parents vers les enfants, ce qui est le sens habituel, mais aussi des enfants vers les parents lorsque ceux-ci vieillissent et faiblissent avec le temps et avec l’âge.

Et Paul n’hésite pas à s’exclamer au v8 (Diapo v8) : Si quelqu'un ne prend pas soin des siens, et en particulier des membres de sa famille proche, il a renié la foi et il est pire qu'un non-croyant.
Pour l’apôtre Paul, Dieu a pris soin d’inscrire dans le cœur de tous les hommes cette loi de la solidarité envers sa famille ; et même des incroyants l’accomplissent instinctivement. Et si eux, qui n’ont aucune loi formelle, le font naturellement, alors les croyants devraient le faire avec encore plus de zèle et de consécration. Ainsi, pour l’apôtre, s’affranchir de cette solidarité familiale, c’est non seulement refuser la loi de Christ, rejeter la loi de Moïse mais aussi rejeter la loi du Dieu Créateur inscrite dans notre cœur depuis toujours.  C’est effectivement être pire qu’un incroyant, et renié les principes d’amour de la foi chrétienne.

Jésus avait d’ailleurs adressé aux chefs religieux de son époque un reproche du même genre lorsqu’ils les avaient accusés de faire passer certaines offrandes destinées au temple avant la solidarité familiale : (Diapo Marc 7.11)   
Marc 7. 11  [Jésus leur dit] Mais vous, vous dites : Si un homme dit à son père ou à sa mère: Ce dont j’aurais pu t’assister est corban, c’est-à-dire, une offrande à Dieu, 12  vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère, 13  annulant ainsi la parole de Dieu par votre tradition, que vous avez établie.

Même l’offrande faite à Dieu est moins importante pour Jésus que l’assistance apportée à sa famille proche. Il s’agit là bien sûr de la satisfaire ici des besoins et pas forcément leur désir de confort. 

(Diapo noire) Ce qu’il est très important de retenir ici, c’est que les règles de l’Eglise et même toutes les lois d’amour données par Christ, qui sont d’une très grande valeur devant Dieu, ne suppriment en aucune manière les devoirs et l’amour dû à sa famille.
Certaines sectes ont parfois cherché à briser le lien familial, le texte de Paul ici s’y oppose clairement. Il arrive dans des cas extrêmes que des familles se divisent sur des questions religieuses, mais le croyant ne doit pas provoquer cette division de sa propre initiative.
Christ n’est pas venu pour détruire la création, mais pour détruire le péché qui a abimé la création. C’est différent ! Un jour viendra où Christ restaurera tout ce qu’il y a de bon et de beau dans notre monde déchu pour le transporter dans le royaume du Père. Et la famille en fera partie, même si parfois notre expérience semble nous dire le contraire.

Les tout premiers versets du chap. 5 que nous avons lus, les versets 1 et 2, sont eux aussi révélateurs de l’esprit avec lequel l’apôtre veut que nous devons agir comme chrétiens. Ils accordent un grand respect à l’ordre des générations et à la place de chacun dans la famille.
(Diapo 1Tim 5.1-2)   Ne reprends pas le vieillard avec dureté, mais encourage-le comme un père. Encourage les jeunes gens comme des frères, les femmes âgées comme des mères, celles qui sont jeunes comme des sœurs, en toute pureté.

En quelque sorte, Paul dit à Timothée : « Ne te place pas au-dessus des personnes qui t’ont été confiées dans le cadre de l’Eglise, mais respecte l’ordre relationnel voulu par Dieu ». Laisse ton amour, ta bienveillance, et même ta façon de corriger les autres s’exprimer différemment selon l’âge et l’expérience des personnes auxquelles tu t’adresses. Dirige ou reprend les personnes plus âgées que toi avec le même respect qu’un fils vis-à-vis de son père ou sa mère. Dirige ou reprend les personnes plus jeunes que toi avec la même simplicité et la même affection que l’on peut avoir envers un frère ou une sœur … Voyez-vous, l’ordre du monde venant de la création n’est pas effacé dans l’Eglise sous prétexte que l’Eglise est le peuple de Dieu et que c’est l’Esprit de Christ qui la dirige … les principes de la création ne sont ni effacés, ni supplantés … mais restaurés et purifiés du mal ! 

(Diapo noire) Probablement, certains dans cette salle se disent que je suis vraiment en train d’enfoncer des portes ouvertes, que tout ce qui est dit ici sur la famille et sur son importance est d’une évidence absolue. Fort heureusement, vous n’avez pas eu besoin attendre cette prédication sur la famille pour l’aimer et en prendre soin.  Je vous l’accorde bien volontiers ! Mais je voudrais malgré tout faire deux remarques :

1) Evidemment, quand tout va bien, on ne se pose pas toutes ces questions ! Mais quand des tensions apparaissent, quand des incompréhensions reviennent régulièrement, quand des oppositions chargées sur le plan émotionnel naissent, ce qui devrait être naturel ne l’est plus autant. Et il peut être utile de se souvenir et de méditer des v4 et 8 de ce chap. 5 de la première à Timothée… et de trouver de la force dans ces versets (Diapo v4 et 8)        
v4 Qu'ils apprennent à exercer la piété d’abord envers leur propre famille … car cela est agréable à Dieu.
v8 Si quelqu'un ne prend pas soin des siens, et en particulier des membres de sa famille proche, il a renié la foi et il est pire qu'un non-croyant.

Prendre soin des siens vise d’abord, les besoins physiques, alimentaires, vestimentaires, de nos proches, mais on peut certainement y voir un peu plus. 

Prendre soin de sa épouse, prendre soin de son mari (c’est dans les deux sens), prendre soin de ses enfants, prendre soin aussi de ses parents, peut aussi se vivre sur le plan affectif, psychologique et même spirituel. C’est un acte qui est agréable à Dieu, et d’après le v4, c’est même un véritable acte de piété rendu envers Dieu qui est le Père de tous les êtres humains. 

Dans une société qui valorise le visible et l’engagement social, parfois au détriment de l’engagement familial, il est intéressant de souligner cette parole de l’apôtre ! Je sais bien que nous sommes dans une société où souvent les deux parents sont dans l’obligation de travailler, et que la société tend à nous imposer des rythmes fous. Je sais bien aussi qu’exercer un travail créatif est aussi un besoin inscrit dans notre cœur (j’en ai parlé il y a deux semaines). C’est une question d’équilibre ! Et loin de moi de juger les équilibres que chacun est amené à trouver par lui-même en fonction de ces circonstances de vie. Mais nous avons dans ce texte un avertissement, un rappel quand les tensions deviennent trop fortes. Il n’est pas sage de sacrifier sa famille sur l’autel de sa carrière ou même de son ministère.

2) Mais il y a une seconde raison pour laquelle il me semble important de rappeler ces quelques versets finalement peu connus de l’apôtre Paul. Ils nous aident à mieux comprendre le sens de certaines paroles de Jésus qui semblent relativiser la famille et même s’opposer à la place qu’elle prend dans la vie de ses disciples.

Je vous lis rapidement deux textes de l’Evangile de Luc qui m’ont souvent rendu perplexe : (Diapo luc)
Luc 9.59  Il [Jésus] dit à un autre : Suis-moi. Et il répondit : Seigneur, permets-moi d’aller d’abord ensevelir mon père. 60  Mais Jésus lui dit : Laisse les morts ensevelir leurs morts ; et toi, va annoncer le royaume de Dieu.
61  Un autre dit : Je te suivrai, Seigneur, mais permets-moi d’aller d’abord prendre congé de ceux de ma maison. 62  Jésus lui répondit : Quiconque met la main à la charrue, et regarde en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu.

Luc14. 26  Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. 27  Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple.

J’ai connu des chrétiens qui par souci d’obéir pleinement à ces paroles et croyant bien faire, ont délaissé leur famille. Ils l’ont fait avec de bonnes intentions et une motivation pure, prenant au sérieux les paroles du Maître, mais il me semble qu’ils ont bien souvent mal compris ce que Jésus voulait dire. Cela a conduit à des incompréhensions, et parfois même à des séparations. 

Mais dans ces deux passages de l’Evangile de Luc, l’intention visée par Jésus est la motivation venant d’un cœur entier. Quand Jésus nous demande de haïr notre propre vie, il ne nous demande pas de nous suicider, ni même de nous arrêter de manger et de boire … Il demande d’avoir un cœur entier pour Lui.

Il est probable que le père du premier disciple n’était pas encore mort, mais vieillissant et que le disciple de Jésus voulait repousser de plusieurs mois, voire plusieurs années sont désir de le suivre. Et là Jésus lui dit : « non, tu fais le mauvais choix ! » Il est probable que Jésus ne voulait pas empêcher le second d’aller dire un bref adieu à sa famille, mais qu’il lui demandait de sonder ses motivations, voyant en lui une hésitation, un regret de ce qu’il laissait derrière … !
Les demandes faites par les différentes personnes n’étaient nullement mauvaises en elles-mêmes, mais elles démontraient une méconnaissance du prix à payer, de la grandeur de l’appel lancé par Jésus, et des changements de priorités à vivre.

Il n’est pas question pour moi d’ôter le moins du monde la radicalité des paroles prononcées notre Seigneur ici. Elles nous disent très clairement que Dieu doit être premier dans notre vie et que nous ne pouvons pas suivre Christ avec un cœur partagé. Dieu est au-dessus de tout ! Tout renversement de l’ordre serait une forme d’idolâtrie où la famille viendrait injustement prendre la place de Dieu dans notre cœur.  (Diapo noire) 

Mais une fois que les bonnes priorités sont fixées, une fois que Dieu est clairement premier dans notre vie, une fois que notre désir de lui plaire est profondément acquis, alors il y a de nombreuses manières de le servir. Cela dépend de nos dons, de notre appel personnel. Et l’une des façons fondamentales de plaire au Seigneur et de le servir, soulignée par l‘apôtre dans 1 Timothée, consiste à prendre soin des siens. Elle consiste à aimer le Dieu qu’on ne voit pas, en aimant notre prochain et en particulier en aimant ceux que Dieu nous a confiés dans le cadre de la famille.

(Diapo v4) Je relis le verset 4 qui est un verset clé de l’apôtre Paul : Si une veuve a des enfants ou des petits-enfants, qu'ils apprennent à exercer la piété d’abord envers leur propre famille et à rendre à leurs parents ce qu'ils ont reçu d'eux, car cela est agréable à Dieu.
N’oublions pas la famille est visée depuis plusieurs décennies par Satan, qu’elle a subit de très nombreuses attaques. Le but évident du diable est de détruire ce lieu de protection et de construction de notre identité personnelle ; de fragiliser les individus, de les insécuriser, et même de désagréger leur personnalité, avec pour résultat de créer des adultes immatures et facilement manipulables par notre société. (Diapo noire)  
       
La famille qui était un socle de la société au temps de Jésus, ne l’est plus autant de nos jours, et nous devons en prendre soin !

Notre mission dans la vie est d’aimer le Seigneur notre Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre pensée et d’aimer notre prochain comme nous-mêmes. Mais nos plus proches prochains sont les membres de notre propre famille, et l’appel à aimer sa famille est un appel élevé. Et certains parmi nous peuvent y voir légitimement leur premier ministère, et ils ne doivent pas en avoir honte ni devant Dieu ni devant les hommes !

Christ n’est pas venu premièrement pour détruire la création, mais pour détruire le péché qui l’a abimé, il est venu pour restaurer tout ce qu’il y avait de beau et de bon dans ce monde. Et l’une des choses belles et bonnes que Dieu nous a donnée est la famille, malgré les nombreuses imperfections de chacun de ses membres, à commencer par nous-mêmes !
Prenons soin de nos familles, avec l’aide de Dieu ! Amen !  

Prière

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Questions pour les petits groupes : (prenez un petit temps de silence pour réfléchir chacun de votre côté aux questions posées avant de partager vos réponses en petit groupe)


  1. Comment fixez-vous vos priorités entre vie professionnelle, vie de famille, vie spirituelle et fraternelle ? (Par exemple : je n’en fixe pas ; le dernier événement vécu l’emporte sur les autres ; j’ordonne les activités chronologiquement ; je fixe les priorités de manière ferme et n’en déroge plus ; je modifie mes priorités en fonction du temps passé dans chaque domaine … etc.)
  2. Les fêtes, les célébrations sont très importantes dans la Bible, elles le sont aussi sur le plan familial. Avez-vous suffisamment d’occasions pour briser la routine, pour vivre des moments de qualité en famille (festifs, originaux ou simplement détendus …) ? Partagez vos souvenirs des moments les plus marquants que vous avez vécus en famille, soit dans votre jeunesse, soit dans un passé plus récent. Comment pourriez-vous les offrir aux membres de votre famille aujourd’hui (en tenant compte de leur préférence bien sûr)
  3. La famille implique une solidarité matérielle, affective, une écoute, mais elle est aussi un lieu de transmission de la Parole et d'un partage spirituel sincère (et cela quel que soit le degré de maturité de chacun). Que pourriez-vous imaginez comme moments forts et édifiants pour la famille sur le plan spirituel (culte de famille avec l’aide d’un guide ; partage de réponse à la prière, d’encouragement, de bénédictions reçues ; lecture de la bible aux enfants avant de se coucher … etc.) ?


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