Prédication du 22 novembre 2020 - « Faites de la lumière ! » - Colossiens 4. 2-6 : La prière, fondement du témoignage personnel
Ces derniers jours, certains de nos amis catholiques ont manifesté… pour que les messes soient à nouveau autorisées.
Or les discussions autour de ces manifestations ont révélé, je trouve, la profonde incompréhension du monde non-chrétien pour ce qui se passe dans les églises – et plus précisément, pour ce qui fait le cœur de la foi chrétienne : ce lien au Christ, si fort, dont les catholiques se sentent privés faute de messe. Les manifestants n’ont-ils pas su le dire ? Ou bien est-ce trop loin de la plupart des gens pour qu’ils l’entendent ?
Cela nous rejoint nous aussi : comment manifester autour de nous ce qui fait le cœur de notre foi ? Comment en témoigner de façon appropriée, et être audible ?
Comment, nous Église dispersée, pouvons-nous être témoins de l’espérance qui est en Jésus-Christ ? Comment briller comme le Seigneur nous y appelle, être signes du Royaume de Dieu dans ce monde qui a tant besoin d’espérance… sans prosélytisme malsain ni dialogue de sourd ?
La question n’est pas nouvelle, et Paul notamment l’aborde avec les chrétiens de Colosse.
La vie chrétienne, leur dit Paul, n’est pas une vie religieuse mais une vie de foi centrée sur le Christ vivant. C’est de lui que nous sommes appelés à être témoins, et cela commence par un engagement dans la prière, fondement de tout témoignage.
Colossiens 4. 2-6
2 Priez avec persistance, vigilance et reconnaissance.
3 Priez également pour nous, afin que Dieu nous ouvre une porte pour la Parole et que se dise le mystère du Christ, pour lequel je suis en prison ;
4 Priez donc pour que je fasse clairement connaître ce projet de salut, comme je le dois.
5 Conduisez-vous avec sagesse envers les personnes qui n'appartiennent pas au Christ, en saisissant toutes les occasions qui se présentent à vous.
6 Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, pour que vous sachiez comment vous devez répondre à chacun.
Prier parce que Jésus est le centre
En quelques mots, Paul donne les repères nécessaires pour comprendre ce qu’est réellement ce fameux « témoignage » dont on parle si souvent chez les Evangéliques.
Souvent, on croit que témoigner c’est parler de nous, de nos expériences spirituelles, de nos convictions voire de nos « valeurs ». Même s’il n’hésite pas à raconter son parcours, Paul lui ne perd pas de vue que le témoignage à rendre concerne d’abord Jésus-Christ : ce qui compte c’est que « se dise le mystère du Christ ».
De fait, tout au long de la lettre aux Colossiens, notamment au chapitre 1, Paul ne cesse de tout ramener à Jésus, celui qui est « l'image visible du Dieu invisible », le « Fils premier-né, supérieur à tout ce qui a été créé », celui par qui « Dieu a tout créé, dans les cieux et sur la terre » ; Christ qui « existait avant toutes choses », Christ qui est « la tête » de l'Église ; « le commencement, le Fils premier-né, le premier à avoir été ramené d'entre les morts, afin d'avoir en tout le premier rang ».
Jésus-Christ enfin, par qui Dieu « Dieu a décidé d'être pleinement présent » et de
réconcilier l'univers entier », par son sang versé sur la croix »…
Non, ce n’est pas pour rien que Paul parle du « mystère du Christ » !
Ainsi Jésus est plus qu’un sujet de discussion, un ensemble de valeurs ou de croyances … Il reste profondément mystérieux, impossible à enfermer, à limiter…
Comment alors témoigner de lui sans le connaître, et comment le connaître sans le prier ? Car c’est dans la prière qu’il ouvrira notre intelligence et notre cœur au mystère de qui il est.
Un témoin parle de ce qu’il a vu et entendu. Si nous parlons de Jésus sans vivre de relation avec lui… cela n’a pas de sens. C’est comme un témoin de mariage qui ferait un discours sur le marié sans l’avoir fréquenté, juste en ayant vaguement entendu parler de lui…
Prier pour rayonner
C’est aussi là, dans la prière, qu’une vie « rayonnante » puise sa lumière.
« Priez avec persistance, vigilance et reconnaissance », dit Paul. Et il poursuit : « Conduisez-vous avec sagesse envers les personnes qui n'appartiennent pas au Christ ».
Une vie de prière régulière et authentique est la condition d’une conduite sage, d’une vie qui manifeste la présence du Christ.
Dans ma vie, j’ai eu le privilège de rencontrer pas mal de chrétiens vraiment rayonnants – qui m’ont donné tellement envie de leur ressembler ! Des gens sages, attentifs aux autres, humbles, avec une belle cohérence foi/actes. Aucun d’entre eux n’avait conscience de manifester ainsi la présence du Seigneur. Aucun n’était parfait, mais leurs défauts soulignaient justement combien ce qu’ils manifestaient venait de plus haut qu’eux.
Tous avaient en commun une vie de prière profonde, persévérante.
Passer du temps dans la présence de Dieu… « ruminer » des paroles de la Bible, chercher à comprendre ce que Dieu attend de nous… c’est permettre au Saint Esprit d’éclairer nos pensées et de les orienter dans la bonne direction.
Changer notre regard sur l’autre en regard d’amour, par exemple.
Parce que nos pensées sont le poste de pilotage de notre vie, elles conditionnent nos actes.
Nous conduire « avec sagesse » exige donc que nos pensées soient éclairées par Dieu à travers la lecture de la Bible et la prière.
Prier pour des paroles inspirées
Si notre comportement a un impact déterminant sur notre témoignage, nous ne pouvons cependant faire l’impasse sur la parole. On cite souvent la formule : « témoignez de Jésus-Christ de toutes les manières possibles, et si nécessaire, employez la parole ».
C’est très beau, mais Paul dit au contraire que parler est une nécessité. « Priez … pour que je fasse clairement connaître ce projet de salut, comme je le dois » ; « Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, pour que vous sachiez comment vous devez répondre à chacun ».
Peut-être valorisons nous le témoignage « silencieux » - je ne dis rien, ils verront que je suis chrétien à mes actes – parce que nous avons peur de parler, tout simplement. Pour des raisons diverses.
Il y a aussi que nous connaissons mal le cadre de la laïcité. Si le prosélytisme, qui cherche à imposer des convictions aux autres, est interdit au travail, au lycée ou à la fac, le partage d’une foi personnelle, dans les discussions privées et le respect de tous, ne l’est pas. Nous pouvons parler !
Parler, donc… mais pour dire quoi ?
La réponse viendra de Dieu ! En effet, ce n’est pas pour rien que dans les Evangiles, tous les témoignages sur Jésus sont le fruit d’une inspiration de Dieu.
« Qui dites-vous que je suis ? » demande Jésus. « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », répond Pierre – et c’est le Saint Esprit qui lui a révélé. Des paroles humaines, mais inspirées car « ni la chair ni le sang » ne peuvent révéler l’identité de Jésus-Christ, seul « le Père qui est dans les cieux » (Mt.16.17).
Ainsi, il ne s’agit pas de réciter un catéchisme, d’argumenter à tout va ou d’utiliser des techniques commerciales pour « vendre » Jésus. Il ne s’agit pas non plus, comme nous l’avons évoqué il y a 15 jours, de ne parler que de « religion », de pratiques, de coutumes …
Nous qui ne possédons pas la vérité avons besoin de recevoir de Dieu des paroles de vérité, adaptées au moment et à la personne à qui nous parlons. Dieu la connaît, il sait ce dont elle a besoin.
Alors prions pour qu’il nous accorde des paroles inspirées, comme Paul : « priez … pour moi, afin que Dieu m'inspire les mots justes quand je m'exprime, et que je révèle avec assurance le projet de salut qu'est la bonne nouvelle ».
Avant une rencontre, un entretien… en début de journée, avant d’aller travailler… avant un repas de famille… demander des paroles inspirées au Seigneur. Des paroles « accompagnée de grâce, assaisonnée de sel », pour que nous sachions « comment nous devons répondre à chacun ».
Prions que nos paroles soient bien assaisonnées pour n’être ni fades, ni écœurantes ! Assaisonnées de grâce – de bienveillance, de vrai respect dans l’écoute de l’autre…
Assaisonnées de sel, aussi – ce sel qui donne soif d’en savoir plus, qui donne de la saveur à ce que nous disons – tiens, c’est intéressant… que quelque chose d’important percute.
Tout sauf du jargon, du « patois de Canaan » ou des phrases apprises par cœur…
Faites le test : expliquez en quoi consiste votre foi en langage ordinaire, sans utiliser de mots codés, bibliques… nos amis catholiques interviewés dans les manifs cette semaine ont essayé… pas simple !
Prions pour cela, vraiment.
Prier parce que tout dépend de Dieu
En somme, il nous faut prier parce que tout dans le témoignage dépend de Dieu. Les paroles que nous prononcerons, mais aussi les occasions de parler :
« Conduisez-vous avec sagesse envers les personnes qui n'appartiennent pas au Christ, en saisissant toutes les occasions qui se présentent à vous ».
Généralement ce n’est pas à nous de dire spontanément au nom de qui nous agissons – « attends, je vais t’aider à changer le toner, parce qu’en fait je suis chrétien »… « je t’ai apporté un café avec un sucre comme tu aimes parce que je suis chrétien… ».
Le Nouveau Testament semble plutôt trouver normal que ce soit l’entourage des chrétiens qui leur pose des questions, sans doute parce qu’une vie chrétienne fidèle doit interpeler, étonner. « Tenez-vous toujours prêts à vous défendre face à tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l'espérance qui est en vous », dit Pierre (1 Pi 3.15).
Soyons donc disponibles aux occasions d’échange que Dieu va créer, car c’est lui qui dirige toutes choses. Il crée les occasions, à nous de les saisir – et comment le faire si nous ne nous y attendons pas ? En revanche, si le matin j’ai prié que Dieu crée de telles occasions, je serai davantage prêt quand elles se présenteront. Souvent, c’est au moment le plus inattendu ! Manifestations de la grâce de Dieu qui se contente de bien peu de foi de notre part !
C’est Dieu qui appelle, qui « convertit ». A nous d’être à son écoute, et de nous appuyer sur lui.
Prier comme on lutte
Finissons par le premier verset : « Priez avec persistance, vigilance et reconnaissance ».
Persistance et vigilance : deux mots qui évoquent un effort, voire une lutte.
Et en effet, s’engager dans la prière implique de lutter. Ce n’est pas pour rien que dans un passage parallèle à celui d’aujourd’hui, Paul dit, avant d’appeler à la prière : « nous n'avons pas à lutter contre des êtres humains ; mais nous devons lutter… contre toutes les puissances spirituelles mauvaises qui sont dans les cieux » (Ephésiens 6.12).
Certes, pour nous engager dans la prière, nous devons lutter un peu contre des êtres humains : nous-mêmes ! En sortant du culte, on peut être hyper motivé pour prier tous les jours, et puis deux jours plus tard avoir oublié… le syndrome de la salle de sport appliqué à la prière : le 2 janvier je m’inscris, le 30 juin je me souviens soudain que j’ai pris un abonnement.
Culpabilisant ? Ne tombons pas dans ce piège, mais prenons conscience qu’il y a là un véritable combat spirituel contre des forces spirituelles qui veulent nous détourner de prier.
Ce combat est souvent d’apparence banale ; il suffit de décider de se consacrer à la prière pour que tout d’un coup, mille choses plus intéressantes à faire se présentent à nous. On se rend compte qu’il fait beau dehors, on pense à sa liste de courses, des notifications déferlent sur notre téléphone…
Rien de spectaculaire, et pourtant, le combat spirituel a commencé – contre la distraction, mais aussi les tentations, les pensées négatives - « à quoi ça sert ? », « je commence demain », « ce n’est pas mon don, moi je soutiens financièrement les évangélistes… »
« Priez avec persistance, vigilance … », dit Paul à tous les chrétiens.
Devant cet appel qui nous confronte à nos limites, voire nos échecs, ne cédons pas à la culpabilité qui est une arme de l’adversaire, mais faisons nous grâce ! Car la grâce de Dieu, elle, porte nos petits efforts. Le Saint Esprit lui-même vient « au secours de notre faiblesse » pour prier avec nous…
Alors acceptons notre besoin de lui, humblement, et commençons à prier : Seigneur, je suis là. Inspire-moi, envoie-moi.
Des progrès, pas la perfection, voilà le programme.
Paul lui-même, le grand apôtre, avait besoin de prières pour rayonner, pour savoir quoi dire et quoi faire.
Imitons son humilité et sa persévérance, et que le Seigneur nous vienne en aide.
Amen
Défi
Cette semaine, engageons-nous à prier avec persévérance pour quelqu’un qui ne connaît pas le Christ. Pour qui allez-vous prier ?
Que Christ se révèle à cette personne, ouvre des occasions de témoignage, inspire nos paroles…
Qu’il rayonne dans nos vies, pour Sa gloire !
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Colossiens 4.2-6
Après leur avoir expliqué en quoi consiste la vie chrétienne, Paul exhorte ici les Colossiens à s’engager dans la prière, à accompagner son témoignage et le leur d’une prière constante.
v2 : « Priez avec persistance, vigilance et reconnaissance ».
Le terme grec traduit par « persistance » exprime une ferme persévérance dans une attitude donnée, avec la notion de durée. Cf Hébreux 10.36-39 ; Luc 11.1-13
Paul appelle aussi à la vigilance : à la fois rester vigilant, concentré, à l’écoute pendant qu’on prie et l’être en permanence, pour saisir par exemple les « bonnes occasions » que Dieu nous offre de faire du bien, de témoigner, etc.
La reconnaissance stimule la persistance et la vigilance en rappelant ce que Dieu a déjà fait et ses bienfaits, ce qui est un bon antidote à l’endormissement…
Avez-vous des difficultés pour prier avec persévérance, pour rester « éveillés », vigilants dans la prière ? Partagez vos expériences. Quels sont les principaux obstacles que vous rencontrez ?
Avez-vous des stratégies pour soutenir votre vie de prière ?
Êtes-vous reconnaissants envers Dieu ? Comment lui exprimez-vous votre louange ?
Quelle part accordez-vous à la louange, la reconnaissance, dans vos prières personnelles ?
v.3-4 Priez également pour nous, afin que Dieu nous ouvre une porte pour la Parole et que se dise le mystère du Christ, pour lequel je suis en prison ; Priez donc pour que je fasse clairement connaître ce projet de salut, comme je le dois.
Priez-vous pour que Dieu inspire vos paroles ? Dans quelles circonstances ?
Avez-vous déjà vécu des moments où Dieu a clairement inspiré vos paroles ou celles d’une autre personne envers vous ? Partagez.
Prenez le temps de remercier le Seigneur pour cela.
Priez-vous régulièrement pour les autres ? Comment organisez-vous cette facette de la prière (listes de prière écrites, suivi de l’impulsion du moment…) ?
v.5-6 Conduisez-vous avec sagesse envers les personnes qui n'appartiennent pas au Christ, en saisissant toutes les occasions qui se présentent à vous.
Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, pour que vous sachiez comment vous devez répondre à chacun.
Comment concrètement « accompagner » nos paroles de « grâce » et les « assaisonner de sel » ?
Racontez un moment où vous avez partagé, ou essayé de “partager Jésus” avec quelqu’un qui ne le connaissait pas. Qu’avez-vous dit ? Comment cela s’est-il passé ? Quelles leçons en tirez-vous ?
Si c’était à refaire, que changeriez-vous ?
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