Prédication du 13 septembre 2020 - Matthieu 13.18-23 – L'enracinement en Dieu (S.Guiton)
Parfois, on lit cette histoire en mettant les chrétiens dans le rôle du semeur ; pour dire qu’il faut semer les graines de la parole de Dieu autour de nous, même si notre témoignage ne sera pas toujours bien accueilli et qu’elles ne germeront pour produire de beaux épis de blé que chez certaines personnes.
Cependant, si l’on écoute l’explication donnée par Jésus à partir du verset 18, il apparaît assez clairement que le semeur, c’est Dieu.
Quant à nous… nous serions plutôt du côté des terrains.
Et Jésus ici semble nous poser cette question : quel terrain es-tu pour la Parole de Dieu ? quel terrain veux-tu être ?
C’est un appel à prendre position, devant Dieu, pour Dieu.
Lisons l’explication de Jésus en Matthieu 13.18-23.
18 Vous donc, entendez la parabole du semeur.
19 Lorsque quelqu'un entend la parole du Règne et ne la comprend pas, le Mauvais vient s'emparer de ce qui a été semé dans son cœur : c'est celui qui a été ensemencé le long du chemin.
20 Celui qui a été ensemencé dans les endroits pierreux, c'est celui qui entend la Parole et la reçoit aussitôt avec joie,
21 mais il n'a pas de racine en lui-même, il ne tient qu'un temps ; sitôt que survient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, c'est pour lui une cause de chute.
22 Celui qui a été ensemencé parmi les épines, c'est celui qui entend la Parole, mais les inquiétudes du monde et l'attrait trompeur des richesses étouffent la Parole, et elle devient stérile.
23 Celui qui a été ensemencé dans la bonne terre, c'est celui qui entend la Parole et la comprend ; il porte du fruit et produit, l'un cent, l'autre soixante, l'autre trente.
Cette parabole traite d’un sujet essentiel : l’écoute de la Parole de Dieu et son effet dans nos vies, selon ce que nous en faisons.
Il y a ceux, nous dit Jésus, qui écoutent la Parole de Dieu sans chercher à comprendre vraiment ; il est facile alors pour le Diable d’arracher ce qui a été semé.
D’autres écoutent « avec joie », mais abandonnent quand les difficultés arrivent.
Il y a aussi ceux qui entendent, mais « les inquiétudes du monde et l'attrait trompeur des richesses étouffent la Parole » entendue, et elle devient stérile. C’est assez clair !
Et enfin, il y a « la bonne terre, celui qui entend la Parole et la comprend », et dont la vie va devenir féconde en bonnes œuvres, transformée en profondeur par la vie de Dieu.
Quel terrain suis-je, ce matin ?
Il semble évident que le dernier « terrain » est celui que Dieu souhaiterait trouver en nous, car un semeur ne sort pas semer juste pour le plaisir ! Ce qu’il veut, c’est du blé. Semer des grains qui ne germent pas n’est d’aucun intérêt pour lui, c’est du gaspillage !
Ce qui signifie qu’être un auditeur fidèle et intéressé de la Bible n’est pas suffisant.
En permettant que nous soyons en contact avec sa Parole, dans la Bible – sous quelque forme que ce soit – prédications, lecture personnelle, discussions… - Dieu veut répandre sa vie en nous. Produire de la croissance : que Sa Parole plantée en nous entraîne des changements concrets dans notre vie, notre façon de penser, d’aimer et d’agir.
Comme le blé est symbole de vie, il veut que nous devenions à notre tour source de vie pour ceux qui nous entourent, afin que le monde, peu à peu, soit régénéré par son amour.
Voilà donc ce qui différencie les 4 types de terrains : quels changements concrets la Parole de Dieu produit.
20 Celui qui a été ensemencé dans les endroits pierreux, c'est celui qui entend la Parole et la reçoit aussitôt avec joie, 21 mais il n'a pas de racine en lui-même, il ne tient qu'un temps ; sitôt que survient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, c'est pour lui une cause de chute.
Quel est le problème avec celui-ci ? Il entend la parole et « la reçoit aussitôt avec joie ». Entendre le message d’amour de l’Evangile, découvrir que Dieu l’aime, tel qu’il est, au point de donner la vie de son Fils pour lui… cela le touche, le remplit de joie ! Il s’est peut-être levé à la fin d’un culte d’évangélisation, ou dans un camp, ou lors du parcours Alpha, pour « donner sa vie à Jésus ». Il voit des changements dans sa vie, et c’est beau, et c’est précieux pour le Seigneur.
Le problème, dit Jésus, c’est qu’il « n'a pas de racine en lui-même. Jusqu’à ce que survienne la difficulté, peut-être que cela n’était pas perceptible. Mais on dit que les
les crises sont des moments de vérité.
Tant que tout roule, le travail, la santé, les amours, les amis… la bonne ambiance de l’Église… les moments de louange qui portent et touchent l’émotion… la Parole qui encourage et fait du bien… l’enthousiaste de projets collectifs motivants… la vie avec Dieu est sans nuage.
Jusqu’au moment où des difficultés importantes surviennent à cause de la foi, et la font vaciller, révélant son manque d’ancrage, de maturité.
Jésus ne juge pas ici, mais pointe le besoin d’une foi enracinée pour grandir. Le besoin d’avoir des racines « en soi-même », comme le texte grec le dit littéralement. Une foi avec de vraies racines intérieures.
Cette invitation à un enracinement intérieur est présente dans la tradition chrétienne depuis Jésus lui-même, qui insiste sur la nécessité d’une foi non seulement sincère, mais intériorisée, qui touche le cœur tout entier. De même, dans le passage qui a inspiré le titre du Chemin de rentrée, (Éphésiens 3), Paul prie pour que Dieu « fortifie l’être intérieur » des Éphésiens, et qu’ils soient « enracinés et solidement établis dans l'amour ».
Voir l’illustration de Mireille Dallance au centre du livret. Quelle différence entre ces deux arbres ? Les racines.
Quelles sont nos racines intérieures ? Nos forces et nos faiblesses, nos dons… notre histoire de vie, avec ses joies et ses blessures, l’influence qu’elle exerce sur notre comportement… comment je fais avec mes émotions… notre capacité à recevoir l’amour et le donner, à vivre les conflits…
L’amour… la réflexion… les paroles…
Il y aurait certainement d’autres choses encore. Je ne détaille pas davantage. Au fil du Chemin de rentrée, nous aurons l’occasion de revenir sur l’une ou l’autre de ces racines.
Parce que nous sommes enfants de Dieu, enraciné en lui par le St Esprit, il nous faut ancrer toutes ces racines en Dieu, dans sa Parole, son amour, par la foi.
Et cela demande un engagement personnel profond, qui seul peut nous permettre de traverser les épreuves inévitables de la vie – y compris de la vie d’Église - jusqu’à porter de beaux épis pour Dieu.
Je suis responsable de mon enracinement
Oui, avec cette parabole, Jésus fait appel à notre responsabilité personnelle ; à nous de décider : quel terrain je veux être pour la Parole de Dieu, et qu’est-ce que je suis prêt à faire pour qu’elle prenne racine en moi ?
Prendre nos responsabilités, en matière de croissance spirituelle, c’est fondamental.
On pourrait être tenté de penser que c’est à l’Église de nous faire grandir. Il pourrait être intéressant de se demander si la culture française de l’ État providence, dont on attend qu’il réponde à tous nos problèmes, n’influence pas subtilement nos rapports avec l’Église…
Bien sûr, Paul insiste dans ses lettres sur le fait que pour grandir, nous avons besoin de tuteurs et d’engrais, et que Dieu veille à nous les offrir dans l’Eglise, selon nos besoins – suscitant des frères et sœurs pour nous former, nous accompagner, marcher avec nous.
En même temps, chaque membre du corps de l’Église est aussi appelé à contribuer à la croissance des autres. Si Dieu nous donne, c’est pour que nous donnions à notre tour, , nous recevons même selon la mesure de ce que nous donnons : plus je donne, plus je reçois…
Peut-être que si nous pensons ne pas recevoir assez dans l’Église où nous sommes… c’est qu’il nous faut donner davantage ?
A nous en tout cas de faire notre part si nous voulons que la Parole de Dieu germe et s’enracine dans notre vie.
A nous de travailler notre sol intérieur, car comme le suggère l’image du grain, souvent utilisée par Jésus, avec Dieu,la croissance se produit de l’intérieur vers l’extérieur…
C’est pourquoi nous pourrons être inondés d’engrais spirituel, d’enseignements multivitaminés, aucun changement profond, aucune transformation de notre caractère à la ressemblance de Christ – qui est le but de la vie chrétienne - ne sera possible si nous ne nous engageons pas nous-mêmes sincèrement, dans la recherche de Dieu.
S’enraciner en Église
Si imparfaites qu’elles soient, les Églises restent le lieu où Dieu nous appelle à vivre cet engagement, à renforcer notre enracinement dans la Parole de Dieu, pour une transformation en profondeur.
Comment, concrètement ? Le texte suggère plusieurs clés, plusieurs disciplines qui favorisent l’enracinement. J’ai essayé de les rassembler dans un schéma :
D’abord, nous devons avoir la volonté d’écouter Dieu, d’être des « chercheurs de Dieu » persévérants (cf 2eterrain). C’est une des raisons d’être de l’Église : rassembler ceux qui cherchent Dieu dans Sa Parole.
Ensuite, il nous faut apprendre à écouter Dieu dans sa Parole et dans la Prière : développer une vie de prière qui ne soit pas seulement rituelle (on « fait ses prières ») ou superficielle (ne prier que quand on a besoin de déstresser ou d’être gardé). Apprendre à s’arrêter régulièrement pour tendre l’oreille, chercher la présence de Dieu dans une prière profonde, sincère.
L’Église est aussi un lieu stimulant pour vivre cela, notamment dans des petits groupes, ou le lundi midi à la Causerie par exemple… Prier avec d’autres chrétiens.
Un accompagnement spirituel peut aussi être bienfaisant.
Enfin, Partager en vérité avec les autres chrétiens questions, paroles entendues, doutes... (4e terrain : « entendre » et « comprendre » la Parole ; porter des grains = agir).
Répondre à la parole reçue de Dieu en partageant nos dons, en nous engageant dans le service des autres au sein de l’Église.
Partager aussi la parole reçue dans notre vie quotidienne, pour porter des fruits dans le témoignage de notre foi et le service des autres, notamment dans notre vie professionnelle et familiale.
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Chercher Dieu ensemble. Nous enraciner en Dieu ensemble. Telle est donc notre responsabilité.
Ce que Dieu veut, c’est donc que Sa Parole s’enracine en nous pour que nous mûrissions.
Soyons assurés que le Seigneur nous conduira et nous équipera si nous nous engageons ainsi pour lui !
Comme je le dis souvent, je crois que cet enracinement intérieur est l’un de nos principaux défis de chrétiens occidentaux du XXIe siècle. Nous pouvons facilement être cette personne aux racines peu profondes, qui voudrait bien s’enraciner mais qu’un mode de vie basé sur le mouvement permanent et la recherche du bonheur hors de soi détourne de soigner ses racines...
Relevons ce défi, en prenant position, sous le regard d’amour et de grâce de notre Père céleste.
Interrogeons-nous alors :
- Est-ce que je désire m’enraciner davantage dans le Seigneur ?
- Si oui, suis-je prêt à m’engager pour chercher Dieu en communauté, dans sa parole, dans la prière, dans le partage ?
Voilà la belle invitation que le Seigneur nous adresse, à chacun.
Dans cette perspective, le Chemin de rentrée que nous avons préparé, avec plusieurs frères et sœurs de l’Église, est aussi une façon concrète de vivre ces 3 P – Parole, Prière, Partage, dans les 4 semaines qui viennent, pour un enracinement commun.
Rien n’est obligé, bien sûr, chacun est libre.
Que le Seigneur bénisse chacun d’entre nous, nous conduise, et continue à nous apprendre à nous aimer les uns les autres comme lui nous aime.
Amen
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