Série Actes des Apôtres - Histoire du boiteux guérit - Actes 3.1-11 - Un double décalage entre nous et Dieu (F. Sépari)
Eglise de
Lyon (vidéo) le 29 mars 2020
J’aimerais pour
ce matin continuer à méditer le livre des Actes des apôtres que nous avons déjà
commencé depuis quelques semaines. Compte tenu de la gravité de l’épidémie de
coronavirus, quelques-uns pourraient se demander s’il n’aurait été plus pertinent
de prendre un thème comme la maladie par exemple, ou mieux encore la guérison,
ou la puissance de la prière. Je suis d’accord que certains sujets peuvent être
plus adaptés que d’autres à certaines circonstances, mais je crois que le texte
de ce matin a quand même quelque chose à nous dire par rapport à notre
situation présente, qui est une situation de confinement, de contacts réduits,
et peut-être même d’inquiétude.
Je vous
invite à lire avec moi le début du chapitre 3 du livre des Actes :
Lecture Actes 3.1-11 :
(Diapo
texte) (Diapo texte)
3 Il
était trois heures de l’après-midi, l’heure de la prière. Pierre et Jean
montaient ensemble au temple. 2 Or, on amenait un homme boiteux
de naissance, qu'on installait tous les jours à la porte du temple appelée la
Belle pour qu'il demande l'aumône à ceux qui entraient dans le temple. 3 Voyant
Pierre et Jean sur le point d’y entrer, cet homme leur demanda l'aumône. 4 Pierre,
accompagné de Jean, fixa les yeux sur lui et dit: «Regarde-nous!» 5 Il
les regardait attentivement, s'attendant à recevoir d'eux quelque chose. 6 Alors
Pierre lui dit: «Je n'ai ni argent ni or, mais ce que j'ai, je te le donne: au
nom de Jésus-Christ de Nazareth, [lève-toi et] marche!» 7 Puis
il le prit par la main droite et le fit lever. Ses pieds et ses chevilles
s'affermirent immédiatement; 8 d'un bond il fut debout et se
mit à marcher. Il entra avec eux dans le temple, marchant, sautant et adressant
des louanges à Dieu. 9 Tout le peuple le vit marcher et louer
Dieu. 10 Ils reconnaissaient que c'était bien celui qui était
assis à la Belle porte du temple pour demander l'aumône, et ils furent remplis
d'étonnement et de stupeur à cause de ce qui lui était arrivé. 11 Comme
il ne quittait pas Pierre et Jean, tout le peuple stupéfait accourut vers eux
au portique appelé portique de Salomon. (vidéo)
Une fois de
plus, Pierre va profiter de cet attroupement, de cette foule remplie
d’étonnement et de stupeur pour annoncer le message de l’Evangile et parler de
la résurrection de Christ qui est plus extraordinaire encore que la guérison
d’un boiteux qui devra malheureusement un jour quitter cette vie !
L’impact de son message est une fois de plus énorme, et l’Eglise de Jérusalem
va presque doubler atteignant le chiffre énorme pour l’époque de 5000 hommes.
Il est clair que le but de cette narration est de montrer
qu’il y a une continuité entre le ministère de Jésus avant Sa mort et le
ministère de l’Eglise et des apôtres après la résurrection du Christ et son
élévation au ciel. Jésus est toujours vivant, et maintenant il continue à agir
à travers un nouveau corps, qui est l’Eglise, qui l’assemblée des croyants, et il
continue à parler aux travers de ces envoyés que sont les apôtres, qui nous
parlent encore aujourd’hui par les Ecritures Saintes ! C’est le pouvoir de
l’Esprit de Christ et Sa présence invisible qui guérit instantanément le
boiteux, et c’est encore l’Esprit de Jésus qui parle au travers de la bouche de
Pierre afin d’expliquer le sens de ce que les gens viennent de voir !
Jésus n’est pas mort, mais toujours vivant, toujours agissant, toujours aussi
puissant, même s’il agit de manière différente, selon la période de l’histoire
du salut ! Mais j’aimerais ce matin m’attaché à quelques éléments de
détail qui touche à la relation et à l’échange entre les apôtres et l’homme
boiteux.
Ce texte
nous raconte l’histoire d’un juif né avec un terrible handicap de naissance (Diapo boiteux)
au point que cela l’empêchait
de se déplacer seul, même lentement. Il fallait le porter jusqu’au lieu où il faisait
l’aumône. Ce n’était pas une petite claudication légère, mais quelque chose de vraiment
sérieux. Cet homme était sans doute croyant comme beaucoup de ceux qui
franchissaient la porte du temple de Jérusalem, mais probablement, il n’attendait
plus grand-chose de la vie, ni même de Dieu. Après 40 ans de prière sans changement,
sans exaucement, il était sans doute entré dans un mode survie, n’espérant rien
de plus que les quelques pièces nécessaires à sa nourriture quotidienne !
Les jours devaient tous se ressembler et se confondre, et les centaines de
pèlerins qui passaient devant lui aussi ! Vraisemblablement, cet homme s’était
retranché dans une forme d’indifférence pour mieux supporter le regard des
passants qui scrutaient sa misère les uns après les autres : ne pas
parler, ne pas trop faire confiance, ne rien ressentir. Il se contentait de
tendre la main ou son écuelle.
Et c’est
sans doute pour cela, que lorsque les apôtres Pierre et Jean passent devant cet
homme, (Diapo
Pierre) et lui demandent de lever les yeux : Regarde-nous, disent-ils au v4 !
Les apôtres ne veulent pas lui offrir une sorte de charité mécanique, mais
vivre avec lui une vraie rencontre, comme avec toute personne qui compte
aux yeux de Dieu …! (vidéo) Et ce « regarde-nous »
des deux apôtres, est la toute première chose qui m’a touché dans ce passage
biblique. Il y a là, le désir d’une relation personnelle.
La seconde
chose qui m’a interpellé dans cette narration est le décalage manifeste entre
l’attente du boiteux et le don que voulaient lui accorder les apôtres … de la
part de Dieu. On peut relire à ce propos les v 5-7 : (Diapo texte)
5 Il
les regardait attentivement, s'attendant à recevoir d'eux quelque chose. 6 Alors
Pierre lui dit: «Je n'ai ni argent ni or, mais ce que j'ai, je te le donne: au
nom de Jésus-Christ de Nazareth, [lève-toi et] marche!» 7 Puis
il le prit par la main droite et le fit lever. Ses pieds et ses chevilles
s'affermirent immédiatement … (vidéo)
Le boiteux s’attendait
à une obole, rien de plus ! Mais Pierre et Jean voulaient lui donner
quelque chose de meilleur encore, quelque chose capable de faire disparaitre
les causes même de sa mendicité et de sa tristesse intérieure. En réalité, je
suis presque sûr que Pierre et Jean auraient pu avoir de l’argent et lui jeter quelques
pièces s’ils l’avaient vraiment voulu. Mais ils n’ont pas pris cette peine, car
ils voulaient accorder à cet homme un bien plus précieux, plus fondamental, qui
aille directement à la racine de son problème, mais que lui le boiteux n’imaginait
même pas possible, et n’osait pas envisager. En lui rendant la capacité de
marcher, les apôtres lui donnaient tout à la fois la possibilité de travailler,
de se nourrir lui-même, de jouir davantage de la vie, et aussi la possibilité de
donner aux autres à son tour, mais par-dessus tout, les apôtres lui
apportaient une vision du monde radicalement différente, un monde où Dieu est
n’est pas indifférent mais s’intéresse à nous.
Et donc,
bien au-delà du miracle lui-même, et du signe d’amour, de la compassion de Dieu
dont ce texte nous parle, il y a un double décalage qui a attirés mon attention (Diapo
double décalage)
:
1) Il y a
tout d’abord le décalage entre les attentes très limitées du boiteux, et
ce que les apôtres voulaient lui donner de la part de Dieu ? Et puis, 2) il
y a un décalage touchant à leur relation. Le boiteux ne cherchait pas vraiment
de relation avec ses donateurs, les apôtres en revanche cherchaient un vrai contact
personnel avec celui qu’ils voulaient bénir.
(vidéo) Il faut bien sûr être prudent quand on
transpose une histoire singulière de la Bible à notre propre vie. Il ne faut
pas abusivement généraliser, et allégoriser sans discernement, mais je me suis dit
que ce boiteux bloqué à l’entrée du temple, et qui était aussi bloqué dans sa
foi et sa vie spirituelle pouvait être une image de nous-même, et de notre
vie spirituelle souvent insatisfaisante. Nous vivons, nous aussi, ce double
décalage avec Dieu.
Nous prions, et nous adressons des requêtes à
Dieu et c’est très bien, mais est-ce que nous cherchons à savoir ce que Dieu
veut vraiment pour nous de manière ultime ? Est-ce que nous savons
vraiment ce qui est le meilleur pour nous ? Il me semble que souvent nous sommes plus
disposés à réclamer une petite pièce à Dieu pour continuer à vivre, à avancer,
à espérer, qu’à chercher la bénédiction ample que Dieu voudrait peut-être nous
offrir! Je ne sais pas quelles sont vos requêtes aujourd’hui. Probablement la
fin de cette épidémie ; peut-être la guérison d’un parent malade, la
reprise de votre activité, ou de façon plus pragmatique le retour de vos
enfants à l’école (ce sont certes nos enfants chéris, mais parfois des chéris un
peu bruyants, exigeants et fatigants) ? Toutes ces choses sont bonnes,
mais est-ce vraiment là ce que Dieu veut pour nous ? Entrainés dans le tourbillon
qu’impose notre société, nous parons souvent au plus pressé, et nous nous
fixons des sous-objectifs court terme, qui relèvent du « faire », de « l’agir »,
y compris dans le domaine spirituel : « aller au culte », « participer
à telle étude, à telle formation », m’engager dans tel service … Toutes
ces activités sont parfaitement honorables, mais elles ne sont pas forcément ce
que Dieu aimerait nous donner de façon ultime ! Il peut y avoir un décalage entre nos désirs,
y compris les plus spirituels, et ce que Dieu voudrait nous accorder.
« Arrêtez est sachez que je suis Dieu ! » C’était qui nous a été verset rappelé récemment
par mon collègue Sylvain Guiton. C’est
un verset tiré du psaume 46 qui dit aussi : (Diapo Ps 46. 6, 10)
Ps 46. 6
Des nations s’agitent, des royaumes s’ébranlent ; Il (Dieu) fait
entendre sa voix : la terre se fond d’épouvante… 10 Arrêtez, et sachez que je suis Dieu : Je
domine sur les nations, je domine sur la terre.
Savons-nous nous arrêter et écouter ce que
Dieu veut nous dire et nous donner, ou bien est-ce que nous craignons de le
connaître sa volonté, juste au cas où cela serait trop différente de la nôtre ?
(vidéo) Est-ce que nous croyons que ce que Dieu veut
est vraiment meilleur que ce que nous voulons nous-mêmes ?
Et puis, à propos de cette relation personnelle
esquissée par les apôtres en direction de l’homme boiteux, je me dis que,
souvent, nous n’aspirons pas à avoir une relation avec notre Créateur, en
tout cas beaucoup moins que nous ce que nous prétendons ! Et par la
voix des apôtres, j’ai l’impression que Dieu me dit : « Regarde-moi », « tourne les
yeux vers moi un peu plus que ces quelques minutes que tu m’accordes de temps
en temps dans ton emploi du temps surchargé. Arrête le flot incessant de tes
pensées, de tes préoccupations … Cherche ma présence, car moi je cherche ton
cœur… et je ne le trouve que bien rarement !
(Dia
Michée 6.6,8). Le
prophète Michée a écrit 700 ans avant JC. Michée
6.8 : 6 Avec quoi me présenterai-je devant l’Eternel, Pour m’humilier
devant le Dieu Très-Haut ? … L’Eternel agréera-t-il des milliers de
béliers, Des myriades de torrents d’huile ? … 8 On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est
bien ; Et ce que l’Eternel demande de toi, C’est que tu pratiques la
justice, Que tu aimes la miséricorde, Et que tu marches humblement avec ton
Dieu.
La dernière portion
de phrase souligne un désir important de Dieu : « que tu marches humblement avec ton Dieu ». Dieu cherche une relation avec nous, est-ce
nous la recherchons aussi ? (vidéo) Est-ce que nous sommes prêts à
utiliser un peu de ce temps habituellement réservé à nos contacts sociaux pour
chercher Sa présence ? Je sais bien que certains ne sont pas moins chargé mais
bien davantage depuis le confinement de la société française, et que ce n’est
pas forcément simple. Mais je maintiens malgré tout ma question : Est-ce
que je cherche vraiment une relation avec Dieu ?
En ce qui me concerne, je confesse que
je ne le cherche pas autant que je devrais. J’aime lire ma Bible certes, mais j’ai
moins de plaisir à prier, à faire silence, à écouter ce que Dieu veut me
dire ! C’est moins gratifiant, cela manque d’actions à mes yeux. Parfois
Dieu me parle durant ce temps d’écoute, mais parfois non, il m’est arrivé d’être
déçu parce que rien ne s’était vraiment passé !
Mais
voyez-vous, on ne s’approche pas de Dieu, comme on s’approche de ses semblables.
Dieu n’est pas un bon copain cosmique … il est différent de nous, infiniment plus
grand que nous, c’est à nous de faire silence, et c’est à nous de nous
astreindre aux conditions d’une rencontre avec Lui, et non le contraire ! Dieu
est vivant, il ne se soumet pas à nos conditions, ni à notre contrôle ! Et
il a tous les attributs d’une vraie personne : libre, intelligente, et parfois
même imprévisible pour notre esprit limité, et en même temps relationnelle, émotionnelle,
capable de coopérer ou non avec les autres !
Et si
parfois nous n’avons rien ressenti dans notre temps de prière, ce n’est pas
grave, car Lui sait que nous avons cherché à le rencontrer et à lui
plaire ! Et cela réjouit son cœur de Père !
Sans doute,
avez-vous entendu parler de cet enfant sauvage qui avait été retrouvé dans
l’Aveyron à la fin du 18ème siècle. (Diapo enfant sauvage) Cette
histoire a montré les limites du développement d’un homme en dehors de toute
société humaine. Nous avons tous clairement besoin de nos semblables pour
devenir pleinement humain.
Mais c’est aussi la même chose sur le plan spirituel. Nous
avons clairement besoin de Dieu pour développer la dimension spirituelle de notre
être, celle qui est faite à Son image ! (vidéo) Dieu veut une relation
avec nous, parce qu’il nous aime, mais aussi parce que nous en avons besoin de
Lui pour développer notre potentiel d’enfants de lumière, de fils et de
fille de Dieu ! Mais voilà, est ce que nous le voulons vraiment … ou du moins suffisamment ?
Est-ce que nous sommes prêts à conduire notre vie selon les objectifs de Dieu
plutôt que selon les nôtres ?
Je vous encourage à profiter de ce
temps de pause forcée pour chercher la présence de notre Créateur dans vos
temps de recueillement, chercher à connaitre ses objectifs pour notre vie, et à
croire que ce qu’il veut pour chacun de nous … est encore meilleur que ce que
nous voulons pour nous-mêmes ! Que
Dieu nous fasse cette grâce ! Amen !
Prière
Questions pour les petits groupes de partage
Relisez
2.42 à 4.4 pour replacer la guérison du boiteux dans son contexte.
Questions d'observations
-
- Enumérez
les événements successifs mentionnés dans 3.1- 4.4
- Le boiteux demande l’aumône, mais quel est son vrai besoin ?
- Notez les différentes étapes de l’expérience du boiteux.
- Comment réagit-il après sa guérison ?
- Qu’en pensent les gens qui l’observent ?
- L’étonnement et ma stupeur sont-ils déjà un signe de foi de la part des observateurs?
- Quelle occasion est donnée à Pierre ? Quand la foi véritable apparait-elle chez les auditeurs ?
- Versets 12 à 14 : A qui Pierre attribue-t-il le pouvoir de guérir ?
- Transcrivez dans vos mots la pensée de l’apôtre au 12 ? Que veut dire le mot "piété" du v12 (si c’est le mot choisi par votre traduction). Quelle leçon en tirer pour soi-même ?
Question
en rapport avec la méditation sur Actes 3.1-11 et le double décalage :
- Faites la liste de ce qui vous semble important ou de ce qui prend le plus de place dans votre vie.
- Puis essayez (seul ou à plusieurs) d’imaginer ce que Dieu veut développer en vous maintenant et pour l’éternité.
- Comparez les deux listes. Quels sont les points de convergences et ceux de divergences ?
- Décalage 1 : Débattez de cette question : Comment faire en sorte que notre volonté se conforme progressivement et librement à celle de Dieu ? Quelles sont les pensées, perspectives, convictions sur lesquelles ils nous faut travailler ?
- Décalage 2 : A propos du désir de Dieu d’avoir une relation authentique avec ses enfants, citez les hommes ou les femmes qui ont réjoui le cœur de Dieu dans l’Ancienne Alliance ou la Nouvelle Alliance ? Qu’ont-ils fait de particulier pour cela ? Ont-ils eu une vie parfaite ? Quel rapport existe-t-il entre « foi en Dieu » et « relation avec Dieu » ?
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