Prédication du dimanche 15 décembre 2019 - Luc 1.26-38 : Dire oui au règne de Jésus dans notre vie (S. Guiton)
Prédication du dimanche 15 décembre 2019
Luc 1.26-38
Dire oui au règne de Jésus dans notre vie
En ce troisième dimanche de l’Avent, je vous invite à méditer un récit fameux situé au début de l’Evangile de Luc, celui de l’Annonciation.
Lisons en Luc 1.26-38.
26Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée du nom de Nazareth, 27chez une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David ; le nom de la vierge était Marie.
28Il entra chez elle et dit : Réjouis-toi, toi qui es comblée par la grâce ; le Seigneur est avec toi.
29Très troublée par cette parole, elle se demandait ce que pouvait bien signifier une telle salutation.
30L'ange lui dit : N'aie pas peur, Marie ; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
31Tu vas être enceinte ; tu mettras au monde un fils et tu l'appelleras du nom de Jésus.32Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père.
33Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob ; son règne n'aura pas de fin.
34Marie dit à l'ange : Comment cela se produira-t-il, puisque je n'ai pas de relations avec un homme ?
35L'ange lui répondit : L'Esprit saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi l'enfant qui naîtra sera saint ; il sera appelé Fils de Dieu.
36Elisabeth, ta parente, a elle aussi conçu un fils, dans sa vieillesse : celle qu'on appelait femme stérile est dans son sixième mois.
37Car rien n'est impossible de la part de Dieu.
38Marie dit : Je suis l'esclave du Seigneur ; qu'il m'advienne selon ta parole. Et l'ange s'éloigna d'elle.
Une semaine après la fête des Lumières, nous sommes bien placés pour constater tout ce que la tradition a fait de Marie. Tout ce qui a été ajouté à la révélation donnée ici – on a fait d’elle une déesse, imaginé qu’elle était restée perpétuellement vierge, qu’elle était elle-même sans péché... Autant de choses que la Bible ne dit pas, de même qu’elle est étonnement pauvre en « merveilleux », en « magie » de Noël.
Si la tradition en est venue à ajouter tant d’angelots, de lumières et de miracles à l’évènement Noël, c’est peut-être parce que celui-ci, en réalité, n’est pas très éclatant. Il n’y a pas grand-chose à voir – mais tant à croire !
Pas de merveilleux, donc, ici : l’ange n’est même pas décrit.
Mais ce qui compte, et qui trouble Marie, ce sont ses paroles, et il y a de quoi ! l’ange lui annonce que c’est le Fils de Dieu lui-même qui va venir au cœur de sa vie, de son ventre !
Voilà le mystère au cœur de Noël : qui est Jésus ?
Qui est ce Dieu qui se révèle, là ? Et que vient-il nous dire sur nous même, sur qui nous sommes et sur ce qu’il attend de nous ?
A. Un nouveau regard sur Dieu
Dieu se révèle ici non comme un Dieu lointain mais comme celui qui vient à notre rencontre, de sa propre initiative : « Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieudans une ville de Galilée du nom de Nazareth, 27chez une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David ; le nom de la vierge était Marie ».
Par l’intermédiaire de l’ange (litt : le messager) Dieu vient rejoindre Marie là où elle est, dans sa maison même. Ainsi Dieu n’attend pas que nous le rejoignions dans des lieux saintes, des Eglises ou des temples. Il vient lui-même dans notre réalité, et c’est là, à domicile, au travail, dans la rue… là où nous sommes, qu’il fait venir sa vie dans la nôtre.
Un roi souverain
Ce Dieu qui s’abaisse jusqu’à Marie est pourtantle roi souverain, le « Seigneur Dieu », celui qui décide de toutes choses. L’ange vient pour annoncer son plan éternel, établi avant la création du monde.
Il est un Dieu de relation
un Dieu fidèle, qui s’engage : ainsi les paroles de l’ange sont pleines d’allusions aux prophéties de l’Ancien Testament (les montrer) ; ce qui signifie que Dieu n’a pas oublié ses promesses, et qu’il vient maintenant les réaliser. Marie chantera cela quelques versets plus loin : « il s’est souvenu de sa compassion envers Abraham et sa descendance, pour toujours » (Luc 1.55).
Un Dieu saint
Enfin, c’est un Dieu saint, créateur et tout puissant, un Dieu au-delà de notre compréhension qui va se manifester ici dans « la conception virginale ».
A la question pleine de bon sens d’une Marie stupéfaite – et on la comprend ! – « Comment cela se produira-t-il, puisque je n'ai pas de relations avec un homme ? » - l’ange répond par un autre mystère : « L'Esprit saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi l'enfant qui naîtra sera saint ; il sera appelé Fils de Dieu ».
Comment comprendre cela ? Bien que la conception soit miraculeuse, elle n’est pas inexplicable, et elle est même pleine de sens.
D’abord, pourquoi est-ce important que Jésus naisse hors d’une relation sexuelle normale ? Contrairement à certaines croyances, ce n’est pas parce qu’il y aurait une forme de pureté associée au fait d’être vierge : Marie était marquée par le péché comme nous tous et avait besoin elle aussi du Sauveur. Mais parce que cette conception virginale, par son originalité, est un signe de la filiation divine de Jésus, le Christ, une façon unique d’entrer dans la vie humaine.
C’est aussi un signe de jugement sur la nature humaine. Elle a besoin d’un sauveur, mais elle est incapable le produire par elle-même ; c’est vrai, on essaie depuis des millénaires ! On produit des rois, des guerriers, des savants, des Albert Einstein et des Jeff Besos … mais aucun sauveur valable.
Il faut donc que le Dieu de grâce intervienne, de sa propre initiative, et il est là, dans cette « ombre » qui descend sur Marie et qui évoque la nuée de l’Ancien Testament, signe de sa présence divine. Ce qui va se passer là est un véritable acte de création, comme au commencement, création par le Saint Esprit qui « planait sur les eaux », dit la Genèse.
1+1+1=1
La Trinité divine est présente ici, discrètement : Dieu le Père envoie Dieu l’Esprit créer une nature humaine pour le Dieu le Fils, qui existe de toute éternité mais va ici devenir aussi un être humain. Ainsi Luc laisse entendre que Jésus va être créé par le Saint Esprit dans le ventre de Marie, comme une toute nouvelle création. La première est marquée par le péché, mais en Christ c’est une nouvelle humanité qui commence. C’est le signe d’un nouveau commencement, comme celui que Dieu nous offre lors de notre conversion, lorsqu’il nous fait naitre « d’en haut » par son Esprit (Jn 1.13).
L’enfant à naître sera donc pleinement Dieu, et en même temps il sera pleinement homme, inscrit dans la filiation du roi David par Joseph (rappel que la filiation qui compte est l’adoption et non la biologie), David dont le Sauveur devait descendre justement. Homme car porté par une femme, comme tout enfant, de la conception à la naissance et même après.
Et en même temps appelé à régner sans fin sur le monde.
Un Dieu qui se fait proche
Ainsi ce Dieu fidèle, tout puissant et mystérieux vient se révéler ici… dans l’abaissement, dans la fragilité d’un nourrisson, dans la discrétion et la vie la plus ordinaire. Car si la fécondation est miraculeuse, le reste du processus est tout à fait « naturel » - même si toute naissance reste un acte créateur de Dieu !
Marie va porter l’enfant et l’élever comme le fait toute mère. Au début rien ne le distinguera des autres enfants, même pas son prénom, Jésus – « Dieu sauve » - un des prénoms les plus répandus à l’époque en Israël. La suite montrera que lui seul porte pleinement le sens de son prénom : en lui, c’est bien Dieu qui vient sauver les hommes.
On dit que l’image que l’on a de Dieu détermine notre foi. Alors en ce temps de Noël, arrêtons-nous : qui est Jésus pour nous ? Croyons-nous que dans cet enfant, c’est le créateur de l’univers lui-même qui est venu ? Croyons-nous que rien n’est impossible pour lui ? Croyons-nous qu’il a des choses à nous dire, un chemin à nous révéler pour notre vie ?
B. Un nouveau regard sur nous-mêmes
Car en venant à la rencontre de Marie, Dieu vient aussi lui dire des choses sur elle-même, et l’inviter à entrer dans elle aussi dans le mouvement de l’amour de Dieu.
Et même si Marie est la seule à avoir eu le privilège de porter Jésus dans son ventre, ce qui lui est dit nous concerne, nous aussi.
Aimé, choisi
Dieu lui dit son amour et sa grâce : « Réjouis-toi, toi qui es comblée par la grâce ; le Seigneur est avec toi ». Quelle grâce y a t’il à se retrouver enceinte sans père, peut-on se demander spontanément ?
D’abord, Dieu lui dit qu’elle a été choisie, qu’elle compte à ses yeux. « Il a abaissé les yeux sur moi », dira Marie plus loin.
Nous sommes tous en attente d’un signe que Dieu nous aime, nous aussi, que nous comptons à ses yeux. Ces paroles sont pour nous, en Jésus : « Réjouis-toi, toi qui es comblée par la grâce ; le Seigneur est avec toi ».
Comme Marie, nous sommes choisis par Dieu en dehors de tout mérite, et malgré notre péché– parce qu’il a décidé de venir nous sauver, par la venue de Jésus qui a tout accompli pour nous. Voilà un vrai sujet de joie !
Choisis pour accueillir le Fils de Dieu au cœur de notre vie
Comme à Marie, Dieu nous choisit pour accueillir son Fils au cœur de notre vie, et à nous mettre tout entièrs au service de son règne éternel - dans notre vie d’Église, notre vie de famille, notre vie professionnelle…
Paul résume ce mystère par une formule : « Christ en vous, l'espérance de la gloire. » (Col.1.27)
Comme à Marie, il nous révèle par Jésus son plan : établir son règne d’amour et de paix sur toute la création, pour l’éternité.
Et il nous pose une question simple :
veux-tu en être - ou non ?
Dire oui au règne de Jésus dans notre vie
Marie est remarquable par sa foi : elle répond oui à Dieu : « Je suis l'esclave du Seigneur ; qu'il m'advienne selon ta parole ».
C’est vraiment une réponse de foi parce que ce n’est que le début du chemin ; les versets suivants montrent qu’elle va prendre conscience progressivement de ce qui lui arrive.
Ce n’est qu’un peu plus tard qu’elle chantera sa reconnaissance à Dieu, après avoir reçu des confirmations pour l’encourager.
Elle va comprendre peu à peu à quel point le plan de Dieu bouscule ses projets de vie, qui étaient certainement plus sages, plus tranquilles. Avoir un enfant « sans père », à l’époque, c’est être mise au ban de la société. Elle risque de perdre Joseph. Plus tard, il lui sera aussi annoncé que son cœur de mère sera brisé. A plusieurs reprises, elle ne comprendra plus son fils, s’inquiétera pour lui. Puis elle le verra crucifié – avant de recevoir la révélation de sa gloire, lors de la résurrection.
En écoutant l’ange, Marie n’a pas forcément conscience de tout ça. Mais elle dit oui, juste parce qu’elle a confiance en ce Dieu qui lui demande, et dont les paroles changent le regard qu’elle porte sur elle-même : elle compte pour Dieu !
La foi, c’est cela : regarder à Dieu et non à nous-mêmes. Et accepter de nous regarder à travers sa Parole, à travers ses yeux.
Regarder à sa grâce, à ses promesses. Et lui dire oui, non parce que nous nous sentons de le faire mais juste parce que c’est luiet qu’on lui fait confiance.
C’est parce que Dieu est qui il est que je peux lui dire oui, et que je peux accepter qu’il vienne établir en moi et dans ma vie quotidienne son règne qui n’a pas de fin.
Comme pour Marie, ce règne s’établira progressivement dans le monde, en s’établissant progressivement en moi.
Dieu cherche des cœurs assez souples pour renoncer à leurs propres plans et dire oui au sien. `Des cœurs assez souples pour laisser l’amour de Dieu les agrandir, les guérir, les ouvrir.
Pour que ce miracle s’opère, que la vie du Christ se diffuse dans la nôtre, nous devons dire un oui à la fois. Un pas de foi à la fois - sans chercher à maitriser l’ensemble du parcours à l’avance.
Cela demande que nous capitulions devant lui, en reconnaissantla défaite de notre intelligence, en reconnaissant qu’il est plus grand que nous, qu’il est le Seigneur, que notre vie est bien petite face au « règne qui n’aura pas de fin ».
Mais que malgré ça, nous sommes choisis par lui, qu’il nous aime jusqu’à la croix– parce que nous comptons pour lui.
Recevons alors ces paroles de bénédiction et d’encouragement, comme des paroles de notre Père céleste pour nous :
« Réjouis-toi, toi qui es comblé(e) par la grâce ; le Seigneur est avec toi ».
« N'aie pas peur, .. car tu as trouvé grâce auprès de Dieu ».
Est-ce que je crois cela ?
Questions :
Rien n’est impossible à Dieu. A quoi me demande-t’il de dire « oui » aujourd’hui ?
Où serai-je demain à la même heure ? Comment, alors, pourrai-je servir le règne éternel de Dieu ?
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