Prédication du dimanche 6 janvier 2019 - Vivre dans la perspective de la résurrection : 1 Corinthiens 15. 1-34 (S. Guiton)


Prédication du dimanche 6 janvier 2019 - 
Vivre dans la perspective de la résurrection  : 1 Corinthiens 15. 1-34 (S. Guiton)

[Note préliminaire : le texte ci-dessous constitue des notes de prédication, cette fois je n'ai pas tout rédigé comme les fois précédentes ! J'espère que cela vous permettra quand même d'accéder à l'essentiel de mon propos ! ] 


Début d’année = moment symbolique stimulant pour la foi car temps de remise en perspective, bilan, projection… 

Or, cette période me semble une bonne occasion pour interroger la façon dont nous voyons le temps de notre vie, et notamment pour nous remettre dans la perspective particulière, unique, qui est celle de notre foi chrétienne : la perspective de la résurrection. Celle de Christ, et la nôtre, à venir.
A ne pas perdre de vue cette promesse unique, qui doit tout changer dans notre façon de voir notre vie ! 

L’un des livres de Pierre Desproges, grand figure de l’humour athée superbe et désespéré s’intitulait « vivons heureux en attendant la mort » - comme une lointaine évocation des sagesses antiques. 
La parole de Dieu, elle, nous invite à « vivre heureux en voyant au delà de la mort » ! 
A vivre dans la perspective de notre résurrection à venir. Cette idée peut paraître bien abstraite. 

Pourtant l’espérance de la résurrection est le fondement de notre foi, sur lequel il nous faut rester établis.
Elle est aussi une formidable source de liberté, d’énergie… de joie ! pour avancer dans cette nouvelle année qui s’ouvre devant nous. 

Voilà mon voeu de début d’année : et si nous vivions 2019 dans la perspective réjouissante et libératrice de la résurrection à venir ? 


I. Un événement qui fonde notre foi 

a. D’abord parce que cette promesse, donc, est au coeur de notre foi, au coeur de la Bonne Nouvelle. 

C’est ce que Paul écrit aux Corinthiens dans un passage que je vous invite à méditer maintenant :

1 Corinthiens 15.1-34
 1 Frères et sœurs chrétiens, je vous rappelle la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée. Vous l'avez reçue, et aujourd'hui encore, vous êtes attachés à elle. 2 Cette Bonne Nouvelle vous sauve, si vous la gardez comme je vous l'ai annoncée, sinon, votre foi ne sert à rien. 3 Je vous ai donné avant toutes choses l'enseignement que j'ai reçu moi-même : le Christ est mort pour nos péchés, comme les Livres Saints l'avaient annoncé. 4 On l'a mis au tombeau, et le troisième jour, Dieu l'a réveillé de la mort, comme les Livres Saints l'avaient annoncé. 5Il s'est montré à Pierre puis aux douze apôtres. 6 Ensuite, il s'est montré à plus de 500 frères et sœurs à la fois. Presque tous sont encore vivants, quelques-uns sont morts. 7 Ensuite, il s'est montré à Jacques, puis à tous les apôtres. 8 Finalement, après les autres, il s'est montré à moi aussi, à moi qui le méritais le moins. 

La foi de Paul et des premiers chrétiens est foi en un Christ mort et ressuscité, trois jours après sa crucifixion. C’est cet événement-là qui fonde l’Eglise, née du rassemblement de ceux à qui Jésus ressuscité est apparu, et que Paul liste ici. Plus de 500 frères à la fois !

«  Telle est notre proclamation et telle est la foi à laquelle vous êtes venus ». C’est trop central pour qu’on n’y pense qu’une fois par an, à Pâques !


b. Cet événement historique de la résurrection de Jésus le Nazaréen, à Jérusalem il y a 2000 ans, est aussi la pierre fondatrice sans laquelle tout l’édifice s’effondre. Ce qui est une raison suffisante pour le garder au centre de notre foi. 

Cela, même les plus fervents adversaires du christianisme le savent, qui s’attellent à démonter les preuves pourtant nombreuses de cette résurrection. 
(Voir à ce propos le film et le livre « Jésus, l’enquête »)

Pour une fois, ces opposants sont d’accord avec l’apôtre Paul, qui écrit ensuite : 

« si l'on proclame que le Christ s'est réveillé d'entre les morts, comment quelques-uns d'entre vous peuvent-ils dire qu'il n'y a pas de résurrection des morts ? 13 S'il n'y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus ne s'est pas réveillé. 14 Et si le Christ ne s'est pas réveillé, alors notre proclamation est inutile, et votre foi aussi est inutile. 15 Nous apparaissons même comme de faux témoins de Dieu, puisque nous avons témoigné contre Dieu qu'il a réveillé le Christ, alors qu'il ne l'a pas réveillé, s'il est vrai que les morts ne se réveillent pas. 16 En effet, si les morts ne se réveillent pas, le Christ non plus ne s'est pas réveillé. 17 Et si le Christ ne s'est pas réveillé, votre foi est futile, vous êtes encore dans vos péchés 18 et ceux qui se sont endormis dans le Christ sont perdus. 19 Si c'est pour cette vie seulement que nous avons mis notre espérance dans le Christ, nous sommes les plus pitoyables de tous ».


Parmi les chrétiens de Corinthe, certains nient la possibilité de la résurrection, ou l’interprètent de façon mystique. 
Paul montre ici que si l’on perd de vue, ne serait ce qu’un peu, cet événement, la foi perd son sens. 

    • plus d’espérance > …foi « inutile ». Pas de salut : « vous êtes encore dans vos péchés » 
    • rien n’est changé objectivement, en fait. Si Jésus n’est pas ressuscité , l’Evangile n’est qu’une morale de vie parmi d’autres, une jolie histoire qui ne mène pas bien loin.  Sans la certitude que la mort est vaincue, que Jésus est vivant et règne aujourd’hui, la foi est une illusion et un malheur, pq nous restons seuls avec nous-mêmes, avec notre mort. Dieu reste lointain, abstrait, absent là où pourtant on a le plus besoin de lui : devant le mystère de notre fin. 
    • Oui, dit Paul, « si c'est pour cette vie seulement que nous avons mis notre espérance dans le Christ, nous sommes les plus pitoyables de tous ». 


II. Un événement qui change nos vies 

La résurrection de Jésus Christ est aussi un événement qui change nos vies. Car oui, il est ressuscité - il est vraiment ressuscité ! 

Cf la fin du passage : 

« 20 Mais le Christ s'est bel et bien réveillé d'entre les morts : il est les prémices de ceux qui se sont endormis. 21 Car, puisque la mort est venue par un homme, c'est aussi par un homme qu'est venue la résurrection des morts. 22 En effet, comme tous meurent en Adam, de même aussi tous seront rendus vivants dans le Christ, 23 mais chacun en son rang : le Christ comme prémices, puis, à son avènement, ceux qui appartiennent au Christ. 24 Ensuite viendra la fin, quand il remettra la royauté à celui qui est Dieu et Père, après avoir réduit à rien tout principat, toute autorité, toute puissance. 25 Car il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. 26 Le dernier ennemi qui sera réduit à rien, c'est la mort. 
30 Et nous, pourquoi est-ce que nous menons sans arrêt une vie dangereuse ? 31Je risque la mort tous les jours. C'est vrai, frères et sœurs, aussi vrai que je suis fier de vous dans le Christ Jésus, notre Seigneur. 32 À Éphèse, j'ai lutté contre des gens, de vraies bêtes sauvages. Si c'est seulement pour des raisons humaines, qu'est-ce que j'ai gagné ? Si les morts ne se réveillent pas, « mangeons et buvons, car demain nous mourrons ».
 33 Attention ! « Les mauvais amis poussent à faire le mal. » 34 Retrouvez votre bon sens, il le faut, et ne péchez pas ! Oui, il y en a parmi vous qui ne connaissent pas Dieu. Je dis cela, et c'est une honte pour vous ». 


a. La résurrection de Jésus ouvre une perspective nouvelle pour nous. 

Explication des « prémices » : la résurrection n’est pas seulement un événement passé, mais il concerne notre présent car inaugure une ère nouvelle. 

Prémices = arrhes > quelque chose est commencé avec la certitude d’être achevé bientôt. 
Ainsi, notre foi repose sur l’idée qu’il y a un lien indissoluble entre la résurrection de Jésus et notre propre destin. Que la résurrection de Jésus préfigure notre propre résurrection : « tous seront rendus vivants dans le Christ ». Tous = ceux qui auront cru en lui. 

Paul dit cela ailleurs : Romains 8.11: « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Christ d’entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous ». 

Colossiens 1.18 : Jésus « est la tête du corps de l’Eglise ; il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier ». 

Et Pierre aussi : 1 Pierre 1.3 : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ qui, selon sa grande compassion, nous a fait naître de nouveau, par la résurrection de Jésus-Christ, pour une espérance vivante ». 

Ces textes insistent sur le lien direct qu’il y a entre l’événement de la résurrection de Jésus est ce que Dieu veut faire, dès aujourd’hui, dans nos vies : 
  • Jésus revenu à la vie est tout puissant pour nous sauver, nous soutenir, briser nos enfermements. Il est notre « espérance vivante » : pas juste un vague espoir (« ça ira mieux demain »), mais une espérance solide, faite de promesses qui seront tenues. 
  • Comme Jésus est revenu à la vie, son Esprit nous fait naître de nouveau, nous transforme, pour la vie éternelle. Et cela commence dès que nous faisons appel à Jésus. Cela aussi fait partie de notre « espérance vivante ». 

Voilà pourquoi il est fondamental pour nous de ne pas perdre de vue, dans notre vie quotidienne, ces perspectives extraordinaires, ces promesses de Dieu. Pour vivre dans la perspective de la résurrection - celle de Jésus, qui va revenir, la nôtre, et celle de ceux que nous aimons et qui appartiennent à Jésus-Christ. 


b. Enfin, au quotidien, l’espérance de la résurrection nous libère pour vivre pleinement. 

> cela doit nous libérer de la peur de la mort  et nous aider à  regarder la mort en face, autant que possible, comme la sagesse biblique nous y invite, sans cesse (cf multiples rappels que «  toute chair est comme l’herbe »…)  : oui, tout ce que nous aimons va disparaître, mais reste dans les mains du Dieu de la vie. Qui a vaincu la mort. 
En cela, comme le dit la lettre aux Hébreux, Jésus est venu « délivrer tous ceux qui par crainte de la mort, étaient retenus dans l’esclavage toute leur vie » (Hé 2.15). 
> espérance qui nous libère notamment pour entreprendre, innover : seul ce que Dieu construit dure éternellement. Nous n’avons pas l’obligation de réussir notre vie, de rentabiliser le moindre instant de notre existence - mais le devoir d’essayer et de faire au mieux, pour Dieu. 
Cf Paul : Pas peur de prendre des risques : « combattu les fauves » ! Les premiers chrétiens allaient jusqu’à la mort pour Jésus
Vivre en sachant que cette vie n’est pas la fin, ça change tout ! 

> Attention donc de ne pas nous laisser modeler par une conception « sans Dieu » de la vie : « « Les mauvais amis poussent à faire le mal. » : profiter de chaque instant, oui, mais cela ne justifie pas tout, car en réalité, nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera, dans la sainte présence de Dieu. 

Voilà pourquoi Paul finit par cet avertissement : « Retrouvez votre bon sens, il le faut, et ne péchez pas ! » . Litt : reprenez vos esprits ! Revenez à une juste façon de voir. 


Conclusion 

Alors, plutôt que d’entonner avec tout le monde le refrain : « mangeons et buvons car demain nous mourrons », et nous laisser imprégner par son nihilisme, son fatalisme, et nous laisser aller au découragement, à la facilité ou la paresse - au « à quoi bon ? » 

Si nous disions plutôt, par la foi : « Servons, louons, aimons car demain nous mourrons mais après demain nous vivrons à nouveau, éternellement, avec Jésus » !! 

Jésus revient bientôt, et il nous prendra avec lui. Il règne déjà, et va achever son oeuvre, … 

Que cela fasse toute la différence dans notre façon de vivre, de faire des choix cette année. 

Pour aimer avec le coeur libre de toute crainte, de tout souci de nous-mêmes. 

Pour vivre pleinement la vie abondante que Christ nous offre de vivre dans la communion avec lui. 

Il est notre espérance vivante : à lui soit la gloire ! 

Amen 


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