Jésus est-il injuste, irréaliste ? - Former Christ en nous - Matthieu 5.38 (F. Sépari)
Eglise de
Lyon (Diapo noire) le
18 fév 2018
J’aimerais
lire ce matin quelques paroles prononcées par Jésus au début de son ministère
et qui font partie du discours que l’on nomme habituellement « le sermon
sur la montagne ». Au moment où Jésus donne cet enseignement sur l’une des
collines qui entoure le lac de Galilée, sa renommée est déjà importante. Une foule de gens sont venu de loin pour se
faire guérir, ou simplement voir un miracle. Et Jésus profite de la présence cet immense auditoire
pour leur donner un enseignement spirituel. Il passe en revue les commandements
de l’Ancienne Alliance et explique à ses auditeurs que, même si ces
commandements sont justes, et bons, leur mise en pratique ne suffira pas à leur
ouvrir les portes du royaume de Dieu. Voici ce que nous lisons au chap. 5 de
l’évangile de Matthieu à partir du v38. Ce sont des paroles surprenantes et
difficiles à accepter.
Lecture Matthieu 5.38-48 (Diapo texte) (Diapo Noire)
Il y a
quelques années, j’ai eu l’occasion de rencontrer une personne qui avait d’importantes
responsabilités dans les structures de l’Etat français. Et bien sûr, apprenant
que j’étais pasteur de profession, la conversation s’est dirigée vers la foi et
l’enseignement de Jésus. Et très vite après quelques minutes d’échanges, mon
interlocuteur a fini par me dire le fond de sa pensée : « Je n’accepte pas
les paroles de Jésus, dit-il, leur mise en pratique est souvent irréaliste et parfois
même très injuste ». Pris de court, je n’ai malheureusement pas trop su
quoi répondre, mais il faisait allusion à certaines paraboles sur la grâce, et aussi
aux paroles que nous venons de lire ensemble. Des paroles irréalistes et souvent
injustes, selon lui !
Est-ce vrai ?
Que dit le texte que nous venons de lire ? (Diapo v38-39a) Jésus commence au v38 en citant les paroles de
l’Ancien Testament : « œil pour
œil, dent pour dent ». Ce commandement du livre de l’Exode ne
cherchait pas nécessairement à codifier les sanctions face aux blessures volontaires,
mais simplement à limiter l’amplitude de la revanche. La colère conduisait parfois
un homme à casser une jambe pour une simple dent cassée, ou même à tuer le
coupable pour un œil crevé. Mais Jésus reprend
ce commandement, et le dépasse, en interdisant toute forme de revanche, toute
forme de rétribution même proportionnée : « ne résister pas au méchant ». En d’autre mot : « n’usez
d’aucune représailles envers celui qui vous a fait mal, même si ce sont des
actes délibérés ! ». Ce n’est pas un simple appel à la non-violence, qui
pourrait être se prolonger par procès en bonne et due forme … Non, c’est une
invitation à renoncer à se faire justice ! Difficile à accepter, n’est-ce
pas ? N’est-ce pas injuste de
laisser des gens faire le mal impunément ? N’est pas une façon de
cautionner le mal, et même de l’encourager en refusant que le coupable ne subisse
les conséquences de ses actes ? N’est-ce pas irréaliste et destructeur pour la
société de donner un enseignement de ce genre ? « Injuste et
irréaliste », on retrouve justement les mots prononcés par ce haut
fonctionnaire !
Mais les
paroles de Jésus deviennent encore plus radicales, presque incroyables à partir
du v39. (Diapo v39b-41) Ils demandent non seulement à ses disciples de
renoncer à une vengeance proportionnée, mais d’accepter volontairement les
mauvais traitements. Frapper du revers de la main la joue de quelqu’un était l’une
des pires insultes qui pouvait être infligée à un homme vivant au Moyen-Orient où
existait une forte culture de l’honneur. Et Jésus leur demande d’accepter
délibérément cet outrage et même d’être disposé à en subir davantage.
A propos des
vêtements, perdre sa tunique était une catastrophe sur un plan financier, car
les vêtements coutaient fort chers. Mais Jésus demande à ses disciples d’accepter
d’être dépouillé, et même d’offrir en bonus son manteau qui est encore plus cher
que la tunique ! C’est vraiment difficile à accepter ! Même chose
avec l’occupant Romain qui s’octroyait le droit de réquisitionner des personnes
pour leur faire porter des fardeaux sur 1km et demi. Comment comprendre ces paroles de Jésus ?
N’est-ce pas effectivement injuste et irréaliste ?
(Diapo noire) Imaginez que tous les chrétiens
consentent à appliquer littéralement les paroles de Jésus dans la durée. Nous
verrions assez vite l’émergence de deux types de personnes. Il y aurait d’une
part une classe de saints, démunis, à moitié nu, sans droit, ni possession, et juste
à côté d’eux une classe de voleurs oisifs et prospères se nourrissant du
travail des premiers gratuitement. Est-ce vraiment le souhait de Jésus ? Est-ce juste ? Est-ce réaliste ? … Pas
au premier regard en tout cas !
Mais le
sommet du discours de Jésus est atteint au v43 (Diapo v43-44) avec cette invitation à aimer son ennemi, à aimer
ceux qui nous veulent du mal, à aimer ceux qui nous maudissent, à prier pour
ceux qui nous persécutent ! Dans un monde parfait, un amour sans limite
est certainement envisageable. Mais dans un monde déchu comme le nôtre, où des
personnes sont possédées par toutes sortes de passions, toutes sortes
d’addictions, est-il vraiment sage d’enlever les freins, les limites au mal qui
les habite (et qui nous habite !) Est-ce simplement réaliste ? Est-ce
juste ? Par vraiment, cela ressemble presque à du masochisme, ou bien à une
variante du syndrome de Stockholm (vous savez ce syndrome psychologique où les
victimes finissent par défendre la cause de leur bourreau) ! J’entends
encore les mots prononcés par ce haut fonctionnaire : les paroles de Jésus
sont injustes et irréalistes ». (Diapo noire)
Alors comment
comprendre ces paroles données par notre Seigneur dans ce chap. 5 de l’évangile
de Matthieu ? Un peu troublé par l’idée que Jésus puisse nous donner un modèle
de société qui exigerait une application collective, j’ai parcouru le reste du
Nouveau Testament pour savoir ce qui était explicitement enseigné à propos de la
justice de Dieu, de l’oppression, à propos des règles d’équité, et de la
possibilité de demander justice en cas de litige. Et que nous trouvons ?
a) On y apprend
tout d’abord que Dieu n’abandonne en aucune manière la notion de justice, mais
qu’il la repousse simplement à la fin des temps afin de donner un sursis à ceux
qui cherchent la vérité. (Diapo 4 textes)
1 Pierre 4.5 Ils
rendront des comptes à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts.
b) On y
découvre des apôtres qui désapprouvent l’oppression des forts sur les faibles
ou des riches sur les pauvres :
Jacques 2.6 Et vous,
vous méprisez le pauvre ! N'est-ce pas les riches qui vous oppriment et qui
vous traînent devant les tribunaux ? 7 N'est-ce pas eux qui
insultent le beau nom que vous portez ?
c) On y observe
que l’apôtre Paul qui était lui-même généreux, pose des limites à la générosité
et préconise des règles d’égalité entre les disciples :
2 Corinthiens 8.13 En effet, il ne s'agit pas de vous
exposer à la détresse pour en soulager d'autres, mais de suivre un principe
d’égalité : 14 dans les circonstances actuelles votre abondance
pourvoira à leurs besoins, afin que leur abondance aussi pourvoie à vos besoins.
d) Enfin, on remarque
que si un litige survient entre deux chrétiens, il est envisageable pour eux de
faire appel un homme sage pour juger leur cause.
1 Corinthiens 6.4 Or
si vous avez des litiges concernant les affaires de la vie courante, vous
prenez pour juges des gens dont l'Eglise ne fait aucun cas ! 5 Je
le dis à votre honte. Ainsi, il n'y a parmi vous pas un seul homme sage qui
puisse juger entre ses frères et sœurs !
Il semble y
avoir un écart entre les paroles de Jésus est celles des apôtres. Est-ce qu’ils
auraient oubliées les paroles de leur maître ? Pas du tout ! Cela signifie
simplement qu’ils ne les ont pas interpréter comme un modèle permanent de
société où la justice pourrait être bafouée pour une classe particulière de
citoyens croyants, mais ils les ont comprises autrement. Jésus n’est ni
irréaliste, ni injuste ! Mais alors quelle est la pointe de l’enseignement
donné par le Seigneur dans ce chapitre 5 de l’Evangile de Matthieu ?
La clé de
la pensée de Jésus nous
est révélée aux v45 et v48 (Diapo 45 et 48) :
Faites cela,
dit Jésus, 45 afin
d'être les fils de votre Père céleste qui fait lever son soleil sur les
méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les
injustes.
48 Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait.
Jésus nous invite sur une base individuelle et volontaire
(que l’on ne peut pas imposer à tout le monde) à dépasser le raisonnable, à
dépasser la justice la plus élémentaire afin de développer en nous les traits
de caractère qui habitent en Dieu le Père ; afin de développer en nous une
bonté, une bienveillance, une grâce comparables à la sienne ; afin de
rétablir cette image de Dieu qui a malheureusement été déformée.
La pensée
clé de Jésus est que le monde actuel n’est pas celui dans lequel il nous faut nous
installer en cherchant à y établir dès maintenant une justice définitive et un
équilibre parfait. Le monde présent est avant tout l’occasion d’une croissance
spirituelle, en attendant notre patrie céleste où cette fois, la justice et
le droit régneront pleinement.
En d’autres
mots, Jésus nous dit : « si vous avez l’occasion de grandir dans
votre être intérieur en patience, en amour, en bonté, en bienveillance, en
abnégation … quand bien même cela induirait des désagréments, voire même des
sacrifices, ou pire une forme d’injustice, alors n’hésitez pas, donnez la
priorité à votre croissance spirituelle personnelle ! La beauté de
votre âme vaut plus que tout le reste ! » Priorité au plus important !
On ne gâche pas une fête de mariage
sous prétexte que l’on vous a adressé une parole déplacée. Tant pis pour la vexation,
si on a un peu de sagesse, on s’assoit sur l’humiliation et on fait en sorte
que la bonne ambiance et la bonne humeur soient toujours de la partie.
On ne renonce pas à porter secours à
une personne accidentée sur le bord de la route sous prétexte qu’il faut
rattraper le coupable qui risque de s’enfuir. Tant pis pour le coupable, on
prend d’abord soin de ce qui a le plus de valeur, et la priorité ici c’est la
vie de la personne qui a besoin de soins immédiats !
Il faut
parfois subir une forme d’injustice pour préserver un bien supérieur. Et dans
le discours de Jésus, le bien supérieur que Dieu valorise au-dessus de tout,
est la beauté d’une âme qui se revêt progressivement des qualités possédées par
Dieu. Ce sont elles qui nous rendent capables d’aimer de façon véritable et
désintéressée. (Jésus
croix)
Et bien sûr,
Jésus qui prononce ces paroles, les a lui-même mises en pratique, en donnant sa
vie sur la croix du calvaire afin que nos péchés soient pardonnés et que nos
fautes soient effacées. Le déroulement des événements de la passion suggère que
Jésus aurait facilement pu éviter ce supplice terrible, mais il l’a accepté
volontairement, délibérément. C’était injuste, car il n’avait rien fait qui
mérite un tel châtiment ! Mais il a estimé que la possibilité de nous
donner la vie éternelle valait bien plus que cette souffrance injuste
temporaire.
Il faut
parfois subir une forme d’injustice temporaire pour préserver un bien
supérieur. La transformation de notre cœur est plus importante que rétablissement
immédiat d’une justice humaine.
Voici trois
versets tirés d’une liste (Diapos 3 textes) qui
pourrait être beaucoup plus longue et qui montrent à quel point la
transformation de notre cœur par l’action du Saint Esprit est une priorité
absolue de Dieu pour nous aujourd’hui :
Galates 4. 19 Mes
enfants, j'éprouve de nouveau les douleurs de l’accouchement pour vous, jusqu'à
ce que Christ soit formé en vous. (L’expression « Christ formé en
vous » est une autre façon de parler d’un caractère humain devenu semblable
à celui de Jésus)
Romains 8. 29 En
effet, ceux qu'il a connus d'avance, il [Dieu] les a aussi prédestinés à
devenir conformes à l'image de son Fils, afin que celui-ci soit le premier-né
d’un grand nombre de frères. (« Etre à l’image de son Fils
jésus » ou être « le frère de Jésus » est une autre façon de
parler d’un cœur transformé rendu semblable à celui de Christ)
Romains 13. 14 Mais
revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ et ne vous préoccupez pas de votre nature
propre pour satisfaire ses convoitises. (« Revêtez-vous du Seigneur
Jésus-Christ » est encore une image pour parler d’un changement dans nos
aspirations …)
Tout se
passe comme si Dieu avait décidé de faire naitre sur les décombres de ce monde
abimé par les guerres, le mal et les souffrances de toutes sortes, un peuple
nouveau constitué d’hommes et de femmes différents qui ont bien voulu se
laisser changer par Lui. Paul compare cela à une sorte de gestation spirituelle
invisible qui se produit au sein même de l’humanité abimée par le péché. Ces
hommes et ses femmes différents ne sont pas des super-héros ayant des pouvoirs
spéciaux, mais justes des personnes ordinaires qui apprennent à aimer comme
Dieu nous aime. Ils sont nés d’en haut par leur foi en Jésus-Christ et par une
action intérieure de l’Esprit Saint. Et leur naissance spirituelle n’est pas
une fin en soi, mais juste un point de départ, car ils sont destinés à devenir
semblable à Christ par leur caractère, par leur bonté, par leur fidélité au
Père. (Diapo noire)
Cette
gestation spirituelle est le but suprême que Dieu poursuit aujourd’hui, un but
supérieur et prioritaire au rétablissement de la justice sur terre qui viendra plus
tard, en son temps ! Toutefois, il y a une grande différence entre la
gestation humaine que nous connaissons tous, et cette gestation spirituelle
dont la Bible nous parle ici. Dans le premier cas, le bébé n’a pas vraiment la
possibilité d’arrêter sa croissance, mais dans le cas de la gestation
spirituelle, il peut malheureusement le faire.
Il y a beaucoup
de chrétiens immatures (et aussi des pasteurs immatures) dans les Eglises,
parce que à un moment ou un autre, ils se sont arrêtés de grandir, ils ont
perdu de vue à quel point cette transformation de leur cœur était importante
pour Dieu. Je vous rassure, Dieu nous aime quand même ! Et si nous avons cru
en Christ, nous serons sauvés par Lui au jour du jugement… mais voilà,
l’immaturité n’est pas souhaitable !
La décision délibérée et volontaire de ne pas rendre au
méchant selon le mal qu’il nous a fait, est une façon de développer le
caractère de Christ en nous. La décision délibérée et volontaire d’aimer son
ennemi, est une façon de devenir pleinement un enfant du Père. La décision
délibérée et volontaire de prier pour ceux qui nous maltraitent, est une façon
de ressembler à notre Père céleste. Et non seulement cette attitude nous
fait grandir, mais elle perturbe, par la même occasion, la logique fermée
de notre monde. Elle crée une brèche dans la pensée de nos contemporains. Une
brèche qui leur fait voir de loin les réalités du royaume au travers du
comportement surprenant de ces ambassadeurs ordinaires que sont les chrétiens.
Oui les
paroles prononcées par Jésus peuvent paraître irréalistes, injustes et même
folles à vues humaines … du moins dans la logique d’un monde sans Dieu.
Mais dès que l’on prend conscience qu’il y a des enjeux plus grands que le
confort de notre vie présente, dès que l’on prend conscience que Dieu sait tout
de nous, et sonde les cœurs, alors soudainement l’invitation de Jésus devient
sage et pleine de bon sens !
Pour
terminer cette méditation, j’aimerais
vous inviter à mettre en application cet enseignement de Jésus. Je ne vous
demande pas d’ôter d’un coup toutes les limites que vous avez établies au cours
de votre existence pour vous protéger des gens méchants, mais juste d’en
déplacer une, celle de votre choix, afin de grandir un peu à l’image de Jésus,
et d’apprendre ainsi la grâce qui dépasse la justice !
Jésus nous a
donné au chap. 5 dans l’Evangile de Matthieu des exemples de grâce pro-active à
propos d’une dent cassée, d’une gifle ou d’une tunique réclamée, mais pour nous
aujourd’hui cette grâce prendra sans doute une autre forme.
-
celle
d’un pardon accordé à une personne qui vous a blessée profondément !
-
celle
d’une patience sans cesse renouvelée envers une personne désagréable !
-
celle
d’une dette abandonnée ou d’un cadeau inattendu et immérité !
-
celle
d’une prière sincère en faveur d’une personne qui vous jalouse !
Je ne sais pas quel est le pas que Dieu vous demandera de
faire. Mais si nous écoutons sa voix, et si nous la mettons en pratique, alors nous
allons grandir à l’image de son Fils Jésus-Christ !
La grâce et
la miséricorde sont injustes en apparence, mais c’est par elles que nous serons
sauvés, c’est aussi par elles que nous allons grandir, et c’est encore par
elles que nous allons donner à nos amis et à nos proches l’occasion de
rencontrer Dieu …
Faites aux autres, non pas ce qu’ils vous ont fait, mais ce
que Dieu vous a fait en Jésus-Christ ! Amen !
PRIERE
Questions pour les
petits groupes de partage :
- Quel sentiment, quelle émotion suscite en vous la relecture de ces paroles de Jésus ? Est-ce un sentiment d’adhésion, de rejet, de joie, de crainte ? Sauriez-vous expliquer pourquoi vous éprouvez cette émotion et pas une autre ?
- Pourriez-vous partager un événement passé de votre vie où vous avez dépassé les limites du juste, du raisonnable pour offrir un geste de grâce volontaire et immérité ? Selon vous (et peut-être après avoir pris un peu de temps dans la prière), quel est le nouveau domaine de votre vie où Dieu aimerait vous voir vivre cette « grâce pro-active » que Jésus illustre par quelques exemples concret dans ce passage ?
- Est-ce que vous partagez le désir de Dieu qui souhaite que deveniez semblable à son Fils, semblable à Lui-même ? Si oui pourquoi ? Si non pourquoi ? (Soyons sincère avec soi-même !) Le passage biblique mentionne au v46 la possibilité d’une récompense. Selon votre connaissance des Ecritures Saintes, quelle pourrait être cette récompense accordée à ceux qui auront laissé Dieu développer en eux le caractère de Christ ?
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