Prédication du dimanche 31 décembre 2017 : 1 Samuel 2.1-10 - Une joie et une espérance fondées sur l’action de Dieu ! (S. Guiton)
Ce matin, j’ai pensé vous proposer ces paroles bibliques, sans obligation d’achat, comme première pensée pour débuter cette année 2018.
Ce sont les premières paroles de la prière qu’Anne, la mère du prophète Samuel, adresse à Dieu avant de lui confier son fils, de laisser cet enfant qu’elle a tant désiré pour qu’il serve dans le temple de Dieu. Cet enfant qu’elle a tellement attendu, elle ne va plus le voir qu’une fois par an, et pourtant, elle est dans la joie :
1 Grâce au SEIGNEUR,
mon cœur est plein de joie.
Grâce au SEIGNEUR, je relève la tête,
je peux rire de mes ennemis.
Le SEIGNEUR m'a sauvée !
Je suis dans la joie.
Lisons ensemble la suite de cette prière :
« 2 Nul ne l’égale. L’Eternel seul est saint,
et, à part lui, il n’y a pas de Dieu,
pas de rocher semblable à notre Dieu.
3 Vous qui parlez avec orgueil, arrêtez !
Ne lancez plus de paroles méprisantes !
Car le SEIGNEUR est un Dieu qui sait tout,
qui juge les actions humaines.
4 L'arc des courageux combattants se brise,
mais les gens faibles retrouvent des forces.
5 Ceux qui ne manquaient de rien
cherchent du travail pour manger.
Mais ceux qui avaient faim
n'ont plus besoin de travailler.
La femme sans enfant
met au monde sept fois.
Mais la mère d'enfants nombreux
ne peut plus en avoir.
6 Le SEIGNEUR fait mourir et fait vivre.
Il fait descendre dans le monde des morts et en fait remonter.
7 Le SEIGNEUR donne pauvreté et richesse.
Il met au dernier rang, mais aussi au premier.
8 Il redresse le faible qui traînait dans la poussière,
il relève le pauvre de son tas d'ordures.
Il les fait asseoir parmi les notables
et leur accorde une place d'honneur.
Car le SEIGNEUR est le maître de toute la terre,
c'est lui qui l'a fixée solidement.
9 Il protège ses amis fidèles,
mais les gens mauvais meurent dans la nuit.
Car ce n'est pas par sa force
qu'un homme est victorieux.
10 Du haut du ciel,
le SEIGNEUR fait éclater le tonnerre
pour écraser ses ennemis.
Le SEIGNEUR juge le monde entier.
Il donne la puissance au roi de son peuple,
il augmente le pouvoir du roi qu'il a choisi. »
Prière : c’est la Parole de Dieu : « Seigneur, illumine nos coeurs… »
Alors que nous sortons à peine de Noël, difficile de ne pas évoquer une autre prière de la Bible, directement inspirée par celle-ci : celle que Marie prononcera mille ans plus tard, après qu’un ange lui ait révélé qu’elle allait devenir mère elle aussi : « Mon âme célèbre la grandeur du Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu, mon Sauveur, parce qu'il a porté le regard sur son humble servante. … le Tout-Puissant a fait de grandes choses pour moi. Son nom est saint, et sa bonté s'étend de génération en génération sur ceux qui le craignent. Il a agi avec la force de son bras, il a dispersé ceux qui avaient dans le cœur des pensées orgueilleuses. Il a renversé les puissants de leurs trônes et il a élevé les humbles. Il a rassasié de biens les affamés et il a renvoyé les riches les mains vides. Il a secouru Israël, son serviteur, et il s'est souvenu de sa bonté– comme il l'avait dit à nos ancêtres – en faveur d'Abraham et de sa descendance pour toujours ».
Anne, Marie. Deux femmes, deux mères. Samuel. Jésus. Deux fils appelés à des époques différentes, à participer au plan de salut de Dieu. A travers les siècles, les deux femmes sont unies par la même joie et la même espérance, et nous montrent ce que peut être la reconnaissance : reconnaître, dans le sens « identifier » dans nos vies, autour de nous ce qui se passe « grâce au Seigneur ». Ce que Dieu est en train de faire.
Ainsi, toutes deux reconnaissent qu’elles portent une vie - un enfant - dont elles ne sont pas l’unique source. La source fondamentale, c’est Dieu. Dieu qui porte toutes choses dans ce monde, Dieu qui a le dernier mot - et c’est un mot de paix, de justice et d’amour.
« Il redresse le faible qui traînait dans la poussière, il relève le pauvre de son tas d’ordures. » ; il « fait vivre », il fait « remonter du monde des morts », il « relève la tête de celui qui est découragé »…
Au seuil de cette nouvelle année, ces textes nous encouragent à porter nous aussi un regard d’espérance sur l’avenir, et à porter notre attention, au delà de ce qui frappe nos yeux et remplit l’actualité, sur ce que Dieu est en train de faire. Un regard de foi, de confiance. Que fait Dieu, en ce moment ? Voilà une question qui ouvre le coeur et nourrit la foi.
Que fait Dieu ?
Le plus souvent, c’est vrai, cette question est chargée d’angoisse, de colère, ou d’incompréhension plus que de confiance : que fait Dieu face à ce mal qui ronge le monde ? Ici, la prière d’Anne résonne puissamment avec notre actualité ; l’orgueil des puissants … ces vies qui basculent - quand ceux qui « ne manquaient de rien » « cherchent maintenant du travail pour manger ». Ces « pauvres assis sur leur tas d’ordures »… A l’écoute des paroles d’Anne, j’ai pensé à Xavier, cet homme fan de musique, de littérature et de gastronomie, rencontré pendant la maraude de J’ai Faim il y a 15 jours, et qui dort dans les rues du Vieux Lyon. J’ai pensé à ces familles de migrants, qui se serrent entre la ligne du T4 et la route, derrière la Part-Dieu.
Que fait Dieu ?
Le regard lucide qu’Anne porte sur le monde ne l’empêche par de répondre avec confiance : que fait Dieu ? Il porte le monde. Il tient les « piliers de la terre », dit le texte original. Il est le rocher sur lequel toutes choses sont construites, et sur lequel chacun de nous peut trouver un sol solide, pour construire sa vie.
C’est là que la question « que fait Dieu » en rejoint une autre : « qui est-il ? ». Il est ce Dieu juste, qui veille sur toutes choses, dit Anne. Ce Dieu souverain, maître de la mort et de la vie, qui se tient au dessus de tous les maitres de ce monde. Qui est souverain sur ce souffle de vie sur lequel aucun de nous, si riche, si formé, si vigilant soit-il, ne peut avoir de prise.
« Le SEIGNEUR fait mourir et fait vivre. Il fait descendre dans le monde des morts et en fait remonter. »
« 7 Le SEIGNEUR donne pauvreté et richesse. Il met au dernier rang, mais aussi au premier ».
On pourrait relire l’année 2017 à la lumière de ces paroles, et trouver la confirmation de leur sagesse. Combien de pronostics savants ont été démentis, cette année ? Qui aurait cru par exemple à l’élection de Donald Trump, à l’engagement de jeunes totalement laïcisés dans le terrorisme islamiste ?
Mais là encore, pas d’angoisse ou de fatalisme pour Anne, mais une confiance accrue en ce Dieu ni lointain, ni indifférent, ni culpabilisant, ni enfermant - mais attentif, proche, juste. Ce Dieu au coeur de Père, qui fait pencher la balance en faveur des plus faibles, des plus pauvres. Les pauvres économiques, qui n’ont pas grand chose, et aussi ceux qui se savent pauvres à l’intérieur, pauvres en amour, en paix. Ici la prière d’Anne annonce déjà l’enseignement de Jésus : « heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux… Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés… » (Mt 5.3-4).
Non, Dieu n’est pas juste au dessus de tout, il est aussi à côté, tout près. Engagé avec nous dans ce que nous vivons. Alors nous pouvons espérer dans l’avenir. D’une espérance qui ne repose pas sur la « chance », sur un ticket de loto ou sur notre capacité à faire mieux que les autres - comme les dieux de ce monde, l’argent, le pouvoir, la gloire, essaient de nous le faire croire, pour mieux se nourrir de nous.
Dieu est un Père auprès de qui notre place d’enfant est garantie, et qui nous écoute avec attention ; un Père qui ne fait pas que nous donner la vie, mais qui nous invite aussi à la porter avec lui, et à la transmettre. Et en faisant cela, à participer à son oeuvre de salut pour ce monde.
Et c’est là, je crois, que ce texte nous adresse une parole d’encouragement et d’envoi, ce matin.
Et si l’une des principales réponses à la question : que fait Dieu face au mal ?… c’était nous ?
En effet, même si nous nous croyons stériles comme Anne, ou trop jeunes et insignifiants comme Marie, Dieu peut nous rendre capables de porter sa vie et son amour dans ce monde, comme un contre-feu. Capables de briser la spirale de la violence et de l’amertume par le pardon. D’enrayer la machine du profit par des dons désintéressés. Et de nous faire mains du Christ, visage du Christ, porteurs de l’espérance de vie qui est en lui, auprès de ceux qui nous entourent.
Les sans-abris, mais aussi les sans-amis. Les sans-écoute. Les sans-espoir. Les sans « abri intérieur », livrés aux vents froids de cette société si riche matériellement et pourtant si pauvre intérieurement. Si bénie et pourtant si stérile - peut-être parce qu’elle a oublié que toute vie vient de Dieu, et que « ce n'est pas par sa force qu'un homme est victorieux ».
Lors du culte de Noël, ces questions ont été posées : qu’espérons-nous ? Qu’attendons-nous ? Voilà de bonnes questions pour le nouvel an.
Et si, au lieu de courir sans cesse d’une chose à l’autre, comme le monde nous y incite, nous nous attendions… à Dieu ? En recevant chaque instant comme un cadeau qu’il nous fait, et une occasion de porter la vie pour lui ?
Ainsi, qu’attendons-nous… pour nous consacrer à Dieu avec tout ce que nous sommes et ce que nous avons reçu de lui ?
Anne et Marie ont accepté de sans hésitation - et dans la joie ! - de lui consacrer ce qu’elles avaient de plus précieux : leur fils. Pourtant on dit que pour une mère juive, c’est particulièrement difficile !
Anne l’a fait d’autant plus volontiers qu’elle entrevoyait, grâce au Saint Esprit, le magnifique plan de vie de ce Dieu qui fait « remonter du séjour des morts ».
Ce qui n’était encore pour elle qu’une petite lumière lointaine et floue nous a été pleinement été révélé dans le Christ, dans sa naissance, sa mort et sa résurrection. Nous pouvons donc tout lui donner, et sans crainte et dans la joie, être témoins de ce Royaume qu’il est en train d’établir dans le monde.
N’importe quand, il peut décider de nous rappeler à lui. Et bientôt - tout à l’heure, ou demain, qui sait ? - Jésus reviendra juger les vivants et les morts, et nous faire entrer dans de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera.
En attendant, demandons-lui la grâce de porter la vie nous aussi, pour sa gloire !
Demandons lui d’ouvrir nos yeux sur ce qu’il est en train de faire en ce moment - lui qui aura toujours le dernier mot - un mot de paix, de justice et d’amour.
Alors nous pourrons goûter nous aussi cette joie et cette paix qu’Anne a connues.
« Grâce au SEIGNEUR, mon cœur est plein de joie. Grâce au SEIGNEUR, je relève la tête ».
Amen
Prière de Daniel Bourguet : « au seuil de cette nouvelle année »
Et maintenant, Seigneur, tout dans mon coeur devient action de grâce.
En faisant le bilan de cette année passée,
Je n’ai reçu de toi que des signes d’amour :
Béni sois-tu !
Tu m’as fait côtoyer des frères et des soeurs,
d’humbles et saints pèlerins tout assoiffés de toi,
Et j’ai trouvé en eux de vrais témoins de ton amour :
Béni sois-tu !
Je n’ai pas toujours su aimer comme tu le désirais ;
Je te l’ai confessé et t’ai demandé pardon,
Et tu m’as chaque fois donné la force d’aimer à nouveau :
Béni sois-tu !
Tu sais mieux que moi-même comment je devrais prier pour les autres.
Et tu m’apprends patiemment à mettre la prière à l’unisson de ton amour ;
Alors mon intercession devient prière d’abandon dans la confiance :
Béni sois-tu !
Tu sais combien de fois je n’étais pas au rendez-vous de la prière ;
Tu le sais mieux que moi, parce que tu m’attendais ;
Mais, dans ta grâce, tu n’as jamais cessé de m’inviter à te suivre :
Béni sois-tu !
…
L’année qui vient t’est consacrée : parce qu’elle t’appartient ;
Accorde moi encore la grâce de la vivre pleinement en toi,
Afin que chaque jour je puisse à nouveau te dire :
Béni sois-tu !
D. Bourguet, Dieu au coeur de nos vies, p.122-123
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