Prédication du 30 août 2020 - Jean 1.43-51 : Rencontrer le regard d’amour de Dieu (S. Guiton)

 Prédication du 30 août 2020

Jean 1.43-51

Rencontrer le regard d’amour de Dieu

 

 

Bonjour à tous, 

 

C’est une joie de vous retrouver dans cette salle. De partager avec vous ce moment que vous avez choisi de consacrer à Dieu et à l’écoute de sa Parole. 

 

Nous nous retrouvons ici en des temps toujours incertains. Comme aux USA, ces derniers temps, le vent a soufflé fort sur nos Eglises, beaucoup de choses ont été balayées, et nous voulons maintenant rassembler les morceaux, et reconstruire.

 

Il me semble que la situation actuelle exige que nous reprenions la vie d’Église à partir des fondamentaux, en revenant plus que jamais à l’essentiel : Jésus-Christ.

 

Allons à sa rencontre, ce matin, comme un certain Nathanaël l’a fait avant nous. 

Lisons le récit de leur rencontre en Jean 1.43-51.

 

43 Le lendemain, Jésus décida de partir pour la Galilée. Il rencontre Philippe et lui dit : « Suis-moi ! » 

44 Philippe était de Bethsaïda, la ville d'où venaient André et Pierre. 

45 Ensuite, Philippe rencontre Nathanaël et lui dit : « Nous avons trouvé celui dont Moïse a parlé dans le livre de la Loi et dont les prophètes aussi ont parlé. C'est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth. » 

46 Nathanaël lui dit : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » Philippe répliqua : « Viens, et tu verras ! »

47 Quand Jésus vit Nathanaël s'approcher de lui, il dit à son sujet : « Voici un véritable Israélite ; il n'y a rien de faux en lui. » 

48 Nathanaël lui demanda : « Comment me connais-tu ? » Jésus répondit : « Je t'ai vu quand tu étais sous le figuier, avant que Philippe t'appelle. » 

49 Nathanaël lui dit : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël ! » 

50 Jésus lui répondit : « Ainsi, tu crois en moi parce que je t'ai dit que je t'avais vu sous le figuier ? Tu verras de bien plus grandes choses que celle-ci ! » 

51 Et il ajouta : « Oui, je vous le déclare, c'est la vérité : vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme ! »

 

 

Voilà le récit d’une belle rencontre, qui ouvre de grandes perspectives : voir le ciel ouvert ! 

Nous aussi, Jésus veut nous rencontrer, comme il l’a fait avec Nathanaël, et nous ouvrir le ciel ! 

 

Que se passe-t’il entre Jésus et Nathanaël ? On voit que Nathanaël, alias Barthelemy, est réticent au départ envers Jésus, mais il est conquis par une seule phrase : « je t’ai vu sous le figuier ».

De fait, le thème du regard est central dans ce passage. J’ai relevé trois expressions en particulier, qui vont rythmer notre méditation : « viens et tu verras » ; « je t’ai vu » ; « tu verras ». 

 

« Viens et tu verras »

 

« Philippe rencontre Nathanaël et lui dit : « Nous avons trouvé celui dont Moïse a parlé dans le livre de la Loi et dont les prophètes aussi ont parlé. C'est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth. » 

Nathanaël lui dit : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » Philippe répliqua : « Viens, et tu verras ! »

 

Avec Jésus, ça va vite : en quelques instants, il rencontre Nathanaël, en quelques mots, il l’a convaincu de le suivre et il lui promet tout de suite des révélations extraordinaires… 

qu’est-ce que Nathanaël avait de spécial pour mériter ça ? 

Au départ, il est donc franchement réticent, avec un gros préjugé : « que peut-il venir de bon de Nazareth ? ». C’est que Nazareth ne figure pas dans les prophéties de l’AT concernant le Messie. En plus, la ville a mauvaise réputation. 

 

Nous aussi nous avons ce type de préjugés, des idées que nous nous sommes faites, même bien réfléchies, auxquelles nous tenons… et qui limitent nos horizonsdans la vie en générale et dans la foi en particulier. Qui ne s’est jamais trompé sur quelqu’un ? Nos interprétations notamment peuvent nous enfermer - interprétations de la Bible, ou d’une situation, ou de ce que les autres pensent ou sont… 

 

Les préjugés sont des lunettes qui troublent la réalité des choses. On finit par ne plus voir que ce qu’on veut bien voir. Et plus la réalité des choses. 

 

Pour purifier nos regards de ces préjugés, il nous faut être prêts comme Nathanaël à les remettre en question dans une démarche personnelle de vérité : « viens et tu verras ». Cela demande beaucoup d’honnêté et d’humilité. Jésus voit cela dans le cœur de Nathanaël, et il le valorise : « Voici un véritable Israélite ; il n'y a rien de faux en lui. ». 

 

« Viens, et tu verras ». A un moment ou l’autre, si nous voulons rencontrer Dieu nous aussi, et recevoir la vie éternelle il faut y aller par nous-même. Tu veux voir, comprendre ? Viens d’abord. 

 

Faire un pas vers Dieu est même la seule chose que nous puissions faire pour être sauvés, et nous avons tous ce pouvoir : sur son invitation, faire un premier pas, commencer à croire. La foi, c’est cela : nous mettre en route vers Dieu comme Abraham qui « partit sans savoir où il était ». 

Ce pas de foi peut être une prière, pour lui dire : je désire vraiment te rencontrer. 

Ou un engagement concret dans quelque chose, un baptême, une formation… A chacun de voir. Quel peut-être le pas suivant pour vous ?

 

« Viens, et tu verras ». 

 

Chercher ainsi Dieu, et le faire ensemble, c’est au cœur du projet de l’Eglise. Chercher Dieu ensemble humblement, et inviter tous ceux qui nous entourent à venir le chercher avec nous, comme Philippe avec Nathanaël. 

 

C’est un projet qui a du sens et nous met tous à égalité, enfants, ados, adultes – car nous sommes tous débutants, quand il s’agit de marcher vers Jésus. 

 

Mais ce « viens et tu verras » est d’abord un appel personnel : est-ce que je décide, librement, de venir… - ou pas ? Quel est mon désir de rencontrer Dieu en Jésus ? 

Dans l’Église, nous pouvons nous encourager, nous soutenir, essayer de proposer des supports stimulants (cultes, petits groupes, chemin de rentrée…) mais personne ne peut prier à ma place, croire à ma place

A nous d’être acteurs de notre démarche de foi, comme Nathanaël. On peut commencer en disant nos doutes à Dieu ! Ou en mettant en place une discipline de prière. 

 

Qu’allez-vous décider ? 

 

 Je t’ai vu

 

Quel que soit le pas de foi que nous ferons vers Dieu, Dieu en aura fait d’autres vers nous en premier. Parce que c’est lui, d’abord, qui nous cherche ! 

Ainsi, avant que Nathanaël le voie, Jésus l’avait vu : 

 

« Nathanaël lui demanda : « Comment me connais-tu ? » Jésus répondit : « Je t'ai vu quand tu étais sous le figuier, avant que Philippe t'appelle. » Nathanaël lui dit : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël ! »

 

Qu’est-ce qui convainc Nathanaël ? D’abor, la démonstration de l’omniscience de Jésus, qui suffit pour l’emballer. 

Mais peut-être sent-il aussi dans ce « Je t’ai vu » une expression d’amour, du moins d’intérêt ?

 

Pour être aimé, il faut être vu, remarqué : c’est une croyance très forte dans notre société, sur les réseaux sociaux. Si nos post ont un maximum de « vues », c’est que l’on compte. Mais tout ça est superficiel et très fragile. 

 

Dieu lui nous voit avec un intérêt plein d’amour, en profondeur et en vérité.

 

Dans une belle méditation de ce récit, Adrien Candiard écrit : « Il devait y avoir quelque chose de puissant dans le regard de Jésus. Plus d’une fois, il convertir les cœurs… ». C’est ce regard de Jésus sur nous qui est le plus important. « Nous venons pour voir, nous voulons le voir, et un jour nous nous apercevons qu’il nous a vus. Que nous sommes connus, que nous sommes aimés comme nous sommes. Nous ne l’avons pas vu mais nous savons, d’une certitude intérieure à la fois fragile et inattaquable, qu’il nous regarde en vérité, qu’il a vu au fond de nous, ce fond que nous n’osons pas toujours regarder, qui nous dérange, dont nous ne sommes pas fiers - ; et ce regard, c’est le regard fier, joyeux, enthousiaste du créateur devant son chef d’œuvre »[1].

 

Cela fait écho aux belles paroles du Psaume 139, qui dit l’omniscience de Dieu et son amour pour nous, avant même notre naissance. « Quand tu me tissais dans le ventre de ma mère. Quand j'étais encore informe, tu me voyais ;

 

Comme Dieu a vu Nathanaël, il nous voit… et c’est une bonne nouvelle, car son regard sur nous est un regard bienveillant, qu’aucun défaut, qu’aucun crime, qu’aucun doute n’arrête ou ne détourne.

 


J’ai réentendu cette semaine sur RCF ce beau texte des Diaconesses de Reuilly, des sœurs protestantes : 

 

« Nous sommes nés d’une promesse, je t’ai vu

Nous marchons vers une promesse, tu verras ».

 

Et si la foi, en effet, c’était croire que Jésus nous a vus, nous aussi, de ce regard d’amour, et qu’il veut nous rencontrer ?

 

Croire qu’on est vu par Dieu est aussi important pour la foi que de chercher à  le voir. 

 

Tu verras

 

Et l’on arrive ici à la promesse de Jésus ici :  « tu verras », « vous verrez ». A ceux qui veulent le rencontrer, Jésus promet que plus loin sur la route, il montrera des choses nouvelles. 

Des choses extraordinaires ! 

 « Vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme ! ». Qu’est-ce que cela veut dire ? 

 



 

C’est une allusion à l’échelle de Jacob. En Genèse 28:11-19, Jacob reçoit cette vision d’une échelle entre la terre et le ciel, sur laquelle des anges montent et descendent. 

Ce que dit Jésus ici, c’est qu’il va ouvrir le ciel pour ceux qui lui font confiance, et qu’ils verront Dieu. 

 

Et en effet, il nous a ouvert le ciel, car en Jésus c’est Dieu qui est descendu. Alors nous pouvons voir Dieu car celui qui voit Jésus voit le Père lui-même. 

 

Il nous a ouvert le ciel aussi par sa mort sur la croix. N’oublions pas que si nous prions « au nom de Jésus », c’est parce que nous ne pouvons nous approcher du Père qu’en passant par Jésus, avec son autorisation, en quelque sorte : il a pris notre péché pour que Dieu nous regarde comme saints – et nous accueille dans son intimité. 

 

Il nous ouvre le ciel aussi en se révélant à nous dans la lecture de la Bible et la prière. 

C’est là, plus que dans des expériences émotionnelles, qu’il veut nous donner des choses à voir


« Viens et tu verras » : invitation à lire la Bible par nous-même, inviter Dieu à agir dans nos vies par la prière. Ouvrir les yeux sur sa présence en nous et autour de nous. 

 

« Je t’ai vu » : au lieu de nous agiter sans cesse, d’être toujours en tension vers l’avant, de penser à ce que nous devons faire – y compris pour essayer de voir Dieu – nous mettre à l’écart, dans la prière, sous son regard d’amour. Chercher le silence, et tourner notre esprit vers Dieu. Il est là, je suis sous son regard. Il sait déjà tout de moi, alors je ne peux pas le décevoir. Oui il juge le péché, en moi, mais au nom de ma foi en Jésus, il le pardonne.

Alors je peux tout lui dire, tout déposer, tout affronter. 

Je peux lui demander de rendre vivant, pour moi, le texte de la Bible que je vais lire. De l’éclairer par son Saint Esprit. 

 

Alors sa promesse « tu verras » s’accomplira pour nous.  

 

Notre responsabilité à chacun est de ménager dans notre vie ces temps de lecture de la Bible dans un esprit de prière. 

 



Ne soyons pas naïfs : dans un monde où des professionnels travaillent jour et nuit pour capter notre attention, et où tout nous pousse à nous activer sans cesse, prier et méditer la Bible est un véritable défi. 

 

Mais c’est vraiment là que nous rencontrerons Jésus, ou plutôt que Jésus nous rencontrera. 

Alors demandons lui son aide, il nous aidera à trouver le moyen de vivre ces moments d’intimité qu’il désire profondément.  

Ne nous privons pas de l’amour de Dieu. 

 

Amen

 

 

Est-ce que je désire rencontrer Jésus ?

 

Qu’est-ce que je vais mettre en place concrètement aujourd’hui pour prier et méditer Sa Parole ? 

 

 

S.Guiton

 



[1] Adrien Candiard, Quand tu étais sous le figuier, p. 32-33

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