Prédication du 5 juillet 2020 - Proverbes 1.1-7 : Besoin d'une sagesse inspirée ! (S.Guiton)

Prédication du 5 juillet 2020

Proverbes 1.1-7 ;

Besoin d'une sagesse inspirée  ! 

 

Dans mon quartier, plusieurs cafés attirent les clients en affichant, sur des panneaux dans la rue, diverses citations de grands penseurs sur l’amour, l’amitié, le sens de la vie… 

 

Ces citations sont comme des petites doses de réflexion dans le brouhaha de nos journées. Elles nous rappellent que dans cette société qui nous pousse à tout réinventer sans cesse, dans une course épuisante après le bonheur… nous avons besoin de conseils de sagesse sur lesquels nous reposer. Nous avons besoin de l’expérience de ceux qui ont déjà parcouru le chemin avant nous, et en connaissent les pièges et les voies sûres… 

Nous avons besoin, en somme, de sagesse

 

C’est bien pour cela que plusieurs livres de la Bible sont entièrement consacrés à cette transmission : certains Psaumes, le livre de Job, l’Ecclesiaste… et le livre des Proverbes, sur lequel je voudrais m’arrêter ce matin. 

 

Etonnant, au milieu du récit biblique, ce recueil de pensées, de réflexions, de conseils sur toutes sortes de sujets. 

Il y a là, pour notre foi et pour notre vie tout entière, tout un héritage dont il serait regrettable de se priver car il nous amène une sagesse simple sans être simpliste, une sagesse inspirée – vraiment ressourçante dans les temps compliqués que nous vivons.  

 

Lisons simplement quelques versets dans les deux premiers chapitres. 

 

1 Maximes de Salomon, fils de David, roi d'Israël, 

2 pour connaître la sagesse et l'instruction, pour comprendre les paroles de l'intelligence, 

3 pour recevoir l'instruction du bon sens, — justice, équité et droiture —

4 pour donner aux naïfs un esprit avisé, au jeune homme de la connaissance et de la réflexion.

5 Que le sage écoute, et il augmentera son savoir, et celui qui est intelligent acquerra l'art de diriger ; 

6 pour comprendre maximes et sentences, les paroles des sages et leurs énigmes.

7 La crainte du SEIGNEUR est le commencement de la connaissance ; la sagesse et l'instruction, voilà ce que les imbéciles méprisent.

 

Chapitre 2

1 Mon enfant, reçois ce que je t'enseigne, retiens bien ce que je te dis de faire.

6 … le SEIGNEUR donne la sagesse ; de sa bouche viennent la connaissance et l'entendement.

7 Il tient en réserve des ressources pour les gens droits, un bouclier pour ceux qui suivent la voie de l'intégrité ; 

8 pour préserver les sentiers de l'équité et garder la voie de ses fidèles.

9 Alors tu comprendras la justice, l'équité, la droiture, toutes les routes du bonheur.

 

 

1.     Une sagesse pratique et expérimentale 

 

a.     Regarder et écouter

On oppose à tort la foi et la raison, comme s’il fallait éteindre son cerveau pour croire. Les Proverbes prouvent le contraire. Ce sont des observations presque scientifiques, des conclusions issues d’une observation attentive de la vie et des chaînes de causes et de conséquences à l’œuvre dans le monde : le sage a observé, écouté, il partage le fruit de son expérience aux « naïfs » et aux jeunes gens sans expérience, pour leur donner « de la connaissance et de la réflexion »... et leur apprendre à regarder et écouter, eux aussi, pour devenir sages à leur tour. 


 

10.11 Les paroles du juste sont une source de vie. Celles des méchants cachent la violence.

12 La haine suscite des querelles, mais l'amour ne tient pas compte des offenses (l’Evangile, déjà !). 

17 En tenant compte des avertissements on avance dans la vie, en rejetant les réprimandes on s'égare.

18 Il est hypocrite de cacher sa haine, mais répandre une calomnie est stupide.

 


Ces même Proverbes peuvent nous apprendre à regarder nous aussi, et à écouter au lieu de parler sans cesse : « Que le sage écoute, et il augmentera son savoir, et celui qui est intelligent acquerra l'art de diriger ». 

 

b.    Conduire à la vie

De fait, le personnage central du livre est un jeune homme sans expérience qui avance sur le chemin de la vie et fait des rencontres ; d’autres jeunes essaient de l’embarquer dans un meurtre… une femme mariée tente de l’attirer dans son lit parce que son mari est parti… etc. On voit que rien n’a vraiment changé en quelques millénaires… 

 

Les Proverbes sont donnés à ce jeune homme comme des avertissements, et des repères pour éviter les mauvais choix et marcher sur le sentier de la vie. Cette sagesse est comme un « bouclier », elle « préserve » les sentiers de l'équité et « garde la voie de ses fidèles ».


 

Le but, c’est d’éviter de faire le mal afin d’être heureux. « Tu comprendras la justice, l'équité, la droiture, toutes les routes du bonheur ». 

 

Alors nous qui, comme ce jeune homme, sommes confrontés chaque jour à des choix, des tentations, des discernements difficiles… nous avons besoin aussi de ces « ressources » que Dieu « tient en réserve » pour nous aider à ne pas partir dans le décor, et nous apprendre à réfléchir par nous-mêmes. Car les Proverbes ne nous disent pas simplement « il ne faut pas » mais «  attention ! Réfléchis bien ». Posture éducative très moderne ! 

 

c.     Apprendre l’humilité 

Ainsi, malgré leur expérience, Salomon et les autres sages évoqués dans le livre ne se placent pas franchement au-dessus des autres hommes. Ils ne prétendent pas avoir tout compris. Outre le sens de l’observation, ce qui les caractérise c’est l’humilité et la conscience de leur place devant Dieu. L’organisation même du livre, avec son côté chaotique, est là pour montrer qu’on ne peut jamais maitriser le réel, et prétendre avoir tout compris. Cette sagesse assume le fait qu’elle est partielle et ne prétend pas tout expliquer. Seul Dieu sait tout. Chercher à l’égaler, c’est de la folie ! 

 

15. 33 Reconnaître l'autorité du Seigneur est une école de sagesse. Avant d'accéder aux honneurs, il convient d'être humble.

 

On croit aujourd’hui- à tort – qu’avec plus de maîtrise on trouvera plus de sécurité, plus de paix intérieure. Au contraire, le sage reconnaît qu’il maitrise bien peu de choses. Il est capable de dire « je ne sais pas », ce qui est un signe non seulement d’humilité mais de lâcher prise. Arrivons-nous à dire cela ?

Un tel lâcher prise n’est possible que lorsqu’on trouve sa sécurité en Dieu. Voilà pourquoi on ne trouve la sagesse que dans cette « crainte de Dieu » qui est en le commencement, dit le texte. Nous allons y revenir. 

 

2.     Une sagesse inspirée ?

 

Mais avant d’aller plus loin, une question : la sagesse des Proverbes est-elle si différente des autres sagesses du monde ? Après tout, chaque civilisation a développé ses propres proverbes… les sagesses orientales, par exemple, sont renommées. Que faire avec ça ? 

 

Eh bien, au risque de surprendre… on peut dire qu’il n’y a pas forcément une si grande différence que ça entre ces différentes sagesse et celle des Proverbes… au point que plusieurs des proverbes rapportés ici se retrouvent aussi, tels quels… dans des textes égyptiens de la même époque ! 

D’ailleurs plusieurs des sages évoqués dans le livre même ne sont pas juifs ! 

 

Comment comprendre cela ? 

Tout simplement en se rappelant que l’intelligence, comme la conscience, le sentiment du divin, de la justice… est un don de Dieu à l’humanité tout entière, croyante ou pas. Calvin appelle cela la « grâce générale ». 

Certes, cette disposition naturelle ne suffit pas pour être sauvé et trouver Dieu ; seule la foi en Jésus le permet, avec l’éclairage du Saint Esprit. Il ne s’agit pas pour autant de mépriser ou rejeter tous les trésors de culture et de sagesse présents dans l’humanité sous prétexte qu’ils ne sont pas « bibliques ». 

Examinons toutes choses pour retenir ce qui est bon, comme nous y exhorte Paul. 

Et donnons toute sa place au « bon sens » et à la réflexion dans notre marche avec Dieu.

 

16. 22 Le bon sens est source de vie pour ceux qui le possèdent. Les imbéciles sont punis par leur propre bêtise.

 

Est-ce que ce « bon sens » ne disparaît pas trop souvent dès que des chrétiens sont confrontés à un problème ou d’une décision à prendre ?… On peut voir alors des gens parfaitement sensés et réfléchis dans leur travail, quand il s’agit d’acheter une voiture ou une maison, se mettre soudain à discuter seulement sur la base de « convictions », de « signes du Seigneur » et autres choses surnaturelles. 

Bien sûr que ces choses comptent, il ne s’agirait pas de tomber dans un autre excès. 

Mais attention à ne pas séparer de façon excessive, ou inadéquate, ce qui serait « spirituel » et ce qui serait « charnel » : le chemin de sagesse que dessine le livre des Proverbes associe réflexion et foi, calcul et dépendance à Dieu.

 

Le texte biblique nous donne ainsi l’exemple d’hommes et de femmes profondément spirituels, attachés à Dieu et à sa Parole, et usant pourtant de toutes leurs capacités cérébrales pour suivre le chemin du Seigneur, les pieds bien sur terre.

Parce que la révélation du Seigneur est incarnée, pas théorique. Parce que c’est dans un homme véritable, Jésus, que le visage de Dieu nous est donné à voir le plus nettement possible dans ce monde. 

De fait, les Proverbes traitent de tout ce qui fait nos vies : l’amour, l’amitié, la mort, le travail, la sexualité, le bon usage de notre langue, l’art de décider et de diriger… et ce avec humour, souvent ! 

Petit florilège pour le plaisir : 

 

16. 32 Il vaut mieux être maître de soi que maître d'une ville.

 

17.28 Quand il se tait, même un imbécile paraît sage. Lorsque ses lèvres sont fermées on pourrait le croire intelligent.

 

19.24 Le paresseux plonge sa main dans le plat, mais il ne la ramène pas jusqu'à sa bouche.

 

20.17 Au premier abord la nourriture volée est un délice, mais ensuite c'est du gravier plein la bouche.

 

26.18 Un fou qui lance autour de lui des tisons, des flèches, des projectiles meurtriers, 19tel est celui qui trompe autrui et lui dit ensuite : « C'était pour rire ! »

21.9 Mieux vaut vivre au coin d'un toit que partager sa maison avec une femme querelleuse.


Alors gardons les pieds sur terre, et demandons au Seigneur d’éclairer nos intelligences et nos cœurs par sa sagesse. 

 

Dans nos décisions – personnelles, en Église - est-ce que nous prenons à la fois le temps de la réflexion approfondie et celui de la prière ? 

 

La foi allie réflexion et prise de risque. Mais au final, un saut de la foi dans le vide sera toujours nécessaire, car Dieu seul connaît la suite du chemin. 

 


3.     La crainte de Dieu, commencement de la sagesse. 

 

Car Dieu seul est parfaitement sage, et c’est donc lui, dit le texte, qui « donne la sagesse ; de sa bouche viennent la connaissance et l'entendement ». 

C’est à Dieu que Salomon a demandé la sagesse, et il l’a reçue. Jacques dira dans sa lettre : « Si l'un d'entre vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu qui donne à tous généreusement et sans faire de reproche, et elle lui sera donnée. » 

 

Une sagesse à demander, donc, et à rechercher dans la « crainte de Dieu », qui est « le commencement de la sagesse ». 

Le mot français « crainte » utilisé usuellement pour traduire ce verset peut nous induire en erreur. En hébreu, la crainte du Seigneur n’est pas du tout la peur de Dieu, mais « l’obéissance à la volonté de Dieu »[1]. S’il y a une peur ici, c’est celle de désobéir au Seigneur et de lui déplaire – peur motivée par le respect et l’amour, et non… la peur de la punition, par exemple.

Aimer Dieu, le respecter et chercher à lui plaire, voilà le « commencement » de la sagesse : pas seulement ce qui vient en premier, mais surtout le principe le plus important, ce qui est essentiel à la sagesse. 

Ce qui permettra de devenir de plus en plus sage…. Et donc de plus en plus heureux !

 

Au moment de mon baptême, mes parents m’ont donné le verset suivant , dont je mesure de plus en plus la sagesse : (3.5-8)


5 Mon fils, Ne te fie pas à ta propre intelligence, mais place toute ta confiance dans le Seigneur. 6  Appuie-toi sur lui dans tout ce que tu entreprends et il guidera tes pas. 7  Ne te fie pas à ta propre sagesse, mais reconnais l'autorité du Seigneur et détourne-toi du mal. Ce sera un remède pour ton corps, un apaisement pour tous ses membres.


 

Est-ce que dans nos prises de décision, quand nous pensons à faire ou dire quelque chose… nous nous appuyons sur Dieu, en cherchant à lui plaire et à lui obéir ?

Voilà un bon principe pour de bons choix. Pour nous épargner bien des souffrances ! 

 

En plus, cet abandon confiant à Dieu donne de la paix, un « apaisement » pour notre corps… contre le stress qui nous bloque le dos et nous donne des ulcères ! 

 


4.     Jésus-Christ, notre sagesse

Au final, ce qui plait d’abord à Dieu… c’est que nous choisissions Jésus et que nous mettions notre foi en lui. Voilà le choix le plus sage qu’on puisse faire ! 

 

 

Quelqu’un a dit : « la sagesse n'est pas une destination, c'est une manière de voyager ».

Alors voyageons, dans l’humilité et la confiance, avec Jésus-Christ. En sachant que nos écarts et nos sorties de route ont déjà été pardonnés, à la croix, et que le Christ est un maitre bienveillant qui veut notre bonheur. 

 

Pour mieux marcher avec lui, n’hésitons pas à nourrir notre pensée de la sagesse biblique qu’il a inspirée. 

Par exemple, pendant cet été, pourquoi ne pas lire un chapitre des Proverbes chaque jour ?

 

Rien ne garantit que nous deviendrons plus intelligents, plus avisés… mais ce sera une excellente école d’humilité et de foi, et un bon stimulant. 

Que Jésus-Christ, celui qui est « notre sagesse »[2], nous aide à « comprendre… toutes les routes du bonheur »… 

A lui seul soit la gloire. 

Amen 

  

 S.Guiton



[1] Hokhma n°2, La sagesse et la crainte de Dieu, p.41

[2] 1 Co 1.30

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