Prédication du dimanche 29 septembre 2019 – « Soyez transformés ! » - Transformé dans ma vie émotionnelle (S. Guiton)
Prédication du dimanche 29 septembre 2019 – « Soyez transformés ! »
Transformé dans ma vie émotionnelle
[Rappeler la possibilité de prendre des notes dans le livret + le canevas qui est un prolongement de la prédication]
A. Quelle place pour nos émotions ?
« Soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence… » écrit Paul (dans le verset titre de notre campagne). La « métamorphose » à laquelle l’apôtre nous invite ici concerne tout notre être intérieur … y compris notre vie émotionnelle.
Beaucoup de chrétiens ne sont pas à l’aise avec leurs émotions, comme si elles étaient des anomalies.
Dans les générations qui nous ont précédé, on cachait ses émotions et ses sentiments. Le sujet reste encore sensible. Bien souvent, nous ne savons pas quelle place leur donner, comment les gérer, oscillant entre deux extrêmes : essayer de les étouffer ou nous laisser conduire par elles.
Pourtant les émotions ne font-elles pas partie de la création de Dieu ? Elles sont même un aspect important de l’image de Dieu en nous.
Alors quelle place pour elles dans notre vie spirituelle ?
En Jésus, Dieu a habité les mêmes émotions que nous. Il a pleuré, s’est mis en colère, a été « pris aux tripes », a ressenti de la joie et de l’affection.
Et pourtant, il n’a jamais péché…
Le Seigneur souhaite nous transformer à son image, l’image de Christ dans ce domaine-là aussi, pour que nous devenions aussi mûrs émotionnellement que Jésus.
Parce qu’un manque de maturité émotionnelle peut être destructeurpour nous-mêmes, notre relation avec Dieu, et pour les gens autour de nous.
B. Arbre verdoyant ou génévrier asséché ?
Commençons par une image forte qu’on trouve en Jérémie 17.5-10.
5Ainsi parle le SEIGNEUR : Maudit soit l'homme qui met sa confiance dans un être humain,
qui prend la chair pour appui, et dont le cœur se détourne du SEIGNEUR !
6Il est comme un genévrier dans la plaine aride, et ne voit pas arriver le bonheur ;
il demeure dans les lieux brûlés du désert, sur une terre salée et sans habitants.
7Béni soit l'homme qui met sa confiance dans le SEIGNEUR, celui dont le SEIGNEUR est l'assurance !
8Il est comme un arbre planté près des eaux, qui étend ses racines vers le cours d'eau :
il ne voit pas venir la chaleur et son feuillage reste verdoyant ; dans l'année de la sécheresse,
il est sans inquiétude et il ne cesse de porter du fruit.
9Le cœur est tortueux par-dessus tout et il est incurable : qui peut le connaître ?
10Moi, le SEIGNEUR, j'examine le cœur, je sonde les reins,
pour donner à chacun selon ses voies, selon le fruit de ses agissements.
Quel arbre sommes-nous, ce matin ?
Nous désirons tous être comme cet arbre verdoyant que rien n’atteint, ancré dans le Seigneur.
Mais peut-être en réalité sommes-nous plus proches du genévrier asséché – un petit arbuste épineux ? Nous pouvons tout faire pour avoir l’aird’un arbre verdoyant, parce que c’est ce qu’un chrétien est censé être – toujours souriant, disponible, stable… Mais si nous regardons honnêtement quels fruits nous portons, car « on reconnaît l’arbre à ses fruits », a dit Jésus … est-ce de la joie, de la paix, de la maitrise de soi, de l’amour… ces beaux fruits du Saint Esprit ? Ou de petites baies amères comme celles du genévrier ?
C’est dans notre cœur qu’est la clé, comme Jérémie le dit ici. (v.9).
Que se passe-t’il dans le nôtre ?
Pas facile de le savoir tant il est parfois « tortueux », mystérieux. Mais Dieu, lui, « est plus grand que notre cœur », comme dit 1 Jean 3.20.
Et il veut nous aider à guérir, en profondeur. Pour cela, nous ne devons pas mettre un couvercle sur notre vie intérieure, et notre vie émotionnelle en particulier.
Le pasteur Peter Scazzero a appris à ses dépens ce qu’il en coûtait de ne pas écouter ce qu’il ressentait, comme il le raconte dans ses livres, que je vous conseille vivement.
(je ne fais que survoler le sujet, l’introduire : voir ses livres pour aller plus loin).
Pendant des années, ce pasteur newyorkais plein d’énergie et de zèle a tout donné pour son ministère… En particulier, Il ne disait jamais non.Est-ce qu’un chrétien- un pasteur ! – ne pas doit être toujours disponible pour aider et écouter, et « considérer les autres comme supérieurs à lui-même » (Phil.2) ? Alors il se donnait sans compter, toujours absent pour les siens parce que les gens « avaient besoin de lui ». Mais en réalité, à l’intérieur, il devenait amer, et même en colère : contre certaines personnes qui l’accaparaient pendant des heures sans tenir compte de lui, et contre lui-même qui n’osait pas dire stop et qui ne voyait plus sa femme et ses enfants… Lui qui prêchait le pardon, il ne pouvait s’empêcher de ruminercontre certains paroissiens qui lui faisaient des difficultés…
Et puis son corps parlait : à chaque vacances, il passait plusieurs jours au lit, hors service…
Mais ça ne l’arrêtait pas.
Jusqu’au jour où sa femme excédée lui a annoncé qu’elle allait le quitter s’il ne changeait pas.
Il a alors pris conscience qu’il était en plein burn out. Asséché intérieurement. Au bout de ses réserves.
Le burn-out s’est dressé devant lui comme un mur sur une autoroute. Il croyait l’horizon ouvert sans limites, il roulait à pleine vitesse, sûr de sa conduite, comme si le réservoir était illimité et qu’il pourrait rouler sans faire de pauses… Il avait planifié ses étapes, prévu de s’arrêter oui, mais plus tard, plus loin…
Et puis soudain, panne sèche, arrêt complet.
Pour reprendre les paroles de Jérémie, à force de « mettre sa confiance dans un être humain » (lui-même), il s’est retrouvé « dans la plaine aride », « dans les lieux brûlés du désert, sur une terre salée et sans habitants ». Stérile.
A vouloir avoir l’air parfait, il s’était transformé peu à peu en genévrier asséché.
Sur ce bord de route désertique, Scazzero a été contraint de faire un travail sur lui-même pour comprendre ce qui l’avait conduit là. Quel moteur intérieur l’avait poussé à aller au delà de ses limites.
Ce chemin, long et douloureux, l’a conduit à comprendre combien il était vital que nous chrétiens prenions au sérieux notre vie profonde, nos émotions, les signes d’alerte envoyés par notre corps.
Car on ne peut séparer maturité spirituelle et maturité émotionnelle, et qu’une vie équilibrée est nécessaire pour grandir spirituellement.
On ne peut mûrir spirituellement et en même temps rester immature et en mauvaise santé sur le plan émotionnel.
De fait, faire le mal, « être maudit », « récolter le fruit de nos agissements »… ce peut être aussi agir sans sagesse, nous laisser conduire dans le mur par des émotions immatures qui font du mal, à nous et aux autres !
Pour décrire cela, laissons l’arbre verdoyant et le genévrier un instant pour prendre l’image utilisée par Scazerro, celle de l’iceberg.
(image iceberg)
Derrière ce que nous donnons à voir au quotidien, se cachent des choses plus profondes.10% seulement d’un iceberg sont visibles à la surface. Ces 10% représentent les changements liés à notre foi que les autres peuvent voir. Nous pouvons devenir plus gentils, plus polis. Nous faisons le ménage dans nos vies et changeons certaines mauvaises habitudes. Nous lisons la Bible, prions, venons à l’Église, évitons les gros mots, écoutons gentiment, etc.
« Mais les racines de notre personnalité peuvent rester inchangées. Il reste 90% de l’iceberg sous l’eau, qui ont aussi besoin d’être touchés par Jésus-Christ et sanctifiés ».
Pour cela, un engagement déterminé de notre part est nécessaire.
Arbre et iceberg ont en commun cette question des profondeurs.
Dieu qui « examine les cœurs et sonde les reins » (Cf Jerem) veut être notre guide dans ce processus de transformation, alors osons avancer avec lui, en priant : « Sonde moi, ô Dieu, et connais mon cœur ! » (Ps 139).
C. Messages venus des profondeurs
Pour mieux comprendre quel chemin Dieu nous invite à suivre ici, il nous faut évoquer rapidement quelques symptômes caractéristiques d’une vie spirituelle émotionnellement immature. Ce sont comme des messages venus des profondeurs, des signes que la partie immergée de notre iceberg a encore besoin d’être touchée par l’Esprit du Seigneur pour mûrir.
(là encore, ce n’est qu’un survol)
Parmi les plus fréquents :
1. Vivre comme si on n’avait pas de limites
2. Ignorer des émotions comme la colère, la tristesse et la peur
3. Nier l’impact du passé sur le présent
4. Diviser notre vie en compartiments « séculier » et « sacré »
5. Faire pourDieu au lieu d’être avecDieu.
6. Spiritualiser les conflits pour les éviter
7. Enfouir nos blessures, nos faiblesses, nos échecs
Il y a dans chacune de ces attitudes, une certaine immaturité émotionnelle nuisible pour nous, pour les autres et pour notre relation avec Dieu.
Sans tout reprendre dans le détail, on peut dire qu’un des problèmes de fond c’est la difficulté àregarder en face et accueillir toute la réalité de ce que nous sommes, ressentons et vivons.
Tout ce qui est fuite, déni, rationalisation, séparation de notre personne ou de notre vie en parties séparées et étanches (dimanche/semaine)… tout cela est signe d’immaturité et nuit à notre croissance spirituelle.
Nier, diviser… et s’agiter.
Nier nos limites,comme P. Scazzero : cause de burn out, la « maladie du don » > on se donne sans limites. On ne se respecte pas…
Dieu seul est sans limites. Nous ne sommes pas Dieu… et c’est une bonne nouvelle !
Nier nos émotions. Est-ce que dans la Bible la peur n’est pas dénoncée comme signe d’un manque de foi ? La colère comme marque d’un manque de maitrise de soi ? La tristesse ne s’oppose-t’elle pas au commandement « soyez toujours joyeux dans le Seigneur » ?
Convaincus de cela, nous essayons de nous remplir nous-mêmes de confiancepour faire partir ces sentiments (partie émergée) – en citant des paroles bibliques, et ce n’est pas mauvais ! – alors que nous avons vraiment peu, que nous sommes vraiment en colère ou tristes.
Comment entendre alors ce que Dieu veut me dire si je ferme mon cœur à ce qui l’agite vraiment ?
Ressentir, c’est humain. Minimiser ou nier ce que nous ressentons, verrouiller nos cœurs et mettre un couvercle dessus, celanous bloque pour aimer en vérité, aimer Dieu, aimer les autres, et cela nous condamne à de faux semblants.
On peut aussi nier nos faiblesses, nos échecs : est-ce que le Seigneur ne dit pas aussi : « sois fort » ? Tiens ferme ? Oui… mais par saforce, sonaide. Nier nos faiblesses et nos échecs confine à l’orgueil, qui est l’un des principaux obstacles à l’action de l’Esprit en nous.
Nier, fuir les conflits en les spiritualisant. Les conflits sont partout dans nos vies. Croire que tout conflit est une attaque de Satan à ne traiter que par la prière est faux : le Diviseur utilise plutôt notre immaturité pour faire dégénérer nos conflits !
Un conflit doit être réglé avec amour, franchise et courage.
De même, croire qu’en balayant les conflits sous le tapis on suit Jésus, c’est un mensonge. Combien de conflits dans les familles, les églises, ne sont pas traités de façon mûre et honnête, au nom de la « paix » ? Je crois que le verset « Heureux celui qui procure la paix » a provoqué plus de dégâts qu’il n’a évité de conflits !
Bien souvent, avec de bonnes motivations (ne pas blesser, ne pas décourager…), nous n’osons pas faire face aux autres et notre colère, notre frustration ressortent de façon beaucoup plus nocive, en médisance, en défiance, en procès d’intention, sarcasme et ironie… Nous préférons nourrir nos griefs et les faire gonfler en les partageant à ceux qui vont dans notre sens plutôt que de confronter nos frères et sœurs pour sortir des tensions…
Ce n’est pas l’attitude mûre émotionnellement de Jésus quilui, entrait tout droit dans les conflits, sans se laisser entrainer par la haine ou la panique, et sans cesser d’aimer, en cherchant le bien de ses opposants, leur salut.
C’est pourquoi Jésus peut nous aider à faire face aux conflits avec la même maturité émotionnelle que lui.
Nier, fuir les conflits, diviser nos vies, ensuite. Louer Dieu de tout notre cœur le dimanche puis vivre le reste de la semaine comme s’il était resté nous attendre à l’Église… Compter sur lui pour témoigner ou lire la Bible (activités « chrétiennes ») mais pas pour affronter une opération médicale ou boucler la fin du mois.
Satan est le « diviseur », Dieu unifie, réconcilie.
Croire qu’on peut aller bien en ne s’occupant que des 10% de l’iceberg qui dépassent…
Croire qu’on peut garder un péché récurrent dans nos vies, sur notre ordinateur, dans nos pensées, sans que ça ait d’impact sur le reste de notre existence (sur nos proches !) est un mensonge entretenu par l’ennemi de nos âmes.
Nier, diviser, se disperser en s’agitant, enfin.
Nos vies pleines à craquer, hyperconnectées, nous éclatent, nous dispersent. Nous sommes rarement totalement présents à ce que nous vivons (Smartphones) !
De fait, je peux faire plein de choses pour Dieu, mais passer à côté de lui, parce que je ne prie plus, je ne l’écoute plus… je ne fais que lui demander de bénir mes projets au lieu d’écouter les siens…
D. Les chemins de la maturité émotionnelle et spirituelle
Face à cela, quels chemins pour avancer vers la maturité ?
1. Connais-toi toi-même afin de connaître Dieu
Encourager à ne pas fuir et oser enlever le couvercle sur notre vie profonde.
Pas simple, car souvent, si les choses sont enfouies ce n’est pas pour rien. Il y a sous la surface de l’eau des monstres marins que nous n’avons pas envie de réveiller, que nous ne sommes pas capables de regarder dans les yeux, et il faut respecter cela.
Nous faire aider d’une personne formée : un professionnel – psychothérapeute + un accompagnateur spirituel.
Nous regarder dans le miroir de la Parole de Dieu pour nous voir en vérité, ni trop, ni pas assez.
2. Cherche ta sécurité en Dieu
L’antidote principal : le retour à Dieu, le centrage, l’ancrage en Dieu.
« 7 Béni soit l'homme qui met sa confiance dans le SEIGNEUR, celui dont le SEIGNEUR est l'assurance ! 8 Il est comme un arbre planté près des eaux, qui étend ses racines vers le cours d'eau : il ne voit pas venir la chaleur et son feuillage reste verdoyant ; dans l'année de la sécheresse, il est sans inquiétude et il ne cesse de porter du fruit ».
Le Seigneur est le cours d’eau vers lequel nous devons tendre nos racines. Jésus dit : « Demeurez en moi , et vous porterez de bons fruits, les fruits du Saint Esprit.
1. Pour « demeurer », il nous faut d’abord arrêter de courir et de nous agiter.
Il nous faut déjà prendre position contre ces dérives, nous en repentir, changer d’attitudes et d’habitudes en prenant des mesures concrètes : enlever des choses de nos agendas, renoncer à des engagements si besoin, revoir nos priorités...
Ralentir, et même s’arrêter : « arrêtez et sachez que je suis Dieu » (Ps 46.10)
Prendre le temps, régulièrement, d’être là – éteindre le téléphone, Dieu est là dans le secret. Venons nous ressourcer régulièrement dans sa Présence, au calme, comme Jésus le faisait.
2. C’est là, dans l’environnement sûr dela grâce, de l’amour du Père que nous pourrons nous ouvrir nos cœurs en sécurité.
« Sonde moi ô Dieu… » : nous examiner nous mêmes, oser nous poser des questions de fond, oser reconnaître nos peurs, nos inquiétudes, nos échecs… car en Jésus notre Père ne nous juge pas.
3. Arrêtons-nous, faisons de la place, faire silence pour nous mettre à son écoute, écouter ce qu’il veut nous dire.
Avec lui, écouter nos vrais besoins.
Ø Concrètement, dans la prière, des temps de calme et de silence devant Dieu, à cœur ouvert. Cf toute la vie de prière personnelle.
4. Enfin, Jésus dit : « venez à moi… et je vous donnerai du repos».
Lui apporter ce qui pèse, nos émotions négatives, nos problèmes. Il saura nous éclairer.
Si vous avez un fardeau comme cela, une émotion difficile à gérer, pourquoi ne par en parler à votre pasteur ?
S. Guiton
Prière
Seigneur, je viens vers toi, devant ta croix, pour te remettre mes fardeaux, ce qui me pèse. J’ai donné tout à l’heure le nom de quelques personnes que je te remet, tu sais pourquoi. Des adversaires, des bourreaux, ou des gens que j’aime et pour qui je m’inquiète…
Je les dépose entre tes mains car toi seul, tu es Dieu et tu as le pouvoir de les porter.
Je te remets aussi ces émotions, ces sentiments que je porte, que je nomme devant toi, pour que tu les prennes et que tu me montres quoi en faire. Tu peux prendre sur toi toute la peur, l’angoisse, toute la tristesse, toute la colère et la révolte du monde. Tu l’as fait sur la croix.
Je te remets la mienne, Père.
J’ai besoin que tu me rassures. Je ne veux plus chercher ma sécurité ailleurs qu’en toi.
Sonde moi et connais mon cœur, regarde si je suis sur une mauvaise voie et conduis moi sur la voie de la vie éternelle, avec toi.
Je suis un genévrier desséché. Ouvre mes oreilles à ta Parole pour moi, pour que je devienne avec toi un arbre verdoyant, une bénédiction pour les autres.
Au nom de Jésus
Amen
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