Prédication du 17 février 2019 - Série « nous croyons » (3/5) : « Conduits par l'Esprit de Dieu » (S. Guiton)
« Qu’est-ce qui nous dirige », demande cette publicité ? La question est intéressante - philosophique… spirituelle !
Certes, la ficelle est grosse dans cette publicité qui ne pose la question que pour retenir notre attention, susciter l’envie d’acheter une 508 - avec toute une stratégie pour court-circuiter au maximum notre esprit critique (n’afficher que le prix mensuel par ex.) et donner le volant à nos émotions.
« Motions et émotions ».
C’est vrai, tant d’émotions nous traversent et nous « transportent », en effet ! Nous sommes traversés en permanence par tant de mouvements intérieurs ! La psychologie nous a fait prendre conscience la diversité des pulsions et des émotions qui nous agitent - envies, joie, crainte…, découragement ou forte motivation à entreprendre… et de leurs origines diverses - notre inconscient, notre éducation, notre milieu social, notre biologie…
Nous sommes effectivement « dirigés », dans une certaine mesure.
Cela, la Bible la dit depuis longtemps : je pense à ce cri de l’apôtre Paul : « Malheureux que je suis ! Je fais le mal que je ne veux pas et je ne fais pas le bien que je voudrais ».
Et Jésus affirme que c’est de notre « coeur », de notre être intérieur que viennent « le meurtre, le mensonge… ».
Et c’est à ce niveau d’abord que l’Evangile vient nous toucher, avant même de concerner nos actes : plus qu’une religion, le Christ nous offre un changement du coeur, une "nouvelle naissance », par l’action libératrice et transformatrice du Saint-Esprit.
Tel est l’objet du troisième article de la confession de foi des Eglises Libres que nous méditons en ce moment (3e épisode sur 5).
3 - Nous croyons en l'Esprit Saint qui communique la vérité et la vie du Fils à ceux que le Père appelle dans sa miséricorde et sauve par grâce. Unis par l'Esprit au Christ ressuscité, nous devenons enfants de Dieu par la nouvelle naissance. Justifiés gratuitement par le moyen de la foi en Jésus-Christ, nous sommes en paix avec Dieu.
Nous avons vu la semaine dernière comment par le sacrifice de Jésus sur la croix, Dieu nous offrait le pardon et la réconciliation avec lui. En théologie, on nomme cela la « justification ». C’est d’abord un acte juridique : Dieu nous déclare justes, innocents, en vertu de notre foi en Jésus.
Est-ce que nous sommes devenus meilleurs pour autant - réellement libérés du péché ? Est-ce que ce qui nous conduit, maintenant, est vraiment purifié de tout mal ? Non. Nous sommes encore soumis à des « motions » négatives.
Mais l’Esprit Saint, qui vient habiter en nous quand nous plaçons notre foi en Jésus, travaille à nous rendre saints, en « évangélisant » nos profondeurs - pour reprendre l’expression de Simone Pacot. L’Esprit « communique la vérité et la vie du Fils à ceux que le Père appelle ». « Unis par l'Esprit au Christ ressuscité, nous devenons enfants de Dieu par la nouvelle naissance ».
C’est ce que Paul explique dans sa lettre aux Romains, chapitre 8 : l’Esprit de Dieu nous libère de la loi du péché, de ce que Paul appelle la « chair » ici : attention, il ne s’agit pas de notre corps en tant que tel mais plutôt d’une dynamique, d’un principe du mal qui travaille en chacun de nous et s’oppose à Dieu.
Romains 8. 1-17
1 Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. 2 En effet, la loi de l'Esprit de la vie en Jésus-Christ t'a libéré de la loi du péché et de la mort.
3 Car — chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force — Dieu, en envoyant son propre Fils dans une condition semblable à la chair du péché, en rapport avec le péché, a condamné le péché dans la chair, 4 pour que la justice requise par la loi soit accomplie en nous qui marchons, non selon la chair, mais selon l'Esprit. 5 En effet, ceux qui sont sous l'emprise de la chair s'accordent aux tendances de la chair, tandis que ceux qui sont sous l'emprise de l'Esprit s'accordent aux tendances de l'Esprit. 6 Or la chair tend à la mort ; l'Esprit, lui, tend à la vie et à la paix. 7 Car la chair tend à s'ériger en ennemie de Dieu, parce qu'elle ne se soumet pas à la loi de Dieu : elle en est même incapable. 8 Ceux qui sont sous l'empire de la chair ne peuvent plaire à Dieu.
9 Quant à vous, vous n'êtes pas sous l'empire de la chair, mais sous celui de l'Esprit, s'il est vrai que l'Esprit de Dieu habite en vous. Et si quelqu'un n'a pas l'Esprit du Christ, il ne lui appartient pas. 10 Or si le Christ est en vous, le corps, il est vrai, est mort à cause du péché, mais l'Esprit est vie à cause de la justice. 11 Et si l'Esprit de celui qui a réveillé Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a réveillé le Christ d'entre les morts fera aussi vivre vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.
12 Ainsi donc, mes frères, nous sommes bien débiteurs, mais non pas envers la chair — pas pour vivre selon la chair. 13 En effet, si vous vivez selon la chair, vous allez mourir ; mais si par l'Esprit vous faites mourir les agissements du corps, vous vivrez. 14 Car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu. 15 En effet, vous n'avez pas reçu un esprit d'esclavage, qui ramène à la crainte, mais vous avez reçu un Esprit d'adoption filiale, par lequel nous crions : Abba ! — Père ! 16 L'Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. 17 Or si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, s'il est vrai que nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui.
Prière
Où Paul nous amène-t’il par ce raisonnement complexe, d’un « en effet » à un « or » ou un « mais » ?!
Premièrement, à prendre conscience que même s’il n’y a « maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ », deux lois opposées travaillent encore en nous : la loi de Dieu, de l’Esprit-Saint, et celle de la chair, « loi du péché et de la mort ».
Cette opposition pourrait évoquer le petit ange et au petit démon qu’on représente souvent, posés sur des épaules, et tentant chacun d’influencer les humains. Certes, derrière le péché il y a l’influence néfaste de Satan. Mais cette image est trompeuse, car il n’y a aucun équilibre entre les deux parties en présence ; l’Esprit, c’est Dieu lui-même : qui pourrait lui résister ? Il n’est pas simplement une « puissance », une force anonyme, il est quelqu’un : l’une des trois personnes de la trinité divine - le Père, le Fils, le Saint Esprit. Envoyé par Jésus, le Fils, il possède la totalité de l’être de Dieu. Il est Dieu. Autrefois, il se tenait dans le Lieu Très Saint, au coeur du Temple. Désormais, il habite en nous !
Ainsi « vous n'êtes pas sous l'empire de la chair, nous dit Paul, mais sous celui de l'Esprit, s'il est vrai que l'Esprit de Dieu habite en vous. Et si quelqu'un n'a pas l'Esprit du Christ, il ne lui appartient pas… ». En revanche, « tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu ».
Quand à Satan, même s’il continue à faire du mal, il a été vaincu à la croix.
« Motions et émotions ». Deux lois sont donc à l’oeuvre en nous.
Pour parler de ça, Paul utilise des mots très forts : « être sous l’emprise » ou sous « l’empire » de la chair ou de l’Esprit ». Il parle des « tendances » de l’Esprit ou de la chair. « La chair tend à s’ériger en ennemie de Dieu ».
Le péché, dit Paul, nous influence : il nous tient sous son emprise. Et il est plus fort que notre volonté - il nous tient sous son empire.
Pour nous en défaire, et plaire à Dieu, une seule voie : être conduits par l’Esprit. Nous laisser transformer, inspirer par lui ; suivre la direction qu’il nous indique, compter sur sa puissance pour faire la volonté de Dieu - pas sur nos propres ressources, résolument insuffisantes à cause du péché.
Mais comment discerner ce qui est de l’Esprit et ce qui est de la chair ? Pas toujours évident.
Prenons un exemple.
Imaginons que je sois un jeune chrétien. Cela fait maintenant quelques temps que j'ai choisi de suivre le Christ. Régulièrement, j’entends parler du baptême comme un signe visible de ma conversion, ma nouvelle naissance, mon engagement avec Christ… Alors je me dis que je devrais demander le baptême… en même temps, je ne me sens pas prêt. Il y a ces péchés dont j’ai honte devant Dieu. Peut-être que ça serait mieux que j’attende d’être un peu plus saint pour ça. Que je fasse plus d’efforts pour vaincre mes défauts. Et puis j’ai peur de faire quelque chose qui mette Dieu en colère. Je me sens stressé quand j’y pense.
Comment savoir ce qui dans tout cela, est de la Chair - ou de l’Esprit ?
Notre premier réflexe doit être de plonger dans la Bible pour y chercher, dans la prière, la direction de Dieu. En toutes choses, c’est elle qui est notre référence et définit le cadre de notre vie et de nos décisions. La première mission du Saint Esprit, c’est d’éclairer cette Parole, de nous permettre de la comprendre et de la recevoir. D’y entendre une Parole que Dieu nous adresse personnellement.
Dans le second exemple, elle nous dit qu’il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ : attendre d’être sans péché pour demander le baptême est un piège spirituel. Le baptême au contraire est un acte d’abandon, qui dit notre acceptation de la grâce et notre désir de marcher par l’Esprit, non par nous-mêmes.
Dans ce passage, Paul donne quelques critères qui peuvent nous aider à discerner ce qui vient du Saint Esprit.
La question qu’il nous pose n’est pas tellement « qui te conduit ? » mais plutôt : « où cela te conduit-il ? ». Et quels sont les fruits ? (voir tableau)
Péché, « chair »
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Saint-Esprit
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« Tend à la mort » (v.6)
Tend à s'ériger en ennemie de Dieu
S’oppose à Dieu : la chair « ne se soumet pas à la loi de Dieu : elle en est même incapable » (v.7)
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« Tend à la vie et à la paix » (v.6)
« Fera aussi vivre vos corps mortels » (v.11)
Nous rend fils de Dieu (v.15)
Nous fait crier « Abba ! Père » (v.15)
Rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (v.16)
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D’autres textes complètent cela, comme Galates 5.19-25 : la chair produit des dérives morales, sexuelles, du mensonge, des divisions ; de l’inquiétude et de l’esclavage. « Quant au fruit de l'Esprit, c'est : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi »… : quels sont les fruits que je produis ou que je vais produire si je vais dans telle direction ?
Redisons-le, dans ce domaine la Parole de Dieu doit être notre référence, car jamais le Saint Esprit, l’Esprit de Christ, ne pourrait m’inspirer une pensée, une parole ou un acte qui soit opposée à la révélation Biblique, à l’enseignement de Jésus. Il va plutôt m’encourager à être et faire comme lui, le Fils aîné.
Il me pousse à prier et m’aide à prier - cf v.26
Au contraire, tout esprit opposé à Dieu cherchera à contrarier son oeuvre. L’Esprit n’inspire pas de peurs paralysantes, de pensées défaitistes, de découragement.. « Vous n'avez pas reçu un esprit d'esclavage, qui ramène à la crainte », dit Paul.
Y a t’il dans ma vie de tels sentiments qui m’empêchent d’avancer avec Dieu ?
Au final, Dieu ne nous enlève pas notre responsabilité : nous ne sommes pas totalement conduits !
A nous de choisir la vie, de vouloir marcher selon l’Esprit et non selon la chair. Car il nous veut fils et filles, libres devant lui, et non esclaves, robots téléguidés sans volonté ni désirs propres.
A nous de choisir : choisissons la vie. Choisissons d’être conduits par l’Esprit de Dieu, « car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu ».
Cette parole est forte : Paul a déjà dit que pour prétendre au titre de fils ou fille de Dieu, il faut que l’Esprit habite en moi - si j’ai confessé ma foi en Jésus, il est en moi, je suis né de nouveau comme mon baptême l’a manifesté.
Mais il y a plus : pour prétendre au titre d’enfant de Dieu, dit Paul ici, il faut aussi que ma vie soit résolument conduite par lui. Que je sois dans le mouvement de l’Esprit - pas immobile !
"Tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu »
Il faut qu’à la question : « qu’est-ce qui me conduit ? », notre réponse soit : l’Esprit de Dieu, éclairant la Parole de Dieu.
Marcher par l’Esprit commence donc par reconnaitre notre incapacité à conduire nous-mêmes. « C’est quand je suis faible que je suis fort », dit Paul. Mais l’Esprit de Dieu peut seul nous rendre capables de sortir de nos enfermement pour aimer et vivre.
Marcher par l’Esprit, ce sera aussi vivre à chaque instant sous le regard de Dieu, dans la présence de Dieu, avec la liberté qu’à un fils envers son père, à tout moment, de lui demander quelque chose, de lui dire merci, de l’appeler au secours… et aussi juste de lui parler pour nourrir la communion avec lui…
Alors comme des enfants demandent du pain à leur Père, demandons au Seigneur de nous accorder son Esprit. De nous remplir de son Esprit. De nous conduire par son Esprit. De nous libérer par son Esprit. De nous encourager par son Esprit.
Au nom de Jésus, il a promis de nous l’accorder, et il le fera.
Questions :
Qu’est-ce qui me conduit ?
Y a t’il dans ma vie des peurs qui m’empêchent d’avancer avec Dieu ?
S. Guiton
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